(+ Hippo) Je te pensais sincère... quelle fumisterie !

La rencontre du célèbre Hippolyte Holmes à ce fameux gala avait pour ainsi dire été fructueuse pour Elisandra. Non seulement il l’avait invitée à de nombreuses reprises sur son île pour l’embaucher en tant qu’architecte, elle, qui ne possédait pas encore vraiment de nom dans le métier, mais en prime se jouait entre eux un lien des plus électriques. Cela faisait une petite semaine qu’elle jouait le rôle de maîtresse et venait juste d’arriver une fois encore dans cette magnifique île grecque vêtue d’une magnifique robe, pomponnée et parfumée avant de vivre la plus grande désillusion de sa vie : Hippolyte embrassant Cathy, sa fiancée, comme si rien ne s’était passée entre eux. « Je suis vraiment désolée je ne pensais pas déranger… je reviens avec les plans » fit-elle ne cachant autant que possible son amertume pourtant bien présente.

Voilà une semaine que j’avais pris pour maitresse la seule femme qui me retournait le cœur. C’était étrange mais je me surprenais à vouloir davantage, à ne plus me satisfaire de mes échanges avec Cathy. J’appréciais beaucoup ma fiancée mais nos rapports étaient relativement limités. Elisandra était magnifique, talentueuse, intelligente, vive d’esprit et surtout impertinente. Elle me plaisait au-delà des mots et sa présence sur l’île m’était devenue clairement indispensable. Je ne m’attendais hélas pas à y retrouver Cathy venue me rendre une petite visite alors que j’aurais aimé que les deux femmes ne se recroisent pas. « Hippolyte… Que fait cette femme dans ta villa ? » me demanda ma fiancée avec un regard paniqué. Je soupirais, n’ayant pas le cœur de lui briser le sien de cette manière. « C’est l’architecte que j’ai engagé pour la rénovation de l’aile ouest… Tu m’excuses Cathy mais j’aimerai beaucoup parler à Mlle Haraldsen en privé » m’excusais-je auprès d’elle avant de conduire Elisandra dans mon bureau. « Je suis désolé, ce n’était pas prévu qu’elle vienne sur l’île »

« Rassurez-vous Madame ce ne sera pas long j’ai beaucoup de travail sur les plans, ce n’est qu’une simple visite de précision sur quelques détails » répliqua-t-elle, abandonnant tout désir d’être cruelle et de lui enfoncer la tête sous la flotte même s’il le méritait amplement. Elisandra le suivit pourtant dans son bureau avec un sourire on ne peut plus sarcastique et narquois. « Pas prévu, c’est con hein ? Dis-toi que la seule raison qui fait que je te massacre pas ce qui te sert de sac à bonbons c’est parce que j’ai peur que tu hurles et que ça alerte ta femme… » fit-elle, sans perdre son sourire avant de lui balancer sa pochette format raisin sur son bureau. « Voilà tes plans. Au fait, on dit comment 'je me suis fait prendre pour une conne' en grec ? »

« Tu savais que j’étais fiancé Elisandra, je ne m’en suis jamais caché à toi »soupirais-je conscient qu’elle prenait très mal la chose sans comprendre ce qui clochait. Après tout, je n’étais qu’une expérience sexuelle pour elle non ?! « Je ne t’ai pas prise ni pour une conne ni en traitre.. Ecoute moi Elisandra, ce que nous partageons va au-delà d’une simple histoire de sexe pour moi mais je pensais que je n’étais tout simplement qu’un amant parmi tant d’autres en ce qui te concerne mais ta réaction semble me prouver le contraire »repris-je avec plus de tendresse alors que je m’approchais d’elle. « S’il te plait, ne te mets pas en colère, Cathy ne reste que pour déjeuner et après elle s’en ira »

« Vrai que ça excuse que tu sois un salopard qui te joue de deux nénettes ! » fit-elle remarquer sans perdre de son haut sarcasme même si son sourire venait de s’effacer aussitôt. C’était dingue ça, il voulait tous les avantages sans aucune difficulté… « T’es bien un mec va… qu’est-ce que ça peut te foutre ce que je pense, hein ? » répliqua-t-elle en fronçant les sourcils pour mieux afficher un regard dégoûté en s’écartant aussitôt. « Et alors quoi ? Dès qu’elle va partir, tu vas me prendre pour un coup vite fait pour mieux me demander de me barrer parce qu’elle va revenir ? Je suis pas ton sextoy Holmes. Je suis un être humain, et ça aussi tu sembles l’avoir zappé. Dis-moi ce que tu penses de mes plans et je me barre de cette baraque ! »

« Cela suffit de te poser en victime ! Il y a encore quelques minutes, cela ne te faisait ni chaud ni froid de coucher avec un homme engagé auprès d’une autre alors ne vient pas me faire tes leçons de moral. Tu réagis ainsi parce que tu viens de me voir avec ma fiancée point final » rétorquais-je avec froideur. C’était bien les femmes, au début, tout est bien, tout est excitant mais quand elles prennent conscience de leurs actes, là, c’était la faute de l’homme. « Je ne t’ai pas forcé la main que je sache, tu étais consentante alors nous sommes deux dans cette affaire »lui rappelais-je avant de prendre ses plans. « Je les consulterai à tête reposée. Je vais demander à Andrea de te préparer la navette pour que tu quittes l’île puisque je suis qu’un salopard et non un être humain » ajoutais-je en la fusillant du regard.

Elisandra ne retint pas la gifle qui partit toute seule. « Je me pose pas en victime, je m’insulte au contraire d’avoir cru des choses alors que tu faisais que prendre ton pied ! » s’exclama-t-elle en dominant suffisamment ses émotions pour ne pas craquer ridiculement devant ce connard sans cœur. Vu la froideur dont il faisait preuve, difficile de le considérer autrement. « Bah puisque t’es engagé, épouse-là donc, prouve moi que j’ai tort et que t’as un cœur sinon c’est pas moi qui déconne à plein tube en première ! Tu m’excuseras Monsieur je monte sur mes grands chevaux mais c’est moi qui suis fiancée, moi je te trompais avec personne alors merde, garde tes propres leçons pour te les foutre au cul, ça te décoinceras ! Use surtout pas ta salive, je suis venue en hors-bord je suis une grande fille je peux repartir avec ! » Et tant pis pour le danger de son engin à grande vitesse là pour le coup ça allait lui calmer les nerfs… Elie partit en claquant la porte à grande enjambée, fuyant plus qu’elle ne partait à vrai dire, avec une idée en tête : ce soir, elle sortirait pour oublier ce salopard.

La gifle partit toute seule et j’affichais un air amusé. C’était si facile de rejeter la faute sur moi que cela en devenait risible. « La sacrosainte maitresse prise de remord… Tu ne me l’avais encore jamais faite ! Je te signale au passage, que tu es la première à présumer de mes sentiments mais comme je suis l’homme, je présume que le rôle du salopard me revient de droit » lâchais-je avec ironie tandis que mon regard se faisait neutre comme si elle ne représentait plus rien à mes yeux. « Bien, tu connais le chemin ! » ajoutais-je avant de la regarder partir non sans porter ma main à ma joue brûlante. Elle n’avait absolument rien compris, tant pis… Elle ne serait pas la première à juger sans me connaitre ni même la dernière mais j’aurais aimé qu’Elisandra soit différente. De tout de manière, tout était fini… Du moins, c’est ce que je pensais avant de la croiser à une garden party d’un riche promoteur grec.   « Stavros Kostas… Quel plaisir que vous ayez accepté mon invitation, je commençais à désespérer de vous voir quitter votre île ! » s’exclama-t-il avant de faire les présentations mais je l’arrêtais bien vite. « Inutile mon ami, je connais mademoiselle Haraldsen, c’est l’architecte que j’ai embauché pour la rénovation de ma villa. Je vous la recommande, elle est très talentueuse maintenant, si vous m’excusez, j’ai à faire.  »

Elisandra éprouvait des remords, oui. Mais qu’avait-elle cru, au juste ? Qu’il quitterait sa fiancée ? Elle était décidément plus stupide que certains journaux people ne le laissaient entendre, heureusement qu’elle n’était pas destinée à devenir reine sans quoi elle serait grandement dans la merde. D’ailleurs, elle espérait pouvoir repartir de Grèce avant de l’avoir revu mais le destin finit bien évidemment par s’en mêler, la poussant à croiser à nouveau sa route à la garden party d’un riche promoteur. Autant dire que son indifférence la blessa mais bien loin de le montrer, elle haussa les épaules en se contentant de remercier l’organisateur de la soirée pour son invitation. « C’était pas la peine de jouer les faux derches avec mon travail je t'en demandais pas tant » s’appliqua-t-elle à murmurer juste en passant pour mieux se diriger au bar, prenant carrément une bouteille de scotch pour mieux se diriger dans les jardins avec. Au moins, avec de l’alcool, elle verrait sûrement la vie en rose.

Elle ne comprenait rien à rien n’est-ce pas. Je la suivais du regard avant de secouer la tête. Il fallait au moins que j’éclaircisse un point avec elle. Aussi, la suivais-je jusqu’à m’asseoir dans l’herbe à ses côtés. « Une chose. Je n’ai pas pour habitude de mélanger le travail et le plaisir et même si nous sommes en froid, cela ne m’empêchera pas d’apprécier tes qualités professionnelles. Tu es une architecte talentueuse et lorsque tu auras ton diplôme, je suis certain que tu réussiras. Sache que si tu avais été si peu compétente, je me serais contenté de tes performances sexuelles… Après tout, c’était tout ce qui m’intéressait en toi »ironisais-je avant de me relever et d’épousseter mon pantalon. « Bonne continuation mademoiselle Haraldsen. »