※ DANAE, IT'S TIME TO BEGIN, ISN'T IT ?

Ben voilà le problème. Il parlait comme un schizophrène parce qu’il était schizo. À quoi bon chercher midi à quatorze heures ? La solution, il l’avait dans le creux de la main. Le diagnostic était tombé, il était malade, that’s all. « Je pense que je suis schizophrène. Un médecin devrait m’ausculter … Attends, t’es docteur ? Ausculte-moi, je t’en supplie. » Même si ça frôlait la proposition indécente, personne ne pouvait être aussi sérieux que Cody à ce moment précis. Ses yeux s’amarraient aux siens et restèrent ancrés de longues secondes. Il réclamait l’aide de Danae, il n’en pouvait plus de vivre dans le doute, là, étouffé par le poids de la culpabilité. Et c’était un cercle vicieux car plus elle tentait de prouver son innocence pour l’aider, plus il refusait de la croire. Là, c’était vraiment un Very Bad Trip et en film, c’était sûrement très drôle mais là, Cody douillait. Il jonglait entre la gueule de bois et la crise de panique, ce qui donnait lieu à un cocktail des plus explosifs. Une fois de plus, elle lui signifia qu’il n’avait tué personne. Il soupira et cingla froidement ; « Arrête de raconter des conneries. » Sur ce, il quitta la bâtisse qui surmontait le navire pour retrouver le pont où un vent frais lui claque au visage. Voilà, il avait besoin d’une gifle dans la gueule pour le réveiller. Peut-être qu’il dormait, peut-être qu’il était en plein clip de Thriller version pirate, peut-être qu’il était en face de Danae Jackson et qu’elle allait partir en moonwalk aussi vite qu’elle était arrivée dans sa vie. Il se tourna vers elle, il l’avait senti se glisser dans son dos malgré ses pieds nus. « Frappe-moi ! J’dois être en plein cauchemar ! Faut que je me réveille. » geint-il les mots étranglés, étouffés au fond de sa gorge, le regard plaintif. Si souvent l’alcool le transformait juste en gros relou de la vie, ce soir, il l’avait mauvais. Il le rendait mauvais.

Cody & Danae

When I met you in the summer

Le diagnostic était tombé : je me tenais face à un schizophrène. Le pire, c'est que j'avais dit ça en rigolant, mais que Cody, lui, était sérieux. Par ailleurs, il avait raison : j'étais bien médecin. J'avais toutes les compétences et toutes les cartes en main pour déceler la réelle maladie de Cody. Il me manquait juste l'IRM, mais bon, ce n'était qu'un détail. « T'as raison, je suis médecin, laisse-moi faire. » Je levais alors mes mains et les plaçais sur les tempes de Cody. Je fermais alors les yeux et restais silencieuse pendant quelques instants. Ouais, j'étais en train de lui faire un diagnostic à la manière des sorcières du dix-septième siècle. Ou dans d'autre termes, je lui faisais un diagnostic bidon, quoi. « Je crois que t'avais raison... T'es bien schizo, t'es foutu. », disais-je en secouant la tête. Puis je laissais échapper un petit rire. Je me foutais de lui, c'est vrai. Mais bon, il fallait bien que quelqu'un détende l'atmosphère. Malheureusement, si l'atmosphère se relaxa, Cody resta aussi inquiet et paniqué qu'avant ma petite blague. Même plus. Il sortit du bateau et nous nous retrouvâmes sous le pont. Le vent me fouettais le visage et un frisson me parcourus. Bon sang, il caillait. Cody se tourna alors face à moi et me somma de le frapper. Et moi, je ne savais pas quoi faire. Mes mots apaisant avaient tout l'effet inverse sur lui, et il était hors de question que je lui en décolle une. Alors, dans un geste de désespoir et prise d'un élan de folie, je me hissais sur la pointe des pieds et sans prévenir, plaquais mes lèvres contre celle de Cody. J'avais vu ça dans une série : retenir son souffle permet de stopper une crise de panique, et lorsqu'on embrasse, on retient son souffle. Je soutins le baiser pendant quelques instants, une vague de chaleur se répandant dans mon corps. Je décollais ensuite mes lèvres de celles de Cody, sans le lâcher des yeux. « Ca va mieux... ? », murmurais-je. C'était clair et net : j'étais moi aussi schizophrène. Il m'avait embrassé au bal de fin d'année et je l'avais repoussé, et c'était maintenant à moi de l'embrasser. Même si c'était seulement pour stopper sa crise de panique.

charney for ilh

Spoiler:

T’es schizo, t’es foutu. Le verdict était tombé et Cody, qui s’attendait à être submergé par une vague de soulagement, dut finalement se battre en duel avec une boule d’angoisse qu’il venait de se prendre dans la gueule. Non, bon, techniquement, l’angoisse, elle le bouffait depuis qu’il s’était réveillé semi-conscient sur la plage, alone, après la soirée avec son équipe. Mais là, il se battait pour sa vie, comme si on menaçait sa respiration d’un couteau sous la gorge, comme si ses poumons allaient lâcher d’une minute à l’autre, comme si son cœur s’arrachait de sa poitrine, veine cave par veine cave, ventricule par ventricule, pour sauter droit dans la gorge des crocodiles. Il y avait bien des crocodiles dans les Caraïbes ? Non ? Il fallait qu’il en ait le cœur net, il fallait qu’il le demande à Danae, il fallait … Elle était l’intello du groupe, Cody était le rigolo. Ahah, le rigolo. Bozo le clown en personne ce soir. Il n’avait même pas vu Danae se déportait devant lui, il n’avait même pas vu son visage s’approcher, même pas vu le carambolage de leurs bouches l’une contre l’autre … Il ne voyait plus, il sentait. Il sentait. Enfin il sentait quelque chose. Un rayon de soleil perçait le brouillard dans son cerveau et pour la première fois depuis son réveil, il sentait quelque chose. Il se perdit entre ses lèvres pendant une, deux, trois … Il ne comptait plus les secondes. Il avait le cerveau en OFF … OK, il était souvent en OFF avec lui, mais là, encore plus que d’habitude. Ils se décollèrent mais trop tôt, bien trop tôt. Il réclamait inconsciemment ses lèvres, chercha à les retrouver mais en vain. Danae lui demandait s’il allait mieux. Ah, c’était donc ça, un baiser thérapeutique. Un dernier regard en biais et Cody fit volte-face et gagna la passerelle servant à rejoindre le port, la descendant en trottinant pour fuir Danae. Pour la première fois depuis toute à l’heure, il comprenait enfin ce qu’il lui arrivait et … Merde, il comprenait enfin ce qu’il lui arrivait. Ça marchait. Ça marchait putain. Rouler des pelles guérit la santé mentale. À mi-chemin, il fit de nouveau volte-face et revint sur ses pas. Elle n’avait pas bougé, peut-être qu’elle croyait au retour du Jedi. Il se hâta jusqu’à elle. Trois, deux, un, zéro mètre. Largage, décollage immédiat. Dans sa tête, c’était le bureau de la NASA en plein lancement de la fusée Ariane. Ça bouillonnait de partout, ça criait, ça se serrait dans les bras … Et Cody embrassa Danae, plaquant son bras dans son dos comme si ça suffirait à l’empêcher de prendre la poudre d’escampette comme au bal. Il fit et défit le baiser et, sans relâcher l’étreinte. « ça va. » Mieux ? On s’en fout. L’important, c’était que ça allait. C’est un fait, Cody Bleeker a besoin de Danae Olsson.

Spoiler:

Bon, ben … Voilà. Voilà, voilà. Si Cody devait donner un mot pour décrire l’instant présent, il choisirait certainement ’irréel’. Hors du temps. Pourtant, ça semblait être la chose la plus censée que le Lowell avait faite ce soir. Pourtant, ça n’aide pas le jeune homme qu’il s’embrasse comme ça, une fois, deux fois … Trois fois. Quatre fois en tout. Chacun avait fait deux fois le premier pas, maintenant ils étaient à égalité. La fin du match n’avait pas encore sonné mais Cody sentait qu’ils auraient le droit aux prolongations. Ils feraient tout pour, même si son objectif de ce soir n’était pas d’arriver aux tirs au but. Note à moi-même, pour une meuf qui ne suit pas le foot j’suis calée hein. Il se rappelait la nuit du bal, quand elle s’était cassée après qu’il l’ait embrassé … Pour se détendre. Ouais ça le détendait, la preuve par l’image là. De Panic Room il passait au Silence des agneaux en trente secondes chrono. Cody se figea, éternisant cette étreinte comme s’il craignait à tout moment que Danae se barre de nouveau. L’image de la Quincy en robe noir scintillante et qui se précipitait à l’intérieur de la salle de bal juste après leur smack repassait en boucle. Rien ne lui promettait que l’épisode ne se reproduirait pas, à la différence qu’elle était en pyjama donc forcément, Danae serait moins glamour. Et encoreeeee, non, ce n’était pas donné de porter aussi bien qu'elle le pyjama et Cody ne pensait pas ça uniquement parce qu’il avait sa langue dans sa bouche il y a même pas deux minutes. « T’échappe pas. » glissa-t-il dans un murmure étranglé tandis qu’il riva son regard dans le sien, attrapant et plaquant entre ses doigts une mèche de ses cheveux livrée aux caprices du vent. Il la suppliait du regard de ne pas le laisser en plan. Là, ce serait trop dur. Il risquait de se jeter par-dessus le pont dans un élan de perdition et de frustration. « ça va mieux, j’ai étranglé personne, j’ai tué personne, j’ai enterré personne. » ajouta-t-il comme si ces arguments allaient convaincre Danae de ne pas l’abandonner.  

Cody & Danae

When I met you in the summer

Je n'en revenais toujours pas de la tournure qu'avaient pris les événements. Il y a seulement quelques jours, je me débattais avec mes sentiments et vivais encore dans le déni de mon attirance envers Cody. Si on m'avait dit que nos lèvres se lieraient autant de fois cette nuit, je n'y aurais pas cru. Cette tournure me plaisait particulièrement. Je m'en rendais compte rien qu'à la vague de chaleur au creux de mon estomac ou aux frissons qui parcouraient mon corps lorsque nos lèvres se touchaient. Je n'avais pas prévu ça du tout. Ce n'était pas dans mes plans. Je n'étais pas censée tomber sous le charme de Cody Bleeker. Et pourtant, c'était finalement arrivé. Et je n'avais pas peur de l'admettre. Cody décolla ses lèvres des miennes, ne relâchant pas son étreinte, et plongea son regard dans le mien. Dans un murmure étranglé, il me supplia presque de ne pas fuir une nouvelle fois. Un sourire se dessina sur mon visage. « Je ne vais pas m'échapper. Pourquoi je m'échapperais ? » Pourquoi je m'échapperas ? Peut-être parce qu'au bal, je m'étais sauvé comme une voleuse après notre baiser, abandonnant Cody sur le trottoir. Je n'étais sans doute pas la seule à m'être posé mille et unes questions après cette fameuse nuit. Cody avait probablement été désemparé, tourmenté, se demandant pourquoi je l'avais fui de la sorte. Mais j'avais réfléchi, j'étais revenue. Et il était clair que je n'irais nul part. « Je sais que t'as tué personne, c'est ce que je te répète depuis tout à l'heure. Tu en es persuadé aussi, maintenant ? », demandais-je, histoire d'être bien sûre qu'il n'allait pas paniquer de nouveau. Il avait toujours du sang sur ses mains, après tout.

charney for ilh

Spoiler:

Pourquoi elle s'échapperait ? Pourq... Elle était sérieuse ? Cody la dévisagea, craignant ne pas comprendre le sens de sa phrase. Elle déconnait ou quoi. Pourquoi elle s'échapperait … Peut-être parce qu'elle l'avait – limite – rejeté le soir du bal ? Qu'il y avait dû y avoir un malentendu et que, de ce fait, un baiser plus tard elle se barrait loin de lui pour ne plus lui donner de nouvelles pendant de loooongues semaines ? Danae avait de la chance que Cody ait été particulièrement occupé avant le départ en Summer Camp car, dans le cas contraire, elle aurait vu sa boîte vocale inondé de théories archi détaillées par rapport à leur baiser, le tout provenant d'un Bleeker un peu beaucoup alcoolisé. Elle avait échappé à ça, veinarde. « J'en sais rien, pourquoi tu t'es échappée au bal ? » En fait, il ne savait pas s'il avait envie de connaître la réponse. Ou alors, qu'elle reste dans le domaine du sentimentalement gérable, du style 'j'avais une envie pressante' ou 'tes lèvres eurent le même effet sur moi que si j'avais embrassé la ventouse des WC'. Le reste, il ne voulait pas l'entendre. Son cerveau était un champ de mine donc si on lui parlait de surdose d'émotions, d'attirance, de doute, de peur … ça finirait par s'écraser là où il ne faudrait pas et BOUM, Cody dead. « Persuadé ? Non, non ... » Allez, voilà, de nouveau il ne savait même plus ce qu'il disait. Il lâcha Danae, recula, et vint machinalement frotter ses mains contre le tissu sur ses cuisses. Les traces de sang étaient comme les chaussettes de l'archiduchesse, c'est-à-dire sèches archi sèches donc ce qu'il faisait ne servait strictement à rien mais ça le rassurait, d'une certaine manière.

Spoiler:

Prise par surprise ? Danae avait quand même été mise au parfum que Cody comptait faire sur elle ce qui le détendait le plus. Il n'avait donc pas vraiment joué la carte de la surprise mais il fallait bel et bien croire que ça avait surpris à perturber la jeune femme. Si un jour il l'invitait à la cascade, il la préviendrait des jours à l'avance pour être sûr qu'on ne lui pique pas la place. Bonjouuur c’est moi Marie la chieuse qui n’en démord pas avec ça. Bonjouuur Marie (spoiler de mes réunions des chieuses anonymes). Cody avait toujours eu un très mauvais timing avec ce genre de choses. « OK, ben la prochaine fois que je veux t'embrasser je t'envoie un message, un fax, un pigeon voyageur. Comme ça tu sauras te préparer. » Et là, aucun risque qu'elle parte en courant. Quoique ce soir, elle était encore là malgré le sale état de Bleeker et malgré leurs baisers passionnés sans avis de réception. Vue sa gueule, même dans un bar de sourds et d'aveugles, il rentrerait bredouille. Maintenant, c'était ses mains qui le perturbaient. Tout laissait penser que ce sang venait de lui et lui seul – mazel tov, ses premières menstruations – et c'était d'autant plus déconcertant qu'il ne voyait pas où il était blessé. Qu'importe, il ne voulait pas rester une seconde de plus dans sa saleté. « Je dois me débarrasser de ça. » déclara-t-il en mettant ses mains en avant, bien en évidence pour que Danae admire le chantier. Non pas qu'il attendait son approbation, mais disons qu'il n'avait pas envie de sauter à la mer pour se débarbouiller et il n'avait aucune idée de l'endroit où se trouvaient les salles de bain sur ce voilier. Il s'empressa d'ajouter ; « Oh, tu notes ? T'as un crayon et un papier ? Dans deux minutes je t'embrasse. » La variance du temps d'attente était de 10 secondes au carré. Je ne sais même pas ce que ça veut dire mais ça donne l'air intelligent.