Turns out that no one can replace me ♡ MARSHEYNA

J’avais l’impression d’avoir grandi depuis le jour où j’avais mis les pieds dans cette université. J’avais vieilli surtout et mes désirs, mes projets de vie avaient changés eux aussi. Faire la fête et coucher avec des garçons n’avait plus la même importance pour moi, c’est encore tout juste si elle en avait une. À l’aube de mes 24 ans j’avais surtout envie, besoin de plus, de quelqu’un qui veuille bien de moi, de quelqu’un que j’aime. Je m’en rendais compte en voyant le bonheur sur le visage de mes ami(e)s. Seulement je n’avais pas autant de chance qu’eux à entendre ce que le Winthrop avait à dire sur nous. « Pourquoi dis-tu toujours cela ? » répondais-je principalement pour moi-même, en soupirant. Au fond je n’avais même pas l’impression que le problème était réellement nous ou le fait qu’on soit potentiellement malsains l’un pour l’autre, je crois juste qu’il avait peur de me blesser et de ne pas être à la hauteur alors que c’était en agissant de la sorte que je souffrais le plus. « On est impulsifs et compliqués, c’est vrai. On ne sera jamais un de ces couples confortables et mignons mais c’est exactement ce que je veux. Je n’ai pas envie d’une relation dont je vais me lasser après seulement quelques mois, je n’ai pas pris le danger de donner mon cœur à quelqu’un pour ça. C’est ce dont tu as envie, toi ? » s’il me répondait oui alors je crois que je ne le connaissais pas du tout. Les gens comme nous ont besoin de quelque chose de fort, de vrai. De quelque chose qui soit de plus en plus puissant chaque jour et ce même après un an à se battre. C’était peut-être masochiste mais ça me rendait tellement plus heureuse.

Ce que je disais là c'était un peu comme parlé à un mur car je n'étais pas certaine que Marshall soit réellement prêt à l'entendre. De toute manière il était en couple et malgré le comportement que j'avais autrefois ou le fait que je savais qu'ils se laisseraient bientôt, je n'allais pas être la cause de leur rupture. Et puis à quoi ça servirait de se remettre ensemble alors que je partais durant deux mois ? Cependant il vint confirmer ce que j'avais toujours cru. Comme moi, il ne voulait pas d'une relation confortable. Et ça le faisait chier parce que l'avouer à haute voix revenait aussi à avouer qu'il avait tord de croire que nous étions malsain l'un pour l'autre, c'était même l'inverse totalement. Tant pis je n'avais rien à perdre à m'affirmer encore un peu plus, j'étais restée trop longtemps silencieuse. « Moi je crois que c'est bien que tu l'es fait. » Parce qu'on ne faisait que repousser cette conversation encore et encore à chaque fois que l'on se voyait, tout ça par peur. S'il était venu ce n'était surement pas pour parler uniquement de la pluie et du beau temps. Non il y a une raison pour laquelle on se retrouve ensemble d'une manière ou d'une autre on est juste trop lâche pour se l'admettre.

Le temps où je pesais mes mots pour ne pas le brusquer était révolu, de toute manière ça n'avait strictement rien apporté. Le pire qui risquait d'arriver était que je le perde une bonne fois pour toute et ça ne j'y croyais pas... Il ressentait exactement la même chose sauf qu'il fuyait. Je le voyais dans son regard. J'aurais tellement aimer pouvoir faire un truc qui puisse l'aider. « Alors rien. » Autant être honnête. « Tu sais ce que je ressens depuis le début... Les cartes sont dans ton jeu Marshall. » Je n'allais quand même pas perdre le peu de fierté que j'avais en jouant les briseuses de couple une fois de plus, et je n'allais pas non plus prendre le risque de revenir sur ma décision et de passer l'été ici. Pas sans avoir la certitude que ça en vaudrait la peine. « T'as envie d'une bière finalement ? » Parce que je crois que l'on c'est dit tout ce que l'on avait à se dire mais que je n'ai pas envie que tu partes sur ces mots. On fait semblant d'être amis depuis tellement longtemps que quelques heures de plus n'y changerait pas grand chose.

Je lui offrais sans gêne le pouvoir de faire quelque chose de nous si tel était son désir. Si je lui courrais après une fois de plus je pense qu'on pourrait m'emprisonner pour harcèlement. À partir de là, advienne que pourra. Ce n'est jamais facile de s'ouvrir complètement à quelqu'un, je le savais, et si nous décidions de nous remettre ensemble ce serait sans doute notre dernière chance. Valait donc mieux laisser le sujet sur la table et juste profiter de ce qui nous restait d'après-midi ensemble. Après qu'il eut accepté de prendre une bière, je me dirigeai simplement dans la cuisine pour en attraper deux dans le réfrigérateur et revenir comme si de rien n'était. Comme si les dernières minutes n'avaient jamais eu lieu. « C'était ta préférée, non ? » Il n'y avait aucun détail qui m'échappait en ce qui le concernait, pas même sa sorte de bière favorite. Je ne me rendais même pas bien compte à quel point ça pouvait sembler creepy tellement ça me paraissait la chose la plus normale au monde. Je m'installai sur le fauteuil adjacent, sentant que la proximité entre nous n'était pas la meilleure chose pour effacer le malaise qui flottait dans l'air.

Pourquoi j'avais cette marque de bière là j'en savais rien, sans doute à cause de Maxym qui l'aimait autant que lui. Mais je devais avouer que juste pour avoir droit à ce sourire magnifique, j'étais contente que ce soit le cas. Putain j'étais vraiment entrain de devenir aussi niaise là ? J'étais gravement atteinte ma foi. Valait donc mieux rester dans le silence bien qu'il soit assez désagréable. Ça me faisait étrange car je n'avais jamais trouvé le silence entre nous aussi lourd... Ce devait être car il voulait dire tellement plus que ce que nous souhaiterions. Il était donc temps de briser tout ça avec une question qui me laissa perplexe. « Eum... ouais... J'y vais avec Demyan. » Une longue gorgée de bière avant de me sentir obligée de me justifier un peu plus. « Roxanna était déjà prise par son ex et j'avais pas vraiment envie de me pointer là avec n'importe qui donc ça fait d'une pierre deux coups. » Parce que oui si je l'avais voulu, je savais que j'aurais trouvé un accompagnateur en un claquement de doigts. Mais je n'en avais pas envie. J'avais dépassé ce temps où je voulais à tout prix me montrer avec le plus beau mec de l'université, là j'avais juste eu de la chance que mon meilleur ami soit libre pour m'éviter la solitude. « Tu la sens toi cette soirée ? » Parce que moi elle me fait un effet bizarre.