quand la bosseuse rencontre la j'm'en foutiste. + Artémis

Tu n'avais pas assez d'temps pour rentrer à la MH ou aller boire un café, mais beaucoup trop pour rester à poireauter comme une intello devant la salle de ton prochain court. T'aurais pu sécher, mais tu devais avouer que le cours sur la biologie était particulièrement intéressant grâce à votre professeur vraiment très très craquant. Dire que tu t'étais même mis au premier rang pour mieux pouvoir lui faire les yeux doux. Chauffeuse, c'est bien souvent le mot qu'on employait pour t'définir. Et alors ? La BU était bondée, là dessus ça changeait vraiment pas de l'Ohio. Il ne restait que quelques places de livre. Une place à côté d'un gars qui se curait le nez, trop dégueue. Une autre à côté d'une nana qui regardait un magazine de mode, trop pétasse. Et une autre à côté d'une nana qu'étudiait, trop studieuse. N'empêche que c'est en face d'elle que t'allas t'installer. Sans lui jeter un regard tu sortis ton PC de ton sac pour jouer à ce jeu en ligne auquel tu te connectais dès lors que t'avais un peu de temps devant toi. Tu cherchais toujours à te perfectionner dans c'jeu, comme si c'était vital, alors que ce n'était qu'un jeu de.. voitures. Hm. Au bout de quelques minutes, tu lâchas un soupire avant de baisser l'écran de ton ordinateur pour observer la nana en face toi. Meuf, tu veux bien arrêter d'appuyer aussi fort avec ton crayon sur ta feuille ? Ce bruit m'casse les oreilles et j'arrive pas à m'concenter. dis-tu avant de remonter ton écran pour continuer de jouer.

J'avais encore du mal avec ce nouveau rythme et ce nouveau cursus, alors dès que j'en avais l'occasion, je rattrapais ce foutu retard que j'avais par rapport aux autres personnes de ma filière. Ce jour-là, c'est à la bibliothèque que je m'étais rendue pour étudier, cherchant le calme et ayant quelques notes à rédiger. Même si je comprenais un mot sur deux, il n'en restait pas moins qu'il fallait vraiment que je m'investisse, même si cela devenait de plus en plus dur à supporter pour moi. Je mentirais si je disais que cela ne m'agaçait pas, et que je n'étais pas en train d'atteindre mes limites. Je levais un instant les yeux lorsqu'une fille s'installa en face de moi, mais concentrée, je n'y fis pas tant attention. Replaçant une mèche qui semblait refusée de rester attachée, je replongeais dans mes devoirs de politique. Mais quelques minutes plus tard, elle baissa l'écran de son ordinateur, m'interpellant. Meuf, tu veux bien arrêter d'appuyer aussi fort avec ton crayon sur ta feuille ? Ce bruit m'casse les oreilles et j'arrive pas à m'concentrer. Relevant la tête, je devais sembler assez sceptique. Enfin, on est dans une bibliothèque alors.. il semble logique que j'y étudie, que j'écrive, du moins.  « Désolée d'étudier.. dans une bibliothèque. » lançai-je alors comme si cela semblait évident. Ce n'était pas pour mon plaisir que j'étais en train de travailler, oh ça non. Mais cela non plus, ça ne paraissait pas évident.

Il fallait que ta voiture soit parfaite pour aller le plus vite possible et enfin réussir à passer ce niveau qui te donnait pas mal de fil à retordre. Mais là, y'avait comme un hic. Ton esprit s'était focalisé sur le bruit de crayon de l'étudiante en face de toi, tu n'arrivais à penser rien d'autre qu'à ça. D'ailleurs, tu lui avais même demandé, gentiment selon toi, d'y aller un peu plus mollo avec son crayon, avant de te replonger dans ton ordinateur. Désolée d'étudier.. dans une bibliothèque. T'avais deux options : lui répondre en soupirant, ou laisse tomber. Si t'analyses bien, j't'ai pas demandé d'arrêter d'étudier mais d'appuyer moins fort sur ton crayon. dis-tu en roulant des yeux avant d'abaisser ton écran d'ordinateur. D'ailleurs, t'étudies quoi ? lui demandes-tu en posant les coudes sur la table.

Si t'analyses bien, j't'ai pas demandé d'arrêter d'étudier mais d'appuyer moins fort sur ton crayon. Baissant les yeux sur mon cours, je remarquais qu'autant le début était d'une écriture plutôt douce, autant la fin était légèrement plus appuyée, en effet. « Désolée, je crois que c'est parce que je commence à en avoir marre. » Je lâchais un instant le stylo, dégourdissant mes pauvres doigts qui eux aussi commençaient à saturer de tant de torture. D'ailleurs, t'étudies quoi ? Je relevais les yeux vers elle, avant de lui répondre. « Politique. » soupirai-je. Cela se sentait que je n'aimais pas cela, et même un sourd l'aurait vu à l'expression blasée de mon visage. Il y a des choses dont on se passerait bien, dans la vie, il n'y avait nul doute. En tout cas, cette fille était assez intrigante, elle sortait un peu de nul part si on prenait le contexte en compte, mais n'avait pas l'air méchante. Bien qu'elle avait l'air de ne pas être aussi studieuse que moi, mais je ne vais pas m'arrêter sur les apparences, cela ferait mauvais genre.

Désolée, je crois que c'est parce que je commence à en avoir marre. Elle venait de laisser tomber son crayon sur la table pour reposer ses petits doigts fins. Marre ? Déjà ? T'es dans la merde, c'est qu'le début. dis-tu en pouffant de rire. Pas pour te moquer mais juste parce que tu trouvais ça drôle. Toi, quand t'en avais marre, tu laissais tomber, c'était tellement plus simple que de se prendre la tête devant une copie blanche. T'étais faussement intéressée de savoir ce qu'elle étudiait pour qu'elle en ai ainsi marre. Politique. Elle avait soupiré. Ah bah ouais, ça devait sacrément la motiver. La politique ? reprends-tu en grimaçant. Et tu comptes faire quoi avec un licence en politique ? demandes-tu avec un air interrogatif sur la figure. Elle comptait changer le monde en devenant le bras droit d'Obama ?

Marre ? Déjà ? T'es dans la merde, c'est qu'le début. Cela faisait environ depuis la mi-août que j'étais plongée dans les bouquins rien que pour comprendre la fondation de la politique, autant dire qu'en avoir marre, c'était presque un euphémisme. « Malheureusement, c'est que l'début. » Qu'est ce que j'aimerais tout planter, retourner en psychologie, et avoir une vie normale. J'excellai en psychologie dans le sens où je n'y avais aucun retard, et je pouvais donc mener une vie tout à fait normale pour une jeune fille de vingt ans à côté. Malheureusement, ce n'était pas possible avec la politique. La politique ? Et tu comptes faire quoi avec un licence en politique ? Selon mon beau-père, je devais tenter de devenir député en Pologne, mais.. comment dire qu'il n'y a pas moins ravissant comme métier? Ou simplement, comment dire que la politique me répugne dans toutes ses parts tant elle est faite de faux-semblants? « J'en ai strictement aucune idée. J'ai jamais voulu en faire. » Dites-moi, il n'existerai pas un moyen de remonter le temps, histoire de faire en sorte d'annuler le divorce de mes parents? Puissent-ils se remettre ensemble et me laisser vivre en paix.

L'année scolaire ne venait que de commencer, si elle en avait marre aujourd'hui, qu'est-ce que serait en avril ? Ou en Mai ? Ou pire... en juin ? Et elle s'en plaignait. Malheureusement, c'est que l'début. Tu soupiras rien qu'à l'entendre se plaindre. Ce que tu t'demandais, c'est ce qu'elle comptait faire avec une licence de politique. Toi, t'avais toujours pensé que c'était les hommes qui géraient ça le mieux. C'était pas sexiste, c'était la vérité. Puis t'aimais pas la politique de toute façon, ça avait toujours été sujet d'embrouilles lors des repas avec tes parents. J'en ai strictement aucune idée. J'ai jamais voulu en faire. Alors là, tu tombais des nues. D'une là nana se plaignait d'en avoir marre, mais en plus elle n'avait aucune idée à quoi sa licence lui servirait parce qu'elle voulait pas faire ça. T'es sérieuse ? demandes-tu d'un air blasé. L'prend pas mal hein, mais tu vas devenir chiante à mourir si tu continues comme ça. Déjà qu'au premier c'est pas top.. Bon ça, c'était dit. Non mais sérieux, la nana avait la tête plongé dans ses bouquins et s'plaignait d'ses cours, c'est pas trop chiant ?

Se rappeler du summer camp et des soirées passées dans les bars, voilà un souvenir qui ne manquait jamais de me crier à quel point ma vie me blasait actuellement. Je devais vraiment paraître étrange pour cette inconnue, quoi qu'elle ne tarda pas à me dire ce qu'elle en pensait. T'es sérieuse ? L'prend pas mal hein, mais tu vas devenir chiante à mourir si tu continues comme ça. Déjà qu'au premier c'est pas top.. J'eus une léger rire. Effectivement, j'en étais consciente. C'était pas comme si c'était une décision mûrement réfléchie. « Je faisais pas la même chose l'an dernier. Si tu m'avais croisée l'année dernière, ç'aurait sûrement pas été dans la bibliothèque de l'université. » Ou alors, juste avant les examens, mais avant, je ne révisais que chez moi, et rapidement, avant d'aller travailler ou d'aller en soirée. Comme j'aimais ma vie d'avant. En réalité, je savais qu'elle n'en avait rien à faire, pourtant je continuais de lui parler de mes études comme si cela pouvait me donner un instant de pause. Personnellement, cela m'arrangeait, forcément, même si le sujet était les études. Je me demandais dans quelle maison elle était. Sûrement pas dunster, à première vue.

T'aurais presque pu bailler en l'écoutant parler de politique (et v'là que moi je baille parce que j'ai écrit le mot bailler..). C'était chiant à mourir. Elle semblait chiante à mourir et tu ne t'étais pas fait prier pour lui dire. Bon, tu lui as surtout dit qu'elle le deviendrait, mais elle l'était déjà quand même un peu. Je faisais pas la même chose l'an dernier. Si tu m'avais croisée l'année dernière, ç'aurait sûrement pas été dans la bibliothèque de l'université. Elle essayait de se trouver une raison ou bien ? Ouais, mais l'année dernière j'étais pas là. dis-tu en appuyant sur le bouton de ton ordinateur pour l'éteindre avant de le ranger dans ton sac bandoulière. J'vais t'montrer ma conception d'la politique. dis-tu en attrapant la feuille sur laquelle elle écrivait. Tu lus et.. c'était franchement pas top. En effet, elle était pommée hein. Tu n'en fis qu'une boule et la lanças vers la corbeille la plus proche. Ratée, elle tomba à côté. C'était nul. T'aurais même pas eu le quart d'la moyenne de toute façon. te défends-tu face à son regard surpris.

Ouais, mais l'année dernière j'étais pas là. Elle était donc nouvelle à Harvard? En même temps, qu'importait qu'elle fût là l'année passée, nous ne nous serions pas rencontrées dans tout les cas, je suppose. J'vais t'montrer ma conception d'la politique. Sur ces mots, elle attrapa ma feuille, avant de la lire et de la lancer à la corbeille. Si je suivais le fond de ma pensée, j'aurais sûrement fait la même chose quelques minutes auparavant, mais malheureusement, je suivais un peu trop ma raison. C'était nul. T'aurais même pas eu le quart d'la moyenne de toute façon. Elle m'aurait dit ça de l'un de mes cours de psychologie, il n'y aurait nul doute que j'aurais fait un scandale, faisant parti des meilleures élèves de ma promotion. Là, ça ne m'étonnait même pas. « Ca m'étonne pas trop. » soupirai-je avant de relever les yeux vers elle, la détaillant intérieurement quelques instants. « Et donc, pourquoi cette soudaine envie de ruiner ma tentative d'étudier? » demandai-je, intriguée. Ce n'est pas comme si nous nous connaissions ou quoi que ce soit, alors pourquoi?