S&A ► «La jalousie rend féroce quand elle est impuissante.» 

« Ça va, le voyage était cool. » Oh bah..okay. Donc c'est bien ce que je pensais, il avait du passer sa vie boite, à baiser, boire, et fumer. Putain. Mon moral, qui était déjà à la valeur zéro, était passé à -1000. Le voyage allait être super. J'imaginais déjà le truc: lui, en train de dormir, n'ayant désormais clairement plus rien à foutre de ma gueule, et moi..je mettrais mes écouteurs et ferais en sorte d'être fascinée par les nuages. Ca allait être génial. Je commençais vraiment à désespérer de me remettre avec lui: il semblait définitivement passé à autre chose. Voilà, c'était un fait, je devais l'accepter, c'était sa vie. J'allais quand même pas l'enfermer dans une chambre et l'obliger à me dire qu'il m'aimait. Quoique..ça aurait pu être pas mal, si ça avait été légal. Un silence de quelques minutes s'ensuit. Bon..fallait peut-etre que quelqu'un parle en fait, sinon ça allait être super chiant pendant dix heures, et j'allais clairement pas supporter cette tension. « En fait je crois que c'était le pire voyage de ma vie. Je hais Paris.» Je le regardai. Il était redevenu nerveux, si nerveux qu'il osait même plus me regarder en face. Pire voyage de sa vie..Cool, on est deux mec! Qu'est-ce que j'étais censée dire maintenant? Surtout que je savais, que bien sur, si il avait passé une semaine de merde, c'était par ma faute. Donc j'étais un peu coincée. J'en avais vraiment marre et regrettai chaque jour cette connerie que j'avais faite avec Vitor..Non mais sérieusement, qu'est-ce qui m'avait pris? Sandro voulait me le faire regretter, c'était clair..autant dire que sa mission avait été remplie avec succès.
Bon, je devais avouer que ça me faisait plaisir qu'il se soit pas amusé comme un petit fou, même si ça me faisait un peu chier qu'il haïsse Paris par ma faute. «Désolée. En vrai Paris c'est cool..Genre ville des amoureux et tout. » Pourquoi, mais POURQUOI avoir sorti cette connerie? Parfois l'association cerveau+bouche déconnait vraiment.. « Euh..Si tu veux je peux demander à changer de place..»

Ce retour en avion allait être horrible, il le sentait bien. Quand il était à côté d'elle, son coeur battait de plus en plus vite. C'était une réaction normale, d'habitude. Mais Sandro n'avait pas le droit d'avoir le coeur qui bat de cette manière fracassante, il n'était plus avec elle. C'était juste... interdit. Et pourtant. Après le blanc qui s'était installé entre eux, Sandro avait tourné la tête de l'autre côté pour regarder les passagers. Il ne savait même pas ce qui le retenait de se pendre là maintenant tout de suite. «Désolée. En vrai Paris c'est cool..Genre ville des amoureux et tout. » Elle avait dû le faire exprès, c'était pas possible autrement. Non mais franchement, pourquoi disait-elle ça ? Ca le rendait encore plus mal, c'était horrible. « Il paraît, oui. » avait-il répondu sèchement. L'italien avait prit sa remarque comme une pique. « Euh..Si tu veux je peux demander à changer de place..» Si seulement il pouvait. Ca serait comme un soulagement pour lui de ne pas être à côté d'elle pendant 10 heures... « L'avion est déjà complet. » Et sur ces paroles, il prit les écouteurs qu'il enfonça dans ses oreilles. Il n'avait pas envie de lui parler.

Cela faisait maintenant une heure qu'ils étaient dans les airs. Pas une seule parole échangée depuis. Alys regardait tranquillement les nuages par la fenêtre, sa tête posée contre la vitre; et lui écoutait de la musique, tout en regardant tout les passagers, essayant d'oublier la présence d'Alys à ses côtés. Tout ça le rendait nerveux. Il voulait lui dire tellement de choses, mais il n'osait pas. Après dix minutes, il prit son courage à deux mains et murmura simplement « Tu me manques ... » Et la seconde d'après, Sandro espérait qu'elle n'ai pas entendu. S'enterrer dix mille pieds sous terre était actuellement sa seule envie.

« Il paraît, oui. » Plus sec et froid tu meurs! En même temps, ma remarque, dans ce contexte précis, n'avait pas été des plus fines. Je savais pas pourquoi j'avais sorti ça, et il semblait clairement vexé. Je m'attendais peut-etre à ce qu'il fasse "Oh oui, mais bon Dieu tu as raison! Rattrapons le temps perdu tant que nous sommes à Paris alors!". Mais non, pas du tout. Fallait vraiment que j'arrête de regarder des films romantiques, ça me nuisait fortement, et j'étais souvent déçue par la vie, la réalité. Je ne lui répondis pas et préférai garder mes yeux rivés sur mes genoux. Je lui avais ensuite proposé, comme toute personne bien élevée de changer de place, si ma présence lui était vraiment insupportable. Ce à quoi monsieur répondit par un tout aussi sec "l'avion est déjà complet"..Putain mais si il avait quelque chose à me reprocher ou à me dire pour être aussi chiant, qu'il le dise maintenant! En plus de l'histoire avec Vitor évidemment. De toutes façons, il ne pouvait rien me dire puisque je n'étais pratiquement pas sortie, et aucun mec ne m'avait touchée. Alors ça va, de ce point de vue là, j'étais parée à tout reproche. Avant que je ne puisse dire ou faire quoique ce soit, Sandro mit ses écouteurs, et, sans un regard pour moi, commença à ignorer ma présence.

Nous avions décollé depuis une heure déjà, et Sandro était comme un passager inconnu à coté de moi. J'avais décidé de lâcher l'affaire et de tourner complètement la tête de lui, observant les nuages. Je commençai peu à peu à m'endormir, lorsque j'entendis « Tu me manques ... » Je rouvris immédiatement les yeux. Ok..j'avais définitivement rêvé ou Sandro venait de me dire que je lui manquais? Je me tournai doucement et plantai mon regard dans le sien. « Toi aussi.. J'ai passé une semaine horrible en sachant que t'étais là, juste à coté, mais que je pouvais pas allée te voir parce que tu me détestais. » Ca au moins, c'était dit. Je lui adressai un sourire avant de m'approcher de lui et de lui enlever délicatement ses écouteurs. «Ce sera plus pratique pour parler. »

Pourquoi avait-il dit ça ? A coup sûr il allait se prendre une baffe. Et si ce n'était pas Alys qui la lui donnait, il demanderait à un passager de le baffer à sa place. Quel idiot. Énorme idiot. Sandro n'était pas autorisé à dire ce genre de choses, pas après ce qu'il lui avait dit cinq jours auparavant. Non. « Toi aussi.. J'ai passé une semaine horrible en sachant que t'étais là, juste à coté, mais que je pouvais pas allée te voir parce que tu me détestais. » Grosse, mais genre grosse surprise. L'italien ne s'attendait pas vraiment à ça. Il la fixa en mode ebahi, se demandant si cette scène venait de se passer dans la vraie vie, ou bien dans sa tête. Il plissait les yeux, et voulait limite se pincer le bras. Jusqu'à ce qu'elle enlève ses écouteurs de ses oreilles. «Ce sera plus pratique pour parler. » Au passage, il attrapa la main d'Alys pour la serrer dans la sienne. Il en restait sans mots, en fait. Sandro croyait vraiment, mais alors vraiment qu'elle allait piquer une crise. Mais non. « Je...euh... C'est beaucoup trop dur sans toi... Je peux pas, je peux plus...» se contenta-t-il de dire. Il savait qu'elle comprendrait, c'était l'essentiel.

J'étais perdue. Il me prenait tellement de court que je n'avais pas pensé une seule seconde à m'énerver: pourtant, la situation était clairement propice à l'engueulade, et surtout à l'hystérie venant de ma part. Et pour le coup, personne pourrait dire que j'abuse. Sandro passait vraiment du chaud au froid, en quelques secondes, du tout au tout, comme ça, on savait pas pourquoi. Déjà, le lendemain de la fameuse soirée où nous avions couché ensemble, il m'avait dit qu'il m'aimait à un point inimaginable mais ça ne l'avait pas empêché de presque me virer avant de me confirmer que tout était fini entre nous. Et c'était d'ailleurs sur ça qu'on s'était quitté..et là, il me ressortait que je lui manquais. Il jouait au ping-pong ou quoi? Cependant, je n'avais pensé à rien de tout ça, bien trop contente, que d'une, il me parle, et que de deux, il me prouve qu'il m'avait oublié. Alors oui, j'avais laissé de coté ma fierté pour une fois.
Il m'avait pris la main et l'avait serrée contre la sienne. Le contact de sa peau eut directement un effet sur mon rythme cardiaque. Putain. « Je...euh... C'est beaucoup trop dur sans toi... Je peux pas, je peux plus...» Je devais être au paradis c'était pas possible. Je voyais pas comment c'était possible autrement, puisque tout était parfait. Je savais qu'il ne valait mieux pas s'enflammer direct avec lui, ça ne voulait pas dire qu'il voulait retourner avec moi, mais je ne pus m'empêcher de sourire. Je gardai le silence, et approchai mon visage du sien, avant de l'embrasser doucement. Autant dire que dans un espace de dix centimètres c'était chose compliquée, mais bon. Je m'éloignai ensuite un peu, pour mettre les choses à plat cette fois. «Qu'est-ce qu'on fait maintenant? »