(+ Hippo) Dieu que le monde est injuste, lui si beau et moi si laid...

« J’peux savoir pourquoi tu danses avec un balai ? » demanda ensuite Elisandra car il ne fallait pas croire qu’elle n’avait pas vu cet évènement collector qu’elle ne risquait pas d’oublier de sitôt. « Ça va aller si tu as des trucs à faire, j’peux rester planquée aujourd’hui sans faire de conneries, parole de scout » avoua-t-elle en se massant tout de même les tempes au passage. « Ma tête me donne l’impression d’être écrasée par un rouleau compresseur… j’ai dû m’en prendre une belle hier… »

« Hum.. cela me détend quand je fais une tâche aussi ingrate que le ménage »marmonnais-je en rougissant légèrement d’avoir été pris en délit de danseur du dimanche. « Arrête, j’ai déjà pris ma journée donc va falloir composer avec moi dans le paysage à moins que tu ne veuilles déjà plus que je te fasse passer avant l’agence ? Non parce qu’hier soir, cela avait l’air de te tenir à cœur » répondis-je avec un léger ton narquois. « Tu as de l’aspirine sur le comptoir du bar et je te confirme, elle était belle et je suis certain que les broutes-minettes ne t’en voudront pas »

« Je vois ça ! » s’exclama Elisandra même si son enthousiasme était relégué au placard pour le moment à cause de sa migraine hallucinante. « D’accord, d’accord, considère que je n’ai rien dit !! Mais hier je t’ai dis que je voulais que tu me fasses passer avant l’agence ? » Inutile de démentir, il y passait un temps fou et lors de leurs essais de relations sexuelles de départ… son boulot à l’agence était l’une des premières raisons d’échec. « Okay, j’ai fais de la merde, ça va, je le paye assez pas la peine d’en rajouter. »

« Oh tu n’as pas dit que ça. Tu m’as parlé de mes bestioles qui ne devraient être qu’à toi, du fait que tu avais l’impression de ne même pas être une roue de secours… Dois-je continuer ? »lui demandais-je avec ironie avant de soupirer et de la regarder gravement. « J’ai pris une décision pour ma sœur et sa femme et je vais accepter. Il va s’en dire que tu vas devoir arrêter de boire à outrance voire carrément d’arrêter car ce n’est pas bon l’alcool pour une femme enceinte… »lâchais-je en attendant assez fébrilement sa réaction car après de longues réflexions, je ne pouvais pas refuser un pareil bonheur à ma sœur mais surtout pas Elisandra. La peur était toujours présente mais je ne voulais pas la laisser gagner sur mon amour pour cette femme.

« L’intérêt de me rappeler tout ça est de ? Non parce que là je saisis pas hein ! » fit-elle remarquer, sarcastique, avant de soupirer en entendant ses paroles suivante car de toute manière, comme elle s’y attendait, il avait décidé toute seule. « Qu’est-ce que tu veux que je réponde ? Comme si j’avais voie au chap… hein ? Comment ça enceinte ? » fit-elle en retirant ses lunettes au passage pour bien le regarder dans les yeux. « Mais tu avais dit que tu n’étais pas prêt, que… qu’il fallait attendre ! Je… » L’émotion la prenait à la gorge. Elie ne voulait pas y croire si ce n’était que temporaire. « Tu ne me fais pas marcher ?! »

Je m’attendais à sa réaction et ce fut d’autant plus amusant de voir le temps que cela prit à son cerveau de comprendre mes paroles. Un fin sourire se dessina sur mes lèvres tandis que je secouais la tête. « Non je ne te fais pas marcher. Tu avais raison hier, je n’ai pas le droit de faire passer le bonheur de ma sœur avant le tiens mais je ne peux pas non plus leur refuser ce bébé alors que j’ai les moyens de leur accorder ce cadeau. J’ai passé la nuit à y réfléchir et j’en suis venu au fait que ce bébé serait pour nous une seconde chance de mettre de côté ces quatre dernières années alors si tu es toujours d’accord, je veux te faire un enfant Elisandra » lui expliquais-je avec douceur et assurance tout en la regardant droit dans les yeux.

Elisandra buvait littéralement les paroles d’Hippolyte et en oubliait presque son mal de tête, même si ce dernier parvenait tout de même à se rappeler à son bon souvenir. Elle en avait la respiration haletante, les mains tremblantes, les yeux brillants et pourtant, sa première réaction fut de lancer : « je reviens dans une seconde, surtout garde ça en pause ! » s’exclama-t-elle avant de se ruer dans la salle de bain, de se laver les dents à toute vitesse pour mieux revenir en trombes dans le salon et de lui sauter au cou. « Si tu savais c’est le plus beau jour de ma vie… tu as compris que ce bébé c’était une seconde chance et pas une fatalité je suis tellement, tellement fière de toi ! » Elie lui offrit un baiser d’une rare passion la seconde qui suivit, ne se séparant de lui qu’une fois à bout de souffle. « Je t’aime… pardon pour hier soir, j’étais vraiment une épave et si je t’ai dis des trucs qui t’ont blessé, je me rachèterai. Et pardon d’avoir filé dans la salle de bain mais je voulais pouvoir t’embrasser sans te souffler de vapeur d’alcool alors je me suis lavé les quenottes… »

Elle était partie et je restais là sans rien dire ni même bouger. Qu’est-ce que j’avais dit de mal ?! Je veux dire, je lui accordais ce bébé et elle, elle prenait la poudre d’escampette. C’était prouvé : je ne comprenais rien à rien aux femmes. Elisandra revint vers moi et me sauta au cou. Machinalement, j’entourais sa taille de mes bras et répondit à son baiser avec la même passion. « Je suis paumé… t’es heureuse ou pas ? Non parce que je pensais que tu allais me sauter au cou plus rapidement »lui demandais-je un brin amusé de ma propre perplexité. Elisandra m’expliqua alors qu’elle était partie se laver les dents et j’éclatais de rire. « Ah… je comprends mieux. Je te remercie de cette charmante attention et tu ne m’as rien dit hier qui ait pu me blesser même si j’aimerai que tu arrêtes de croire que tu es la cinquième roue du carrosse. Tu es et tu seras toujours ma priorité avec not…nos enfants ! »

Elisandra esquissa une petite moue face à la réaction on ne peut plus légitime d’Hippolyte : il avait dû se poser mille questions en la voyant ainsi filer dans la salle de bain pour une raison inconnue… « Bah ouais mais c’était pour toi hein ! » fit-elle remarquer en triturant un peu ses mains tel un enfant pris en faute. « Ça me fait du bien de l’entendre… je sais ça paraît peut-être complètement con mais c’est pas évident de reprendre une vie normale après quatre ans de coma et j’ai besoin de toi plus que jamais… »

« Je serais là. Je sais que je travaille beaucoup en ce moment mais c’est justement pour pouvoir passer du temps avec toi cet été et pouvoir partir au Summer Camp. Je veux qu’on se retrouve durant ces deux mois et puis nous avons un bébé à mettre en route »plaisantais-je en portant ses mains à mes lèvres avant de me reculer. « Suis moi, je veux te montrer quelque chose »lui dis-je avant de la conduire au centre de ma serre où une fleur magnifique trônait fièrement. « Cela fait quatre ans que j’essaie de faire naître une fleur que je jugerai digne de toi et elle a éclos le jour même où tu es sortie du coma. Je te présente la Rosa Elisandrum » lui dis-je en me glissant dans son dos avant de me racler la gorge en la forçant à prendre entre ses mains un écrin noir. « Et ça… cela fait quatre ans que je le garde précieusement attendant que tu ouvres tes jolis yeux parce que vois-tu, le soir de ton agression, j’avais une question importante à te poser » murmurais-je avec tendresse avant de la forcer à se retourner vers moi. Je posais alors un genou devant elle. « Elisandra, depuis notre première rencontre, j’ai su que je t’aimerai toute ma vie. Tu es celle qui m’a éveillé face à l’amour, celle qui m’a offert la famille que je ne pensais pas mériter. Tu es restée avec moi envers et contre tous…. Alors, aujourd’hui, je te demande de m’offrir ce que tu as de plus cher : ta vie, ton amour…ta main. Elisandra Haraldsen, est-ce que tu veux m’épouser ? » lui demandais-je avec émotion avant d’ouvrir d’une main tremblante, l’écrin qu’elle tenait toujours dans ses mains.

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