(+) Les jumeaux du bout du monde. w/Elisandra

« Je pourrais enquêter si tu le souhaites. Je suis détective privé en dehors d’Harvard et j’ai une bonne expérience des investigations car j’ai été dans la police » lui appris-je sans trop m’appesantir sur le pourquoi du comment, je ne l’étais plus. C’était un sujet assez sensible pour moi car le service actif me manquait atrocement. « Tu n’es pas seule… J’en suis rassuré. Je présume que c’est avec le père de ton fils que c’est compliqué ? Il te traite bien quand même ?! » lui demandais-je en fronçant les sourcils car quelque part au fond de moi, mon instinct protecteur venait de monter d’un cran. « Est-ce que j’ai..enfin j’ai d’autre frères et sœurs ou il n’y a que nous deux ? »

« Tu peux essayer mais vu qu’il n’y a ni caméra de surveillance ni rien, pas sûr que tu trouves grand-chose quatre ans plus tard… » soupira-t-elle car cela tuait Elisandra de ne pas savoir. L’ignorance était la pire des punitions. « Mais oui il me traite bien… c’est juste compliqué parce que j’ai loupé quatre ans de la vie de mon fils et qu’en quatre ans, Hippolyte a connu trois femmes. C’est con je sais mais j’en crève de jalousie, j’ai envie de les massacrer même si je comprends pourquoi il l’a fait… » En espérant que Caleb ne la juge pas trop durement de réagir ainsi… et avant même qu’elle n’ait pu répondre à sa question, l’infirmière revenait avec les résultats positifs du test. « Une sœur aînée, Märtha Louise, et un frère, Haakon… ça va aller ? »

« Je trouverais bien quelque chose. »lui assurais-je et puis, avec un peu de chance, quelqu’un se souviendrait d’un détail même infime. Je l’écoutais ensuite me parler de sa vie sentimentale et j’hochais la tête. Dans un sens, je comprenais cet homme mais de l’autre, j’étais aussi jaloux qu’elle. « Je vois. Je pense que je réagirais pareille que toi. Je suis très jaloux et possessif comme homme mais je te rassure, c’est compliqué avec ma femme également. Elle attend des jumeaux d’ailleurs »lui appris-je avant de soupirer en voyant les résultats. Nous étions bel et bien de la même famille. « Oui je crois… C’est un peu soudain comme tu t’en doutes mais je ne suis pas certain que j’arriverai à les considérer comme mon frère et ma sœur voire même appeler tes parents, mes parents. Les Weyss sont ma famille… Avec toi, c’est différent… mais je vais avoir besoin de temps quand même pour m’y faire »

« T’as l’air suffisamment têtu pour réussir en tout cas… » s’amusa-t-elle à lui répondre en tentant un petit sourire. « C’est marrant, jaloux et possessif ça me semble étrangement familier… félicitations pour tes deux futurs petits bouts alors ! Je suis sûre que tu vas être un papa au top, et pour ta femme je suis sûre que ça va s’arranger. Si un jour tu as besoin d’aide… n’hésite pas, même ne serait-ce que pour te changer les idées. » Elisandra était prête à occuper la place qu’il voudrait bien lui accorder même si actuellement, elle avait plutôt l’impression de n’avoir sa place nulle part. Abominable sensation que celle-ci… « Je me doute. Mais je crois qu’ils seront ravis si tu acceptes ne serait-ce que de les rencontrer. Tu sais Caleb, on ne te demande rien… même moi. Si tu ne veux pas me considérer comme ta sœur, et bien… je ne dis pas que ça ne m’attristera pas mais je l’accepterai. Ce qui m’importe c’est que tu sois bien dans ta vie. Le reste c’est un détail. Tu veux que je te raccompagne ? »

« Il faut croire que nous ne sommes pas jumeaux pour rien » plaisantais-je en espérant réellement que cela s’arrangerait pour Thais et moi. Nous avions repris une vie sexuelle épanouie, ce n’était pas trop là le problème mais je me sentais toujours aussi coupable si bien que je n’osais pas vraiment m’imposer à elle comme je le faisais par le passé. Quand elle commettait une connerie, au lieu de râler, j’avais tendance à lui dire que ce n’était pas grave. « Si tu as une machine à remonter le temps, je la veux bien… Disons que j’ai quitté ma femme dernièrement pour la protéger et qu’elle me l’a pardonné sauf que je n’arrive pas à en faire de même. J’ai peur qu’elle finisse par me le reprocher si jamais je lui faisais une remontrance au sujet d’une connerie qu’elle aurait faite. En fait, j’ose plus rien dire de peur qu’elle le prenne mal » soupirais-je. C’était étrange de me confier à Elisandra aussi vite alors que je ne la connaissais pratiquement pas. « C’est encore trop tôt pour moi pour les rencontrer. Je ne suis pas encore prêt et puis, j’aimerai en parler à mes parents avant. Après, je n’ai pas dit que je ne voulais pas te considérer comme ma sœur, je crois même que j’ai déjà commencé à te considérer en tant que telle. J’ai juste besoin d’encaisser la nouvelle… Et si nous allions plutôt boire un coup ? »

Elisandra esquissa un petit sourire amusé avant de recueillir son aveu d’un air à la fois sérieux et attendri. « C’est le genre de ta femme d’habitude d’avoir ce genre de réaction mesquine ? Je ne la connais pas, mais… d’un autre côté, si tu te brides de cette manière, rien n’en sortira de bon car tu vas finir par exploser de toute manière. Pourquoi tu ne lui en parle pas ? » tenta-t-elle, nageant pourtant en eaux troubles puisqu’elle ne connaissait pas la femme de son frère. Difficile de le conseiller efficacement dans ce cas. « Je ne suis pas contre boire un coup, je crois que j’en ai bien besoin aussi… » fit-elle sans insister sur le reste. Ce n’était pas le genre d’Elie et puis ça lui faisait déjà bien assez mal comme ça.

« Non, elle n’est pas mesquine pour un sou… Tu sais, je l’ai réellement fait souffrir cette fois-là. Je le sens bien qu’elle me regarde toujours comme si j’allais prendre mes jambes à mon cou et disparaitre. J’ai brisé quelque chose de vital entre nous et on essaie de reprendre une vie normale mais y a comme une fêlure »soupirais-je. Je m’en voulais énormément et je devais reconnaitre que l’animosité de Declan et de Wilhelmina ne m’aidait pas vraiment à me sentir mieux dans mes baskets. Le premier ne cessait de me dire que je ne méritais pas Thaïs et la deuxième, quant à elle, ne cessait de me fusiller du regard dès que ma femme avait le dos tourné. « Allons-y… Dis… Je me demandais, cela te dirait de venir dîner à la maison ce soir ? Je pourrais te présenter à ma femme » proposais-je maladroitement alors que nous sortions de l’hôpital. C’était une façon pour moi de lui signaler que malgré mes propos, je ne lui fermais pas ma vie.

« Tu sais, moi j’ai qu’une trouille, c’est qu’Hippolyte prenne ses jambes à son cou parce qu’il finirait par considérer qu’il y a mieux qu’une nénette qui sort d’un coma de quatre piges. Je dis pas que ça va se faire forcément vite ou facilement mais tu peux la rassurer. Répète-lui souvent que tu l’aimes… les femmes adorent les mots, fais-moi confiance ! Alors apprends à le lui dire de différentes façons jusqu’à ce qu’elle comprenne que tu vas rester pour de bon » lui fit-elle comprendre d’une voix douce en accompagnant ses propos d’un délicat sourire. Elisandra n’osait pas le toucher pour qu’il comprenne qu’elle était de tout cœur avec lui mais son regard le laissait clairement entendre. « Tu veux me présenter à ta femme ? Moi je suis totalement pour mais j’ai pas envie de m’imposer non plus… remarque, suis pas mauvaise derrière les fourneaux au besoin ! »

« Tu veux que je te dise ?! Ce serait pas seulement un connard mais le mec le plus con de la création » lui assurais-je avec un léger sourire. Elisandra était une belle femme et en toute objectivité, les hommes devaient se retourner sur ses courbes délicieusement féminines. Certes, elle sortait d’un long coma mais j’en connaissais plus d’un qui rêveraient de la réconforter. « J’essaie mais ce n’est pas évident pour moi. Je n’ai jamais été très doué avec les mots mais je fais des efforts. Il faut juste que je trouve un costume de pikachu » plaisantais-je cette fois-ci même si dans le fond, j’étais sérieux. J’avais toujours en quelque sorte une promesse à tenir. « Hey si je t’invite, c’est pas pour te mettre derrière les fourneaux »m’exclamais-je après coup lorsque l’invitation fut lancée. Je secouais la tête, ce serait une première tiens si l’invitée faisait le repas. « J’aime beaucoup cuisiner également alors tu ne t’imposeras pas et puis, je préfère te présenter rapidement avant qu’elle ne se fasse de film… J’aimerai que tu rencontres mes parents également mais rien ne presse, je pense que ma femme sera déjà une bonne étape »

« Hey mollo, j’ai dis que c’était ma trouille, pas qu’il allait le faire ! J’espère pas d’ailleurs… » soupira-t-elle d’un air pensif. Elisandra ne se considérait pas comme le meilleur choix du monde, il faut dire, et à raison car à peine avait-elle mit un pied dans la rue qu’un tocard aimant faire vroum vroum lui envoya une vague de pluie tout juste tombée en pleine poire… la trempant au passage. « Espèce de connard !! » s’époumona-t-elle en regardant les dégâts sur sa robe. « Bah je suis sexy comme ça tiens… il t’a pas trempé j’espère ? » s’inquiéta-t-elle avant de presser légèrement le tissu pour essayer d’en évacuer un maximum l’eau. « Pourquoi faut que tu te trouves un costume Pikachu ? Elle aime Pokémon ? Tu vas rire j’ai au moins trois cartons de figurines… mais je sais même pas où les mettre… mais si tu as besoin d’aide pour essayer de trouver les mots, j’peux peut-être t’aider ? » lui proposa-t-elle d’un air manifestement concerné par le problème de son frère. « J’ai hâte de rencontrer ta femme… mais heu… tu veux que je rencontre tes parents, carrément ? »