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900 000 dollars. Je n'en revenais toujours pas d'avoir finalement prit cette décision, et pourtant, après plusieurs rendez-vous et heures de négociations, après plusieurs heures de prévisualisations avec mon banquier, j'avais investi dans une société de voyage en jet privé. Elle était géré par un ancien ami à moi, il m'avait proposé ces services plusieurs fois, et m'avait ensuite proposé d'offrir ce service de luxe aux clients de mes appartements de location. On avait trouvé un accord provisoire, pour tester pendant 6 mois la réaction de mes habitués face à cette idée. Et toute la pression que j'avais sur les épaules depuis ces dernières semaines s'envolait, légère, futile, mais fourbe et prête à revenir à la prochaine décision importante dont je devrais trancher l'issue. Le banquier m'avait proposé d'ouvrir la bouteille de champagne, persuadé que ça allait profiter à mes affaires, mais j'avais poliment refusé : tout d'abord parce qu'il se faisait de l'argent sur mon dos et que ça lui faisait plaisir, alors que moi ça me dégoutais de voir le montant de ses honoraires, mais il était l'un des meilleurs, et la perfection se paye. Tout ce que je veux, actuellement, c'est un bon chocolat chaud, un bain chaud et de la musique, avec pourquoi pas une bougie aux senteurs d'hiver, comme le spéculos, le pain d'épice, la pomme d'amour. Donc après avoir enfilé mon blouson, je me dirigeais vers Staburcks, première étape de mon petit paradis pour la soirée. Soupirant en voyant la queue, je sorti mon téléphone envoyer quelques sms, surveiller mes mails, le genre de choses parfaites pour patienter dans une file d'attente. Avançant jusqu'à ce qu'il n'y ai plus qu'une personne devant moi, je levais les yeux un peu pour voir les serveurs, et mon regard s'attarda sur quelqu'un assit à une table : quelqu'un qui m'avait visiblement vue avant que ne puisse l’apercevoir, adsorbée par mon téléphone que j'étais. Je souris à Jeno, lui faisant un petit signe de la main, ne voulant pour rien au monde quitter la file, sans quoi j'allais devoir patienter de nouveau. On ne s'était pas croisés depuis un peu plus d'un mois : et je n'avais reçu aucun sms de lui. Cela dit, je n'en avais pas envoyé non plus. Commandant mon désir actuel, un chocolat chaud avec chantilly, poudre de cannelle dessus, je me dirigeais vers la table de Jeno, après avoir donné mon nom, en essayant de ne pas claquer la serveuse pour son manque de professionnalisme et sa tête d'enterrement. Salut... Je peux m'asseoir ou tu attends quelqu'un? demandais-je, une fois face à la table ronde que le mather occupait.
Je n'avais pas prévu de tomber sur Jeno, comme ça, dans le starbucks. Il ne m'avait pas envoyé de messages, on ne s'était pas vus sur le campus, et je n'avais pas cherché plus loin : j'étais de toute façon trop occupée et stressée pour ne serait-ce que me poser des questions d'un autre ordre que celui du travail, et l'amitié, je n'avais pas eu assez de temps libre pour m'y intéresser. Cependant, je ne pouvais pas nier que le voir me faisait malgré tout un petit peu plaisir : chaque fois que je le voyais, je passais un bon moment. Pas forcément toujours idéal du point de vue d'une Jones, mais en tout cas je m'amusais, il faisait ressortir un côté de ma personnalité que j'appréciais autant que je le redoutais, du coup c'est avec une certaine envie de passer un moment avec lui que je m'approchais de sa table. Avant de réaliser qu'il n'avait peut-être pas envie de me voir, et que si il n'avait pas prit de nouvelles après son anniversaire, c'est bien qu'il n'en voulait. Ou pire, qu'il attendait quelqu'un et que je me pointais comme une fleur, espérant pouvoir m'asseoir. Incertaine, je lui demandais si je pouvais m'asseoir à ses côtés, et sa réponse positive m'enleva un poids de la poitrine. Au moins, je n'étais pas repoussée. "Merci. " ajoutais tout en posant mon sac à mes pieds, assise non pas juste en face de lui, mais légèrement en diagonale. Parce que en face, ça me faisait peur. J'avais l'impression qu'en me regardant dans les yeux, il arrivait à lire en moi comme dans un livre ouvert, et c'était plus facile de ne pas avoir à le regarder tout le temps. J'hochais la tête lorsqu'il dit qu'on ne s'était pas croisés depuis un moment, avant de lui répondre en tournant la tête pour le voir : "Je vais bien. Je suis juste un peu fatiguée, j'ai beaucoup travaillé ces dernières semaines. J'ai l'impression d'avoir des cernes de deux kilomètres, mais ça en valait le coup, j'ai eu ce que je voulais à l'instant, le contrat a été signé. J'ai cru ne jamais y arriver, pourtant, mais je m'en suis sortie : j'espère juste que ça marchera, je me suis investie à fond dans un projet et.. " Je me tus, la bouche encore ouverte, avant de rire légèrement, un peu gênée de parler trop. Je m'étais emportée, comme chaque fois que quelque chose me passionnait et me motivait. Je jetais un petit coup d'oeil à la vendeuse pour voir si la préparation de mon chocolat avançait, histoire de me donner une contenance, avant de reprendre d'une vois plus clame : " Pardon, je suis inarrêtable sur ce sujet. Et toi alors, tu vas bien ? Tu étais.. occupé? "
J'étais partie, prête à parler pendant une heure du travail, tellement j'étais heureuse d'en avoir finie. Sauf que, je réalisais rapidement que Jeno, en face de moi, n'était sûrement pas intéressé par ce que je racontais, aussi passionnée sois-je. A mon avis, vu sa tête, ça ne l'inspirait pas, et je cessais de parler en plein milieu d'une phrase, riant de mon emportement, m'excusant auprès de lui. Heureusement il le prit en rigolant, se moquant légèrement de moi en disant que j'avais besoin d'exprimer ce que je venais de lui dire, et je souris en l'entendant dire ça. C'était sûrement ça, j'avais eu envie d'en parler, et il était là ce soir, puis j'aimais son point de vue différent du miens, alors je lui avais dit, tout simplement. Non, pas tout simplement : si la vie était simple, je ne serais pas assise avec Jeno Carpenter en réalisant que j'apprécie lui parler. Trop détendue pour me lancer dans de longues réflexions, je lui posais une question simple, banale, mais qui le ferait parler. Le genre de chose qu'on fait quand on croise quelqu'un que l'on a pas vu depuis un mois ou plus, j'imagine. Bouche bée en l'entendant me dire qu'il allait à des expositions, je glissais mon regard sur lui, pour bien être certaine que j'avais en face de moi le même homme qu'au Housing Day, et qu'au Spring Break, ou si j'avais un sosie ayant prit la grosse tête, devenu chiant, fan d'antiquité Prusse ou un autre truc du genre .. Non, c'était bien lui pourtant, toujours vêtu pareil, et je relevais mon regard, jusqu'à croiser le sien, en voyant un sourire amusé. Okay, très drôle. Je lui souris à mon tour, bonne perdante : j'ai cru ce qu'il me disait, sans rancune. Il a eu le mérite de me faire l'imaginer avec un béret, un pinceau à la main, devant un modèle, et cette image n'a pas de prix ! Laissant mes paroles glisser seules, je le questionnais de nouveau : " Tu as du temps, maintenant? " Il avait employé le passé, et j'étais bien trop curieuse. Mais je sais pas, peut-être que j'espérais qu'il me propose une autre séance de tag, ou un truc du genre. Mais ça n'expliquait pas l'absence de nouvelles, et je fus soulagé qu'il me repose des questions sur le milieu du travail. Jusqu'à entendre sa dernière question en fait, qui là me fit tout d'abord froncer les sourcils, avant de sourire en voyant qu'il se moquait encore de moi. Me reculant un peu sur ma chaise, je croisais les bras sur la table, riant en répondant : " Ma mère m'a toujours dit que tirer la langue m'exposait à ce que quelqu'un me la pique. Tu devrais faire attention ! .. " Puis je passais ma propre langue sur mes lèvres, rapidement, comme pour imager ce que je venais de dire, inconsciemment. " Et sinon, si ça t'intéresse vraiment, oui c'est sérieux, j'ai signé une sorte d'accord avec une autre entreprise, et c'est la première fois que je le fais sans l'avis de mon père. " Entendant mon prénom, je me levais en lui faisant signe que j'allais revenir. Attrapant mon chocolat chaud à deux mains, je soupirais de plaisir en sentant la chaleur irradier mes doigts, avant de revenir vers la table.
Il allait falloir que j'apprenne à tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de parler, ça m'éviterais de dire des bêtises sur le langue de Jeno, justement. Parce que ce n'est qu'une fois après avoir dit quelque chose de très spontané que je réalisais ce que j'avais dit, et ce qu'il pouvait dire ensuite. Voyant mon trouble, il ne dit rien, se contentant d'afficher un petit sourire typiquement masculin. Le genre de sourire qui veut dire "je suis une âme charitable et je laisse passer pour cette fois, femme, mais la prochaine bêtise que tu sors, je fais ma blague pourrie". Non pas que j'analyse vraiment son sourire, ou celui des hommes, mais je commençais à reconnaitre le sien, quand même. Dire qu'après un an, on avait fini par se recroiser, et commencer seulement maintenant à s'apprécier.. Voulant oublier ma gaffe, je reprit le sujet du travail comme bouée de sauvetage, et il me fit penser à un prof de philo. Couper le cordon, retenir de ses erreurs.. cette discussion entre nous avait été fort intéressante, et j'avais d'ailleurs prit ça en compte, avant de signer : je ne regretterais pas ce choix, j'en était certaine. Ouais, j'ai décidé d'écouter un mather, tu te rends compte d'à quel point je suis tombée bas? Je ris, et lui fis un petit clin d'oeil avant d'aller cherche mon chocolat chaud. Il allait me faire du bien, celui-là.. mon estomac réclamait de la douceur après une barre de céréales uniquement à midi. Puis je revins à ma place - oui, la chaise à côté de Jeno est maintenant MA place, dans ce starbucks. - les mains sur mon chocolat. Je remarquais un coup d'oeil curieux de Jeno vers mon gobelet, mais il ne me demanda pas de goûter. Pourtant l'odeur alléchante de chocolat chaud me chatouillait les narines, et à sa place j'aurais même demandé à une inconnue de goûter ce mélange. Je suis prête à faire de nouvelles expériences, on peut dire ça comme ça, lançais-je pour répondre à sa question. Sa proposition de trinquer me fit gentiment sourire, et même si je n'y croyais pas trop, je levais mon verre pour le cogner contre le sien en prenant garde à ne rien renverser. Santé.. ! Mourant d'envie de goûter enfin mon chocolat, je le portais à ma bouche, soufflant dessus par habitude, pour éviter de me brûler, avant de le goûter, du bout des lèvres. Je tuerais pour du chocolat comme ça tous les soirs. Savourant une petite gorgée, j'ajoutais en regardant Jeno : Je crois qu'il n'y a rien de meilleur que ça, j'ai attendu toute la journée à l'idée de pouvoir m'en prendre un. J'avais prévu d'en prendre un à emporter, et de me faire couler un bain, mais je me suis dis que tu n'allais pas refuser ma compagnie. Je repris une gorgée, observant Jeno par dessus mon gobelet. J'allais avoir de la chantilly partout, mais la demoiselle mal lunée avait pensé à me donner des serviettes, dieu merci.
Jeno n'avait pas apprécié ma remarque sur le fait d'écouter les conseils d'un mather. Mais genre clairement pas, je l'avais entendu et j'avais vu sa tête en répondant, avant de faire signe d'oublier ça, comme si il voulait le rayer, effacer ma phrase. Mais globalement, toute façon, les mathers étaient drogués, certains trempaient dans des choses louches -lui y comprit, même si à mon plus grand damn ça ne me gênait pas tant que ça, et j'avais tendance à l'oublier- les filles vertes n'ont aucun respect pour leur corps, et se montrent presque à poil, ou alors elles n'ont aucun gout. Peut-être que je généralise, mais c'est en tout cas l'image que j'ai de cette maison, outre Jeno et Briony. Et lui aussi pouvait faire des remarques sur les Cabot que je n'appréciais.. vraiment, éviter le sujet ce soir était une bonne idée. Parce que j'étais contente de le revoir, je ne voulais pas tout foutre en l'air. Du coup après avoir été cherché mon chocolat, j'avais complètement mit ça dans un petit coin de ma tête, pour ne pas en parler, pour continuer à passer un bon moment. Je lui avouais que j'avais prévu autre chose pour ma soirée, à l'origine. J'avais prévu une baignoire remplie, un livre, du chocolat... et forcément, monsieur Carpenter ne retint que la partie de mon discours qui l'intéressait. Plantant mes yeux dans les siens, je cherchais à déceler son humeur. Il voulait me provoquer? Il voulait savoir jusqu'au j'irais avec les mots? Ou alors, était-il sérieux? Esquissant un petit sourire, je croisais mes bras, penchée vers lui sur la table. Il allait voir la Olympe joueuse, puisque visiblement il voulait s'amuser. J'adorerais vois-tu, Jeno. L'inconvénient c'est que ma baignoire est très petite, on devrait vraiment se serrer. Je jouais, souriante. Mais je ne voulais pas y penser tant que ça, parce que l'idée d'un bain avec lui n'était pas aussi déplaisante qu'elle devrait l'être, bien au contraire. Et je n'avais même pas bu.