TORRYATT ► And it pulsates and it works its way around my brain

Je ne me rendais pas réellement compte de mon geste. Un bruit sourd me parvenait jusqu’aux oreilles. Signe qu’elle s’était appuyé contre sa voiture. M’affrontant du regard, elle me disait ne plus savoir quoi croire. Etait-elle simplement la mère de mon fils ? Est-ce que cela expliquait cette possessivité ? Partiellement. Il y avait plus. Il y avait toujours eu plus. Depuis mes quinze ans, les choses n’avaient pas changés. A l’inverse, ce sentiment ne semblait pas vouloir partir. Il s’attachait à moi comme une sangsue. La vérité, c’est que je n’arrivais plus à réfléchir. Depuis des mois, je ne savais quelle direction prendre. Même en essayant d’avancer, Torrey s’imposait toujours à moi. « C’est c’que tu penses ? Putain, mais tu comprends vraiment rien ?! » Resserrant ma prise sur son poignet, je la plaquais un peu plus contre la voiture. « T’es toujours dans ma tête ! »

« C’est c’que tu penses ? Putain, mais tu comprends vraiment rien ?! » Oui c’était ce que je pensais et non, franchement, je ne comprenais pas. Je ne pouvais pas comprendre parce qu’il ne me disait rien. Il n’avait jamais réussi à s’ouvrir à moi alors comment étais-je supposé deviner? Il resserra sa prise sur mon poignet et je baissai les yeux dessus, serrant les dents avant de le regarder à nouveau. J’allais lui dire de me lâcher, mais son regard m’en empêcha. « T’es toujours dans ma tête ! » Mon cœur failli exploser. En fait, j’eu l’impression qu’on me l’avait remis de force dans la poitrine après des mois d’absence. C’était douloureux et soulageant à la fois. Mais je ne devais pas m’emporter, ça ne voulait encore rien dire. Il était jaloux, voilà tout. « Ce n’est pas suffisant que je sois dans ta tête si toi tu es dans mon cœur. » dis-je d’une petite voix, n’osant même plus parler tellement il s’imposait à moi. Je me sentais toute petite et pourtant, je n’avais qu’une envie : me jeter dans ses bras. J’étais terriblement vulnérable et je sentais que lui aussi. Pour une fois, peut-être étions-nous sur un pied d’égalité.

Avais-je vraiment dit cela ? Les yeux emplis d’une certaine surprise ou était-ce autre chose, elle m’observait. Après un court instant, elle laissait échapper quelques mots d’une voix fébrile. Relâchant doucement mon emprise sur son poignet, je restais silencieux pendant un moment. Mon cœur semblait s’être arrêté de battre. Le souffle court, je restais suspendu à son regard. Pris d’une envie vigoureuse, je venais plaquer durement mes lèvres sur les siennes. Avec force, je forçais le barrage de ses lèvres pour mêler ma langue à la sienne. Ma main quittait son poignet pour empoigner ses cheveux. Me reculant légèrement, je lui laissais assez d’espace pour faire basculer sa tête en arrière. Avec passion, je goûtais la douceur de ses lèvres. Fermant les yeux, les flashs de notre histoire me revenaient en mémoire. Puis, brusquement, je m’arrêtais. Reprenant mon souffle, je parlais d’une voix basse et rauque. « Qu’est-ce qu’il te faut de plus.. »

Wyatt relâcha lentement mon poignet, je savais bien que mes mots l’avaient atteint. Ou alors je l’espérais fortement. J’en avais marre de jouer au chat et à la souris avec lui et j’en avais marre aussi d’être blessé chaque fois que je pensais à lui avec une autre. S’il était jaloux de moi et Chris alors il pouvait enfin commencer à s’imaginer ce que c’était pour moi de le savoir avec Maëlys. Son regard encré dans le miens, j’avais peine à voir le bleu de ses yeux tellement ses pupilles étaient dilatés. Puis, sans crier garre, il vint plaquer ses lèvres contre les miennes, m’arrachant un léger cri de surprise, rapidement étouffé par notre étreinte maladroite et intense. Sa langue brisa la barrière de mes lèvres et je gémis de contentement alors que nos corps semblaient reprendre leur forme originels, fusionnant tous les deux comme ils l’auraient dû depuis le tout début. Rejetant ma tête vers l’arrière, il continua de m’embrasser jusqu’à en perdre haleine. Je rouvris lentement les yeux, croisant son regard, haletante. « Qu’est-ce qu’il te faut de plus.. » Sa voix était rauque et pleine d’émotion. Ce qu’il me fallait de plus? « La certitude que ce ne sera pas la dernière fois… » trop souvent nous étions revenu sur cette case pour mieux s’en éloigner ensuite. Je ne pouvais simplement plus vivre comme ça.

La dernière fois ? J’avais peur de faire des promesses que je ne pourrais pas tenir. Pourtant, ce soir je ne voulais être nulle part qu’ici. La peur de risquer notre entente était tout aussi présente. Je n’étais pas le meilleur copain du monde. Bien que je reconnaisse mes torts, Torrey aussi m’avait blessé avec Dexter. Moi aussi, j’avais souffert de notre rupture. A vrai dire, je ne m’en étais jamais remis. Voilà pourquoi, je revenais sans cesse vers elle. Et si nous recommencions ? Qu’adviendra-t-il si l’on se rend compte que tout est finit ? Glissant mes mains sur ses hanches, je soufflais quelques mots. « Ça ne sera jamais la dernière fois…» Parce qu’entre elle et moi, cela avait toujours été ainsi. Elle me collait à la peau. Son odeur, son rire, son regard. Tout était ancré en moi. Comme pour lui demander l’autorisation, j’approchais à nouveau mes lèvres d’elle. Dans une lenteur exquise, je cédais à mon envie. L’embrassant une nouvelle fois, je remontais une main jusqu’à la cambrure de son dos. Comme épris d’un tracas, je laissais mes angoisses remonter à la surface. « Et si, tu te rends compte qu’on fait une erreur.. ? »

Ses mains descendirent jusqu’à mes hanches et je frissonnai sous son contact. Ses mains sur moi allaient toujours me faire cet effet, toujours. « Ça ne sera jamais la dernière fois…» Je ne savais pas s’il pouvait le voir, mais mon regard devait être brillant. Plein d’espoir et d’incertitude à la fois. J’avais envie de le croire et pourtant, ma conscience me gueulait d’être prudente et de faire attention. Savoir que ce ne serait pas la dernière fois était une chose qui me soulageait énormément. Mais, dans les faits, ça ne voulait pas dire grand-chose. Combien de fois avions nous recouché ensemble depuis qu’il m’avait laissé? Plusieurs. Et regardez où nous en étions aujourd’hui! S’approchant à nouveau, Wyatt se pencha pour m’embrasser. Me laissant tout le loisir cette fois de m’échapper si c’était ce que je voulais, mais je n’en fis rien. J’accueillis son étreinte avec un nouveau soupir, me collant contre lui et humant son odeur pour m’en imprégner. « Et si, tu te rends compte qu’on fait une erreur.. ? » Je reculai un peu, levant mon regard vers le siens et portai une main à sa joue. Mon cœur s’emballait à nouveau. S’il posait la question alors c’était qu’il… que nous… je n’osais même pas formuler la pensée tellement elle me terrifiait. « Wyatt.. j’attends ce moment depuis le jour où tu m’as laissé sur le pont de ce yacht. » Je brisai la distance nous séparant, posant mes lèvres sur les siennes cette fois, l’empêchant de protester. Tout ce que je voulais, c’était que lui soit certain. Que lui ne réalise pas que nous faisions une erreur. Qu’il ne retourne pas vers Maëlys après, plus jamais même. Je voulais être la seule pour lui. Maintenant et toujours.

Ce soir-là… C’était un souvenir douloureux dont je ne voulais pas me rappeler. L’abandonner avait été l’une des choses les plus difficiles à faire. Je ne l’avais pas quitté par manque de sentiments, mais par le devenir de notre relation. Pourtant, j’avais envie de croire que c’était elle ma destinée. Savoir qu’elle m’avait attendu pendant tout ce temps, provoquait une multitude d’émotion. Sa main sur ma joue, m’arrachait un doux frisson. Un léger sourire naissait à la commissure de mes lèvres, alors qu’elle m’embrassait. Ramenant mes mains sur ses tailles, je la soulevais du sol. La maintenant d’une poigne de fer, je l’amenais jusqu’à l’intérieur de ma voiture. Je ne voulais pas réfléchir. Je voulais répondre à mon instinct, car cela avait toujours fonctionné de cette manière-là entre nous. « T’as toujours cru en nous.. » N’avait-elle pas perdu espoir ?

Wyatt me souleva, m’arrachant un petit cri de surprise une fois de plus, mais je passai rapidement mes jambes autour de ses hanches, mes bras autour de son cou. Mon regard plongé dans le siens, je ne posai pas de question lorsqu’il se dirigea vers sa voiture. Il ne semblait même plus réfléchir, simplement répondre à ses instincts. J’aurais dû être effrayé, au lieu de quoi j’étais excité. Ça avait toujours été contre ça entre nous, répondre à nos instincts les plus primaux et penser ensuite. Ça nous avait plutôt bien réussi jusqu’à l’été dernier et ce n’est que lorsque nous avions commencé à trop nous poser de question que tout avait été détruit. Alors oui, j’étais excité et heureuse comme je ne l’avais pas été depuis longtemps. « T’as toujours cru en nous.. » J’esquissai un sourire en prenant place sur lui maintenant que nous étions assis dans la voiture, moi sur lui et lui en dessous. « Toujours. Et ça ne changera pas… Je t’aime Wyatt. » soufflai-je avant de l’embrasser passionnément, lui transmettant tout l’amour que j’avais pour lui à cet instant précis.

Enfermer dans l’atmosphère intime de l’habitacle, elle me répond par ses trois petits mots. Ses mots qui représentaient tant à mes yeux. Submergé par plusieurs émotions, je répondais à son baiser avec ardeur. Envahit par l’odeur fruité de son parfum, j’en oubliais même l’orage soudain. Dans une explosion inattendue, ce dernier vrombissait avec force autours de la voiture comme l’écho de notre étreinte. Me redressant un peu plus, je passais une main sur sa nuque. Approfondissant notre baiser, je glissais une main sous son chemisier, caressant la peau douce de son dos. Croisant son regard noisette, un frisson me parcourait le dos. Plein de désir, je laissais mes sentiments parler. « ça n'a jamais changé pour moi..» Je n'étais peut-être pas le plus attentionné des hommes ou le plus aimable, mais la force de mes sentiments étaient réels.

Sorti de nulle part, un orage violent éclata à l’extérieur alors même que nous venions de prendre place dans la voiture. C’était incroyable et inattendu et pourtant, j’avais l’impression que c’était parfait vu la situation. Comme les sentiments à l’intérieur de nous, l’orage éclatait, incontrôlable et une pure force de la nature. Ses mains sur mon corps, je frissonnais sans savoir où donner de la tête. J’avais attendu ce moment depuis des mois et pourtant, je n’osais toujours pas y croire. Son regard croisa le miens et je le soutins pour lui montrer que je n’avais pas peur alors qu’au fond, après lui avoir dit ça, j’étais terrifié. « Ça n'a jamais changé pour moi..» Je le regardai encore un moment, plongeant mon regard dans le siens, cherchant au plus profond de lui ses sentiments réels. L’air autour de nous était chargé d’électricité et ça n’avait absolument rien à voir avec ce qui se déroulait à l’extérieur de la voiture. « Dis le moi Wyatt… » L’implorai-je à mi-voix, ayant besoin de savoir qu’il partageait vraiment mes sentiments cette fois. Je ne pouvais plus me contenter de simple « C’est pareil pour moi » ou encore « Ça n’a jamais changé » ou pire, « Laisse-moi du temps ». Il avait eu suffisamment de temps, c’était maintenant ou jamais. Sa dernière chance de renouer notre relation. Après, j’en aurais fini de l’attendre, ce serait plus que je ne pouvais en supporter en fait.