THIS COULD BE THE START OF SOMETHING NEW ₪ APPLE

Sympa le rire. Cody tenta de l’ignorer ; il n’était pas à même d’y faire gaffe, de toute manière. Cependant, sachant qu’il terminerait sûrement la soirée à se rouler par terre vue la quantité d’alcool qu’il risquait d’ingérer ce soir, il s’invita chez Apple. Il se contentera de son canapé, of course, c’est cool le canapé. À ce stade, de toute façon, il pourrait se contenter de la baignoire, du tapis de bain et même du placard sous l’escalier comme Harry Potter wesh. « Ben non, t'es pas Sam puisque tu es Apple June. » répliqua Cody l’air incrédule, genre le mec qui débarque, qui ne voyait absolument pas ce qu’était Sam. Cette fois, un massage était en jeu. Autant vous dire qu’avec trois verres d’avance et une descente ascensionnelle intense, Bleeker n’eut pas trop de mal à boire la colonie de tequila de son côté de la table. S’auto-désignant vainqueur, à la fin du dernier verre, il leva les bras en V, en mode Rocky à la fin du film éponyme, le poing levé en mode Amel Bent qui chante Ma Philosophie, en mode Céline Dion dans à peu près toutes ses chansons quoi. Merde, il allait se faire masser. Ouais, rien que ça mais le Lowell avait limite l’impression de gagner la coupe du monde quoi. « Tu sais ce qu’il te reste à faire. J'espère que t'as les mains douces, j'suis très sensible de l'omoplate droite. La gauche tu peux y aller, j'suis devenu insensible après un accident de caddie. »  Néanmoins, il grimaça ; il venait de s’euthanasier le cerveau là, fallait qu’il se pose. « Pourquoi tu tournes autour de moi ? ça m'fout un mal de crâne pas possible, arrête de tourner, arrête, arrête, arrêteeee. » geignit-il en s'asseyant  tout naturellement par terre.

De toute façon, j'avais une chambre d'invité. Okay, je n'avais pas de femme de ménage, je comptais quitter les Eliots, mais ma maison avait quand même été construite sur mesure et je vivais avec Roxanna. On avait souvent des invités, et la preuve c'était Cody. Ben non, t'es pas Sam puisque tu es Apple June. J'arquai un sourcil, ne comprenant pas s'il se foutait de moi ou s'il était juste vraiment ignorant. Bref, je lance le nouveau défi et même si je suis partie avec de l'avance... faut dire qu'il avait déjà 3 verres en moins à la toute base. Il avait un plus grand fond que moi aussi, d'ailleurs, puisqu'il goba tout dans le temps d'le dire. Tu sais ce qu’il te reste à faire. J'espère que t'as les mains douces, j'suis très sensible de l'omoplate droite. La gauche tu peux y aller, j'suis devenu insensible après un accident de caddie. Je riais. C'bon, t'as gagné. T'inquiète pas, j'ai des doigts de fée. Il fut un temps, lorsque j'étais encore mariée, je faisais énormément de massages à Andy. Il devait forcément kiffer puisque ça finissait toujours à poil cette histoire, m'bref. Pourquoi tu tournes autour de moi ? ça m'fout un mal de crâne pas possible, arrête de tourner, arrête, arrête, arrêteeee. Il avait trop bu ? Je riais de nouveau en le voyant s'asseoir et m'approchai de lui pour l'aider à se relever. Attend je t'emmène sur le canapé, tu seras plus confortable. L'avantage d'être riche, c'est d'avoir tous les plus beaux meubles de qualité. J'aidai Cody à se rendre jusqu'au canapé, et me plaçai derrière lui. L'omoplate droite est sensible t'as dit ? Et là, j'appuie dessus avec mon pouce, très fort. J'faisais exprès ? Mais noooon.

Même pour lui, cette absorption trop rapide de tequila déréglait totalement son cerveau. Boire trop, trop vite, même chez un alcoolique, ça n'annonçait rien de bon. Il avait comme l'impression qu'on l'avait assommé à coups de gourdin, qu'il était tellement dans les vapes qu'on venait de lui greffer le cerveau de Bubulle le poisson. Il s'assit sur le sol et ce fut au moins aussi confortable que s'il venait de poser ses fesses dans une décapotable avec intérieur cuir. Il n'était pas encore siphonné au point d'imiter le bruit du moteur mais pas loin. Heureusement, Apple l'aida à se relever. Avec peine, disons-le, puisqu'il manqua de s'écrouler trois fois sur le chemin du canapé alors que le canapé se situait pas très loin de son nid douillet qu'était le tapis. Il s'assit sur le bord du canapé, les fesses en équilibre prête à retourner au sol, les bras ballants, les jambes étirées devant lui, la démarche molle d'un junkie sous acide. Il sentit à peine les mains d'Apple en fait, sauf quand elle tripota son point sensible. « Awouu ... » se lamenta le brunet sous ses pseudo doigts de fée. Cody Bleeker, doublure sonore de Tyler Posey dans Teen Wolf. « Nouvelle règle ; tu touches où tu veux sauf là. J'suis abîmé, cassé, j'suis un cœur brisé qu'on n'a pas anesthésié. » décréta-t-il tout en poésie (et ouais, sa verve ne s'était pas volatilisée!) en tapotant son épaule endolorie. Et il grimaça. Le con. Il se blessa lui-même.

J'avais trop bu aussi. J'aurais peut-être pu survivre si ça avait été des poppers, mais là, c'était de la tequila. Et j'ai dû aider à déplacer Cody, sachant que je ne me tenais pas très droite non-plus. Je m'étais demandé ce que ça ferait si Roxanna rentrait à la maison... Ce serait bizarre, très bizarre. Après tout, son président et moi n'avions pas de chandail et nous sommes bourrés. Elle pourrait très certainement penser un truc de travers. Awouu ... Je sais pas ce qui avait de drôle, mais je n'arrêtais pas de rire, les yeux fermés. Il faisait beaucoup trop clair ici, c'est dérangeant ! Nouvelle règle ; tu touches où tu veux sauf là. J'suis abîmé, cassé, j'suis un cœur brisé qu'on n'a pas anesthésié. Ah oui, c'est vrai. Il a le coeur brisé. Je ne devais pas lui faire plus mal que ça. Je riais encore, puis me suis mise à le masser correctement cette fois. Désolée... J'voulais pas. J'te comprends... tu sais... pour Leo... J'aimerais tellement que quelqu'un me regarde... Comme Andy avant tu sais... Ou Hendrix... Racontetavie.com, c'est bien ce que j'étais entrain de faire... Et je ne me confesse que très rarement, pratiquement jamais en fait. Mais j'étais bourrée et Cody c'était encore un inconnu pour moi, ça ne compte pas, si ? Mentionner le prénom d'Hendrix m'avait fait vraiment mal pour le coup, j'arrêtais de masser d'un coup et essuyai les larmes qui coulaient sur mes joues.

Pendant ce massage improvisé, Cody rappela qu'il avait le coeur brisé. Officiellement, Leo était le connard responsable du bordel émotionnel qu'il traversait. Officieusement, c'était surtout la merde dans son couple et Apple n'y pouvait rien. « Leo ? » demanda-t-il, l'oeil inquisiteur, avant un temps de réaction. « Ah ouais, Leo le blaireau. Quel bouffon ce type. Mais j'l'aime. » cracha-t-il finalement sur son grand pote. Sorry Leo, tu prends cher ce soiiiiir. Apple se montra ... Bizarrement ... Compatissante. Mais tellement compatissante qu'elle en chialait. Cody n'était pas à Harvard depuis suffisamment longtemps pour connaître les déboires d'Andy et d'Apple – et franchement, c'est pas comme si ça l'aurait intéressé dans le cas contraire. En revanche, le prénom de Hendrix tiqua puisqu'ils avaient tous les deux logés sous le firmament de la Lowell House pendant une période, courte certes, mais assez longue pour que Cody s'en souvienne, même bourré. De son décès, il était au courant. Si bien que dès lors que ses mains se détachèrent de sa peau nue, il se retourna et se pinça la lèvre, perplexe. Il n'savait pas trop quoi faire, en plus il devait avoir un regard vitreux, style pare-brise rayé quoi. « Apple June ... » soupira-t-il, en balançant inconsciemment son buste d'avant en arrière, dans un mouvement presque mécanique. Pris dans son élan, il termina sa course en enlaçant Apple. Il loucha sur le mur derrière elle avec des yeux de suricate, en train de se demander ce qu'il pouvait bien être en train de foutre là, maintenant tout de suite quoi.

Leo ? Il ne se rappelait déjà plus de Leo... ? C'est pourtant de lui qu'on parlait, non ? Ah ouais, Leo le blaireau. Quel bouffon ce type. Mais j'l'aime. Dit comme ça, on n'aurait absolument pas dit qu'il était triste... Il est passé où soudainement, son coeur brisé ? J'arquai un sourcil, continuant tout de même de compatir avec lui... Et là, j'avais mentionné Hendrix. On n'a jamais été en couple lui et moi, et on ne peut pas dire que c'était de l'amour... Mais c'était définitivement quelque chose de plus fort que de l'amitié. Quelque chose qui vaut la peine de rester dans ma mémoire quoi. Et je me suis mise à pleurer comme une pauvre conne... Cody avait beau être un inconnu, il avait déjà vu beaucoup de facettes de moi que je cache à tout le monde en général, qui aurais cru ? Ça lui donnera des choses à raconter à ses amis "anti-Apple". Apple June ... C'est bête qu'il m'appelle par mes deux prénoms comme ça, c'est trop bizarre. Il s'est retourné vers moi, et je le regardais en hoquetant. Puis, il me serra contre lui et je restai droite, sans bouger. Je ne savais pas quoi faire non-plus... si j'étais triste, là, j'étais confuse. Pourquoi il me serre contre lui là ?

Cody avait commencé sa soirée narmol et, pensant faire un canular à son pote comme à son habitude, il s'était retrouvé à chanter la sérénade à Apple. Jusque lààà, tout va bieeeen. Sauf que les événements s'étaient enchaînés tellement vite qu'après un tequilapong qui dégénéra complètement, Apple s'était mise à chialer et, à demi-nus, ils se serraient dans les bras l'un de l'autre. Une soirée comme Cody Bleeker ne vivrait qu'une fois dans sa vie. Pas que c'était exceptionnel, juste que c'était … Weird. Mais, trop bourré pour s'en rendre compte et pour compatir plus de dix secondes, il se redressa, la mine vaseuse. « Voilà, c'était sympa, on en reparlera demain si tu veux bien ? Parce que franchement, si je m'allonge pas maintenant, je sens que je vais déposer le bilan sur ton canapé et la déco de chez toi est plutôt pas mal donc on va éviter d'y apposer la Cody touch. » En plus, c'est pas sexy de dégueuler devant une fille. Derechef, il tomba lourdement sur le côté, campant définitivement sur son canapé pour la nuit. Il n'avait pas la force de gagner ni la chambre d'amis, ni la chambre de n'importe qui en fait. Il était lessivé, ELLE l'avait lessivé, comme passé en nettoyage à sec dans la machine à laver. « Bonne nuit Apple June. Tu n'oublieras pas d'éteindre la lumière en partant. Et j'prends des gaufres au p'tit dej. » termina-t-il la voix étouffée dans le coussin du canapé.

(Invité)