love me like you do (naline)

Je savais que mes paroles allaient l'agacer, j'aurais pu parier n'importe quoi sur sa réaction. Je fais mine de ne pas comprendre où elle veut en venir, et lui adresse un regard incompréhensif. « J'vois pas de quoi tu parles. Commencer quoi ? » Après tout, c'est plutôt amusant de jouer la situation. Situation que Charline déteste. Nous ne tardons pas à nous diriger vers la sortie, et à vrai dire, je n'ai aucune idée d'où aller. Je n'avais encore jamais mis les pieds en Nouvelle Zélande, c'est une grande première, et visiter les paysages avec Charline me paraissait être une excellente idée. « T'as faim ? » demandais-je donc à cette dernière en continuant à marcher. Main dans la main, on a carrément l'air d'un petit couple -ce que l'on est sûrement- c'est mignon. Bon faut que j'arrête de penser que tout est mignon sinon je risque de m'en prendre une. « Tu crois que tu pourrais y arriver ? » Avec sa force d'une enfant de six ans, je ne risque pas d'avoir trop de mal à me défendre.

Tu pourrais même l'attacher au lit et lui faire faire la brouette. Euh.. Peut être que c'était une mauvaise idée. Mais en tout cas, tu pourrais l'asperger de fébreze tranquillement. Quoi que ça aussi c'était une mauvaise idée. Ouais, t'avais parfois des trucs bizarre qui te passais par la tête et t'étais même pas capable d'expliquer pourquoi. Puis y avait plein de chose que les gens pouvaient pas expliquer. Comme, pourquoi est ce qu'ils avaient un furoncle sur le bout du nez ou comment ils avaient pu faire pour chopper l'herpes. C'était tout un tas de question qui restait souvent sans réponse. Et puis tiens, pourquoi est ce qu'on ne pourrait pas sortir des formules genre vade retro pour les faire disparaître ? Et pourquoi un illétré ne sait pas lire ? Ouais bon, c'était pas le moment de te poser ce genre de question. « Ouais c'est ça, fais l'innocent. » Tu secouais la tête sachant très bien qu'il faisait exprès pour t'embêter mais très honnêtement, y avait rien qui pouvait entacher ton humeur aujourd'hui. Pas alors que tu étais avec lui et que tout semblait s'être arrangé. « Carrément ouaos. » Et là, d'un coup, tu te mettais à pleurer. T'éclatais en sanglot et tu savais même pas pourquoi. Ce qui était plutôt con pour le coup. Tu lâchais sa main pour essuyer tes yeux mais fallait croire que c'était puissant puisque t'arrivais pas à t'arrêter.

Moi ? Faire l'innocent ? Je ne vois toujours pas ce qu'elle veut dire par là, alors je me contente de hausser les épaules, un petit sourire "innocent" accroché aux lèvres. Je suis véritablement heureux de la retrouver. Vraiment. Comme avant quoi. Il faut croire que je n'étais pas prêt à vivre sans elle, et sa présence me fait un bien fou. Au final, heureusement que je l'ai appelé sur Skype ce fameux soir où tout s'est.. arrangé ? Si je n'avais pas été ivre ce soir-là, je ne l'aurais peut-être pas recontacté de si tôt, et je serai encore entrain de me morfondre dans ma peine. J'ai toujours des doutes sur le futur de notre relation, mais maintenant qu'on est lancés, autant y croire non ? Légèrement perdu dans mes pensées, je ne sens pas la main de Charline lâcher la mienne, et surtout je ne m'attends pas du tout à la voir pleurer. Elle pleure ? Je ne l'ai jamais vu pleurer depuis que je la connais, du coup ça me fait un sacré choc, et je ne comprends pas du tout ce qu'il lui arrive. Au bout de quelques secondes, je me décide enfin à réagir et j'attrape ses deux mains dans les miennes, essayant de fixer ses yeux totalement embués. « Hé Charline, qu'est-ce que t'as ? » Qu'est-ce que je peux dire d'autre de toute façon ?

Peut être que tu relâchais toute la pression ou quelque chose comme ça. En fait tu savais pas du tout. Tu pleurais limite jamais, encore moins devant les autres. Alors là, c'était affreux de fondre en larme comme ça devant lui. Surtout que tu comprenais pas pourquoi. Enfin, c'était si soudain que ça te déroutais complètement et fallait croire que lui aussi ne savait pas trop comment réagir. Ce que tu pouvais parfaitement comprendre puisqu'il fallait quand même avouer que tu t'étais toi même prise au dépourvu. Et puis il attrapait tes mains essayant de soutenir ton regard mais t'étais complètement ailleurs. Complètement perdue par ce flot d'émotion qui venait de t'envahir soudainement. « Je.. Je sais pas. » Ouais ben voilà, comme ça tu avais l'air encore plus stupide pour la peine et c'était pas forcément le but. Mais t'allais pas inventer un truc pas vrai ? Tu savais pas pourquoi tu pleurais et.. Bah c'était comme ça quoi. T'y pouvais rien. Tu lâchais ses mains pour finalement t'accrocher à son cou pleurant de plus belle. « Je crois que j'ai peur. »

Alors là je restais vraiment sur le cul, véritablement surpris par cet excès de larmes de la part de Charline. C'est une première pour moi, je ne l'avais jamais vu pleurer auparavant et.. autant dire que ça fait un choc. Pourtant, cette dernière me confiait être heureuse de pouvoir tout recommencer, c'est pourquoi je ne comprends pas du tout ce qui lui arrive. Et apparemment, elle non plus, car elle ne sait même pas pourquoi elle pleure. Je fronce les sourcils, un peu embêté de ne pas savoir quoi faire pour lui remonter le moral. Mais alors que j'essayais de réfléchir pour trouver une solution, Charline vient se blottir contre moi, éclatant en sanglots une seconde fois. Et là, je comprend ce qui ne va pas. Elle a peur. Mais peur de quoi ? Il y a des dizaines de raisons pour lesquelles elle pourrait avoir peur n'est-ce pas ? Mes bras viennent enrouler sa taille et je la serre contre moi, essayant de la rassurer un peu. « T'as peur de quoi ? » demandais-je, même si je pense avoir ma petite idée. En fait j'en sais rien, j'aimerais juste qu'elle m'éclaire un peu.

Ouais c'était peut être ça le souci. T'avais la trouille. La trouille de tout un tas de truc. Et au final, t'avais l'impression de perdre tout tes repères tant tu pouvais être effrayée de ce qui pouvait se produire dans l'avenir. T'avais peur de le perdre lui, peur de savoir que l'enfant n'était pas le sien et qu'il pourrait partir en un claquement de doigt. Peur d'être maman parce que tu n'étais pas prête à ça. Peur de tout faire foirer encore une fois. Alors ouais, t'avais la trouille et si on le cumulait à tes hormones assez déréglés voilà ce que ça donnais. Tu fondais en larme, comme ça, d'un coup. Et tu voyais bien que Nate était totalement désemparé de cette réaction de ta part mais malgré tout, il venait te serrer contre lui cherchant à comprendre ce qui avait bien pu te mettre soudainement dans cet état. « J'veux pas te perdre encore une fois Nate. J'veux.. Si je te perds j'sais pas ce que je ferais. J'ai besoin de toi. » Parce qu'il te rendait meilleure, parce que même si t'étais la pire fille au monde, il arrivait toujours à faire sortir le meilleur de toi et.. T'étais amoureuse de lui. T'avais besoin de lui plus que de quiconque même si tu l'avais jamais vraiment réalisé jusqu'à aujourd'hui.

Elle a peur de me perdre une nouvelle fois ? C'est donc pour cette raison qu'elle se met dans un tel état ? Je peux comprendre, car je l'ai déjà perdu une fois, et la voir partir une seconde fois me briserait. Littéralement. Et pourtant, je ne sais pas comment essayer de la rassurer avec ça. J'ai besoin d'elle, plus que de n'importe qui, et j'espère que je n'aurais plus jamais à la voir partir. Je la serre un peu plus dans mes bras, comme pour me rassurer moi-même. « Je suis là t'en fais pas. » Et dieu sait à quel point sa présence m'est vitale également. La preuve, je me suis complètement laissé aller ces dernières semaines, et j'ai réellement l'impression de revivre depuis que Charline est revenue dans ma vie. C'est dingue dans quel état je me suis mis pour une fille. « Tu veux rentrer ? J'peux même te faire un bain et tout. » proposais-je en souriant, m'écartant légèrement de notre étreinte. Mes mains glissent de part et d'autre de son visage, et mes lèvres viennent se poser sur les siennes, naturellement.

Peut être qu'il était temps que tu lui dises tout ça ? Tout ce que tu pouvais ressentir pour lui et tout le reste aussi. Sauf que.. T'étais pas capable. Après tout, t'avais jamais agis comme ça et forcément, tu ne pouvais pas changer en un claquement de doigt. Peut être qu'il te faudrait du temps avant de lui avouer à quel point t'étais dingue de lui même si forcément il devait s'en douter. T'inspirais profondément essayant de contrôler une nouvelle crise de larme qui menaçait d'arriver alors qu'il te serrais un peu plus contre lui. « Ouais.. » Mais pour combien de temps ? Quelques semaines ? Quelques mois ? Et si ce test de paternité révélait qu'il n'était pas le père, combien de temps mettrait-il avant de partir ? Il avait lui même dit qu'il ne pourrait pas le supporter. Alors fallait-il que tu te fasses à l'idée qu'il puisse disparaître comme ça, d'un seul coup ? « Je.. Comme tu veux. » Tu souriais légèrement notant tout de même l'attention qu'il pouvait avoir envers toi. Bordel mais pourquoi est ce que tu avais tout gâché comme ça ? Tu fermais les yeux quelques secondes et tu sentais ses lèvres se poser sur les tiennes ce qui avait le don te calmer instantanément. Une de tes mains glissait sur son visage caressant doucement sa joue alors que tu rompais ce petit moment de tendresse. « J'te promet qu'à partir de maintenant tu peux avoir confiance en moi. »

Spoiler:

Elle n'a pas l'air très convaincue à priori, et en réalité, moi non plus. J'ai envie que construire une relation stable et indestructible avec Charline, mais pour l'heure, cela est plus bancale qu'autre chose. Chacun de notre côté, nous avons nos doutes et nos peurs et nous ne savons pas quoi faire pour les vaincre. J'ai envie d'être avec elle, je l'aime, et la seule chose que j'attends, c'est de faire ce test de paternité. Et puis, même si je ne suis pas le père, peut-être que je réussirais à passer au dessus de tout ça ? J'en sais rien.. L'embrassant par la suite, je veux juste la rassurer, et puis j'en ai terriblement envie. Quand Charline rompt le contact, j'esquisse un petit sourire suite à ses paroles, et j'ai l'impression qu'elle fait énormément d'efforts pour moi. Pour nous. Ça me touche. « Je te crois Charline. Je t'aime, oublie pas ça. » Je ne lui avais pas redit ses mots depuis qu'on avait finit la nuit ensemble il y a quelques jours. Sur ces mots, j'attrape une de ses mains, rebroussant chemin jusqu'à l'hôtel. « Allez viens. » Elle a peut-être besoin de se reposer après tout.

Spoiler:

Ouais. Tu ferais tout ce que tu pourrais pour ne plus avoir à la decevoir à nouveau. Non. Tu ne voulais pas lui faire du mal comme tu avais déjà pu faire et ouais, tu te battrais contre toi même s'il le fallait pour ne plus le briser. Tu pouvais pas recommencer. Tu l'avais déjà perdu une fois et tu savais très bien que tu ne le supporterais pas si ça venait àse reproduire. T'étais incapable de le surmonter encore une fois. Et bien sûr que tu savais qu'il ne t'avais pas réellement pardonné. Bien sûr que t'étais au courant qu'il faudrait du temps et qu'il serait certainement sur la réserve un long moment mais.. Tu voulais croire que tout pouvait recommencer à nouveau. Qu'il viendrait un moment ou vous seriez juste heureux tout les deux parce que ouais, t'avais finis de tout détruire à chaque fois. Tu voulais être heureuse avec lui, juste ça. Et il venait te dire qu'il t'aimait. Mot qui avait le don de te faire fondre littéralement. Parce que c'était lui et parce que même si t'étais pas branchée dans les grandes démonstrations, t'avais besoin de le savoir. Tu t'pinçais la lèvre inférieure alors qu'il attrapait ta main pour t'entraîner à nouveau vers l'hôtel et sans rien dire, tu le suivais. « Merci.. » Pour tout et rien en même temps mais t'avais besoin de le remercier.