(+ Hippo) Je te pensais sincère... quelle fumisterie !

Elisandra soupira lorsqu’il s’assit à ses côtés dans l’herbe, mais si elle ne répondit rien à ses compliments déguisés elle se releva pour lui attraper le poignet et l’obliger ainsi à la regarder. « Pourquoi tu es venu à moi ? Je ne t’avais rien demandé et surtout pas que tu m’embauches ou que tu me séduises. Pourquoi est-ce que tu viens encore aujourd’hui alors que je n’ai aucune envie que tu le fasses, que je veux juste que cette soirée de malheur se termine pour pouvoir prendre l’avion demain ! Pourquoi bordel de merde, pourquoi !? » fit-elle avant de lui lâcher le poignet en levant aussitôt les mains pour mieux soupirer. Comme si ce n’était pas suffisant, Elie n’avait pas remarqué tout de suite que la future femme d’Hippolyte les rejoignait même si par chance, elle ne le faisait que maintenant. « Tout va bien ? » demanda-t-elle subitement. « Parfaitement, vous êtes magnifique future Madame Holmes ! Je disais juste à votre futur mari que ma chienne était pleine, et qu’il lui fallait se décider s’il voulait un chiot puisque je prends l’avion demain. »

« Tu ne pourrais pas le comprendre alors à quoi bon te l’expliquer ? Puisque tu es tellement persuadée de m’avoir percé à jour. »soupirais-je mais je n’eue pas le temps d’ajouter quoique ce soit que Cathy apparaissait pour passer son bras autour de ma taille alors que je restais stoïque. Elisandra se lança alors dans une grande métaphore qui m’arracha un regard des plus surpris alors que j’additionnais A+B sous le regard perplexe de Cathy. « J’ignorais que ta chienne était pleine ?! Il faut dire que je ne savais pas qu’elle avait un chien dans sa vie ou du moins qu’elle serait prête à avoir un chiot aussi vite mais peu importe. J’aime cette chienne même si elle a tendance à penser le contraire, c’est d’ailleurs ce que j’ai essayé de lui expliquer l’autre jour avant qu’elle ne me morde en s’imaginant que je voulais la retourner à son chenil pour en prendre une autre pour qui certes, j’éprouve de la tendresse mais uniquement cela. »

« C’est toi qui n’a rien compris… » soupira-t-elle avant de n’avoir aucun autre choix que celui de s’exprimer par métaphore, tentant le tout pour le tout non sans se sentir atrocement ridicule mais peut-être comprendrait-il enfin pourquoi elle réagissait de façon aussi épidermique et hargneuse. La pauvre Cathy ne devait rien y comprendre… « Tu ne m’as pas vraiment laissé l’opportunité de te le dire, surtout lorsque tu m’as dit ne pas attendre les mêmes choses d’une chienne que moi… elle n’a pas de chien, elle en avait un mais c’est compliqué, la maîtresse de celui-ci ne le laissera pas partir aussi facilement ça m’étonnerait. Ma chienne ne t’a pas mordu, je crois surtout qu’elle avait mal et qu’elle était perdue » reprit-elle en tentant de dissimuler son émotion, chose peu aisée d’ailleurs. « Mais je suis allergique aux chiens chéri, tu le sais ! Je suis désolée Elisandra mais je crois que vous allez devoir trouver d’autres donneurs en Norvège pour ces charmants chiots… »

Je secouais la tête, indifférent aux propos de ma fiancée pour me concentrer uniquement sur Elisandra. « Justement, mes attentes étaient celles d’un homme adorant follement une chienne au point de vouloir tout sacrifier par amour. Je me fiche des attentes de cette autre maitresse, je suis l’homme que d’une seule chienne et je l’ai rencontré par hasard lors d’un gala. Je n’ai eu qu’une envie, celle de la retrouver et la forcer à me côtoyer car je voulais l’apprivoiser et en devenir le propriétaire » avouais-je en grimaçant. Bon sang, ce n’était pas évident de parler de sentiments sur le thème du chien. « Elle m’a blessé néanmoins en me laissant guère de choix, pour elle, j’étais qu’un maitre sans cœur et sans scrupule alors que j’essayais maladroitement de lui dire que je n’aimais qu’elle et que je ne voulais plus me contenter de la voir que quelques heures par ci-, par là. Je veux ce chiot avec elle… » avouais-je avec émotion. « Mais Hippolyte, je suis allergique, je t’ai dit !! » insista Cathy. « Elisandra… Est-ce que tu veux bien qu’on parle de ta chienne et de ton chiot plus tard… Je dois parler à Cathy car je veux cette chienne »

Elisandra ravalait ses larmes au fur et à mesure des mots d’Hippolyte mais cela commençait à devenir difficile autant être honnête. « Je te l’ai dit, elle était perdue et apeurée, elle ne savait pas si elle était censée lui dire ou pas alors ma chienne a mal agit en mordant parce qu’elle pensait sûrement que ce serait plus facile pour toi si elle s’effaçait. Que ça ne te donnerait pas de remords ou de mauvaise conscience. Elle n’avait pas conscience de ton attachement envers elle. Tu ne l’as jamais montré ! » avoua-t-elle tout en se mordillant la lèvre inférieure pour mieux hocher la tête. « Je vous laisse entre vous, je pense que tu sauras où me trouver après » reprit-elle pour mieux s’éclipser, ne prenant la bouteille de scotch que pour s’installer à un endroit tranquille et la regarder, sans l’ouvrir. Au moins, en face de ladite bouteille, Elie pouvait laisser éclater ses larmes sans honte ni crainte.

« Je n’ai jamais été très doué pour montrer mon attachement et puis, je pensais n’être qu’une passade dans sa vie, un amusement avant de rencontrer peut-être le maitre qui lui fallait mais je me trompais également et je promets de tout faire pour rendre cette chienne heureuse et élever son chiot du mieux que je pourrais » avouais-je avec l’envie presque irrépressible de la prendre dans mes bras et de lui dire que plus jamais elle n’aura à être apeurée ou perdue seulement avant cela, je devais parler à Cathy. Je conduisis ma fiancée à l’écart. « Cathy… Je suis vraiment désolé mais je ne vais pas pouvoir honorer ma promesse de t’épouser »commençais-je en douceur car la jeune femme avait toujours été une bonne amie et je n’avais absolument rien contre elle. « C’est parce que je suis allergique aux chiens ? » demanda-t-elle perdu et j’attrapais son visage entre mes mains pour déposer un baiser sur son front. « Non, j’en aime une autre » soufflais-je et elle fondit en larmes. Durant de longues minutes, je la consolais avant qu’elle ne décide de rentrer à Londres. Je m’en voulais mais c’était la meilleure chose à faire pour l’un comme pour l’autre. « Elisandra ? » appelais-je ma maitresse ou plutôt ma nouvelle compagne. « S’il te plait, ne pleure pas ! »lui demandais-je en l’attirant dans mes bras pour enfin l’éteindre comme j’avais toujours rêvé de le faire.

Sans doute s’étaient-ils trompés autant l’un que l’autre mais l’important ne résidait plus dans leur passé et ses erreurs mais plutôt dans l’avenir et ce qu’ils allaient décider d’en faire. Le temps durant lequel Elisandra attendit patiemment Hippolyte lui parut semblable à une éternité mais eut toutefois un goût de paradis dès lors qu’il entoura son corps frêle et tremblant de ses bras. « Je suis désolée je voulais pas te blesser mais je savais pas quoi faire, je savais pas ce que j’étais pour toi et puis j’étais sous le choc » avoua-t-elle plus librement en le serrant aussi fort qu’elle le pouvait contre elle. « Comment on va faire je dois prendre l’avion demain… ! Et Cathy, t'en as fait quoi ? »

Je la serrais dans mes bras déposant de temps en temps des baisers sur le sommet de son crâne. « Reste avec moi Eli…. Reste avec moi sur l’île cet été mais pas en tant que maitresse mais en tant que compagne et après, nous irons tous les deux à Harvard, on fera nos études et nous élèverons notre enfant, tous les deux » lui demandais-je avant de l’écarter pour prendre son visage en coupe. « Cathy et moi avons rompu, elle prend l’avion ce soir pour rentrer en Angleterre dans sa famille… Il n’y a plus rien qui nous empêche d’être ensemble alors reste avec moi »

Hippolyte ne pouvait pas savoir combien le fait de se laisser bercer contre les battements réguliers de son cœur lui faisait du bien et l’apaisait. Elisandra se sentait de plus en plus calme, de moins en moins stressée, surtout au gré des paroles du jeune homme. « En tant que compagne… tu veux de ce bébé avec moi ? Tu m’aimes vraiment alors ? » demanda-t-elle alors qu’elle plongeait puissamment son regard dans le sien, caressant ses mains entourant actuellement son visage de poupée. « Où tu iras j’irai… je te lâche plus Hippo, jamais… »

« Bien sûr que je suis amoureux de toi et que je veux cet enfant. Je veux cette famille même si c’est soudain et que notre histoire n’a pas commencé de la façon la plus traditionnelle. Je veux ce bébé » la rassurais-je. Nous étions jeunes mais par chance, nous avions les moyens d’élever au mieux cet enfant tout en veillant à lui assurer le meilleur avenir possible. « Je pourrais te prendre aux mots Elisandra… J’ai envie de croire que tu ne rallongeras pas la longue liste de ceux qui m’ont abandonné ou que j’ai perdu »