BEEZEL | you told me that you'll never want that, i get that.

Cette proposition qu'il te faisait te semblait carrément folle, et il te fallait quelques longues secondes afin de procéder à la compréhension de ce que cela amenait, des conséquences qu'une telle chose aurait si tu acceptais. La Beezus d'il y a quelques mois était presque estomaquée : tu venais de réussir à amener Angel à te proposer de vivre avec lui sans même le vouloir, alors que malgré tous tes essaies auparavant, jamais tu n'étais arrivé arrivée à quelque chose de tel, qui semblait encore plus gros et plus dur que d'arriver à sortir avec lui. Tu lui rappelais tout de même que tu n'étais pas le genre de fille aussi riche que lui qui pourrait payer un loyer ou une propriété à un prix exorbitant, parce que c'était également le genre de détail à prendre en compte. Lorsque l'on se mettait à vivre à deux, ça voulait dire diviser les dépenses, et tu n'avais pas encore le loisir de te laisser aller au luxe sans compter la moindre de tes petites pièces. Tu prenais juste peur qu'il veuille se prendre un truc énorme, un truc magnifique et excessif et bien trop cher, et que tu finisses par ne même pas apprécier d'y habiter en ne te sentant pas du tout chez toi. Il tentait néanmoins de te rassurer, même s'il continuer à dire qu'il avait les moyens et que tu pouvais donc te reposer sur lui – mais même si t'aimais l'argent et qu'on te paie des trucs, tu savais également que tu ne te sortirais pas de la merde de manière définitive de cette manière. Tu hochais doucement la tête à tout ce qu'il te disait, posant tes yeux sur lui, humidifiant un instant tes lèvres. « N-non, c'est pas que c'est compliqué... » Tu commençais, te relevant doucement, dépoussiérant ta robe en la tapotant. « Je veux bien, ça faciliterai les choses pour Lily-Rose. Mais je voudrais juste trouver un boulot qui paie un peu plus avant. » Ça faisait quelques semaines que tu cherchais déjà, t'avais du mal de toutes manières de rester travailler à McDonald's alors que c'était là où tu avais vécu la prise d'otage après ton accouchement.

« Pourquoi est-ce que tu veux travailler ? Ce n'est pas nécessaire. » Tu reniflais un rire en le regardant, abasourdie. Il était sérieux là ? Il n'était pas nécessaire pour toi de travailler ? T'avais l'impression de rêver. C'était peut-être très aimable comme proposition de sa part, mais dans ce cas-là autant que tu arrêtes de suite tes études et que tu vives à ses crochets. Le truc, c'est que tu ne souhaitait pas avoir un futur comme celui-ci. Être pétée de tune d'accord, mais tu étais encore loin de l'être et il te fallait donc assurer tes arrières. Ce n'était pas comme si vous étiez mariés et que tu pourrais prendre la moitié de sa fortune si vous divorciez, non. « Tu sais qu'on est plus dans les années cinquante là ? Évidement que je dois travailler. L'homme qui ramène l'argent et la femme qui fait la bouffe c'est fini Angel. » T'étais déjà pas une grosse flemmarde, tu avais toujours été très bosseuse depuis que tu étais petite, et de toutes manières tu n'en avais pas le choix si tu voulais réussir à entrer à Harvard. Mais là, c'était encore différent. Si vos vies seraient toujours rattachées d'une manière ou d'une autre avec Lily-Rose, tu savais au fond de toi que t'appuyer sur lui pour tout et n'importe quoi ne marcherait pas bien longtemps : il allait avoir sa vie de son côté, et toi la tienne.

Tu commençais peut-être à prendre peur que vivre avec lui serait comme à l'ancien temps, quand les hommes s'occupaient des affaires, les femmes de la maison, et qu'il fallait demander la permission au mari pour travailler ou payer la moindre des choses. Elle était vraiment conne cette époque, et pour rien au monde tu désirais vivre l'une de ses répliques en 2015. Il essayait de se reprendre, de t'expliquer un peu mieux ce qu'il voulait dire, et tu passais une main dans tes cheveux. « J'me sens pas obligée, j'aime travailler. C'est important pour moi. Ce ne sera affaire que d'une ou deux semaines, ça nous donnera le temps de chercher pour cette maison comme ça. » T'essayais de lui dire, comme si tu faisais un compromis. Tu ne voulais pas d'un boulot qu'à la fin de l'été, car boulot voulait dire salaire et que c'était bien trop important pour que tu t'en passes durant quelques mois, même quelques semaines. « Ok ? » Tu demandais doucement, haussant un sourcil en le regardant.

Tu ne comptais pas abandonner ton travail pour ses beaux yeux, en cette période encore moins qu'avant. C'était trop grave, trop instable alors que tu avais la vie et les besoins d'une petite fille entre tes doigts. Et même si Angel était là maintenant pour t'aider, ça ne voulait pas dire que tu pouvais te reposer sur tes lauriers, pas quand on parlait de votre enfant : bien trop de choses pouvait arriver et te l'enlever de toi. « Merci. » Tu répondais quand il acceptait enfin que tu continues tout d'abord tes recherches de travail, avant d'hocher la tête à la suite de son explication. « Ok, on essaiera de se trouver plusieurs créneaux avant et après nos deux voyages. » Vous alliez être assez pris tous les deux dans les semaines a venir mais avec un peu d'organisation t'étais sûre que ça irait pour vous. « Et ouais, je voudrais pas manquer le Summer Camp. » Tu répondais en souriant doucement, rester à Cambridge seule sans tes potes ne te disait rien du tout. Tu riais ensuite, haussant un sourcil en le regardant. « Te bourrer la gueule ? Tu veux faire comme Charlie ? » Sérieusement, après cette soirée, voir des gens ivres était la dernière chose qui te ferait kiffer.

Voilà qui allait être un changement intéressant dans ta vie, mais qui semblait nécessaire pour le moment. C'était les premiers mois de vie de votre fille, et ce serait bête que l'un et l'autre passent à côté de ses premières fois et de la voir grandir au quotidien, en étant trop souvent séparé d'elle. Tu pensais bien que vous ne vivraient surement pas toute votre vie ensemble, et qu'il fallait peut-être en profiter maintenant que chacun de vous étiez célibataire afin de pouvoir créer cette petite famille comme vous le pouviez. Il allait juste falloir que tu arrives à en parler avec Leo. Tu l'écoutais ensuite parler du Summer Camp, lâchant un petit rire en le regardant, amusée. « Et pourquoi pas ? Je t'imagine bien moi, couvert de boue a essayer de monter la tente avant que le soleil se couche, en mode survivant de koh-lanta. » Tu répondais, voyant la scène dans ton esprit – qui serait assez cute si Lily-Rose était un peu plus grande, assurément. « Faut que je vois les prix mais ouais, pourquoi pas pour le chalet. Et évidement que le vais l'amener, je peux pas toujours la laisser à quelqu'un lorsque l'on doit partir avec l'université. » Tu l'avais déjà assez fait et il ne fallait pas que tu oublies qu'elle était ta responsabilité, et pas celle de tes parents. « Je suis sûre que si vous parliez ça irait mieux... » Tu disais, même si t'étais pas si certaine de cela. Tu savais que Charlie était bien trop protectrice envers toi, comme tu l'étais envers elle. Puis tu souriais doucement, levant tes yeux au ciel. « Juuuustement, faut pas gâcher six mois de boulot ! »