Something went wrong ► PANKIRA

Je sentais mon cœur dans ma poitrine battre à m'en faire tourner la tête, à m'en faire mal aux côtes. Et je tremblais encore, fébrile, veillant sur Pandora qui semblait avoir perdu connaissance. La seule chose pouvant encore me rassurer était de voir son abdomen se gonfler faiblement à chacune de ses respirations.

Dans cette bulle de stress, d'angoisse, on était seuls. Les autres étaient restés en haut, sans doute de peur de dévaler cette pente et de se blesser à leur tour. C'était sans doute pour le mieux. La jeune femme rouvrit les yeux un instant, et je m'approchai, terriblement inquiet, pour écouter les quelques mots qu'elle parvint à articuler. Elle avait oublié ? Je me pinçai les lèvres, passant doucement mes doigts sur son visage. "Tu as fait une mauvaise chute. Ca va aller, mais ne bouge pas. Tu m'entends ?" Je voulais qu'elle me réponde. Si elle me répondait, c'est que ça allait, non ? Putain, j'aurais aimé savoir quoi faire...

Je levai les yeux alors que je remarquai le son des pales de l'hélicoptère qui approchait au dessus de nos têtes, et battait le vent, les vagues. Pandora fut rapidement prise en charge, placée dans un brancard qui immobiliserait son dos, hissée à bord de l'appareil. Et je fis tout pour m'y faire une place. Direction l'hôpital.

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Y a-t-il sur terre un endroit plus inquiétant que celui-ci ? Cette chambre d'hôpital, immaculée, bien trop propre, au parfum d’antiseptique si caractéristique. Je m'y sentais mal à l'aise. Mon amie était là, endormie sur le lit, une compresse sur la tête, un plâtre à la jambe. On n'était même pas dans notre pays. Alors pour le coup... J'étais bien le seul qui pourrait rester veiller sur elle. J'avais pris une chaise et m'étais installé près d'elle. Cela faisait plusieurs heures déjà que je scrutai son visage à la recherche du moindre signe de mieux ou de pire. J'avais posé les bras sur le lit, puis ma tête sur mes bras... et je m'étais endormi.

Je ne voulais pas...je ne voulais pas qu'il s'inquiète pour moi, je n'étais même pas sa petite amie... Mais le voir si inquiet je ressentais des remords alors que je reperdais conscience... J'entendais vaguement le bruit de l'hélicoptère mais je restais dans le noir complet... On partais très certainement pour l'hôpital le plus proche...

Je ne sais pas combien d'heures sont passées depuis mon accident ou plutôt ma chute et j'entrouvais faiblement les yeux alors qu'une lumière vint m'agresser la vue... J'étais désorientée, paniquée, j'avais la jambe dans le plâtre... J'avais mal partout et je pensais avoir au moins une côte cassée... Je voyais Akira... Pourquoi était-il là? Pourquoi lui ? Il dormait et je tentais de me redresser pour glisser ma main dans ses cheveux. "Akira ? " finis-je par murmurer en espérant le réveiller...

Je rouvrais doucement les yeux. La lumière vive des néons au plafond m'aveuglait un instant, mais ma vision floue fit bientôt le point sur le visage éveillé de Pandora, dont le regard encore faible était tourné vers moi. Je ne rêve pas ...? Non, elle a sa main dans mes cheveux, je la sens bien. Je glissai mes doigts sur son bras, la fixant en silence. J'avais le coeur serré, la gorge nouée. Le stress était encore bien présent, quoi que le soulagement que j'avais à la regarder droit dans les yeux était indescriptible. Je me redressai, me levant de ma chaise pour passer mes bras autour de la jeune femme. "Tu m'as fait peur... Idiote."

Je restai ainsi quelques longues secondes, faisant attention de ne pas lui faire mal en la touchant. J'avais aussi eu droit à quelques bandages pour lui avoir porté secours. Au bras, à la jambe et sur le dos, ma peau avait été écorchée par les rochers. Mais je m'en sortais mieux qu'elle.

Je défis mon étreinte, laissant mes mains sur ses épaules en la regardant. "Qu'est ce qui t'a pris ?" Oui, j'avais besoin de quelques explications. D'entendre qu'elle n'avait pas d'idées noires, que ça n'était qu'un sérieux badtrip qui avait mal tourné...

Il se réveillait après que j'ai glissé ma main dans ses cheveux...puis il passa ses bras autour de moi, comme si il semblait soulagé de me voir éveillée... Je m'en voulais de l'avoir inquiété de la sorte et je retenais avec beaucoup de mal mes larmes. "Je...je suis désolée Akira... Je ne sais même pas ce qui m'a pris... Je n'ai bu qu'un seul verre et je me suis retrouvée dans un état second..." Je ne savais même pas pourquoi j'avais bu ce verre, je ne me souvenais même plus de ce que j'avais pu faire ou dire et je me sentais tellement mal que j'avais envie de me cacher sous les draps... Ma jambe dans le plâtre me faisait mal, et je remarquais que Akira était blessé lui aussi...

Est-ce que je devais l'engueuler ou bien la consoler ? Franchement, aucune idée. J'avais du mal à ne pas lui en vouloir. Même si elle n'avait pas été consciente de ses actes, elle avait clairement rejeté mon aide et m'avait fait une peur bleue. Je me contentai pendant un moment de soutenir son regard, de façon presque sévère, voyant les larmes qui lui montaient aux yeux. "Tu as dû prendre quelque chose sans le savoir..." soufflai-je calmement, me disant qu'elle aurait aussi besoin d'y comprendre quelque chose pour aller mieux.

"Tu as dit quelque chose à propos de ton père avant de sauter." Je m'aventurais peut-être en terrain intime, mais je me doutais que quelque chose n'allait pas. "Il s'est passé quelque chose avec ta famille ?"

Je ne savais pas si tout ça était réel ou non, mais en tout cas la douleur que je ressentais à la jambe, elle, elle était bien réelle...J'espérais au moins ne pas avoir une côte cassée, mais si je devais garder ce foutu plâtre, je pouvais dire adieu au bronzage à cet endroit là... Puis Akira se mit à parler de mon père, qu'est ce que ça venait faire dans cette conversation ? Soi disant j'en aurais parlé avant de sauter, mais je ne m'en souvenais plus... J'avais la gorge nouée, mais il était peut-être temps pour moi d'en dévoiler un peu plus sur mon histoire...

"J'ai perdu mes parents à l'âge de 12 ans...voilà ce qu'il s'est passé...Ils ont été assassinés sous mes yeux le soir de mon anniversaire, enfin pendant la nuit...Au début je pensais qu'il s'agissait juste d'un cauchemar, mais quand j'ai compris que non je me suis retrouvée à vivre chez ma tante..."

Reparler de tout ça à un garçon dont j'étais devenue particulièrement proche me faisait tout de même mal au coeur... Surtout que ça faisait des années que j'avais essayé de ne plus y penser...

Je détournai le regard quand elle me déballa ce qui semblait être l'épisode le plus sombre de sa vie. Je m'étais attendu à beaucoup de choses, mais pas à ça. Pas à ce qu'elle soit orpheline. "Désolé. J'ai été indiscret." murmurai-je. Même si je ne lui avais pas forcé la main à me raconter cela, j'avais le sentiment que j'aurais mieux fait de me taire plutôt que raviver une douleur "passée".

Finalement, je tournai la tête vers la porte alors que le médecin entrait dans la pièce. Un homme à la stature imposante mais au sourire rassurant, que j'avais déjà eu l'occasion de rencontrer à notre arrivée. Il nous expliqua avec son fort accent que Pandora était stabilisée et pouvait ressortir dans la journée. Avec une paire de béquille qui la suivrait un petit moment, bien sûr. Je tournai de nouveau la tête vers la jeune femme, essayant d'esquisser un sourire qui se voulait plein de bonne volonté. "Je vais te filer un coup de main." Et je me levai alors que le médecin nous laissait, attrapant ses vêtements, lavés et pliés, qui avaient été déposés sur une étagère. J'me sentais bizarrement concerné. Peut-être parce qu'en sautant elle avait dit vouloir m'oublier, ou que la mort de ses parents me rappelait douloureusement le décès de ma mère. On avait peut-être plus en commun que je ne voulais bien le croire.

Je déposai les habits au pied du lit, et revins près d'elle, passant une main dans son dos pour l'aider à s'asseoir au bord du lit.

J'en avais peut-être trop dit ou pas assez, mais quelque part au fond ça m'avait fait du bien de lui en parler... Le médecin entra dans la pièce après que j'ai déballé mon passé à Akira et je pouvais comprendre que j'avais le droit de sortir de l'hôpital. Je lui adressais un faible sourire et fut surprise ensuite que Akira ne me propose son aide... Je me sentais bien conne avec mes béquilles et douée comme pas deux je savais que j'allais me galérer la vie. Akira m'aidait à m'installer au bord du lit et je retirais non sans afficher une grimace ma tenue de patiente d'hôpital... Ce n'était pas la première fois que j'en portais une et j'avais horreur de ça...

"C'est gentil de vouloir m'aider je suis désolée de t'imposer ça, vraiment..." Je me sentais terriblement coupable et je baissais la tête, honteuse...

Doucement, en prenant garde à chacun de mes gestes, je fis glisser sa blouse blanche le long de ses épaules et la lui ôtai, la déposant sur les draps, dévoilant son corps tâché d'hématomes sous les sous-vêtement qu'on lui avait sûrement remis entre-temps. "Ca va, ne t'en fais pas." Plutôt que traîner sur le bateau, j'étais finalement bien ici, avec elle. Je crois que j'aurais eu du mal à la laisser sous la surveillance de quelqu'un d'autre de toutes façons. "Disons que tu m'en devras une." lui fis-je presque tendrement, alors que je fis passer ses bras dans les manches de son haut. La tête suivit.

"Tu sais, j'avais un plâtre à la main en arrivant au Summer Camp. Je ne sais pas ce qui est le plus horrible entre le sable qui s'y immisce et qui te gratte, ou bien la chaleur qui te fait transpirer à l'intérieur... " Je relevai le regard vers elle en sortant ses cheveux pris dans le col de son vêtement. "Et puis marcher dans le sable en béquilles, je ne sais même pas si c'est possible." Je me montrais pessimiste, et je le savais. Mais c'était plus pour la taquiner qu'autre chose, pour se moquer gentiment de ses blessures au lieu de me morfondre sur la fin peut-être tragique qu'elle avait évité. L'ambiance avait été bien assez lourde comme ça. "Enfin... J'espère que ça te dissuadera de recommencer."

Sur ces mots, je me baissai pour faire glisser sa jupe le long de ses jambes. Et quand il fallut passer sous les fesses, je m'approchai d'elle. "Accroche toi." Et je fis passer ses mains autour de mon cou pour la soulever un court instant, le temps de finir de la rhabiller. Je la déposais de nouveau sur le lit, mais restai un instant contre elle. Ne dit-on pas que l'on réalise ce que l'on a lorsqu'on est sur le point de le perdre ? Je crois que je réalisais doucement.

Akira avait décidé de s'occuper de moi, c'était l'une des rares fois où il se montrait doux et attentionné, ça me changeait du Akira de mauvaise humeur et distant, même si je lui avais dit que son caractère de cochon ne me déplaisait pas, j'aimais bien cet Akira là aussi. Il m'aida comme il pouvait à me rhabiller et je me retrouvais en sous vêtements sous ses yeux, un peu honteuse qu'il voit mes hématomes, mais c'était de ma faute tout ça.... Le pire bad trip de toute ma vie et j'espérais que ce soit le premier ainsi que le dernier... J'avais risqué ma vie pour rien, à part rendre inquiet le jeune homme et je culpabilisais encore plus... Pourtant Akira réussit à me faire sourire .

"J'te réserve une nuit torride alors dès que je n'aurais plus mon plâtre." fis-je en le taquinant à mon tour, parce que malgré la situation, il fallait bien un peu d'humour entre nous non ? Surtout après ce qu'il m'était arrivé et j'espérais pouvoir oublier ces événements assez rapidement. "Je recommencerais plus, j'étais droguée et je n'arrivais pas à contrôler mes mouvements...Si tu savais à quel point je regrette... Puis je vais perdre toute ma sexytude avec le plâtre..."

Je le laissais me porter pour qu'il puisse me mettre ma jupe et je me retrouvais sur le lit, contre Akira, mon coeur s'emballait de nouveau, il n'était pas question d'adrénaline ce coup-ci mais d'un sentiment différent qui commençait à s'éveiller... J'étais clairement attachée à ce mec, je n'avais pas non plus envie de le faire fuir et je préférais taire ce début de sentiment...du moins pour le moment. Je passais mes bras autour des épaules du jeune homme et le serrait un peu plus contre moi, comme si j'avais peur de le perdre et décidais de l'embrasser sur la joue.

"Merci...d'être là avec moi." finissais-je par avouer.