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Je crois pouvoir affirmer que, depuis mes seize ans, la peur a prit une grande place dans ma vie, un grand contrôle qu'elle s'est octroyée sans que je n'ai mon mot à dire. Je l'ai laissé faire son nid, prendre sa place, sans dire un mot. J'aurais dû. J'aurais dû hurler à pleins poumons pour qu'elle se sauve en courant, mais je ne l'ai pas fait. Je l'ai même aidé à s'installer bien au chaud et je lui ai presque cédé les commandes de ma vie. Je le regrette, parce qu'aujourd'hui encore, elle régente ma vie. Je m'en veux de lui avoir fait une place. J'ai beau essayer, je ne parviens pas à la chasser. Je crois qu'il est trop tard, elle est encrée en moi désormais. Elle est presque devenue mon essence même, cette peur de merde. Parce que j'ai peur de tout. J'ai peur de m'attacher aux gens. J'ai peur de l'amour. J'ai peur du contact sociale, parce qu'il conduit toujours à la déception. J'ai peur de la déception, des désillusions. J'ai peur du risque. J'ai peur des sentiments. J'ai peur du rapport à autrui. En fait, j'ai peur de vivre. Et, pour oublier cette peur, je suis armée de mon joint. Qui, lorsqu'on y réfléchi sérieusement, n'est peut-être pas une arme. Parce que se droguer, ça coupe encore plus du monde, il parait. Moi je ne sais pas, mais en même temps, je ne sais rien. Je crois que la seule arme contre la peur, la véritable arme, c'est le courage. Un courage que je n'ai pas, je crois. Si j'en avais, je ne dirais pas des choses idiotes comme celle-ci. Je crois que parfois je le blesse ou du moins que je le déçois, et l'air de rien, ça me pèse souvent. Je ne sais pas pourquoi je me sens obligée de toujours gâcher les choses. C'est comme si je fuyais le bonheur, comme si j'avais un besoin perpétuel de me pourrir la vie quand j'ai tout pour aller mieux. Peut-être que c'est ça ma plus grande peur, le bonheur. Ou moi-même, parce que je suis mon démon. Parce que je me fais du mal, sans raison apparente parfois. Lorsqu'il ouvre la bouche, me caressant le dos de telle sorte qu'une envolée de frisson me parcours le corps à cause de son touché délicat, je sens clairement une froideur, trahissant une déception. Je voudrais qu'on me frappe là, pour me remettre les idées en places. Je n'ai pas le droit de le décevoir, ni même de le peiner. Lui, il ne peine jamais. C'est un bon ami, j'aimerais être aussi bonne avec lui qu'il l'est avec moi, mais j'ai du mal à ne plus avoir peur. Il compte trop pour que je puisse le perdre. Il creuserait un trou dans mon coeur, une nouvelle cicatrice. Je ne veux pas. Sa voix se fait de nouveau entendre alors que sa main est remonté jusqu'à mes cheveux, m'annonçant que l'homme qui comblerait mes désirs finirait mort. Je réprime un sourire alors qu'il vient caresser ma joue. C'est toujours tellement partagé avec Jamie. Je ne me permets pas d'étrangler toutes les gentilles filles avec lesquelles tu passes tes nuits, je te serais donc reconnaissante de ne pas tuer les hommes de mes nuits. dis-je d'une voix mêlant accusation et culpabilité. J'ai envie d'attraper sa main et d'y glisser mes doigts pour qu'ils s'enlacent avec les siens, mais je me retiens, me contentant de déposer ma main sur son torse dénudé. De toute façon, tu n'as rien à envier de personne. dis-je le plus sérieusement du monde.
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