THÉLIA 《When you're close, I shiver 》

« Je te l'interdis, tu veux déclencher une vague de fille en chaleur ? » Fronçant les sourcils, je laissais échapper un soupir moqueur, faisant mine de regarder tout autour de moi. « Pour l'instant, tu es la seule fille que je vois dans les parages. » Non, bon d'accord fallait vraiment qu'un jour je ne cesse ce jeu que j'avais avec elle. Celui de toujours vouloir la taquiner avec des petites piques érotiques. Fallait vraiment que j'arrête ou j'allais finir par me perdre à mon propre jeu. Notre conversation finissait par devenir assez banale, avec un manque de piquant étonnant mais c'était probablement en comptant que ni elle ni moi n'avions envie de savoir la vie romantique de l'autre. Le sujet de notre couple restait un thème douloureux et je supposais que tout comme moi, elle n'avait plus envie d'y faire référence, ni de me parler de ses amours. «  Bien sur que si, je connais pas ta capitaine mais tu étais une bonne encre pour eux, tu les booster bien de ce que j'ai vu. » Et dire que je m'étais taper la capitaine. Je me mis à rire dans mon coin, hochant ensuite la tête, finissant d'un trait ce qu'il y avait dans mon verre avec une grimace. « Toi aussi. Ton équipe s'est très bien battue. » J'avais été co-capitaine une fois, je ne comptais pas recommencer de sitôt. Quand elle me parla de la présidence, je n'avais pas pu m'empêcher de me montrer assez grossier. « Des emmerdes, comment ça ? » Haussant les épaules, je ne mis qu'un bref instant avant de lui répondre. « Ben les problèmes de la maison ne sont plus les nôtres et la vie est plus simple. » Ouais, je n'avais plus envie de me prendre la tête. Pour rien. «  J'aime toujours ça mais je laisse un peu ma place. Du nouveau c'est pas plus mal et je reste toujours un peu dans la présidence vu que je compte me représenter pour être la présidente du club des voyages humanitaires. » Je réalisais alors un ''aaaaah'' insonore avant de poser mon regard un peu partout dans la pièce. « Je devrais peut-être envisager de m'inscrire dans ton club d'humanitaire là.. » C'était la fatigue qui parlait et plus Théophyl. «  Tu veux pas que je te ramène chez toi ? T'as l'air épuisé. » Wouhlà, comment qu'elle ne répondait plus à mes questions. « Tu me retiens à l'aéroport et tu veux déjà me jerter de chez toi ? Je comprends...Je suis comme un parasite. » Je me mis à rire avant de me lever et de me diriger vers un endroit où reposait un cadre photo la représentant. Je l'attrapais avant de l'observer longuement. « T'es belle là-dessus...T'es toujours belle de toute façon. Et pis un jour t'étais avec moi et pis maintenant ben tu l'es pu. » Oula...L'alcool plus la fatigue ne faisait pas bon ménage chez moi.

Bref, j'avais sommeil, j'avais bu, je me sentais comme une merde. Comment dire, tout le monde lève le pouce en l'air, c'est la fête ! Je ne faisais plus vraiment attention à la tournure de la conversation et pour dire la vérité elle ne m'intéressait plus tellement non plus. Elle me parlait de la présidence et puis de son club de personnes humanitaires et je commençais déjà à imaginer des petits noirs avec la peau sur les os, nécessiteux d'eau et de nourriture et je frissonnais. Peut-être que j'avais fait le bon choix finalement en restant là et que je n'étais peut-être pas aussi fort que je le supposais pour supporter autant de misère. Les paroles avec lesquelles j'envisageais de m'inscrire à son club s'échappèrent de mes lèvres. « En effet, toi qui voulait venir en aide, ça serait un bon début avec ce club. » Haussant les épaules, je ne pus m'empêcher de la taquiner lorsqu'elle me proposa de me ramener chez moi et le bras qu'elle posa sur moi alors que je commençais à me lever me fit encore plus rire. «  Bien sur que non, t'es loin d'être un parasite, mais je vois bien que tu es épuisé et je veux pas te retenir si tu as qu'une envie c'est de retrouver ton lit et dormir. » Me retrouvant donc debout, je me rendais compte que la tête me tournait mais que sinon les papillons étaient roses et volaient dans le ciel. « J'me sens bien avec toi moi...J'ai pas envie d'me retrouver..seul. » Oui seul, car dernièrement c'était comme ça que je me sentais tout le temps. Terminant par lui dire que je la trouvais tout le temps belle, la jeune femme se leva afin de me rejoindre. « Tu vois que j'ai raison, tu es épuisé et tu commences même à dire des bêtises. Ou tu veux que je te prête mon lit si tu préfères ? Tu risques de t'endormir avant qu'on arrive chez toi et c'est pas que t'es lourd mais je vais avoir du mal à te porter seule. » Me reprenant le cadre photo que j'avais dans les mains pour le reposer, elle m'attrapa ensuite une main sans que je ne puisse dire quoique ce soit d'autre, me forçant à la suivre et de toute façon, je n'en avais pas envie de la stopper et je ne pus que me résoudre à la suivre comme un bon chien. « J’apprécie Elouuuu mais je ne vais pas non plus me reposer dans ton lit...Tu vas vraiment finir par regretter de ne pas m'avoir laisser monter dans cet avion. » Me mettant à rire, je m’asseyais sur son lit, avec un air de débile mental sur le visage. « Tu vas rester avec moi, hein ? » Mon ton suppliant aurait probablement pu convaincre une bonne sœur de coucher avec moi. « J'ai besoin de toi.. » Et de décuver, évidemment.

Finalement dans ma tête ça ne tournait plus rond. Non plus du tout. Aligner le pied gauche devant celui du pied droit devenait une tâche assez compliquée. À quand remontait la dernière bonne nuit de sommeil à laquelle j'avais eus le droit ? Aucune idée, quand bien même durant le Summer Camp, je n'étais pas capable d'enchaîner les nuits convenablement et les heures de sommeil non plus. Et il m'avait fallut rien qu'un verre d'alcool pour que tout ça me retombe dessus et fasse un très mauvais ménage. Mais mon seul problème désormais était que la jeune femme voulait me ramener chez moi et qu'elle avait pertinemment vue que mon état faisait parti de la même famille que celle du sommeil et de l’alcoolémie montante. Lui disant que je ne voulais pas me retrouver seul, celle-ci attrapa ma main afin de me traîner jusqu'à sa chambre. Je m'y laissais conduire limite sans prêter la moindre attention aux lieux à travers lesquels je marchais avant de prendre place assise sur son lit avec un air bête sur le visage. Je voulais qu'elle reste avec moi. Je voulais que ma sauveuse reste à mes côtés, même après la seconde tape que j'avais pu récolter. Pas spécialement pour dormir évidemment, mais si genre elle pouvait me chanter rien qu'une comptine, ce serait merveilleux. La voyant attraper une chaise de bureau afin de s'asseoir dessus avant de se rapprocher de moi, je fronçais les sourcils. Je sentais mauvais ? Elle ne voulait pas s'asseoir à mes côtés ? « Je suis là, je pars pas. C'est toi que j'ai empêché de partir la preuve. Tu veux un thé en compensation du whisky ? Allonge toi en tout cas, je reste à côté de toi. » Mon froncement de sourcils était toujours bien présent quand bien même sa main se posa sur la mienne. « Tu m'as pris pour mamie Jacotte, soixante-dix ans, plein de petits chats ou quoi ? » Un thé...D'ailleurs cette pensée me fit rire dans mon coin alors que je m'allongeais, conservant ma main avec la sienne. Je tournais alors mon visage vers le sien, la contemplant. « Tu sais que tu es une fille extra quand même ? Et l'être humain est con..Je suis con.. ! » Au fur et à mesure que je lui parlais, mes yeux papillonnaient, prouvant que je lutais pour ne pas les fermer. « D'avoir tout foutu en l'air..D'avoir foutu le bordel. » Et fermer maggle, ce serait pas plus mal non plus. Je déglutissais péniblement, lui posant une question quelconque rien que pour entendre sa voix. « Quels sont les projets de ta vie à présent, Elia ? »

Heureusement que même dans un piteux état j'arrivais toujours à faire rire la jeune femme. «  Tu sais le thé ça passe super bien parfois quand on est malade ou pour faire passer l'alcool. Puis Jacotte je trouve que ça te va bien, maintenant je vais t'appeler comme ça puisque j'ai droit à Elou » Je grimaçais alors. Non Elou, ça ne lui allait définitivement pas. « Moi Jacotte, 24 ans, étudiant en médecine ayant raté son avion et sur le point de s’endormir comme une larve sur le lit de son ex-petite-amie. » Je souriais un peu de façon jaune devant le fait accompli de ma vie raconter en seulement quelques phrases. « Si tu n'aimes pas Elou -et j'avoue que c'est très moche- comment aimerais-tu que je t'appelle ? » Je souriais alors de façon plus délicate fermant cette fois-ci les yeux afin de l'écouter et mieux savourer le son de sa voix. Non bon en fait, j'étais littéralement en train de m'endormir mais je luttais toujours pour rester à son écoutes. « Je suis conne aussi, je suis un être humain comme toi. Mais pourquoi t'es con ? » Hein ? Ici c'était moi Jésus et je décrétais qu'elle n'avait pas à s'insulter, il n'y avait que moi qui avait ce pouvoir. « De toujours faire n'importe quoi...et toi t'es extra j'ai dis, non conne. » Je réalisais même un ''chut'' à moitié silencieux, gardant toujours mes paupières closes. «  Qu'as tu foutu en l'air et foutu le bordel ? » Je me mis alors à rire doucement. C'est moi où aujourd'hui particulièrement elle n'avait pas la lumière à tous les étages ? « J'ai brisé notre couple et notre histoire. » Je me contentais de ces uniques paroles, sachant que rentrer dans un débat à cette heure-ci ne servait à rien. Oui, j'avais plus voulu de nous comme un couple alors oui j'étais bel et bien con. Je lui demandais ensuite en ré-ouvrant mes yeux verts ce qu'elle prévoyait pour le reste de sa vie. «  Euuh.. Je sais pas, enfin finir mes études d'abord et ensuite je verrai ce que la vie me réserve à nouveau. » Je souriais alors à nouveau, marquant un temps avant de répondre. « Je suis persuadé que de jolies choses. » Et c'était on ne peut plus sincère. « Tu veux pas dormir un peu et on reparlera à ton réveil ? » Dormir ? Dans son lit...Oui je crois que c'était bien ce que je m'apprêtais à faire. « D'accord...mais que cinq minutes alors...après tu pourras me virer à coups de pied. » Et ce fut lourdement que je fermais à nouveau les yeux, les ouvrant peu après, me sentant totalement désorienté et ne sachant combien de temps c'était écoulé ni rien de plus. « Elia ? »

«  Bonjouuuuur Jacotte » Un rire franc et sincère s'échappa de ma gorge. J'avais décidément l'impression de me trouver dans un de ces groupes d'aides dans lesquels des malades ou des accro souhaitaient la bienvenue à de nouvelles recrues. Et moi j'étais un accro aux emmerdes et à la solitude et comme j’enchaînais les conneries, je parvenais même à lui trouver des surnoms débiles. «  Je sais pas, Elia c'est très bien. » J'hochais alors la tête, conservant les yeux fermés. J'aimais beaucoup sa façon de prononcer son propre prénom. Tout comme sa façon de prononcer mon propre nom ou mon surnom. Parce que bon, je devais reconnaître qu'elle ne prononçait mon prénom entier que lorsqu'elle m'en voulait ou qu'elle était en colère après moi. Ce qui était arrivé pas mal de fois. Je lui expliquais ensuite pourquoi je me trouvais con, comme j'avais tout fait pour que notre histoire foire, même si cela avait été de façon involontaire, comme elle avait toujours été trop bonne avec moi, me pardonnant plus d'un défaut et plus d'une erreur. Et voilà où nous en étions aujourd'hui ; elle venait de me sauver la mise en m'empêchant de monter dans un avion et je ne pouvais que la remercier en m'endormant sur son lit. Il allait falloir que je ne songe à lui offrir quelque chose de concret pour véritablement la remercier. Son silence me poussa presque à m'endormir et je ne me fis pas prier pour exécuter ce qu'elle me disait, soit de me reposer durant un moment dans son lit. J'acceptais donc sombrant dans un sommeil tinté par le son du rire que j'avais provoqué chez elle en lui disant qu'ensuite elle pourrait me virer à coups de pieds. Quand j'ouvris de nouveau les yeux, ce fut pour me sentir désorienté et limite nauséeux. Je prononçais son prénom tout en laissant les souvenirs d'avant remonter à la surface de mon cerveau. «  Je crois que je me suis aussi endormie.. Tu te sens mieux ? Tu as envie de prendre une douche peut être ? » Elle était là, près de moi et ne m'avait absolument pas abandonné comme je le lui avais demandé. Un sourire se dessina sur mes lèvres alors qu'elle se redressait lentement, ayant dormi dans une position qui ne devait pas être très confortable. Nos mains avaient toujours été en contact durant notre sommeil respectif et qu'elle ne brise ledit contact me fit perdre ce sourire. « Je ne serais pas contre cette douche..Je me sens...pâteux. » Me relevant alors avec une grimace, je la scrutais. « Mais et toi ? Tu as du dormir d'une façon bien difficile non ? » Me levant, je me rapprochais d'elle et de son visage et je glissais une main contre sa joue pour la caresser doucement tout en la regardant limite amoureusement et si je m'apprêtais à lui dire quelque chose de romantique, je me coupais dans mon élan, préférant demander : « C'est où la douche déjà ? » Riant nerveusement, je me dirigeais ensuite vers l'endroit qu'elle m'indiquait, tout en ne pensant plus qu'a elle.