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Jacey ne s’était jamais senti aussi mal. Avant, les ruptures apparaissaient comme un commun accord. Ils convenaient tous les deux qu’il était plus judicieux de faire une pause. Pas là. Jade avait l’air de vouloir en finir pour de bon, et jamais Jacey ne s’était senti aussi vide. Comme si on lui avait arraché une partie de lui, de son cœur. Il n’aimait pas ce ressenti parce qu’il était d’ordinaire si jovial qu’il ne comprenait pas comment il avait pu se laisser embarquer dans un sentiment immaitrisable et qui le tiraillait jusqu’à provoquer chez lui de la colère, voire de la haine, qui ne lui amènerait que de la souffrance. Lui qui était très structuré d’habitude, très méthodique, il avait perdu le fil de sa défense et il aurait voulu quitter la Thaïlande dès maintenant. Il avait pris sur lui pour ne pas s’effondrer, rester digne, mais là avec Oriana, il implosait. « A ce sujet oui, les gants elle les met bien. En deux ans de relation elle m’a dit deux fois je t’aime. La semaine dernière au cinéma, et aujourd’hui. J’estime que ça fait pas beaucoup. » Il savait à quel point Jade s’était protégée à ce niveau-là parce qu’elle avait peur de souffrir. Finalement, elle avait peut-être bien fait, puisqu’ils en étaient arrivés à un point de non-retour, et Jacey ne voyait que son chagrin, redevenant égocentrique au possible face à la peine. Oriana avait beau tenter de lui expliquer qu’il avait en quelque sorte manqué de respect à sa copine, Jacey ne le percevait pas de cette manière. Pour lui, il n’avait rien fait de mal. Elle aurait pu le surprendre en flagrant délit avec Silvia il y a quelques temps qu’il aurait compris, parce qu’il s’était déjà mal comporté, même si Silvia avait préféré y mettre un terme pour éviter tout problème. Mais là, il ne voyait pas car il n’avait fait que relever des défis. Il payait peut-être ses erreurs du passé. En revanche, la jalousie qui l’animait lui permettait de faire un parallèle avec son comportement. « Je lui fracasse la tête à celui qui s’approche trop près d’elle. » Il avait l’impression d’avoir une double personnalité : tous ses défauts transparaissaient depuis quelques minutes, masquant ses qualités pourtant admirables d’ordinaire. « Elle représente tout pour moi… alors dis pas que je la considère pas, c’est faux ! » Il soupira, il n’avait plus envie de se défendre. Il ne se sentait pas bien. Il fallait qu’il évacue le stress, la contrariété, la peine. Comment pouvait-elle réussir à partir comme si de rien était pour boire en compagnie de Nolwenn alors qu’un peu plus tôt, ils avaient rompu ? Jacey ne parvenait pas à croire cela possible. Oriana lui suggéra de boire et de danser, et même sa passion ne l’animait pas comme d’habitude. Penaud le regard dans le vide, il acquiesça, avançant vers le bar pour boire un coup, cherchant à faire fi de Jade et Nolwenn à qui il en collerait bien une tant ça lui démangeait, mais il se mit dos à elles pour ne pas les avoir dans son champ de vision. Jacey demanda alors à Oriana : « C’est toi qui a invité Nolwenn ? Je crois pas que je vais rester tout le séjour. J’irais récupérer mes affaires cette nuit, et je prendrais le premier avion, j’ai rien qui me retient ici. » On sentait l’abattement dans sa voix.
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