THIS COULD BE THE START OF SOMETHING NEW ₪ APPLE

Raquettes de ping-pong, oui, tout à fait. Au risque de passer pour un gros inculte de la vie, Cody jouait ce soir sa toute première partie de beerpong. Euh, de tequilapong, en l’occurrence. Il n’entamait que sa deuxième année à Harvard, il était encore puceau de pas mal de rites d’étudiants et il était content de perdre un peu de sa virginité avec Apple. Non, non, c’est pas trop chelou ce que je dis, c'est la natuuuure, la nature est belle et pas chelou. Elle lui expliqua les règles et Cody suivit du regard son doigt qui désignait les verres et prit des notes dans sa tête. OK, ça n’avait pas l’air trop compliqué, en plus Cody était généralement très doué en jeu de balles et en jeu de trous. « Oh me regarde pas comme ça, j’y peux rien si je suis vierge de beerpong. » se justifia-t-il comme si elle venait de porter un quelconque jugement à son égard. Et n'oubliez pas, sortez couverts. « Prêt ! » claironna le jeune homme,  motivé à la puissance 1000000. Il tapa ses mains l’une contre l’autre et, légèrement penché en avant face à son côté de la table, il illustra tout son entrain et sa soif de victoire face à Apple. D’ailleurs, il annonça avec un regard provocateur ; « J’vais te déglinguer. » En tout bien tout honneur. Cody, il était le Buzz l’éclair du tennis, le Forrest Gump du ping-pong, le château d’eau de la tequilaaaaa. Ben ouais, sa capacité à tenir l’alcool était inégalable.

Plissant imperceptiblement les narines, Cody y exprima un semblant de perplexité face à la surprise d’Apple en découvrant qu’elle lui apprenait ça. Et bien pourtant … Si. C’est clair qu’il avait le gabarit de l’étudiant en cinquième année, le mec qui pourrait se déguiser en bible de la fête à Halloween que ça étonnerait personne. Par pure provocation, il répliqua ; « Oh, j’croyais que les Eliot faisaient tout mieux que tout le monde, y compris la fête. » Et des préjugés sur les Eliot, il pouvait en servir à la peeeeeelle, à la truelle, au bulldozer, à tout ce que vous voulez en fait. Apple fit le premier service et Ô, surprise (non j’déconne) elle rata son lancée. Cody dégaina son sourire le plus enjôleur et se pencha pour récupérer la balle par terre. « Tu t’es foirée Kova, un point c’est tout. Te cherche pas d’excuse, j’pense que c’est une histoire de gravitation. Vous savez, vous les femmes, vous êtes vachement mal proportionnées niveau poitrine et à mon avis, avoir un sein plus gros que l’autre a dû te déconcentrer au moment de viser. » Et il profita de cette diversion pour lancer la balle qui atterrit en cloche dans le verre le plus proche de lui – du côté d’Apple, ça va de soi. « Me regarde pas comme ça, c’est scientifiquement prouvé. » Et c’est surtout scientifiquement prouvé qu’il venait de gagner et que la pomme allait picoler.  

- Oh, j’croyais que les Eliot faisaient tout mieux que tout le monde, y compris la fête. Il se foutait bien évidemment de moi là... J'veux dire, ça ne peut pas être sérieux. Il ne peut pas voir les Eliots sur un piédestal pour de vrai, personne ne le fait. Pas vrai ? Je riais nerveusement, préférant ne pas répondre à son attaque... De toute façon, je ne serai bientôt plus une Eliot. Peut-être que j'suis pas une vraie Eliot alors. Je sais pas non-plus être anti-mather, ou je ne sais pas avoir de femme de ménage. Je baissais les yeux vers le bordel de la maison. Tu t’es foirée Kova, un point c’est tout. Te cherche pas d’excuse, j’pense que c’est une histoire de gravitation. Vous savez, vous les femmes, vous êtes vachement mal proportionnées niveau poitrine et à mon avis, avoir un sein plus gros que l’autre a dû te déconcentrer au moment de viser. J'arquai un sourcil. Quoi maintenant j'ai des seins ? J'croyais qu'ils étaient trop petits, quoi. Bref, il envoya la balle direct dans un des verres et j'arrondissais les yeux, étonnée. Il me bat déjà à un jeu qu'il connaissait pas ? Me regarde pas comme ça, c’est scientifiquement prouvé. Je me raclai la gorge. M'ouais. Je bus le verre entier d'une traite puis déposai le verre hors de la table. C'est aussi connu qu'les gay lance comme une fille. T'as peut-être juste eu de la chance. Et là, je lançais la balle une seconde fois, et elle est attérit dans l'une des verres en faisant un rebond. Je m'exclamai de joie, puis en reprenant mon calme, je lui dis le sourire aux lèvres: J'en connais un qui va devoir boire trois verres... !

Evidemment, chaque fois que Cody parlait des Eliots, il usait de son ironie, du sarcasme, puisqu’il paraissait bien évident qu’il ne pouvait pas les blairer ces blaireaux. Il se serait bien encore un peu foutu de la gueule des bleus, mais le sujet suivant était tellement plus intéressant. « T’as des seins quand ça m’arrange que tu en aies. » Et j’vous laisse imaginer dans quelle situation ça l’arrangeait qu’elle ait des seins … OHHH. Les obsédééééés là, Cody a une copine et pensait évidemment au ping-pong. OUIIII, dans cette discipline, ça arrangeait pas mal le jeune homme que ça ballote et l’empêche de viser correctement. « C’est pas de la chance, c’est du tale… » En parlant de talent, il ne vit même pas la balle d’Apple arriver et atterrir après un rebond dans son verre. Niveau temps de réaction, zéro le gars, complètement collé. Il loucha sur la balle qui flottait paisiblement dans son gobelet de tequila avant de toiser sa rivale. Certes, elle avait face à lui un novice en la matière. Mais là, elle ne se foutait pas UN PEU de sa gueule ? « Trois verres ? T’as dit deux il y a même pas cinq minutes. Moi aussi j’peux inventer des règles ; si j’envoie la balle dans l’aquarium derrière toi, tu enlèves un vêtement. » Il pointa du doigt l’intéressé – aka Nemo le poisson qui allait très prochainement recevoir de la visite. Le strip tequilapong, qui dit mieux ? Et pour ne pas qu’Apple se défile, il enchaîna les trois verres à la suite, à la vitesse d’un lapin nain pourchassé par le chien du voisin (true story RIP Boule de Neige, mon pinou ). N’empêche que pour un soi-disant gay …

- T’as des seins quand ça m’arrange que tu en aies. Legit. Je riais de bon coeur et me préparait à jouer mon tour. C’est pas de la chance, c’est du tale… Puis splouch, dans son verre. J'arquai les sourcils en le regardant, faut dire que j'étais vraiment fière de moi. Et ça monsieur, c'est le pouvoir grandiose des seins. Même les gays pouvaient être distrait à parler de seins ! Moi qui ait cru que je ne pourrais pas le distraire avec, j'ai agréablement eu tort ! Trois verres ? T’as dit deux il y a même pas cinq minutes. Moi aussi j’peux inventer des règles ; si j’envoie la balle dans l’aquarium derrière toi, tu enlèves un vêtement. J'arquai un sourcil. Deux verres alo... et bim, il les bois tous les trois. Alors là... j'étais confuse. Il semblait tenir à ce que j'enlève mon tee-shirt. Hum... Okay... Je riais. À toi ! Je suppose que je dois aussi surveiller l'aquarium maintenant Ce jeu devenait intéressant ma foi.

Si Apple était une Avengers, elle s’appellerait Boobswoman avec pour pouvoir grandiose, unique et efficace ; ses seins. Bon, d’un point de vue technique, Cody n’était pas super convaincu de l’efficacité de sa poitrine. Après, il disait ça à vue d’œil, comme on dit ; ce n’est pas la taille qui compte mais la façon dont on s’en sert. Donc pour le moment, il émettait une petite réserve qui, il l’espère, disparaîtra vite. « Grandiose … » Petite grimace, pincement de lèvres, regard appuyé sur les concernés. Mouais. Apple tricha et, action-réaction, Cody renchérit rapidement en absorbant cinquante bons centilitres de tequila à une vitesse record. Une chance que son organisme y était habitué, sans parler de son foie qui baignait continuellement dans un jacuzzi de bière (avec la mousse et tout), sinon il n’aurait pas survécu. Et j’exagère pas, elle était forte cette boisson. « J’espère que tu as un bon revers. » s'inquiéta Cody très très fièrement. Il se prépara à tirer et, cette fois, il ne visait plus du tout la table. Elle était balayée, écrasée, maintenant il fixait le petit poisson orange qui naviguait paisiblement dans son aquarium. « Désolé Bubulle. » clama-t-il avec une once de compassion. Il lança. La balle émit un plouf. Inutile de préciser ce qu’Apple devait faire.

Grandiose… Dit-il en fixant ma poitrine, grimace à la gueule. Sérieux, il a pas fini de se foutre de ma poitrine ? Je fronçais les sourcils, toujours vexée. Même si je ne le connaissais pas et que je le savais gay, ça m'ennuyais gravement qu'il juge ma poitrine "insatisfaisante". Putain, normalement, c'est ce qui plait le plus de mon corps aux garçons ! Maintenant, je me sentais obligée de presque me cacher quoi, c'pas normal. J’espère que tu as un bon revers. Ugh. Il avait vraiment bu trois verres d'une traite lui, c'est un poisson ? Je n'étais pas certaine de comprendre sa phrase jusqu'à ce qu'il vise l'aquarium. Je ne pourrais pas intercepter le lancé s'il ne faisait pas de rebond sur la table... vie de merde. Désolé Bubulle. Et là, je m'étais demandée s'il était fou et à qui il parlait. Je me tournais pour regarder l'aquarium et au même moment, plouf. J'arquai un sourcil. Moi qui tentait de cacher ma poitrine loin de ses yeux de DramaQueen qui irait probablement raconter aux autres de son genre qu'Apple Kovalevski n'avait pas une belle poitrine. Je retirai mon chandail en m'avouant vaincue et le jeta parterre. Si c'est comme ça, tu retires le tiens si j'arrive à lancer la balle jusqu'au mur du fond. Et tu bois tout tes verres. Si j'suis pour lui montrer mes seins, j'serai pas la seule à me foutre à poil ça c'est clair. J'allai donc chercher la balle dans l'aquarium et la lança de toutes mes forces jusqu'au mur de la salle à manger qui... avouons-le... était très facile à atteindre. Inventer des règles, c'est la vie.

Si Cody galérait quelque peu à viser des verres sur la table, il n’eut pas de mal à rendre visite au poisson d’Apple. Il faut croire que la tequila n’agissait pas encore sur son organisme, puis il avait une certaine motivation ; dessaper Apple sans avoir à la séduire. OK, y a une vingtaine de minutes, elle l’invitait clairement à lui toucher les boobs mais ça n'aurait pas été une vraie victoire. Trop facile. Alors là, quand elle retira son chandail, il éprouva une certaine fierté, genre ’regardez les gars, c’est moi qui ai fait çaaaa’. En mauvaise joueuse, Apple inventa elle aussi des règles du jeu pour que Cody se retrouve à son tour torse poil. Elle lança la balle avec tellement de force que Cody passa ses bras sur son visage comme pour se protéger, craignant pendant une fraction de seconde qu’elle la lui jette au travers de la gueule. Déjà qu’il avait le nez complètement déformé, fallait pas non plus pousser mémé dans les orties quoi. « Putain ! » s’écria-t-il sous la surprise. Face à lui, il ne put louper le regard inquisiteur d’Apple qui lui intimait de s’exécuter. Peut-être était-ce grâce à la tequila, peut-être était-ce parce qu’il avait une girlfriend et peut-être était-ce parce qu’elle le voyait comme un homosexuel et peut-être était-ce aussi parce que Cody n’était carrément pas dans une optique de séduction, mais tous ses complexes se dissipèrent et il capitula. Ses mains s’insinuèrent sur les pans de son t-shirt, qui suivit le mouvement quand il leva les bras. Donc Apple pouvait voir … Qu’il n’y avait rien à voir. Et non, Cody Bleeker n’a rien d’un mannequin pour pub de parfum. Il abrégea le silence et pointa du doigt les gobelets ; « Nouvelle règle ; si j’bois ces verres, ce soir, tu m’héberges. » Règle franchement sympa, mais la sécurité avant touuuut.