quand la bosseuse rencontre la j'm'en foutiste. + Artémis

Il était certain que tu n'irais pas ramasser la feuille de papier tombée à côté de la poubelle pour la mettre dedans. Elle était très bien où elle était. Avec un peu de chance, certains étudiants la piétinerait ce qui lui rendrait sa juste valeur à ce devoir : un torchon. Et donc, pourquoi cette soudaine envie de ruiner ma tentative d'étudier? Pourquoi ? Bonne question, une soudaine envie. La politique, ça s'travaille en aillant des relations. C'est pas le nez dans tes bouquins qu'ça va marcher. dis-tu en te levant avant de mettre ton sac sur ton épaule. Tu m'suis.. Artémis c'est ça ? T'avais lu son nom sur la tranche de son bouquin, épais comme l'annuaire. Ah moins que tu n'préfères vraiment devenir chiante à mourir. dis-tu en haussant les épaules avec un petit sourire en coin.

La politique, ça s'travaille en aillant des relations. C'est pas le nez dans tes bouquins qu'ça va marcher. Des relations, j'en avais déjà, techniquement. Mon beau-père n'avait cessé de vanter mes mérites auprès de ses collègues, et autant dire que ça marchait plutôt bien même si cela ne m'intéressait aucunement. Tu m'suis.. Artémis c'est ça ? Hochant la tête, je lui demandais alors. « Je peux connaître ton prénom, au moins? » Elle reprit ensuite, accentuant ses précédents propos. Ah moins que tu n'préfères vraiment devenir chiante à mourir. C'était un défi à ne pas proposer à une fille qui savait se montrer compétitive tout comme je l'étais. J'avais l'impression de sécher les cours alors que je n'avais pas cours. Seulement, j'étudiais tellement ces derniers temps que c'était tout comme. Je rassemblais mes affaires avant de les ranger dans mon sac et de lui répondre. « Je pense que je préfère te suivre. » Tant pis pour les cours, aujourd'hui, ce sera sans.

Olive. J'm'appelle Olive. Mais tu peux m’appeler Olive, okay ? Bein ça alors, pour une fois que tu faisais de l'humour - pourri mais humour quand même. Tu savais pas où t'allais aller mais une chose était sûre, c'est que ça n'était pas en cours. Cette nana, cette Artémis, tu pouvais pas la laisser comme ça dans le néant. Voilà que tu faisais dans le social maintenant, on était bien. Je pense que je préfère te suivre. Tant mieux, parce que de toute façon tu ne lui aurais pas vraiment laissé le choix, quand bien même elle aurait refusé. Première leçon. Crois-tu qu'Obama a réussi en restant l'nez dans ses livres de politique ? Hm, j'suis persuadée qu'il s'faisait la tournée des bars. Allez, on y va. dis-tu pleine d'entrain en marchant vers la sortie de la BU.

Elle s'appelait donc Olive. Je ne manquerais pas de m'en rappeler, dans ce cas. J'avais décidé de la suivre, abandonnant mes cours au profit d'une sortie avec cette parfaite inconnue. Elle se décida alors à m'enseigner la politique, du moins à sa manière. Première leçon. Crois-tu qu'Obama a réussi en restant l'nez dans ses livres de politique ? Hm, j'suis persuadée qu'il s'faisait la tournée des bars. Allez, on y va. C'était une théorie intéressante, je ne pouvais la contredire. Esquissant un sourire, j'approuvais ses paroles, laissant mes pensées parler à la place de ma raison. La suivant vers la sortie, je la questionnais alors. « Ca t'arrive souvent de faire la tournée des bars en pleine journée? » Car oui, il était encore "tôt" pour ce genre d'activité que se faisait plutôt le soir. Bien que ce serait loin de me faire du mal, et que j'en rêvais depuis un bon moment même. J'en profitais d'ailleurs pour détacher mes cheveux, que je n'attachais que pour travailler sans qu'ils ne me gênent. Et une fois dehors, c'est déjà un sentiment bien plus porté sur la liberté qui emplit ma tête.

Il devait être quoi, quinze heures ? Un peu plus ? C'était à peine le milieu de l'après midi quoi. Alors c'est vrai que l'idée d'aller faire la tournée des bars paraissait un peu décalée, mais tu t'en fichais. Parce que faire la tournée des bars, ça voulait tout et à la fois rien dire. On fait d'la politique là. Si on y va ce soir, on va surtout rencontrer des étudiants plutôt que des gens potentiellement intéressants. dis-tu en soupirant et levant les yeux au ciel comme s'il s'agissait là d'une évidence. Tu dévalas les escaliers du bâtiment arrivant dans le grand hall de l'université. Ca grouillait de monde, c'était l'intercours. Tu connais certainement mieux la ville que moi, emmène nous jusqu'à un bar sympa. dis-tu en tirant la lourde porte qui donnait sur la place de l'université.

Elle n'avait pas tort, lorsqu'elle disait qu'en soirée, nous croiserions plus d'étudiants que de personnes intéressantes. Cela dit, j'étais étonnée qu'elle en parle de façon plus ou moins "sérieuse". Pas que cela ne soit faux, cela dit, ce n'est pas le genre de chose que l'on s'attend à attendre dans la même phrase que le groupe nominal tournée des bars. Tu connais certainement mieux la ville que moi, emmène nous jusqu'à un bar sympa. Pour travailler dans un bar, j'avais effectivement connaissance de ceux qui peuplaient la ville à chaque coin de rue, et je repensais à cette rue qui en comportait trois ou quatre à seulement cinq mètres les uns des autres. Là-bas était d'ailleurs l'un des meilleurs bars de la ville par réputation. « Y'en a un pas très loin de l'université, à deux rues de la sortie du campus. » C'était particulier, comme situation, et je n'aurais jamais cru m'évader de l'université avec une parfaite étrangère pour me rendre dans un bar à cette heure de la journée, pas le moins du monde.

T'étais à fond dans ton truc. T'y croyais pas une seule seconde à tout c'que tu racontais, pourtant tu prenais plaisir à le faire. Tu t'sentais utile et tu te sociabilisais enfin un peu. C'était une manière étrange de se sociabiliser mais ça comptait quand même hein ? Bon, par contre, tu connaissais toujours pas la ville par coeur. Même pas un peu en fait. Même que l'autre soir t'avais réussi à te perdre après une soirée dans les rues d'Inman Square. Y'en a un pas très loin de l'université, à deux rues de la sortie du campus. En gros, d'ici dix minutes, un quart d'heure, vous y seriez. C'est parfait, on roule. dis-tu en enclenchant le pas. Tu sembles pas tout à fait sereine. Tu sais que j'vais pas t'souler et qu'on bosse les rudiments d'la politique là hein ? pouffes-tu de rire en sortant de la place d'Harvard.

Je n'ai absolument aucun sens de l'orientation. Autant dire que dans des endroits étrangers à ceux où je me rendais chaque jour, j'étais incapable de me repérer. Heureusement, avec Cambridge, et du moins depuis l'université, je connaissais plutôt bien les environs. Tu sembles pas tout à fait sereine. Tu sais que j'vais pas t'souler et qu'on bosse les rudiments d'la politique là hein ? Techniquement, je savais qu'une fois sortie de l'université, j'aurais rapidement détourné le sujet. Avec de l'alcool dans le sang, je ne fais plus que le détourner, je l'aurais dénigré sans regrets. « Tant mieux, parce que ça m'saoule déjà assez au quotidien! » dis-je très franchement. J'aurais pu rajouter que je n'étais pas forcément sereine du fait que je risquais de foirer mes prochains examens en sortant, mais qu'importait. Nous marchions alors vers ledit bar, qui n'était qu'à une dizaine de minutes de marche de l'université. Autant dire que j'avais hâte d'y être, et que mon sentiment de culpabilité s'effaçait lentement, au profit d'une envie de détente.

Spoiler:

Quand tu disais pas vouloir la saouler, tu parlais d'alcool. Mais remarque, tu voulais pas la saouler non plus avec la politique qui semblait déjà bien l'attaquer depuis quelques semaines. Pour la première fois depuis que tu étais arrivée à Harvard, tu avais envie d'être gentille, d'apprendre à connaître la personne en face de toi, Artémis. Tu l'faisais à ta façon, mais c'était un effort notoire, toi qui ne pensais qu'à ton petit nombril d'habitude. Va vraiment falloir que j'trouve des solutions pour qu'ça passe mieux. On essaiera d'appeler la maison blanche une fois là bas, Obama pourra surement nous aiguiller tient. Et tu l'ferais, juste parce que l'idée était fun. Sinon, si la politique t'intéresse pas, tu veux faire quoi d'ta vie ? lui demandes-tu en sortant ton paquet de cigarette de ta poche. T'extirpas une clope du paquet que tu glissas entre tes lèvres avant de le tendre à Artémis pour lui en proposer une.

Spoiler:

Lorsque je posais mes pieds dans un bar, je n'en ressortais jamais sans y avoir prit un verre. C'est pourquoi j'avais peut-être parlé trop vite à sa réplique, mais au moins, je faisais légèrement le point sur à quel point je désespérais de cette matière. « C'est original comme idée, mais j'pense pas que ça changera quelque chose. Même si ça reste.. original. » Continuant de marcher, elle me questionna alors sur ce choix étrange d'orientation. Sinon, si la politique t'intéresse pas, tu veux faire quoi d'ta vie ? Refusant d'abord une cigarette étant donné que je ne fumes pas, je lui répondis quelques secondes après. « De la psychologie. C'est ce que j'étudiais les deux années précédentes. » Avant, je n'étais pas sûre de si je souhaitais continuer ou non, mais aujourd'hui, j'en étais certaine, la psychologie était vraiment ce qui me plaisait le plus et ce pour quoi je donnerai bien des choses pour y retourner seulement. « Et t'étudies quoi, toi? » demandai-je alors, intriguée.