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J'ai dit son prénom en balbutiant maladroitement. Parce que j'ai besoin de lui. Parce que je déteste l'écart qu'il vient de creuser, d'imposer en partant si loin. Il n'est qu'à quelques mètres pourtant, mais je me sens comme vulnérable, seule, fragilisée, abandonnée, sans recours. Je n'aime pas ça. Je déteste ça. Il est le remède à cette sensation d'insécurité qui m'emporte et m'écorche douloureusement au passage. J'ai besoin qu'il revienne, qu'il se rapproche de moi. J'ai besoin que l'espace entre nos corps disparaisse parce qu'il devient trop douloureux, presque insupportable. C'est lui qui a mis cette distance qui me parait démesurément grande et c'est probablement pour cela que ça me fait mal de cette façon. C'est moi, c'est toujours moi qui impose une distance qui m'est confortable avec les gens habituellement. Mais là, rien n'est habituelle. Tout a changé dès qu'il a ouvert la bouche pour me dire les choses les plus douces que je n'ai jamais entendues. Je lui en veux, mais je lui suis reconnaissante de m'avoir montré comme j'ai de l'importance pour lui. Après une hésitation il revient. Il se rapproche de moi puis me serre dans ses bras. Tout s'envole. Je ferme les yeux la tête contre lui. J'aimerais que cette proximité ne s'efface jamais. Le silence est doux, chargée d'émotions, presque apaisant. Et enfin, j'ouvre la bouche. Je lui donne un accès direct à mon coeur. Un accès direct à mon âme. Un accès que personne d'autre n'a et n'aura surement jamais. Je m'ouvre à ma façon. J'étale ma faiblesse à ses yeux. Je le réclame. Je prends par la même occasion conscience de ma dépendance. Jamie est addictif. Je ne le savais pas réellement avant ce moment précis. J'ai besoin de lui. C'est presque douloureux à admettre, mais également tellement libérateur. C'est comme un poids qui s'envole, mais c'est également comme se jeter d'une falaise. Mon corps entier est partagé par ses émotions qui me traversent de haut en bas, plus ou moins violemment. Sa voix annonce qu'il ne partira jamais. Me détachant de lui, je frotte mes yeux avant de venir déposer un baisé sur sa joue. Il sera toujours là, il ne partira pas, affirme-t-il en me caressant la joue. J'ai envie de t'embrasser, Jamie. lâchais-je presque spontanément avant de me morde la lèvre. J'aurais dû me taire. Je devrais baisser le regard ou tout au moins le détourner pour faire disparaître cette envie qui m'arrache l'estomac, me soulève le coeur. Ce n'est clairement pas raisonnable. C'est même idiot. Je crois que je ne suis pas capable de lui donner ce qu'il voudrait et ça me fait mal. Je ne suis pas à la hauteur. J'ai envie de me frapper pour ça. Et de le frapper lui aussi, parce qu'il m'en demande trop. Mais je ne peux vraiment pas. dis-je, le souffle coupé avant de me laisser tomber sur le dos pour arrêter ce contacts visuel qui me torture. Je ne veux pas lui faire du mal. Je ne veux pas me faire de mal, parce que je suis égoïste. Je le veux. Je ne le veux pas. Je ne sais pas. Je veux être proche, puis très loin. Je veux le serrer dans mes bras, puis j'aimerais le frapper, lui dire de s'enfuir le temps qu'il le peut toujours.
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