(+) Une biche à sauver. w/ Bambi

« Dans le sens qu’elle vient de sortir d’un coma de quatre ans, que j’ai élevé comme j’ai pu notre fils du même âge et que j’ai du mal à reprendre une vie de couple normal…Surtout qu’entre temps, j’ai connu des histoires d’un soir et qu’elle a du mal à l’encaisser. Voilà pourquoi c’est compliqué »soupirais-je avant que ma petite sœur ne revienne sur mes paroles au sujet de sa relation. « Je ne suis pas homophobe, je n’ai rien contre l’homosexualité mais cette femme ne pourra jamais te donner d’enfants, tu subiras la méchanceté gratuite d’une société vile et intolérante, pourquoi chercher la difficulté alors qu’il serait si simple de convenir aux idéaux ? Je ne te demande pas de la quitter mais tu pourrais très bien la prendre comme simple maitresse »haussais-je les épaules, analysant les choses assez froidement mais c’était ma manière d’agir car les sentiments étaient une faiblesse.

« Pas étonnant qu’elle ait du mal à encaisser si elle t’aime » remarqua Bambi sans amertume, réfléchissant comme n’importe quelle femme « trahie », même si elle ne jetait pas nécessairement la pierre à Hippolyte non plus. Ils avaient tous deux de lourdes circonstances, mais en revanche, elle la jetait nettement plus sur le jugement de valeur qu’il faisait manifestement sur son couple. Même si elle grimaçait de douleur en gesticulant de la sorte, elle chopa rapidement le poignet de son frère pour mieux le fusiller du regard. « Si tu m’avais écoutée, tu aurais entendu que je suis déjà maman et donc qu’avoir un autre enfant ce n’est pas le plus important pour moi. Par contre, offrir un foyer à la femme que j’aime, ça oui ! J’en ai rien à foutre des culs de bénitier qui veulent me casser la tête avec leur sale morale… t’inquiètes pas, ils me font pas chier deux fois de suite avec leurs airs de bonnes sœurs sur le retour ! Sérieux, pour qui tu te prends ? Est-ce que je te juge pour ce que tu as fais ? Non. Ce sont pas mes oignons, j’ai pas les éléments en main puis c’est TA vie privée. Pour ta gouverne, Mina me rends plus heureuse que n’importe quel couillu macho et orgueilleux de mes deux ! Alors ton jugement à la mords-moi le nœud, tu te le flanques là où je pense et vite fait sinon je me barre d’ici et je ferai en sorte que tu me revois jamais, vu ? »

Je savais bien que j’étais en tort aussi bien concernant Elisandra que Dina enfin plutôt Bambi. C’était étrange de me dire que ma sœur portait un autre prénom mais je voulais bien m’y faire si cela signifiait que je faisais partie intégrante de sa vie. Malheureusement mes mots dépassèrent ma pensée et je me la mise dos. Je ne savais pas quoi répondre si ce n’est que j’étais désolé mais même ça, c’était un exercice difficile pour moi. « Je ne veux pas te perdre une seconde fois »lui dis-je en détournant le regard. Dans un coin de ma tête, le prénom Shiloh fut associé à une certaine demoiselle aussi loufoque qu’attachante mais j’étais bien trop enlisé pour y faire réellement attention. « J’avais bien entendu que tu étais déjà mère » ajoutais-je maladroitement. J’étais à nouveau grand-frère et oncle en même temps bien que pour l’heure, la jeune femme ne me désirait certainement dans aucun des deux rôles. « Cesse de t’agiter, je dois finir de te soigner » lui demandais-je.

Bambi relâcha le poignet d’Hippolyte en deux temps trois mouvements avant de soupirer à sa première réplique. « J’ai pas dit que j’allais forcément me barrer comme une voleuse » fit-elle remarquer. Elle l’avait menacé simplement pour lui faire valoir son point de vue, et le fait qu’elle soit fatiguée de se heurter toujours à une tonne de biens pensants souhaitant diriger sa vie. « Je savais pas que tu avais entendu, tu n’as pas réagi sur le moment. » La brunette soupira à nouveau. « Ça va, ma blessure peut attendre deux minutes ! Tu sais frangin, au lieu de te préoccuper de moi, tu devrais aussi te préoccuper de ta propre relation hein… »

« Je ne suis pas très doué avec les sentiments. On ne m’a jamais appris mais c’est d’autant plus compliqué quand on t’arrache la femme que tu aimes pour te la rendre quatre ans après et que pour celle-ci, rien ne s’est passé »soupirais-je. Est-ce pour cela que j’avais si mal réagit à sa propre relation ? Parce que je craignais qu’elle ne souffre comme j’avais souffert ?! Bonne question. « Est-ce que c’est une criminelle aussi ? Je veux dire, je ne juge pas, j’essaie simplement d’apprendre à te connaitre et je présume que pour cela, il faut que je connaisse également la personne que tu aimes » me justifiais-je de ma question. Cela me faisait bizarre néanmoins de parler ainsi avec sa sœur alors que cela faisait des années que je m’adressais à sa photo sans obtenir la moindre réponse.

« Je te rassure à part la rage, j’ai le manuel d’aucun sentiment ! Mais ta nénette, elle est sentimentale ? Tu peux peut-être apprendre avec elle… » fit-elle valoir car après tout, Hippolyte n’avait pas l’air malheureux avec elle. Pas en ces termes, en tout cas. « Non, elle est tout ce qu’il y a de plus innocent à ce sujet. Je suis la seule déglinguée du bocal, tu peux en être sûr ! Par contre… je vais t’en parler mais si tu le répètes à qui que ce soit tu peux être sûr que je te massacre lentement avec un cure dent : elle est amnésique, on se connaissait avant et… elle a eut un gamin. En fait, avant son amnésie c’était juste une bitch avec moi. Nos caractères étaient un peu… inversés on va dire, tu saisis ? »

« Elle est très sensible c’est bien là le problème. Elle me reproche souvent ma froideur notamment en public »soupirais-je ayant conscience que je pleurnichais dans les jupons de ma petite sœur alors que techniquement, j’aurais dû être l’homme fort sur lequel, elle pourrait se reposer. Bambi m’informa alors que sa fiancée et elles étaient déjà en couple et que cette dernière l’avait totalement oublié, du moins c’est ainsi que j’avais compris les choses. « Cet enfant qu’elle a eu, c’était pendant votre histoire ? Elle n’a plus aucun souvenir de votre couple ? Pour elle en somme, c’est comme si vous étiez ensemble pour la première fois ?! Pourquoi diable être toujours avec elle si elle t’a fait souffrir ? »

« Bienvenue au club frérot, Shiloh est pas plus satisfaite de mon manque de démonstration en public » lui avoua-t-elle bien que sa tendre fiancée ne soit pas extrêmement dure avec elle et se contente plutôt de souffrir en silence. C’était souvent bien ça le problème, d’ailleurs. « Elle est tombée enceinte pendant notre histoire, oui. T’as tout compris, pour elle on n’a jamais été ensemble avant… elle a oublié pourquoi je déteste la Saint Valentin et pourquoi j’ai peur qu’elle me cocufie, sans parler du fait que si je suis devenue aussi… peu démonstrative c’est parce qu’elle m’a ôté toute envie par le passé et que j’arrive pas à me débarrasser de mes peurs. Je reste avec elle parce que justement… elle n’a plus rien de la garce qui me brisait le cœur avant. » Autant dire que la discussion tourna essentiellement à ce sujet jusqu’à ce qu’elle ne s’endorme sur le canapé de son frère… mais quelque chose disait que ce « problème » n’était pas réglé pour autant.

TOPIC FINI.