TOPIC DE GROUPE ✱ Prise d'otages #2

Je faisais des études de sociologie et ce qui touchait à la société et au monde, ça me tenait à coeur. J'ai eu un énorme choc en apprenant ce qu'il s'était passé en France. Franchement, je n'en revenais pas. J'aimerais bien faire quelque chose mais je me sentais tellement impuissante face à tout ça. J'ai décidé d'aller assister à cette conférence pour en savoir plus sur le sujet. Et puis, cela devait être forcément intéressant pour une intello dans mon genre. Je venais donc tranquillement m'asseoir en écoutant le discours. J'en profitais pour prendre des notes histoire d'avoir une trace papier dans mes cours. Au fur et à mesure que j'écoutais, j'en avais des frissons dans le dos et je ne me sentais pas beaucoup à l'aise.

T'avais dormis. Tu t'étais endormie dans l'amphi ce matin et personne n'avait eu la décence de te réveiller. Si bien que tu te retrouvais au beau milieu d'un débat sur tu ne savais trop quoi. Chiant à mourir. Dans ton coin, tout en haut de l'amphi, tu t'étires avant de regrouper tes affaires et espérer pouvoir filer en douce. Pour l'instant, tu rangeais tes affaires. Doucement hein, tu viens de te réveiller d'un bon roupillon.

Finalement ça ne t'étonnais guère que tu aies choisi un cursus en journalisme, tout s'explique quand on sait que tu es curieuse. Tu es très certainement plus doué dans le journalisme sportif que dans le journalisme d'actualités mais tu avais tenu à participer à ce débat sur le terrorisme, chose qui effraie mais dont il faut parler. Paris en était la preuve. Attentive, tu avais écouté les interventions des différentes personnes invitées et tu comptais bien participé activement au débat, qui serait sans aucun doute enrichissant. Tu allais sortir de l'amphithéâtre, pensant aller chercher un truc à grignoter au distributeur avant de te raviser quand tu aperçus Briony et Graham. Quelle coïncidence que de tomber sur tes colocs que tu avais quitté il n'y a de cela que quelques heures en quittant l'appart." Comme on se retrouve ! " Les grands esprits se retrouvent !

Concrètement, je pense que si j'étais en France actuellement, je serais morte de trouille. Un attentat c'est vraiment quelque chose de marquant, de traumatisant. Mais d'un autre côté, si j'étais en France, je vivrais une partie de l'histoire, parce qu'il est clair que dans plusieurs années ce tragique événement ayant causé des pertes humaines et voulant briser une nation, les valeurs qui la constituent tel que la liberté d'expression, va marquer l'histoire à jamais. Un peu comme le onze septembre, même si cela reste différent. En y réfléchissant, je n'ai pas réellement besoin d'être en France pour avoir peur, il suffit de se balader sur le campus pour ça. Ces derniers temps l'université connait une vague de violence démentielle, des agressions, des viols, de quoi faire peur à n'importe qui. La blonde (Suzy) me répond, brisant le silence trop présent autour de moi. Ce n'est pas faux, mais d'un autre côté je pense que c'est un sujet délicat que l'on ne peut pas aborder comme on veut, malheureusement. Avouons le, terrorisme est un mot qui fait peur.

J'ai regardé Leandra pendant une bonne partie de la conférence du coin de l'oeil, parce que j'ai vraiment peur qu'elle se fasse royalement chier ici. Pourtant, on parle du terrorisme mais aussi des droits. Est-ce que les propos de Charlie Hebdo étaient réellement racistes ? C'était quelque chose qu'elle devait connaître vu son cursus à la fac. "pour avoir une monnaie d'échange quand tu refusera de faire quelque chose que je souhaiterais.., me dit Leandra à mon oreille et je ris doucement, "je pourrais te dire que je t'ai accompagné à cette conférence ennuyeuse.. donc que tu me dois bien ça.." J'arque un sourcil et je me recule pour la regarder, « Tu trouves ça vraiment ennuyeux ? Non parce que t'as pris des notes quand même.. » Je souris en coin et je continue de la regarder,« Non mais.. ça m'fait quand même plaisir que tu sois là.. » C'est important pour un couple de faire des trucs ensemble.

Autour de moi j'entendais les conversations et les arguments de chacun, les retrouvailles des autres dans cet espace clos. C'était une ambiance digne d'une grande conférence, bien que c'en ne soit qu'une étudiante; quoi que nous sommes à Harvard, profitions-en aussi, de cette éducation que l'on peut se permettre. Ce n'est pas faux, mais d'un autre côté je pense que c'est un sujet délicat que l'on ne peut pas aborder comme on veut, malheureusement. J'hochais la tête, lançant un regard là où se trouvait habituellement le maître de conférence. « C'est vrai, c'est un peu classé comme un sujet tabou il faut dire, avec tout ce que ça engendre.. » soupirai-je, remontant mon regard vers la jeune fille. (Amen). Il y avait beaucoup de monde, cela dit, bien que nous soyons à Harvard, je n'aurais pas pensé qu'autant de gens participerait à un tel évènement.

Au-delà de l’aspect tragique de cet événement je considère ce fait-divers comme une excellente base pour travailler et apprendre. Me mettre à la place de ces personnes, comprendre pourquoi elles ont choisi d’agir de la sorte, pouvoir facilement rentrer dans la peau des victimes qui auront besoin de parler avec des spécialistes pour dépasser le traumatisme… Des moments sombres comme ceux-là sont la base du métier qui m’attire, psychologue. Je ne pouvais donc rater cette conférence sous aucun prétexte et j’ai d’ailleurs pris énormément de notes pendant que les différents intervenants apportaient des réponses à certaines questions posées par les étudiants. Une petite pause nous a été accordée pour reprendre nos esprits et discuter entre nous, idéal pour que Briony puisse me rejoindre et s’asseoir à côté de moi. « Heeeey ! Alors, t'en as pensé quoi pour l'instant ? C'était intéressant non ? » J’acquiesce en souriant, jetant un petit coup d’œil à mon petit tas de feuilles. « L’analyse est vraiment parfaite, c’est très intéressant et enrichissant. » Je m’en voudrais presque de dire cela, je profite d’un événement malheureux pour apprendre mon futur métier, pour analyser mais c’est ainsi que nous avançons tous, avec des exemples dramatiques. « Comme on se retrouve ! » Pas besoin de la (Keyla) voir pour la reconnaitre, mes lèvres s’étirent davantage et je quitte brièvement ma première colocataire du regard pour me concentrer sur la seconde. « Quelle surprise ! Ramènes ta bouille vers nous, tu nous as déjà trop manqué. » Ouais ou pas, mais je l’aime bien alors autant profiter de sa présence au maximum non ?

Je me demandais combien de temps allait durer la pause. Maintenant que j'avais trouvé mon colocataire Graham, je voulais pas le quitter, parce qu'avec nos filières qui se ressemblaient, on pouvait partir dans des débats intéressants. « L’analyse est vraiment parfaite, c’est très intéressant et enrichissant. » J'tais totalement d'accord avec lui avec son analyse, c'tait ça. On avait été face à des discours de personnes pointues, qui savaient mettre des mots sur des évenements, sur des façons de réfléchir et d'agir, mais également sur des phénomènes de société comme le terrorisme ou bien la marche historique qu'il y avait eu en France y a une semaine environ. Ils arrivaient à tout décortiquer et j'trouvais ça tellement intéressant vous pouvez pas imaginer. " Comme on se retrouve ! " Je m'étais tournée vers la voix, ayant déjà reconnue Keyla. « Quelle surprise ! Ramènes ta bouille vers nous, tu nous as déjà trop manqué. » Mon sourire se fit encore plus grand. C'est vrai, moi elle m'avait manqué tcheuh. Viens à côté de moi, comme ça j'suis entre vous deux et j'serai la plus heureuse des femmes. Je riais un peu avant de reprendre la discussion. J'vois que t'as pris autant de notes que moi Graham aha, et toi Keyla t'en as pensé quoi ? En fait, on a trois points de vue totalement différents à cause de nos études.. mais elles se completent je trouve. Sociologie, psychologie et journalisme. C'est parfait non ?

Spencer était là de son plein gré, oui. Ca avait pas trop de rapport avec sa discipline, mais elle s’intéressait beaucoup à ce qui s'était passé à Paris. Elle avait suivit aux infos, s'était passionnée, révoltée, et finalement, voulait se documenter. Cette conférence arrivait donc au bon moment. C'était la pause entre les différentes parties, et la Strudwick jetait un œil autour d'elle, pour voir si elle reconnaissait quelqu'un. Il n'y eu que la vision d'une demoiselle (Olive) qui semblait se réveiller, qui lui soutira un sourire discret.

Je pensais faire une bonne action en venant à cette conférence. Le thème était vraiment intéressant. Les malheurs du monde me fascinaient à tel point que j'avais envie de tout comprendre de A à Z. Certes, c'était ignoble ce qu'il s'était passé pour ces français. Franchement, je m'estimais heureux de ne pas vivre en France. J'étais malheureusement arrivé en retard et j'avais eu le temps de me faire discret, assis tout au fond. J'écoutais, j'écoutais et je m'endormais presque. J'étais fatigué de la veille, j'avais trop bu avec Gaetan, on avait hâte de fêter ça faut dire. Je regardais les étudiants qui parlaient et je me demandais quand est-ce qu'ils allaient pouvoir bien se taire car en plus d'être fatigué, j'étais distrait par leurs conversations.