C'est dingue ça. La soirée a pourtant bien commencé. On avait bu, on avait fumé, on avait dansé enfin, pour ma part. Il s'était trouvé une jolie brune avec qui finir la nuit et les choses auraient dû se passer ainsi. Au lieu de ça, Timoteï avait fait son malin en marchant sur le rebord de la route et maintenant, il était à moitié dans les vapes et le conducteur de la voiture qui l'avait renversé avant disparu. Je ne lui en voulais pas, je ne pouvais pas lui en vouloir alors qu'il était complètement à côté de ses pompes. Il avait bu, fumé, il était dans un état second et j'aurais du le surveiller. Oui, je m'en voulais à mort. Il n'est jamais trop tard tu sais, peut-être qu'avec, je penserais moins à la douleur. Il arrivait à me faire rire malgré le fait que je sois mal et que je m'inquiétais pour lui. Des larmes roulaient le long de mes joues, j'avais peur mais, je souriais quand même, pour le faire plaisir et parce qu'il me faisait rire. Il prit ma main pour déposer un baiser sur celle-ci et je fermais les yeux quelques secondes pour essayer de me calmer, retrouver mon sang-froid et aussi pour arrêter de trembler comme une feuille. Tim, restes avec moi ! Il ordonnait pour qu'il garde les yeux ouverts or, il était trop tard, ceux-ci se fermèrent automatique et je me mis à crier de plus bel, tremblant de nouveau tandis que des gouttes d'eau vinrent se poser contre son visage sans que je ne puisse contrôler quoique ce soit. T'as pas le droit de dormir ! Je m'énervais et les pompiers qui venaient d'arrêter me firent reculer. Non, hors de question que je l'abandonne, tout était de ma faute. Noooon je reste avec lui !!! Ils ne dirent rien et m'autorisèrent à les accompagner. De toute façon, ils n'avaient pas vraiment le choix. Je voyais quasiment rien, mes yeux étaient remplis d'eau, je comprenais pas ce qu'ils lui faisaient, j'étais en état de choc mais, je tenais toujours sa main dans la mienne, refusant de le lâchant, de l'abandonner alors que c'était de ma faute.
Il était trop tard, je n'en pouvais plus, l'alcool et la drogue faisait se mélange explosif au fond de mon corps. J'étais fatigué, j'avais l'impression de partir de plus en plus, j'avais de plus en plus mal. Et tout ce que je pouvais dire, je le disais à Alexys pour la faire sourire, rigoler. Je ne voulais pas la faire pleurer, je ne voulais pas la voir mal. Surtout pas pour moi, un léger sourire, et je la regardais. Je luttais pour ne pas m’endormir, malheureusement... La fatigue m'avait emporté, j'avais fermé les yeux, juste quelques secondes pour me reposer. Au final, pendant un long moment je n'arrivais plus à ouvrir les yeux, je n'arrivais plus à bouger mes doigts, je ne sentais plus rien. J'avais l'impression d'être ailleurs, loin de cet endroit, loin d'Alexys. Je n'avais pas l'impression que la jeune me secouait, me criait dessus. J'entendais ces paroles de loin, comme si je me trouvais à un kilomètre d'elle. J'entendais de loin la sirène des pompiers. Je n'entendais pratiquement plus, j'étais comme dans un sommeil. Un sommeil profond, je ne sentais même plus cette douleur au ventre, ce liquide sur mes mains. Je pouvais penser, je pouvais me reposer, je m'enfonçais petit à petit dans un trou sans fin. Mais, en réalité, j'étais loin d'imaginer tout ce qui se passait autour de moi. Cette jeune femme qui ne voulait pas me lâcher la main et qui exigeait partir avec moi et eux. Tous ses fils reliés un à un à mon corps, ces hommes qui examinaient mon corps de A à Z. Monter dans le fourgon, partir à toute allure en direction d'un hôpital. C'était bien la première fois que j'empruntais un véhicule dans ce genre et peut-être la dernière fois. Mon cœur battait trop lentement, bien lentement. La tension tombait de plus en plus, je devenais froid comme un glaçon. Ils recouvraient mon corps avec une couverture, je n'allais pas tarder à arriver à l’hôpital. Mais qu'allait se passer à l'intérieur ? Partir en chirurgie ? Rester dans cet état-là ? Avoir une machine pour respirer... C'était bien ce qu'il allait arriver.
J'en avais déjà vu des cas semblables. Des cas où certaines fois, la victime s'en sortait et d'autres fois, celle-ci y rester pour de bon. Oui, j'en avais déjà vu mais, seulement derrière mon écran de télévision. Certains de mes amis s'étaient déjà rendus à l'hôpital, moi y compris or, jamais je n'avais vu quelqu'un se faire renverser de la sorte. Il est clair que j'aurais préféré être à sa place parce que moi, je n'avais jamais su réagir face à des situations complexes. Généralement, je perdais les pédales et c'est exactement ce que j'étais en train de faire. Je n'avais entendu les sirènes se rapprocher de plus en plus. Non, j'étais bien trop occupée à engueuler Timoteï pour qu'il reste avec moi, pour qu'il ne m'abandonne pas lui aussi. Je ne voulais plus voir mes amis me quitter, j'en avais marre de les voir disparaitre les uns après les autres. Ce qui arrivait à Tim, c'était entièrement de ma faute. Je m'étais amusée dans mon coin, je lui avais demandé de sortir ce soir, je l'avais laissé prendre tout et n'importe quoi puis, s'aventurer sur la chaussée comme si de rien était. Je n'avais pas été à la hauteur et même si le mal était fait, je ne pouvais le laisser seul alors, lorsqu'on me demanda de me reculer, lorsqu'on m'ordonna de le laisser entre les mains des médecins, il n'y avait rien à faire, je ne voulais pas. Je ne sais pas si c'est le fait que je sois mal ou que je crie à tout va sur tout le monde qui a fait qu'ils m'ont laissé les accompagner mais, c'était déjà ça. Je ne pouvais rien faire. Plus maintenant. J'étais là, assise à ses côtés alors qu'ils étaient en train de le brancher de partout. Parfois, l'ambulance était secouée de droite à gauche mais moi, je restais là, immobile, les yeux perdus dans le vague. Mes larmes ne coulaient plus, ma main serrait toujours la sienne et j'attendais telle un zombie à bout de force. L'alcool, la drogue, le choc, je ne ressentais plus rien si ce n'est de la peur. Je ne pouvais pas baisser les bras ni même l'abandonner, je refusais de perdre de nouveau un ami.
Se sentir aimé, c'était ce qui m'effrayait le plus. Je ne voulais pas être aimé, je ne voulais pas être apprécié. Je ne voulais plus souffrir, je ne voulais plus m'attacher à quelqu'un. J'avais déjà eu assez de mal à me relever après la mort de mon ancienne petite amie. D'ailleurs, je ne m'étais jamais vraiment relevé, j'avais juste sombré dans l'alcool, dans la drogue et les coucheries à gauche et à droite. Je ne disais jamais à personne que je me sentais mal, que j'avais un trou béant dans mon cœur. Je ne voulais pas montrer à quelqu'un, que je pouvais être faible. Que je pouvais être détruit en appuyant seulement au bon endroit. Je ne voulais pas, je me refusais d'être heureux, je me refusais de rencontrer des nouvelles personnes. Je me refusais totalement tout, je n'avais pas le droit de recommencer une nouvelle vie, d'aimer une nouvelle personne. Je ne pouvais pas me permettre de donner mon cœur à quelqu'un, alors qu'au final je ne pense qu'à elle. Pas totalement, je pensais aussi à cette demoiselle, la petite brune que j'accompagnais à des soirées. Je ne la connaissais pas plus que ça, suffisamment pour savoir qu'elle avait réussi à traverser cette barrière. Qu'elle avait réussi à faire sa place dans mon cœur, c'était certainement la seule, du moins l'une des seules. Je l'avais laissé, là sur la route près de moi. Je ne savais pas ce qu'elle était devenu, du moins, j’espérais qu'elle soit là, près de moi. Près des pompiers en cas de problème, je ne voulais pas qu'elle soit seule, je ne voulais pas qu'il lui arrive quelque chose. Même si je me retenais de l'apprécier, d'aller toujours plus loin. Elle était quand même cette petite perle qui me faisait rire, je partageais mon joint avec elle. Et c'était déjà énorme, des sourires, des regards et je ne m’empêchais pas de lui faire dû rendre dedans. Je l'appréciais, même si je disais le contraire, elle aidait mon cœur à battre. Elle me donnait du souffle pour respirer, elle me donnait une vague de chaleur pour me sentir mieux. Elle était un peu comme mon rayon de soleil qui éclairait mes journées. J'avais envie de lui serrer encore plus la main, de l'embrasser correctement, pas comme je l'avais fait quelques minutes auparavant. Mais, c'était bien trop tard. Trop tard pour penser à ça, alors que j'étais là, allongé dans cette civière, dans cette ambulance en direction de l’hôpital. Je ne contrôlais même plus mes muscles, mon corps. Je ne sentais même plus les secousses du fourgon, je n'entendais même plus le bruit de la sirène et des hommes qui parlaient autour de moi. Je ne sentais même pas les fils qui touchaient mon corps. Je ne sentais même pas la secousse quand ils me descendaient du fourgon et qu'ils me poussaient en grande vitesse dans l'établissement. Je ne sentais même pas quand Alexys lâcha ma main par obligation. Je ne sentais pas quand ils me plaquaient sur la table d'opération. Quand ils m'ouvraient, quand ils cherchaient d'où venait l’hémorragie. Je ne sentais même pas quand il refermait mes plaies, qu'ils me soignaient et qu'ils me transvasaient dans une chambre. Une machine pour respirer, des pinces à un doigt de chaque main. Malgré plusieurs heures, je ne me réveillais pas, le jour s'était levé et j'étais dans ce lit, les yeux fermés. Il n'y avait qu'un seul bruit, le bip permanent qui montrait les battements de mon cœur... Et si je restais ainsi pendant des jours, des semaines, des mois ? Et si j'allais rejoindre, celle que j'aimais ?
Ca fait peut-être des jours que je suis là ou même des heures. Ca pourrait faire des années, je suis sûre que je ne m'en serais pas aperçue. Je suis là, assise, en train de lutter pour ne pas dormir. Parfois, on me force à quitter la chambre mais au final, on me laisse quand même rester. Ils veulent me faire passer des tests ou je ne sais quoi. Ils disent que je suis en état de choc. J'en sais rien et je m'en fous à vrai dire. Ils disent aussi que peut-être, jamais il ne se réveillera mais ça, ça je n'ai pas vraiment envie d'y croire. Les médecins disent beaucoup de chose mais au final, ils ne font pas grand chose pour le tirer de là. Si ça se trouve, il se rappellera de rien à son réveil, ça aussi ils le disent mais moi, moi je me souvient de ses derniers mots et je suis sûre qu'il ne me laissera pas. Je suis là depuis tellement longtemps. J'ai pas faim, j'ai pas envie de m'endormir, je veux juste qu'il se réveille. Je veux le voir les yeux ouverts, je veux voir son sourire et après ça, peut-être bien que je me remettrai à vivre. En attendant, la scène se répète dans ma tête et je me sens responsable de tout. Jamais j'aurais du le trainer là-bas, jamais j'aurais du le laisser faire. J'attends encore et toujours et j'attendrai ici jusqu'à entendre le son de sa voix. Je crois que les gens s'inquiètent pour moi. Les médecins qui sont sur le point de me foutre dehors et mes amis qui m'envoient des sms parce que je ne leur donne pas de nouvelles, parce que je ne suis pas en cours... Je n'arrive même pas à envoyer un sms à Zakhar, ni même Jeno, ni Konrad, ni qui que se soit. Je suis là et je ne bougerai pas tant qu'il ne se sera pas réveiller. Je le vois encore se faire percuter par cette voiture, je me souviens du bip du l'électrocardiogramme dans l'ambulance, de l'arrivée à l'hôpital, du fait que je sois obligée de le lâcher pour qu'il l'emmène au bloc et aussi de son retour si silencieux. Je ne sais même pas qui prévenir, je ne sais pas quoi faire, je ne sais plus rien alors, j'attends et j'attendrai ainsi jusqu'à la fin des temps s'il le faut. Oui, il faudra me tuer pour que je daigne sortir de cette chambre et encore là, je suis certaine que mon esprit restait pour s'assurer que Tim soit en bonne santé. J'ai une sale gueule. Je suis blanche comme un cadavre, j'ai rien mangé et j'ai l'impression d'être défoncée alors que je n'ai rien pris. Mes yeux virent tantôt au rouge, tantôt au bleu, chaque membre de mon corps tremble encore et encore et mon cerveau reste vide, loin de la réalité. Peut-être le choc. Peut-être le manque qui commence à se faire ressentir. Surement un mélange des deux.
J'ai cette impression de continuer à m'enfoncer, j'ai cette impression que je ne reviendrais jamais en vie. Que je resterais profondément endormi dans ce lit, dans un cercueil, en dessous du marbre de ma tombe. J'ai l'impression d'avoir gâché ma vie du début jusqu'à la fin. Un léger soupire, oui j'avais envie de soupirer. Je n'avais pas envie de pleurer, j'étais triste, mais aucune larme ne venait. J'étais certainement sous perfusion pour me nourrir, je devais revenir, je devais me battre pour ouvrir les yeux. Je devais me battre pour toutes ces personnes qui devaient s'inquiéter pour moi. Cela fait maintenant des heures que j'ai l'impression de me retrouver dans un univers blanc, à marcher sans même m'arrêter. Sans faire une seule pause, je ne ressens même plus cette douleur au ventre ou à la jambe. J'ai l'impression d'être intouchable, j'ai l'impression que je tourne en rond depuis le début. Des portes, lesquelles choisir ? Une différente à chaque fois, prendre la plus à gauche. Quelque chose m'intrigue derrière celle-ci, j'ai l'impression de sentir l'air frais dans mes cheveux quand je m'y approche. Je pose la main sur la poignée pour la descendre et pousser la porte. Une porte blanche comme le reste, pratiquement indissociable du reste. Je me retrouve face à un escalier, un univers différent des autres. Qui sait ? Peut-être que je m'approche de la sortie, peut-être que je viens bientôt me retrouver, moi-même. Sans même le sentir, plus j'avance dans cet escalier, mon corps bougeait sur le lit de l’hôpital. Mes doigts, précisément, ce n'était pas simplement les nerfs. Je revenais doucement, mais sûrement. D'ailleurs, un signal sonore s'était enclenché dans la chambre. Je continuais pourtant de monter l'escalier pour apercevoir une porte noire. Elle était loin et plus je montais et plus la fatigue montait. C'était la première fois que je sentais la fatigue, c'était la première fois que je sentais cette douleur au genou et au ventre. Je m'approchais lentement de la porte, avant de m'arriver devant cette porte. Je m'écroulai, la fatigue m'emportait de nouveau. Mais, je poussais la porte, cette porte où une lumière aveuglante se propageait dans cette cage d'escalier. Au final, cette lumière c'était celle de ma chambre, un blanc vif sur le mur. J'avais du mal à ouvrir les yeux, mais quelque chose m’empêchait de respirer, j'avais les mains attachées. Je ne pouvais pas l'enlever, mais deux infirmières étaient autour de moi. L'une me tenait comme elle le pouvait, pendant que l'autre débranchait tout le système et m'enlevait le tube. Je respirais, seul, je regardais autour de moi. Je posais mon regard sur la jeune femme à côté de moi. Un léger sourire sur mes lèvres, je reposais ma tête dans l'oreiller, pour reprendre mon souffle. Je revenais de loin et ça j'en étais totalement conscient, de m'avoir excité ainsi à mon réveil, avait provoqué une énorme douleur au niveau du ventre. Un énorme bandage, un atèle aux genoux, des plaies sur mes bras... Je n'avais pas fait les choses à moitié. Je posais mon regard de nouveau sur cette femme au bord de mon lit, qui était-elle ? « Hey. » Ai-je seulement dit. J'avais mal, mal à cette gorge, les tuyaux m'avaient fait mal. L'infirmière m'expliqua que pendant plusieurs jours j'allais avoir du mal à respirer et manger. Je me pinçais les lèvres, et je fermai un instant les yeux.
J'avais la nette impression que le temps était interminable. En réalité, ce n'était peut-être pas qu'une impression et c'est peut-être pour cette raison qu'on voulait me voir partir. On me demandait d'aller me reposer seulement, j'étais incapable de le faire puisque je pensais toujours à ce qu'il s'était produit. On me demandait de manger seulement, j'étais incapable d'ouvrir la bouche et lorsque je le faisais, aucun mot ne sortait de celle-ci. Oui, j'étais là, dans cette chambre, près de ce lit tel un zombie. Peut-être que moi aussi j'allais finir par partir, quitter ce monde pour un monde meilleur. Dans celui-ci, Jeno ne me ferait plus la gueule, je pourrais être avec Zakhar sans que personne n'ait quoique ce soit à redire et Drake serait encore présent, il se tiendrait aux côtés de Septembre et ils auraient de beaux enfants. Oui, et dans ce monde là, Timoteï aurait retrouver la jeune de sa vie et jamais il n'aurait vécu cet enfer, jamais il ne m'aurait connu et jamais il n'aurait eu cet accident. Peut-être que si je ferme les yeux à mon tour, tout cela va revenir réalité. Alors je le fais. Je les ferme aussi fort que possible et j'essayais d'imaginer. La seule chose que j'ai en retour, ce sont des bruits sourds. Un bruit aigu qui me perce le tympan puis des pas qu se rapprochent de plus en plus. Tout semble si réel. C'est alors que je sursaute légèrement, revenant tout à coup à la réalité. Je commence à paniquer, je me dis que c'est la fin. Oui, c'est forcément la fin puisque c'est ce que j'ai demandé. Alors je commence à poser pleins de questions, j'essayais de me faire une place parmi les médecins et les infirmières. Son corps se calme petit à petit et ses yeux s'ouvrent légèrement. Un léger sourire se dessine sur mon visage, mon coeur se remet à battre comme si c'était la première fois qu'il fonctionnait normalement et puis, ses lèvres se mettent à bouger. C'est un miracle. Ouais, un miracle. Je m'assois sur le bord du lit et décide moi aussi de parler. Hey... Je n'arrive pas à y croire. Je me contente de le regarder pendant un petit moment. Je ne dis rien jusqu'à ce que le silence m'ennuie. Lorsque j'entrouvre de nouveau les lèvres, une larme s'échappe et je lutte pour ne pas pleurer. Je... J'suis désolée c'est juste que... Ils ont dit que tu te réveillerais peut-être jamais. Je m'en veux tellement tu sais... Bah oui parce que tout ça, c'est un peu ma faute quand même.
Tout paraissait normal, totalement tout. J'étais juste dans ce lit pour des blessures que je m'étais fait en … Je ne savais plus comment j'avais eu ces blessures, mais ce n'était qu'un détail parmi tant d'autres. J'étais enfin revenu à la vie, j'avais repris possession de mon corps et c'était tout ce que je désirais le plus. Je bougeais mes doigts ainsi que mes pieds, j'étais vivant, j'étais bel et bien là. Un soulagement monstre, je respirais doucement. J'avais besoin de bouger, de me dégourdir les jambes. Malheureusement, je n'avais pas encore le droit, j'étais bien trop fragile. J'allais devoir attendre encore quelques jours, avant de pouvoir mettre le pied au sol. J'étais déçu, mais à la fois j’essayais de comprendre que c'était pour mon bien et pas pour autre chose. Les deux infirmières sortaient de la pièce, me laissant enfin avec elle. Oui, cette jeune femme au regard magnifique, au visage fatigué. Elle était là, près de moi, mais... Pourquoi ? J'avais beau réfléchir, je ne me souvenais de rien. Son visage ne me disait rien, je ne trouvais pas son prénom. C'était certainement le temps que je reprenne mes esprits, j'avais eu un énorme choc, j'étais dans le coma depuis un petit moment. Mon cerveau était donc "éteint" en quelque sorte. Elle me regardait, un petit sourire sur ses lèvres, s'approchant de mon lit. Une larme coulait le long de sa joue et automatiquement, je l’arrêtais. Je ne voulais pas voir cette demoiselle pleurer pour moi. Même si je ne me souvenais plus des causes, je ne voulais pas qu'elle soit ainsi. « Mais, je suis là maintenant. » Un léger sourire sur mon visage, j'étais fatigué, tellement fatigué. J'avais besoin de dormir, mais elle, avait besoin de me parler. De se sentir protéger, de savoir que j'allais bien. « Tu n'as pas à t'en vouloir pour ça... Il s'est passé quoi précisément ? » J'avais besoin de savoir, même si je me comportais normalement avec cette étrangère, c'était surtout pour savoir ce que j'avais eu. Je ne voulais pas lui faire du mal, je prenais donc sa main dans la mienne. Cela me rappelait quelque chose, mais quoi ? Je ne pouvais pas le dire, mais pourtant quelque chose traînait dans mon esprit.
Finalement, j'ai bien fait de ne pas partir. J'ai bien fait de ne pas m'endormir également. Je dois avouer que je commençais à perdre espoir et je suis bien contente qu'il ait choisi ce moment pour se réveiller. Cela m'a permis de bien réfléchir et croyez-moi, à partir d'aujourd'hui, je compte bien faire plus attention -en traversant la route mais également faire attention à mes amis. Je ne compte pas voir quelqu'un d'autre allongé sur un lit d'hôpital de sitôt, encore moins dans le coma. C'est sans aucun doute l'une des choses les plus stressantes et angoissantes que j'ai eu à vivre depuis le début de ma vie, l'une des rares fois où j'ai réellement eu peur de quelque chose en l'occurrence, peur de perdre Timoteï. Je ne sais pas si je voulais pleurer parce que j'étais soulagée, si c'est la fatiguée qui commençait à se faire ressentir ou encore si c'est parce que je m'en voulais mais en tout cas, j'étais super contente de le voir de nouveau sourire. Il me prit la main comme pour me rassurer et j'hochais la tête positivement en essayant de retirer ces vilaines images de ma tête. Je pris une grande inspiration dans le but de ne pas craquer et fondre en larmes de nouveau. Promets-moi de ne jamais plus me faire aussi peur... C'était le genre de promesse impossible mais, j'avais réellement besoin de ça, rien que pour me rassurer l'espace d'un instant. Après quelques secondes, il me dit que ce n'était en rien ma faute mais également qu'il ne se souvenait plus de rien enfin, rien de ce qu'il s'était passé. Je crois que c'est normal. Il vient de se réveiller après tout. Je t'ai emmené à cette soirée... J'aurais pas dû. Et puis, t'étais en train d'embrasser cette fille quand je t'ai entraîné dehors pour fumer un joint et... Et j'aurais du te laisser avec elle. Ouais, t'aurais du partir avec elle au lieu sans quoi tu te serais pas fait renverser par cette voiture. Je suis désolée Tim, j'aurais du empêcher ça. J'aurais du être à ta place. Je baissais la tête d'un air désolé. J'étais vraiment désolée, je m'en voulais vraiment parce que c'était moi qui avait eu l'idée de cette soirée et c'est moi qui avait désolé de l'arracher à cette jolie brune. Tout était forcément de ma faute.
« Ne t’inquiète pas, plus jamais je ne ferais ça... » Ces mots étaient sortis si rapidement que je ne m'étais même pas rendu compte que j'avais réellement parlé. J'étais totalement perdu, je ne savais pas pourquoi j'étais là, avec qui est surtout ou. Combien de temps avais-je loupés ? Combien de journée avais-je passé sur ce lit si peu confortable ? J'étais encore branché de partout comme si je devais rester installer sur ce lit encore un long moment. Les infirmières venaient vérifier souvent si mon état était normal. Mon état n'était pas normal, j'étais loin d'être normal. J'avais perdu chaque pensé, chaque image de mon passé. Je ne savais plus ce que j'avais fait, d’où je venais... C'était le trou noir, c'était un trou sans fond, je tombais petit à petit dedans sans même voir le fond. J'avais envie de hurler, j'avais envie de me lever, de m'arracher chaque perfusion, chaque chose qui touchait mon corps. J'avais envie de me libérer de cette douleur au cœur, de ce trou dans ce cerveau. Je me forçais à rester ici, serrant le poing gauche, tournant la tête dans la direction opposée de la jeune femme. Ce n'était pas contre elle, ce n'était pas contre quelqu'un qui se trouvait dans cette salle. C'était tout simplement contre moi, pourquoi avais-je fait ça ? Pourquoi m'étais-je réveillé ? Des personnes bien plus importantes ne se réveillaient jamais, pourquoi moi ? Un soupir intérieur se dégageait dans chaque muscle, chaque membre. Je retournais ma tête, je "l’écoutais, je l'écoutais m'expliquer ce qui s'était passé. Elle était là, elle avait souffert tout ça à cause de moi. Je ne pouvais que m'en prendre à moi-même, je ne pouvais que me détester... « Tu n'aurais pas dû être là, tu n'aurais pas dû souffrir pour moi. Même si... » Je n'avais pas le courage, comment allait-elle le prendre. Je ne voyais pas qui elle était, elle avait l'air super, elle était un petit rayon de soleil... Mais ma mémoire avait décidé de l'effacer entièrement. « Même si... Je ne me souviens pas de toi. Je ne me souviens plus de rien. » Je laissais tomber ma tête dans cet oreiller, comme s'il m'avait attaqué, comme si j'avais envie d'éclater mon crâne. Je fermais les yeux, répétant encore et encore « je n'arrive pas à me souvenir... »