(+) Ma femme me pousse dans les bras d'un autre... le canapé. w/Thaïs

« Ouais, j’ai déjà été plus performant »marmonnais-je avant d’hocher la tête et de détacher l’oreiller et la couverture que j’avais coincé avec une ficelle pour rosbif sur mon dos puis, pour être certain de ne pas la toucher et de virer de la chambre, je me couchais sur le tapis de son côté, calant mon oreiller sous ma tête. « Bonne nuit chaton »murmurais-je avant de soupirer. C’était toujours mieux que rien et puis, je pouvais l’entendre respirer, sentir son parfum, bref être près d’elle.

« Tu peux m’expliquer pourquoi tu dors sur ce tapis ? » fit-elle en soupirant, désespérée à l’idée de ne pas s’être faite entendre. « J’ai pas dit que tu devais dormir par terre ! » poursuivit-elle avant de laisser échapper un petit gémissement de douleur parce qu’en prime, plus agités que les jumeaux ce soir, il fallait déjà le faire. A croire qu’ils prennent déjà exemple sur leur papa qui avait joué les Tarzan en herbe pour la retrouver en grimpant jusqu’à la fenêtre. « Viens te coucher ! »

« Ben tu m’as demandé de pas te toucher et je suis qu’un homme profondément amoureux de sa femme alors, je résiste à la tentation en ne m’y soumettant pas » répondis-je comme si la réponse coulait de source mais son petit gémissement ne passa pas inaperçu pour autant. « Tu veux que j’essaie de les calmer ? » lui demandais-je en me retenant de poser ma main sur son ventre à grande peine alors que je m’étais redressé à genoux pour la toiser avec inquiétude.

« Mouais… un homme profondément amoureux de sa femme qui l’a soigneusement zappée toute la soirée ! » grogna-t-elle sans pouvoir s’en empêcher avant de se rendre à l’évidence : couchée, elle n’était pas bien installée. Thaïs glissa son boudin dans son dos avant de se redresser en position assise pour mieux gémir de plus belle. « Bordel Raphaël vient de se retourner il a pas fait semblant » fit-elle, sourcils froncés, avant de croiser le regard de Caleb en sentant d’ici son inquiétude. « Je veux bien que tu essayes s’il te plaît… »

« Je me suis déjà excusé pour ça Thaïs ! » soupirais-je même si pour une fois, elle avait la rancune tenace mais à part des excuses, je pouvais pas faire grand-chose mise à part ramper à ses pieds. « Ils sont de plus en plus agités »fronçais-je les sourcils avant de poser mes mains sur son ventre et de parler à mes petits bouts en allemand. Je ne savais pas pourquoi mais cette langue semblait les apaiser à chaque fois. « Est-ce que cela va mieux maintenant ? » lui demandais-je en caressant une dernière fois son ventre et m’écartant à regret.

« Ouais bah je suis pas sûre que tu aies conscience des choses ! Puis j’ai mal partout à cause de ça ! » grogna-t-elle car pour une fois, Thaïs ne s’écrasait pas et la douleur parlait sûrement pour elle. « Ils manquent de place » fit-elle valoir, et cela prouvait sûrement que l’accouchement ne saurait tarder. Cela ne faisait que l’angoisser plus encore même si comme d’habitude, Caleb parvint à les calmer en moins de deux en leur parlant en allemand… et chose surprenante, la blondinette se mit à pleurer à chaudes larmes. « Oui ça va mieux » articula-t-elle avec difficulté.

« Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?! Dis-moi ! Je sais que j’ai merdé et que j’ai passé trop de temps avec Elisandra en te délaissant pour l’occasion » soupirais-je tout en retenant de lui dire que personne lui avait demandé de m’attendre des heures assises dans un fauteuil mais je n’étais pas certain que cela jouerait en ma faveur. Par contre je fus totalement dépassé quand elle se mit à pleurer et n’écoutant que mon amour pour elle, je me redressais pour venir la prendre dans mes bras. « Non cela ne va pas mieux, regarde, tu es en train de pleurer… Tout va bien se passer ma chérie »

« Je sais pas !! Tu aurais pu appeler ! Tu sais que j’étais à deux doigts d’appeler les flics et le service des personnes disparues parce que j’arrivais pas à te joindre ni à joindre Elisandra ?! » s’emporta-t-elle au même titre que lui car après tout, il fallait bien crever l’abcès et inutile de garder cette rancœur-là. La preuve, ça la faisait pleurer même si les bras de Caleb autour de son corps lui firent du bien. « J’étais tellement inquiète pour toi… j’avais peur qu’il te soit encore arrivé quelque chose sur la route… et puis je t’ai même pas dit merci d’avoir calmé les jumeaux, je suis en dessous de tout… »

« Je suis désolé Thaïs. Je n’ai pas entendu mon téléphone sonner et j’ai pas vu l’heure passer non plus » soupirais-je en l’attirant à moi pour la réconforter. Je n’avais pas eu conscience qu’elle puisse s’inquiéter de cette façon mais j’aurais dû m’en douter, elle était si anxieuse surtout depuis mon accident à cause de la grand-mère. « Arrête, tu n’es pas en dessous de tout, c’est moi qui ait merdé sur toute la ligne. Je ne voulais pas t’inquiéter chaton » murmurais-je en déposant des baisers sur son front. « Il faut que tu essaies de dormir, tu es crevée »

Depuis qu’il avait eu son accident lui ayant fait perdre la mémoire, le moins que l’on puisse dire c’est que Thaïs balisait facilement en ne le voyant pas revenir. C’était pénible mais pas incompréhensible. « Si j’aurais dû te dire merci… » murmura-t-elle avant d’embrasser maladroitement sa joue en s’accrochant à son cou, devant se rendre à l’évidence : il avait raison, elle était crevée. « Dors pas par terre… j’arrive pas à dormir sans toi, même avec mon boudin… »»