Encore une journée à travailler à la bibliothèque. Le soleil brillait certes à l'extérieur et la température ne donnait que très peu envie aux étudiants de rester lire enfermé, mais toi, cela ne te dérangeait pas. Tu étais à l'accueil aujourd'hui, tu n'avais donc rien de spécial à faire vu le peu de monde, et tu te consolais en lisant un livre de l'établissement que tu avais emprunté la veille en prévision de ce désert social. Tranquillement installé dans le fauteuil à roulettes bien utile dans ce genre d'attentes, seul le bruit des pages qui tournaient résonnait dans le bâtiment.
Soudain, tu eus une idée. Tu étais seul, tu savais que tu pouvais te permettre d'être un peu plus laxiste dans ce genre de situations, alors pourquoi ne pas envoyer un SMS à William ? Tu savais que le jeune homme qui te servait d'ami avait de nombreux points communs avec toi, donc le fait d'aimer les livres (donc il ne serait pas dérangé de venir ici), de ne pas être hyper sociable (même si tu travaillais là-dessus de ton côté) et de ne pas être forcément un accro de l'extérieur si de meilleures choses se présentaient. Tu lui proposas donc de te rejoindre ici, vu que cela faisait longtemps que vous vous étiez croisés, et attendis le réponse, puis son hypothétique venue en reprenant ta lecture.
D’accord, l’été arrivait, les oiseaux chantaient, le ciel était bleu, les jupes étaient courtes & la durée des célibats aussi. Mais en quoi cela devait-il rendre tout le monde euphorique ? William ne comprenait pas. Enfin, si, il comprenait, et encore une fois, 99% des Harvardiens se trouvaient dans le panier des gens joyeux à la vue du soleil & du Summer Camp approchant. Il faisait partie du pourcent restant, celui qui n’était pas emballé par le soleil & tout ce qu’il annonce. Il l’aurait été en temps normal, pas non plus au point de sauter au plafond, mais un minimum. Mais pas aujourd’hui. Ces temps-ci, il était d’humeur terrible. Il ne mangeait que peu, lorsqu’il sentait les vertiges le submerger. Il dormait mal et se bourrait de somnifères pour passer une nuit tranquille. Lui, l’anti-drogue avalait cacheton sur cacheton pour arrêter de penser. Il avait l’impression que son liquide céphalo-rachidien, pour dire ça poétiquement, bouillonnait, rendant chaque bribe, chaque essai, chaque ébauche de pensée, douloureuse. A cause d’elle. Sarah. Pourquoi repenser à elle après tant de temps ? Certes, elle ne l’avait jamais vraiment quitté, mais il avait toujours su garder le contrôle. Mais c’en était fini. C’est un SMS qui le sortit de sa transe, encore assommé par les somnifères de la veille. Devyn voulait le vouloir ? Pourquoi pas. Il lui répondit quelque chose qui devait être un « J’arrive », il n’était pas sûr, l’écran de son téléphone était complètement flou. Il se leva, une douleur lui vrilla les côtes. C’était quoi, ça ? Aucune idée. Il grimaça, lâchant un gémissement. Il se dirigea vers la douche, jongla entre eau chaude & eau froide pour se réveiller. Ce fut vain, il ne réussit qu’à se cogner contre la paroi de verre pour échapper à un jet d’eau vraiment trop froid. Il enfila le premier T-shirt qu’il vit et un jean, noua ses lacets en tentant de contrôler ses tremblements. Il quitta le bâtiment des Lowell pour se diriger vers la bibliothèque de Cambridge où il devait retrouver son ami. En chemin, il aperçu son reflet dans une vitrine ; il était blême. Il serra les dents, poursuivant son chemin en pressant le pas. Enfin, il poussa la porte de la bâtisse, faisant tinter une clochette suspendu au dessus de la porte. Il n’eut pas de mal à trouver Devyn, il était apparemment la seule personne présente ici. Il s’avança, pris place en face de lui en lui lançant ; « Je te manquais ? » Oh mon dieu, voilà qu’il se risquait à faire de l’humour.
William et toi, c'était une longue histoire, qui remontait même à avant ton arrivée ici, aux Etats-Unis. Vous vous étiez connus à Londres, donc depuis plus de 6 ans, ce qui était énorme pour toi. Après tout, tu n'avais beaucoup d'amis alors quand tu en avais, tu les conservais longtemps, très longtemps. Du coup, quand William avait débarqué ici, à Harvard, tu n'en avais pas cru tes yeux mais en avais été réellement heureux. Bien sûr, vous aviez gardé le contact par mail et par Skype, mais ce n'était jamais parlé qu'en vrai comme depuis cette année. Malgré tout, vu votre peu de facilité sociale, vous ne vous voyiez pas si souvent que cela, les examens vous avaient même empêché de vous voir. Maintenant que l'année était finie, il allait être plus simple de se croiser, surtout si tu venais au SC, ce dont je n'étais pas su, ne t'en ayant pas parlé avant.
Au moins avait-il répondu oui à ton invitation, déjà la moitié du chemin était faite. Cependant, quelque chose clochait : d'habitude William ne faisait aucune faute et là, il avait écrit "arriv", tout simplement. Allait-il mal ? Tu t'en inquiétais. Tu savais que l'anglais était du genre encore plus renfermé que toi, mais aussi solide et s'il montrait qu'il n'allait pas si bien que cela, c'était que l'heure était grave. Et comme tout ce qui touchait tes amis, tu avais réellement tendance à t'en faire. Après, tu ne t'attendais tout de même pas à le voir débarquer ainsi, pâle comme un squelette et semblant marcher par on ne sait quel moyen. Il n'avait même pas besoin de s'approcher pour que tu t'en rendes compte, et tu fis la seule chose qui te semblait acceptable de son point de vue : tu apportas le deuxième fauteuil identique au tien juste à côté du premier, et lui fis signe de s'y asseoir.
Bon sang, Will ! Tu aurais dû me dire que ça n'allait pas, je serai venu te voir plutôt que te faire venir ! Déjà que tu fais peur en temps normal, c'est encore pire là !
Tu étais tellement inquiet du visage qu'il affichait que tu ne relevas pas instantanément ce qu'il avait dit mais quand tu le fis, tu lui jetas un regard étonné, puis sourit légèrement.
Il faut croire que oui. Mais je confirme que tu as un problème, ça ne te ressemble pas ça, de t'intéresser aux sentiments des autres.
Ah, William le sociopathe... Si toi tu n'allais pas franchement vers les gens, c'était pathologique chez lui, en plus du fait qu'il avait autant de mal que toi à comprendre les gens. Mais là, s'il affichait une telle tête, c'était que l'heure était vraiment grave. Vraiment vraiment même. Fallait dire aussi que là, tu lui parlais même plus que d'habitude, inquiet que tu étais. C'était pour cela que tu insistas, même si ce fut de manière plus douce, presque timide.
[color=plum]Qu'est-ce qui t'arrive ? Je sais que tu aimes autant parler de toi que moi mais là... Franchement, tu as l'air d'en avoir besoin. Enfin, si tu veux.
Assis en face de Devyn, William ne le regardait pas dans les yeux. Il avait voulu venir parce qu’il savait que s’il ne sortait, il allait tout droit à la folie. Cependant, il ne voulait pas affronter son regard. Lui qui d’ordinaire ne craquait jamais, menant sa petite vie tranquillement, se retrouvait plus bas que Terre et il ne voulait pas que son ami en contemple le résultat. Nerveusement, son genou se mit à tressauter, comme souvent lorsqu’il était en état de stress. D’habitude il aurait su contenir ces spasmes, mais pas maintenant. Devyn avait remarqué que son état n’était pas normal, il lui lâcha même que « Déjà que tu fais peur en temps normal, c'est encore pire là ! », s’il avait eu le courage de le rabrouer, il l’aurait fait, mais il savait qu’il avait raison. Pas sur le fait qu’il faisait peur en temps normal, sur le fait que là, il avait une sale tête. Histoire de dire qu’il l’avait entendu et que sa réponse ne lui plaisait pas, il leva les yeux au ciel. Puis les remarques s’enchainaient. C’est vrai qu’il ne s’intéressait pas aux autres en temps normal, il avait même du mal avec ses propres amis. C’était nouveau pour lui, il apprenait, il ne demandait pas toujours « Comment ça va ? » parce qu’en deux jours de temps, il ne s’était surement pas produit de quoi affoler la planète entière. En s’essayant à l’humour en demandant au blond s’il lui avait manqué, ledit blond avait tiqué. Finalement, William se dit qu’il aurait du rester à la Lowell House à végéter dans son plumard. Tentant d’éloigner Devyn de ce sujet, William lui répondit ; « Je ne vois pas de quoi tu parles. » Il haussa les épaules, fuyant son regard. S’il insistait, il n’aurait qu’à lui dire qu’il avait mal dormi cette nuit et voilà. Continuant sur son changement de sujet, William retourna sa question à Devyn ; « Et toi, comment tu vas ?» il avait bien le droit de demander à son ami comment il allait, non ?
Parfois, tu aurais presque regretté d'être relativement observateur, encore plus avec tes amis. Tu n'avais peut-être pas eu besoin de l'être pour voir sa tête en ambiance fantomatique, n'importe qui l'aurait vu. Non, tu aurais préféré ne pas être si observateur car tu n'aurais pas vu le tremblement de son genou dans ce cas. Était-il malade e aurait voulu te le cacher ? Avec William, tu n'étais sûr de rien. Il était capable du meilleur comme du pire dans son caractère, et comme toi, c'était plus souvent du pire que du meilleur. Là, si on parlait de mariage, ça serait même divorce direct avec vos deux caractères, franchement. Tu te doutais tout autant qu'il n'allait pas apprécier ton maigre trait d'humour, ce qui fut confirmé par ses yeux levés au ciel... et même pas de pique habituelle ? Non, là, il n'allait réellement pas bien : il pourrait te dire ce qu'il voulait, tu ne le croirais pas. Ah, il ne voyait pas ce que tu voulais dire ? Franchement, pour qui se prenait-il ? Tu n'allais cependant pas t'énerver pour si peu, tu connaissais suffisamment William pour savoir que c'était son moyen de défense et qu'il n'y avait rien de particulièrement agressif là-dedans. Et puis, ton ami semblai avoir oublié quelque chose... Tu étais têtu, très têtu, et tu ne le lâcherais pas comme cela. Un vrai petit roquet selon certaines personnes. S'il n'y avait réellement rien eu, tu me l'aurais dit en me regardant, ce qui n'est pas le cas. Et ne me fais pas croire que c'est juste un manque de sommeil. Ça fait plus de 6 ans qu'on se connaît, et je ne t'ai jamais vu comme ça, même quand on enchaînait les nuits blanches. Tu avais tellement senti venir cette excuse bidon que tu avais préféré le devancer, même si tu savais également que le bloquer pour le faire avouer risquait également de le braquer. Mais là, très franchement, vu le peu de self-contrôle dont il semblait disposer, tu avais tes chances. Le voir tenter de se rattraper en te demandant si tu allais bien aurait pu te faire sourire en temps normal, mais tu conservais là ton air préoccupé. Hormis ton état, je vais bien oui. Une 6ème année validée aide toujours au moral, être au milieu des livres aussi.
On avait déjà fait remarquer à William plusieurs fois son manque total d’empathie ainsi que son cynisme et son fort tempérament vaniteux, Sarah étant restée le maître en ce domaine. Sarah. Ce prénom fit frissonner William qui vit les poils de ses bras se hérisser. Devyn venait de dire au jeune homme que s’il n’avait réellement rien eu, il lui aurait dit ça en le regardant droit dans les yeux, et il avait raison. Là, il se sentit idiot. Comment avait-il pu négliger ça ? Ne pas regarder Devyn était un évitement, mettant en avant son mal-être. Foutu langage corporel. William comprenait d’avantage pourquoi Sarah était partie ; vivre avec une personne comme ça, capable d’extraire la vérité aux nez & à la barbe du plus fin des menteurs devait être une chose terrible. Sarah. Encore Sarah, nouveau frisson. Il n’aurait qu’à dire qu’il avait froid. Il soupira lorsque Devyn commença à le sermonner, les rôles étaient inversés. D’habitude, c’est l’aîné qui sermonne le cadet, non ? Passons. S’enlisant dans ses mensonges, il insista ; « C’est rien, j'ai du prendre froid. J’ai eu du mal à dormir et j’ai pris un somnifère. Il était plutôt costaud & les effets sont toujours présents. Mais je vais bien, détends-toi. » C’était un « Ne t’aventure pas sur ce terrain » caché qu’adressait William à son ami. Il lui avait confié des tas & des tas de choses mais aujourd’hui, il ne pouvait pas lui dire la vérité, c’était impossible. Alors lorsque le blond lui parla de son année validée, William resta dans la sobriété. Il n’était pas un extrémiste, les effusions de joies chez lui se cantonnaient à un sourire franc & à une tape amicale. Et encore, seulement à ses plus proches amis comme le Gale. Il sourit, ne voulant tenter le diable à se lever pour le moment. Les murs tanguaient-ils autant d’habitude ? Il congratula ensuite Davyn, faisant-fit de sa pique ; « Il était impossible que tu ne la valide pas. Félicitations Devyn. »
Il frissonnait. Pour n'importe qui, cela n'aurait été rien du tout, une réaction normale, même s'il faisait beau et chaud, mais cela confirmait de plus en plus tes doutes. Il fuyait ton regard, était moins réactif que jamais et ne se maîtrisait pas physiquement : il te cachait quelque chose, et cela était assez grave pour qu'il ait du mal à se contenir. De la part d'un professionnel de la maîtrise de soi, cela n'était véritablement pas bon signe. Le deuxième problème était que, certes, tu n'étais pas forcément du genre très expansif non plus, mais tu étais irrémédiablement curieux et voulais toujours savoir ce que l'on te cachait. Son excuse de prendre froid ne tenait pas à tes yeux, tu insistas donc.Depuis quand prends-tu des médicaments juste pour dormir ? Tu as toujours été contre ça, et ce n'est pas une nuit blanche en étant malade qui aurait changé ça, je n'y crois pas une seconde. Non, tu ne le croyais pas, sans même savoir vers quoi tout cela allait dériver au final. William avait en tout cas décidé de botter vers ton année validée, et tu ne pus t'empêcher de sourire à ces félicitations, la première chose sincère qu'il faisait depuis son arrivée dans la bibliothèque. Merci. Et j'aurais pu ne pas la vaider, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Et toi alors ? Un hors-sujet théorique, des juges n'aimant pas ton travail... Oui, tout pouvait arriver, même si tu étais toujours resté confiant. Le silence s'installa entre eux deux, silence que tu ne peux t'empêcher de briser. Tu sais, on est des amis... et je sais que si j'avais quelque chose qui me ruinait jusqu'à la santé comme toi, je t'en parlerai. C'est réciproque, tu peux me le dire, cela ne sortira pas d'ici.
Devyn était un détecteur de mensonges humain, tout comme William. Ils avaient ce point commun parmi de nombreux autres, mais il faisait partie des plus compliqués à gérer. Surtout maintenant. William regrettait que Devyn soit aussi perspicace et observateur, pour une fois il aurait souhaité que son ami ne soit pas plus futé que le citoyen lambda, histoire de passer un bon moment avec lui en évitant une ribambelle de questions. Ne s’avouant pas vaincu, il insista ; « Je sais que ce n’est pas dans mes habitudes, mais crois moi, je n’arrivais vraiment pas à dormir. J’ai du attraper un gros rhume, quelque chose comme ça. Je ne pouvais pas fermer l’œil, qu’y a-t-il de mal à céder à la facilité une fois dans toute une vie ? » Il aurait pu se gifler tant ses propos allaient à l’encontre de ses propres convictions, mais bon, il se devait d’être convaincant auprès du Gale. Même si cela paraissait impossible à croire, le Gale devrait faire un effort. Autre chose impossible à croire, que Devyn ne valide pas son année. Il était brillant, William ne croyait pas qu’il puisse échouer à ses examens. Il lui répondit donc ; « C’était impossible que tu ne la valide pas Devyn, à moins d’avoir le corps entièrement plâtré. Et encore, je suis sûr qu’ils te feraient passer les tests à l’hôpital » Il haussa les épaules, qu’en était-il de sa scolarité ? Eh bien, il avait validé son année. Sa première année à Harvard. « J’ai validé ma première année. C’est passé à une vitesse… » Il mima un bruit de réacteur d’avion, ou de Formule 1, bonne question. Il allait entamer sa seconde année à Harvard à la rentrée, il n’avait pas vu l’année passer.
Plus votre discussion se déroulait et plus William te semblait franchement bizarre. Une personne ne le connaissant pas n'aurait certainement rien remarqué, vu qu'il leur ressemblait en ce moment même... mais tu savais très bien que ton ami n'était pas une personne lambda. Au contraire, il était loin de l'être et c'était cela qui avait de vous des amis. Alors l'entendre tenir un tel discours sur le fait qu'il fallait parfois céder à la facilité... Tu ne pouvais pas y croire et avais plutôt l'impression qu'il se payait de ta tête, ce qui se fit ressentir dans tes propos.Sérieux William, arrête tes conneries. On dirait que tu viens de sortir d'un cercueil, pas d'un simple coup de froid associé à un somnifère trop fort. Et tu es trop têtu pour avoir changé d'avis juste pour ça. Tu ne céderas pas, tu le savais. Tu ne céderais même pas face à ses félicitations pour ton année et à ses légères flatteries, même si elles te radoucirent quelque peu. Faire du théâtre en étant bloqué à l'hôpital aurait été délicat, mais c'est vrai qu'il m'en aurait fallu beaucoup pour ne pas les passer. En plus, lui aussi avait validé, c'était plutôt chouette. Le contraire m'aurait étonné, mais toutes mes félicitations également. Tu n'osas pas lui taper sur l'épaule comme il te l'avait fait, de par la fragilité qu'il affichait. Tu hochas cependant la tête face à sa dernière remarque. C'est vrai, on a même à peine eu le temps de se voir. Et cette année, j'ai pris une grande décision : je vais au Summer Camp. J'ai décidé d'intégrer les Lowell à la rentrée alors... Autant essayer de m'intégrer un minimum.
La discussion entre les deux anglais devenait stérile. William s’entêtait, déjà têtu de nature, à ne rien dire à Devyn sur la véritable raison de son mal-être. Devyn quant à lui ne lâchait pas l’affaire, comme le roquet de mémé rongeant son os. Le Kane n’était pas décider à baisser les armes, à se livrer à Devyn. Certes ils étaient amis mais il se voyait mal lui lancer « Je n’ai pas pu retenir Sarah il y a quatre ans, c’est surement la pire erreur de toute ma vie. Pourquoi je n’ai pas réussi ? Demande-le-lui, elle a eu les mots parfaits pour me le dire. Enfin, elle t’en a peut-être déjà parlé, puisque tu lui parles toujours, TOI. ». Inspirant profondément pour se donner une contenance, il rétorqua, se montrant aussi convainquant que possible ; « Tu fais fausse route. On se connait depuis des années mais l’erreur est humaine. Tu te trompes. » Il commençait à avoir du mal à se contenir, Devyn semblait vouloir la vérité et ça lui serait peut-être fatal. Enfin, façon de parler, il n’allait pas le tuer s’il parvenait à ses fins, mais il serrait face à une vraie tempête. Malgré sa faiblesse apparente & ressentit, il renfermait une telle colère, une si grande noirceur que s’il commençait à la déverser, il ne pourrait plus s’arrêter. Il remercia Devyn d’un signe de tête, n’arrivant pas à desserrer ses mâchoires. Lorsqu’il commença à parler du Summer Camp, il capta son attention. Alors lui aussi, il sautait le pas ? « J’y vais également… » Ces mots, il les avaient prononcés presque pour lui-même. S’il semblait répondre à Devyn, il venait de réaliser qu’ils se côtoieraient là-bas. Il appréciait sincèrement Devyn, c’était son ami le plus proche de par le fait qu’ils aient énormément de points communs mais aussi parce qu’il était son seul contact Londonien. Il sentait qu’il allait craquer si Devyn poursuivait sur sa lancée, il ne voulait pas que cela gâche leur amitié, il découvrait ce mot avec lui. C’est donc pour la préserver qu’il se leva, s’appuyant sur les accoudoirs de la chaise pour ne pas chanceler ; « Je devrais peut-être aller me reposer pour être en forme. » Il sourit légèrement, ainsi il évitait toute engueulade.