BEEZEL | you told me that you'll never want that, i get that.

T'étais fatiguée. Assise sur le sol de la terrasse, t'entendais sourdement la musique mise à fond dans l'autre salle, protégée de ton cocon grâce aux portes fermées. Quelques personnes étaient autour, venant se ressourcer loin du trop de bruit ou qui simplement avaient besoin de respirer quelques minutes avant de retourner danser sur le dance floor pour montrer à tout le monde à quels points ils savaient bien bouger, mais tu les bloquais de ton esprit, tes yeux rivés sur le ciel noir. Avec ce qu'il s'était passé plus tôt dans la soirée avec Charlie et un peu plus tard avec Faith, t'avais juste envie de rentrer chez toi, sans même attendre le couronnement du roi et de la reine de cette année. Retrouver ta fille, la regarder dormir paisiblement pendant des heures en oubliant tout, puis écouter tout ce que Leo aurait à dire d'exceptionnel sur cette soirée lors son retour à l'appartement. Seulement, tu ne pouvais pas encore t'éclipser tout de suite, Tom t'ayant promis qu'il allait bien te faire boire pour te remonter le moral : t'avais des petites suspicions sur ses méthodes mais hey, ça pouvait peut-être te faire du bien. De longues minutes plus tard – ou était-ce des heures ? - tu sortais de tes pensées en entendant la porte s'ouvrir – et qui apportait avec elle sa musique bien plus forte – et tu levais ton visage, y voyant Angel. « Hey, te voilà. Belle soirée hein ? » On pouvait sentir la petite pointe d'ironie dans ta voix mais après tout, Angel avait surement dû mieux s'éclater que toi.

T'avais imaginé cette soirée de tellement de manières différentes. Dans aucune de tes scénarios et hypothèses tu ne t'étais vu giflé en retour par ta meilleure amie ou en pleine dispute avec elle. Vous vous disputiez pourtant souvent, pour tout et rien, mais les moments de complicités et d'amitié contrebalançait ce qui n'allait pas toujours dans votre relation, mais ce soir tu étais aller très loin en faisant des insinuation sur Augustus, sur son ancien petit-ami preneur d'otage et tueur, et t'avais la forte impression que ça avait brisé quelque chose entre vous. T'avais pas envie de penser à ça, et pourtant ton cerveau ne semblait pas vouloir changer de musique. Angel finissait par te rejoindre, et tu souriais légèrement quand il posait sa veste par dessus tes épaules. « Soirée de merde plutôt tu veux dire ! C'est la pire idée que j'ai eu de nous emmener ici. » Tu acquiesçais légèrement, haussant tout de même tes épaules. « On y serait allé de toute manière... Je pensais juste que ça aurait été plus paisible. » Tu répondais, avant de refermer doucement les pans de sa veste contre toi, puis tu fronçais tes sourcils, la pulpe de tes doigts se trouvant légèrement humides contre le textile. « T'as pris un bain de minuit tout habillé ou ..? » Tu lui demandais un peu amusée, curieuse.

Tu l'écoutais, haussant une nouvelle fois un peu tes épaules – ce que tu semblais faire énormément ce soir, mais tu te sentais tellement las que tu avais l'impression que cette émotion prédominait toutes les autres. Le bal c'était quelque chose d'important, c'était la soirée où tout le monde devait venir, celle à ne pas rater, et cela malgré les histoires qu'il y avait l'air d'y avoir chaque année. « L'année prochaine. » Tu répondais, et puis il fallait avouer que le fait d'avoir le bal t'obligeait à trouver une nounou pour Lily-Rose, et aussi coûteux cela était, ça te permettait de souffler un peu de ton rôle d'apprenti maman. Tu sentais ensuite le tissu de la veste d'Angel qui était bien humide et cela de partout, et tu l'observais alors qu'il commençait à te dire que t'allais rire, avant qu'il t'explique la situation – et effectivement, tu riais. « T'es sérieux ?! » Tu t'exclamais, presque étonné de ce geste si rageux et démesuré. « Elle devait vraaaaiment y tenir à cette danse. Mais je dois t'avouer que j'aurais vraiment apprécié d'observer la scène. » Tu disais, souriant en coin.

Tu osais plus prévoir des choses. Tu osais plus laisser aller tes mots aux gré de leurs envies, sans y repenser à deux fois. Ou peut-être te sentais-tu moins peureuse, plus libérée de pouvoir reporter des événements sans avoir la sensation deux secondes plus tard que peut-être tu venais de faire une gaffe, de dire quelque chose que tu n'aurais pas du. Après tout, tu n'étais plus au stade du "merde, je me suis sûrement trop avancée, je parle de l'année prochaine alors qu'il n'est pas du genre à se poser", mais plutôt à l'accomplissement du "il sera maintenant toujours un peu rattaché à moi, qu'il le veuille ou pas". Tu riais à sa remarque, battant des cils d'une fausse innocence alors qu'il n'avait vraiment pas eu de chance pour le coup. " Tout ce qui peut te mettre dans l'embarras me fera rire. " Tu répondais en lui lançant un clin d'oeil - tout, enfin, sauf peut-être les accusations de meurtres. Tu soupirais ensuite, souriant toujours. " Tu sais, que tu tentes de changer ou pas, car ne plaira jamais à quelqu'un. " Tu lui disais, parce que cela semblait à la vérité. On se plaignait quand il était un gros con, et maintenant on se plaignait quand il semblait trop respectable. C'était à ni rien comprendre. Angel finissait ensuite par devenir plus sérieux, et tu fronçais délicatement tes sourcils alors que tu levais ton visage pour le regarder. Quelque chose à te demander, comment ça ? " Je t'écoute... " Tu murmurais presque, prudemment.

Tu réfléchissais maintenant à ce dont il avait bien pu penser, à ce qu'il semblait vouloir te demander. Ça te rendait assez nerveuse d'être prise au dépourvu de cette manière, parce que tu aimais bien avoir connaissance des choses avant qu'elles n'arrivent ou afin que tu puisses avoir le temps de préparer tes réponses. Tu adorais pourtant les surprises, mais tu savais également que toutes n'étaient pas bonnes et avec Angel, tu ne savais de toute manière pas du tout à quoi t'attendre. Il parlait de votre fille, et de vous rapprocher, et tu gardais tes yeux sur lui, te demandant où cela allait aller. Tu comprenais le fait qu'il ai besoin de voir plus votre fille et d'être un papa plus que quelques minutes ou heures par jour ou semaine, et il avait changé, l'homme qui ne voulait au départ même pas croire à ce que tu lui racontais. Mais tu ne voyais toujours pas où il voulait en venir, comment cela pouvait être possible, avant qu'il finisse par parler de vous installer ensemble. Tes yeux s'écarquillaient sous le poids de la demande, et merde, tu ne l'avais pas vu venir celle-là. " Habiter ensemble ? " Tu répétais doucement, un peu sous le choc et heureuse d'être déjà assise, tu considérais la chose. Ce serait bon pour lui, mais pour toi ? T'avais enfin réussi à avoir une vie un peu stable avec l'aide de Leo, et tu étais toujours en recherche d'un meilleur boulot qu'employée polyvalente de restauration à McDonald's, et refaire les cartons et trouver un logement, tu ne savais pas si c'était un stress que tu arriverais à gérer de suite. Et en même temps... Il pourrait t'aider enfin la nuit quand la petite se réveillait à pas d'heure. Il suffisait de voir tes cernes pour comprendre à quel point ce petit détail était exténuant. " T'es au courant que je n'aurais surement pas l'argent nécessaire pour payer le loyer de n'importe quel manoir dans lequel tu nous vois non ? " Tu demandais tout de même, parce que même si tu en revenais encore vers le sujet de l'argent, c'était important. C'était des charges égales, et monsieur était millionnaire pendant que toi, t'étais toujours pauvre.