BLEEKER ಇ la vengeance est un plat qui se mange froid...mais dans mon cas, je l'aime chaud !.

Pour se changer les idées, Cody accumulait les activités, s’assurant ainsi d’avoir toujours quelque chose à faire pour ne pas penser à ses soucis actuels. Aujourd’hui, il avait énormément bossé ses cours. Bon, sur la fin, ça ressemblait plus à du bachotage qu’autre chose et pas sûr que demain il soit en mesure de recracher ne serait-ce qu’une ligne de la théorie des domaines d’activité stratégiques des entreprises mais osef. Il avait ensuite dîné avec sa meilleure amie Jackie avec qui il passait – malheureusement – de moins en moins de temps. Et, ce soir, direction la boîte de nuit. Il y allait à la wallegaine bistoufly, espérant tomber sur quelqu’un qu’il connaissait pour ne pas être so lonely so lonely so lonelyyyyy. Vêtu d’une banale chemise à carreau et d’un jean, il se glissa dans la boîte parmi les silhouettes qui se mouvaient tout autour de lui. Sitôt arrivé, il se demandait ce que diable pouvait-il bien faire là ? Pourtant fervent de ce genre d’ambiance, aujourd’hui, il se sentait totalement étranger à ce milieu. Il arriva dans un coin avec des fauteuils, non loin du bar, et reconnut Diamantika qui se faisait tripoter par un mec. À l’aise Breizh quoi ! Il y a quelques jours, elle lui faisait la morale pour trois gouttes sur sa robe moche et là, elle laissait clairement un mec poser ses mains sales dessus et en-des…Sous. BERK. C’est autorisé de faire ça dans une boîte de nuit ? Immonde. En passant pour se chercher un verre, il se permit une petite pique à l’égard de Diamantika ; « Oh, Diam, j’t’en prie, j’te pensais au-dessus de ça ! » Genre comme si sa réputation n’allait pas en prendre un coup quoi. Mais bizarre, elle ne réagissait pas. Totalement amorphe la meuf. « Dia ?! » Il posa sa main sur son épaule et la secoua. En revanche, l’inconnu, tranquille Emile, il continuait ses explorations souterraines sans se soucier de Cody qui réveillait l’Eliot. « Mais qu’est-ce que tu lui as fait, putain ? » s’égosilla Bleeker, légèrement inquiet.

Naïf, naïf ! Qu’il était naïf de croire que Diam était vraiment en détresse là, avec un mec qui lui tripotait les cuisses comme le président de la République tape le cul des vaches au salon de l’agriculture. Et Cody était affecté par ce spectacle, il avait de la compassion à revendre le gaillard ! Bien sûr, il était loin de se douter qu’il regretterait plus tard d’avoir autant d’affection à l’égard de la situation de Diam, qu’il était tout bonnement victime d’une supercherie savamment orchestrée à la perfection par l’Eliot. En attendant, il réagit au quart de tour à ses mots murmurés, presque inaudibles, illustrant parfaitement ce qu’il craignait ; il l’avait drogué. Ce connard l’avait drogué, sûrement à coup de GHB, ou alors il lui avait foutu une tarte dans la gueule pour qu’elle soit complètement assommée. Dans ce cas, Cody devrait presque le remercier d’avoir fait ce qu’il aurait bien aimé faire après le Housing Day des Eliot mais passooooooons, elle était en danger et il se devait de l’aider, même si ça le saoulait plus qu’autre chose. Il poussa l’inconnu d’un coup de poing dans l’épaule et se pencha sur Dia ; « Allez Cendrillon, tu vas devoir bouger tes fesses, il est bientôt minuit. » Et il l’aida à passer son bras autour de son cou pour qu’elle prenne appui sur lui, en évitant cette fois-ci la clé de bras. Et ouais, le bleu était là, tout frais. Il avait l’Eliot touch sur sa clavicule. Une fois debout, il passa son bras dans le dos de Diamantika pour traverser la piste de danse et la hisser à l’extérieur de la boîte. Une chance que le campus – et donc les confréries – se trouvaient à deux pas d’ici. « Après ça, t’as plus intérêt à me faire chier, Dia. » Il venait de lui sauver la vie, quand même. Enfin ça, c’est ce qu’il pensait.

Cody ramena donc la pauvre Dia – enfin, c’est ce qu’il croyait – jusqu’à l’Eliot House. Il suivit du mieux qu’il pouvait ses gémissements, et autres murmures qui lui servaient d’explications, puis arrivèrent finalement dans la chambre de la jeune femme. « Maintenant, la Belle au Bois Dormant, il est temps que tu tombes dans un profond sommeil. » Il venait de la comparer à deux princesses en moins de dix minutes quoi, l’homme parfait ! Il la guida jusqu’à son lit, l’intima de s’allonger, sans s’imaginer une seule seconde qu’elle resterait accrochée à sa chemise. Ohlalaaa, il ignorait si c’était l’effet bûcheron ou l’effet barbe de trois jours de mec en déprime, mais elle le dessapa quoi. « Arrête Dia, t’es pas toi-même ! » Mais ces interjections n’eurent pas beaucoup d’effet, à croire qu’elle voulait vraiment son corps. À l’instant même où Dia arracha sa chemise, Cody perdit le fil. Il ne comprit plus du tout ce qui se passait, ni comment les événements s’enchaînèrent. Et bam. Le voilà allongé sur le dos, les lèvres de l’Eliot valsaient sur les siennes dans un rythme continu, en même temps que ses empreintes digitales peinturluraient le torse de Cody. Bon dieu, mais que se passait-il ? Et pas une seconde Bleeker ne se douta du stratagème, lui qui était jeune, innocent, qui en avait oublié ce qu’était que partager le lit d’une femme durant ces longs mois de solitude. Il redécouvrait ça à une vitesse éclair. Puis la douche froide. Diamantika se redressa et Cody comprit qu’elle avait lié ses poignets au moment où il chercha à la retenir contre lui. Cette fille, il ne pouvait pas la blairer. Mais bon dieu, une tornade venait de passer sur sa maison et il en redemandait pour l’adrénaline, pour les sensations fortes. Qu’importe si ça détruisait tout sur son passage. Sauf qu’il n’en sortirait pas vivant, s’il capta bien les mots de l’ouragan passé sur lui. « Qu’est-ce que tu vas f… » grommela Cody en donnant un coup sec de poignet, comme s’il espérait sincèrement que ça suffise à briser ces liens. Il leva la tête ; des menottes. OK, quel genre de personne normalement constituée gardait des menottes dans sa commode ? Faut être taré ! Ou sado-maso, ce qui n’étonnerait pas Cody venant de Dia, finalement. « Détache-moi Kova ! Détache-moi ou je te promets que tu vas le regretter ! » Il voyait rouge, il n’aimait pas ça. Lui, soumis ? AHAH. En plus, il était à moitié claustrophobe et ça ne contribuait pas totalement à son bien-être.

Attendez ? Elle allait le laisser là, en plan ? Genre Diamantika allait prendre sa douche, shampouiner ses cheveux de Méduse, s’épiler ses poils de yéti et, pendant ce temps-là, Cody resterait les poignets liés sur son lit ? Non mais qu’elle fasse ça et elle verrait dans quel état elle les retrouverait ses draps ! « Dia, Dia, putain Dia ! » s’énerva-t-il en la voyant filer dans la salle de bain. Putain. Le temps fut long. Long. Long. LOOOOOOOOOONG. Cody tira sur les menottes, espérant les briser … En vain. C’était de belles menottes de Christian Grey, archi mega résistante à la force de Bigfoot de Cody Bleeker. Après avoir checké le radioréveil, il nota qu’elle avait mis quinze minutes à se laver. Quinze putain de minutes et pour quoi ? Pour rien. Elle ne sentait même pas meilleur, toujours cette bonne vieille odeur de souffre. Il la suivit du regard et guetta le moindre de ses mouvements. Qu’est-ce qu’elle foutait ? Et là, elle grimpa sur lui, à califourchon. Ça aurait pu déconcerter le Lowell, il aurait pu s’amuser à compter les couches de fringues qui les séparaient l’un de l’autre, s’dire qu’ils étaient proches, infiniment proches … Mais non. Tout ce qu’il craignait, c’était ses réactions, ce qu’elle anticipait, ce qu’elle comptait faire de lui. Elle était tellement tarée qu’il devait s’attendre au pire. « On sera quittes ? Si tu crois que je vais te laisser faire. » Bon, il n’avait pas trop le choix mais il se défendrait, soyez-en sûrs. L’idée première de Diakaka fut de le maquiller avec du rouge à lèvres. Immédiatement, réaction d’auto-défense ; il tourna sa tête et plaqua sa joue contre l’oreiller pour qu’elle ne puisse que tartiner son autre joue de rouge. Valait mieux ça que les lèvres ou autre chose. « Ahah, parce que tu me fais payer aussi ce que Liz t’a fait ? Pourquoi ? Avoue que ça fait longtemps que tu rêves du moment où tu me mettras dans ton lit. Te cherche pas de prétexte Dracula, si tu m'suces le sang c'est parce que t'as faim, pas parce que je t'ai fait du tord. » Et elle était tellement désespérée qu’elle n’avait pas trouvé mieux que la prise d’otage pour le pécho. Machinalement, dès que Dia traita Cody de femmelette, celui-ci donna un violent coup de bassin qui fit basculer l’Eliot sur le côté du lit. AAAAAH, ça faisait du bien de ne plus être écrasé par Diamantika la baleine. « T’as le bonjour de la femmelette. » fit-il en se rallongeant correctement, ou presque.

OOOOK, donc maintenant Diam en était à reprocher à Cody de NE PAS l’avoir repoussé toute à l’heure. Il pouvait faire quoi ? Limite si elle ne lui avait pas arraché les lèvres. Ben ouais, pendant trente secondes, il a eu l’audace de croire qu’une fille pourrait avoir envie de lui, sans qu’il n’ait eu à rouler des mécaniques pour y parvenir. My poor naive. Sur la défensive, il rétorqua, le ton amer et la voix glaciale ; « Je t’ai pas repoussé par politesse, t’avais l’air vraiment mal. Excuse-moi de te respecter. » Ouais, il la respectait, mais ça c’était avant. Ça virait so calienteeee quand Dia coinça la tête de Cody entre ses cuisses. Mmmh, quelle belle vue ! Enfin, ou pas, puisque Cody fermait les yeux, tentant d’oublier un court instant qu’il se trouvait en compagnie d’un monstre. Il grognait, mais il fallait bien croire que le diable ne craignait pas Cody l’ourson. Too bad. Elle lui tagua le visage et même le torse. Cody n’osait même pas imaginer la gueule qu’il avait. Enfin, il le saurait bien vite à l’allure où la jeune femme enchaînait les clichés. D’ailleurs, sur le selfie, il se permit un graaaaaaaand sourire, pour faire genre qu’il était totalement consentant et qu’il s’amusait à la foooolie. Il n’était pas convaincu que ça marche et que les gens qui tomberaient sur ce cliché pensent la même chose mais au point où il en était, écoutez. « Trop cool ! Tu me l’enverras, j’aimerais montrer à ma mère le nouveau moi. » Elle le renierait à tout jamais, le déshériterait du bien maigre héritage qu’il avait déjà. Il entendit le clap de portable sur la commode et leva la tête, louchant carrément dessus. Puis, Diamantika entra dans son champ de vision (beeeeerk) et là, elle lui proposa de le libérer. Euh, where is the arnaque ? Bizarre bizarre. Mais Cody devait saisir cette opportunité, ce serait peut-être la seule. Alors, il riva son regard dans le sien, ses pupilles n’en démordaient pas, il cherchait à déstabiliser Dia parce que, mine de rien, elle pouvait crier sur tous les toits Ô combien Cody n’était pas son style, il voyait comment elle l’observait depuis tout à l’heure. La voix cassée par un semblant de désir à son égard, ses lèvres tressaillant et simulant un besoin brûlant d’effleurer celles de Dia, il souffla ; « Dia, détache-moi, tu ne le regretteras pas. » Et il demeurait complètement stoïque. Immobile. Presque provocateur. Elle devait le détacher. Pour elle. Surtout pour lui. Et, quand même, un peu pour elle.