quand la bosseuse rencontre la j'm'en foutiste. + Artémis

En effet, téléphoner à la maison blanche ne changerait pas grand chose. Mais rien que l'idée d'essayer de parler à Obama était franchement sympatoche. Si t'en a pour l'année, faut que tu t'trouves un moyen d'apprécier ça. J'pense que l'humour c'est c'qui y'a de mieux. dit-en haussant les épaules. Remarque, tu t'y connaissais pas niveau humour. T'étais pas la nana la plus drôle du monde et tu avais du mal à rire à certaines vannes, les trouvant souvent trop stupides. De la psychologie. C'est ce que j'étudiais les deux années précédentes. Tu t'arrêtas net, comme si tu venais de foncer dans un mur transparent. Tu t'fous d'moi là ? T'as fait deux ans de psycho, c'est ce que tu veux faire et t'as tout plaqué pour aller en politique ? Mais.. t'avais fumé un truc ce jour là ou bien ? demandes-tu en allumant ta clope avant de ranger ton paquet dont elle refusa une cigarette. Tu venais certainement de rencontrer la nana la plus insensé d'ta vie. Excuse moi d'te dire que t'as certainement fait là la plus grosse connerie d'ta vie meuf. soupires-tu en secouant la tête avant de te remettre à avancer. Et t'étudies quoi, toi? Tu tiras sur ta cigarette avant de recracher la fumer qui se dissipa en quelques secondes. Science de la santé, spé' diététique. Ce n'était absolument pas dans cette voix là que ton choix de carrière se portait, mais tu avais toujours pensé que pour faire le métier que tu voulais faire, les études ça servait à rien.

Il était vrai que sans prendre la politique avec une pointe d'humour, je ne risquais pas de finir l'année saine d'esprit. Cela dit, ce n'est pas réellement possible pour moi, tant j'avais une aversion sévère pour cette matière. Tu t'fous d'moi là ? T'as fait deux ans de psycho, c'est ce que tu veux faire et t'as tout plaqué pour aller en politique ? Mais.. t'avais fumé un truc ce jour là ou bien ? Elle s'était arrêtée, je supposais parce que mon aveu était complètement décalé. Il était vrai que l'on m'aurait avoué quelque chose de similaire, j'aurais eu la même réaction. Excuse moi d'te dire que t'as certainement fait là la plus grosse connerie d'ta vie meuf. Je soupira, prenant alors la parole. « C'est pas moi qu'ait décidé ce changement, j'suis plus censée que ça et ça m'aurait jamais traversé la tête de faire de la politique. » dis-je en accompagnant le dernier mot par un geste imitant des guillemets. Non, je n'étais pas responsable de ce soudain changement de carrière, et j'en voulais d'ailleurs énormément à celui qui en était la cause. Science de la santé, spé' diététique. Les sciences, mes meilleures amies. « Dans le but de devenir? » J'avais l'impression de vivre la conversation en décalé dans le sens où je ne lui demandais que maintenant ce qu'elle m'avait demandé bien plus tôt.

C'est pas moi qu'ait décidé ce changement, j'suis plus censée que ça et ça m'aurait jamais traversé la tête de faire de la politique. Heureusement qu't'avais pas de fumée dans la gorge sans quoi tu te serais étouffée avec. Tu n'avais jamais rien entendu d'aussi stupide. En fait, si. Mais là.. s'était du high level. Comment ça c'est pas toi ? Tu laisses les autres décider à ta place de c'que tu veux faire ? C'est nul, c'est naz, ça craint. lui fis-tu remarquer. Quoi qu'elle le savait sans doute déjà. Jamais on n'avait décidé pour toi, du moins tu avais toujours été à l'encontre des décisions prise contre ton consentement. C'était ta vie, c'était à toi de la mener et à personne d'autre d'en décider. Voilà que tu te mis à lui déballer de ce que tu faisais comme études, et bien évidemment elle te retourna la question que tu lui avais posée un peu plus tôt. Dans le but de devenir? Tu pouffas de rire avant de tapoter ta cigarette pour en faire tomber les cendres. Un truc qui n'a rien à voir. J'ai pas besoin des études pour faire c'que j'veux faire. Juste de la passion et d'la niaque. J'ai tout ça. Les études, c'est juste pour faire jolie sur un bout d'papier pour c'que j'envisage de faire. T'en avais déjà dit bien assez là. Les sciences de la santé, c'était un peu par défaut parce que c'était un truc dans lequel t'excellais par nature.

Comment ça c'est pas toi ? Tu laisses les autres décider à ta place de c'que tu veux faire ? C'est nul, c'est naz, ça craint. J'étais constamment en position de faiblesse ces derniers temps. Avant, c'était pour l'inverse que l'on me connaissait. Parce que je possédais toujours l'avantage sur mes parents. « C'est la première fois que ça m'arrive. En fait, j'ai déjà tout tenté pour changer de cursus, mais Harvard ne semble pas décidé à me laisser retourner dans mon cursus de base. » Et pour avoir essayé, j'avais essayé. Mais tout avait été bloqué, à mon grand désarroi. Parfois, je me demande dans quel monde on vit. Mais n'étant pas majeure dans ce pays, je ne pouvais après tout rien faire avant de fêter mes vingt et un ans. Elle m'expliqua en fait dans quel but elle réalisait ses études, c'est à dire quelque chose qui semblait n'avoir rien à voir avec les sciences de la santé. « Ah ouais, je vois. On a pas vraiment la même conception des choses. » Autant dire qu'on était totalement opposé l'une à l'autre. Enfin, je ne la connaissais pas vraiment sur le moment, mais j'avais l'impression que nous n'avions et n'aurions rien en commun, même si je venais à la connaître sur le bout des doigts un jour.

Alors ça, c'était vraiment pas d'bol. La nana vivait son truc parfait, et BAM, elle s'rend obligée d'aller en politique et l'université ne peut rien faire pour l'aider à revenir en psychologie. T'allais presque t’apitoyer sur son sort. Change d'université. Harvard c'est pas la seule dans l'coin. Puis Psycho' ça s'fait partout, c'est pas comme si tu faisais un truc spécifique qu'y'a qu'ici. C'était tellement simple dit comme ça. T'aimerais que tout soit aussi simple que ça. Ah ouais, je vois. On a pas vraiment la même conception des choses. La dessus, elle avait totalement raison. Elle s'donnait corps et âme pour comprendre des cours et réussir, toi tu filais dès que ça te prenait trop la tête. Elle se laisser tracer son avenir tandis que toi c'était toi qui l'écrivait. Tu peux toujours changer. dis-tu en haussant les épaules. J'crois qu'on est arrivées. C'est là ? demandes-tu en pointant un bâtiment du bout du doigt.

« Très franchement, j'me vois pas changer d'université. Harvard, c'était celle que je visais. J'y suis, j'y reste. » Là-dessus, je serais toujours aussi déterminée. Il faut dire que j'avais tout donné pour quitter la Pologne, et maintenant que j'étais à Cambridge, l'envie de partir de n'effleurerait même pas l'esprit. Et je n'avais pas particulièrement envie de savoir ce que ferait mon beau-père pour empêcher cela, dans tout les cas. Tu peux toujours changer. Je retenterai dans peu de temps, lorsque j'aurai réussi à reprendre contact avec mon père. En attendant, je pense que pour supporter ce semestre, j'allais devoir faire preuve de patience.. ou alors, j'allais finir par craquer. J'crois qu'on est arrivées. C'est là ? Levant les yeux vers l'enseigne lumineuse qui semblait plutôt terne en pleine journée, j'hochais la tête. « Ouais, c'est ici. » répondis-je avant d'en pousser la porte. Cet endroit, j'avais l'habitude d'y aller avec des amis après les cours, l'an dernier, et il faut dire que l'ambiance semblait ne pas y avoir changé. Après tout, je n'y avais pas mit les pieds depuis juillet et mon départ pour le summer camp, et le seul bar que j'avais visité depuis était celui où je travaillais.

Tu t'cassais la tête à trouver des solutions simples, et voilà qu'en plus la demoiselle était déterminée à rester à Harvard. Alors t'plaint pas de n'pas réussir à sortir la tête de l'eau en politique. réponds-tu sur un ton neutre. C'est ce que ta mère t'avais toujours dit: ne jamais de plaindre d'un truc lorsqu'on ne se donnait pas tout les moyens pour le surmonter. Vous étiez enfin arrivées devant ledit bar dont elle t'avait parlé en partant. Tu poussas la lourde porte qui tinta pour signaler l'arrivée de nouveaux clients. Leçon numéro deux. Tu penses qu'Obama irait s'installer au bar ou autour d'une table ? Le choix était vachement important n'empêche. Limite son année de politique reposait sur cette question. Tu perdais complètement les pédales à penser comme ça ma pauvre Olive.

Alors t'plaint pas de n'pas réussir à sortir la tête de l'eau en politique. C'était agaçant. En fait, à moins d'être moi, je suppose que c'est impossible de comprendre réellement ce que j'ai fais pour y remédier, ou ce que j'en pense. Alors je laisse simplement tomber, dans tout les cas, je ne changerai pas d'université, mais mon cursus finira par être modifié. Ce n'est qu'une question de temps. Leçon numéro deux. Tu penses qu'Obama irait s'installer au bar ou autour d'une table ? Balayant la pièce des yeux, je réfléchissais un instant. « Au bar j'suppose.. c'est plus.. voyant? » J'en ai pas la moindre idée et ce genre de question ne m'a jamais traversé l'esprit, après tout, mon truc, c'était l'analyse de l'esprit humain. N'empêche qu'elle aussi, a une façon de penser qui m'échappe, parce que jamais en cours je n'ai entendu quoi que ce soit de semblable quant à la question de "comment devenir une personne au bras long", et pourtant, on en entend longuement parler, même si je n'écoute qu'à moitié.

Au bar j'suppose.. c'est plus.. voyant? Un grand sourire déforma tes lèvres parfaites. J'crois qu'c'est pas une question d'être voyant, c'est une question de relationnel. C'est plus simple de parler aux gens en étant au bar que d'être au fond, assis autour d'une table ridicule. T'improvisais à mesure que tu parlais. T'avais strictement aucune idée de ce que tu disais, mais genre vraiment aucune. T’étalais là ta conception de l'homme politique, Obama en fait: le gars classe, accessible et ouvert d'esprit. C'était loin d'être toi finalement. Tu posas délicatement ton tac au pied d'une des chaises de bar sur laquelle tu t'installas. Deux cafés, s'ils vous plait. demandes-tu au barman avant de te tourner vers Artémis. T'as quel âge, au fait ? demandes-tu soudainement comme si c'était quelque chose d'important.

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Olive m'expliqua sa théorie sur le bar et le relationnel, et je me demandais d'où elle sortait ça, bien qu'il n'y ait tout de même une suite logique. « C'pas faux. » dis-je seulement en m'avançant avec elle vers le bar avant de m'asseoir sur l'une des chaises à côté d'elle. Tandis qu'elle commandait, elle se retourna vers moi, avant de me questionner. T'as quel âge, au fait ? A Harvard, il est assez difficile d'évaluer l'âge d'une personne rien que physiquement, car nous étions dans la tranche d'âge où nous changions sans réellement changer. « J'ai vingt ans. » répondis-je tout en posant mon sac à mes pieds. « Et toi? » retournais-je alors curieusement. Je ne peux pas dire si elle est plus ou moins âgée que moi, mais ce qui était sûr, c'est que je la trouvais assez étrange en elle-même. Ou plutôt, je n'avais jamais cotoyé de personne avec sa manière de penser.

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