(+) Une biche à sauver. w/ Bambi

« Elle… Notre père l’a fait enterré dans la fosse commune d’une petite ville » soupirais-je. Je n’avais pas pu lui offrir une véritable tombe malgré toute ma fortune, les dépouilles étant entassées les unes sur les autres. Dina me serra davantage contre elle jusqu’à en gémir de douleur et je l’écartais aussitôt. « Tu vas te faire du mal… Je ne compte pas te laisser petite sœur mais il faut que je te soigne avant que cela s’infecte. Regarde dans quel état tu es ! Ais-je le droit de demander ce que tu as fait pour être ainsi ? » lui demandais-je même si j’avais une petite idée.

« J’ai le droit de le déterrer lui aussi pour qu’il finisse aux égouts ? » lâcha-t-elle avec colère car Bambi n’en n’était que plus affectée. « Tu ne lui as pas fait une tombe quand même ? » demanda-t-elle avec précaution, surtout s’il voulait se recueillir quelque part. La brunette se rassit docilement sur le canapé mais lui expliquer d’où venait sa blessure… il ne valait mieux pas car il risquerait de l’éviter. « Je ne suis pas sûre que tu n’es pas mieux en ne sachant rien. »

« Il a fini dans une fosse commune également. J’ai une villa en Grèce où j’ai créé un jardin à la mémoire de notre mère. Le tombeau est vide mais c’est là où je vais me recueillir chaque année le jour de sa mort » avouai-je néanmoins car je n’avais pu me résoudre à laisser la mémoire de notre mère s’éteindre. « Mieux ou non, j’ai besoin de savoir mais j’ai bien compris que ce n’est pas une petite agression que tu viens de subir. Tu es une criminelle n’est-ce pas ? »lui demandais-je tout en poursuivant mes soins. Je me fichais bien de qui elle était, les dieux de l’Olympe me l’avait rendu et c’était tout ce que je voulais retenir.

« Est-ce que… tu voudras qu’un jour je t’accompagne ? Ce serait ma façon de la rencontrer » reprit-elle avec précaution même si la conversation suivante était bien loin de lui plaire. Hippolyte la soignait pour le moment mais qu’est-ce qui lui disait qu’il continuerait en sachant toute la vérité ? « On va dire ça… désolée de ne pas t’en dire plus mais je ne suis pas certaine que tu sois du genre à accepter ce genre de trucs. »

« Avec plaisir » lui répondis-je avant de secouer la tête. Dina ne comprenait pas le besoin que j’avais de prendre part à sa vie, de la connaitre jusqu’à ses plus sombres secrets. « Ma plus proche famille sont trois prostituées et un proxénète. J’ai vécu dans la rue pendant deux ans avec tout ce que cela comporte de violence, de crimes et j’en passe et des meilleures. Je crois que je serais de loin l’homme qui te jugera le moins quoique tu fasses. Il y a une chose que tu ne sembles pas comprendre Dina… Je t’ai recherché et attendu depuis dix-neuf ans, je me fiche bien que tu sois une criminelle ou non, que tu veuilles entrer dans les ordres ou pas etc. Tu es ma petite sœur et rien de ce que tu diras ne changera cela ! »

« Si je voulais rentrer dans les ordres ça se saurait » avoua-t-elle en grimaçant car Bambi n’avait rien d’une nonne, même si elle n’avait pas eu énormément de conquêtes dans sa vie. Elle possédait néanmoins pouvoir de vie et de mort surtout sur les contrats qu’on lui mettait entre les mains et ça… difficile à admettre sûrement pour son frère. « Tu as vécu dans la rue et tes proches sont peut-être trois prostitués et un proxénète mais ils n’ont jamais tué quelqu’un. Là-dessus on ne joue pas forcément dans la même cour… je suis tueuse à gages. La meilleure du marché, à vrai dire. J’ai des talents de hacker, aussi… et je touche ma bille en magie. Si tu ne dois savoir que ça sur moi, c’est bien résumé. »

« Je me fiche de savoir que tu tues des gens, que tu les tortures ou que sais-je. La vie des autres ne m’intéresse pas le moins du monde et je n’ai pas à te juger sur ton passé. Si tu aimes ce que tu fais alors le reste m’importe peu. Tu es ma sœur, c’est tout ce que j’ai besoin de savoir » lui assurais-je avec conviction. Je n’étais pas un homme vertueux, je me fichais bien d’écraser mon prochain si cela me permettait de continuer mon ascension aux sommets alors savoir que ma sœur tuait pour de l’argent ne m’émouvait pas plus que cela. Ce n’est pas comme si j’étais quelqu’un porté sur les sentiments. La seule chose au contraire qui m’inquiétait était peut-être que son métier la mettait en danger et que je ne désirais pas la perdre à nouveau alors que je venais de la retrouver. « Tu as un compagnon ? » lui demandais-je en fronçant les sourcils car je voulais une personne digne d’elle et non un parvenu de la pire espèce comme l’avait été notre père pour notre mère.

« Tu es au courant que tu es bien le seul à penser ça ? » fit-elle valoir d’un ton surpris, Bambi étant davantage habituée à être considérée comme un être sans cœur et sans valeur d’un même temps. « Je me pose pas la question de savoir si ce que je fais est bien ou pas, c’est salvateur pour moi. Surtout que je descends surtout des pourris, à vrai dire. Mais pour te répondre… j’avais un compagnon, avec qui j’ai eu une fille il y a trois ans, qui s’appelle Quinn mais il est mort peu avant qu’elle ne naisse. J’ai viré ma cutie il y a quelques mois, j’ai trouvé une fille très bien et qui m’humanise… et toi, une nénette dans ta vie ? »

« Je suis unique et j’aime à le rester »plaisantais-je avant que mon sourire ne se coince de manière radicale lorsqu’elle m’avoua être en couple avec une femme. Je n’étais pas homophobe mais je devais avouer n’avoir jamais été en présence d’un tel couple et cela me gênait fortement car je n’étais pas certain de supporter de voir ma petite sœur, mon petit joyau avec une autre femme. Je me raclais la gorge. « Tu.. Tu es avec une femme ?!... Quelle drôle d’idée… Pour te répondre, c’est compliqué avec ma compagne »fronçais-je les sourcils. Comment pouvait-elle être avec une femme ? Elle était belle comme un ange… C’était impensable qu’elle perde du temps avec une femme. « C’est une passade j’espère ? »lui demandais-je.

« Oh j’en doute pas » avoua-t-elle avec un rien d’amusement dans le regard, même s’il était toujours en train de la soigner et que cela n’était pas une partie de plaisir. Son visage se ferma soudainement à la suite de la conversation, la réaction de cet homme se présentant comme son frère lui déplaisant fortement. « Compliqué avec ta compagne, dans le sens ? » reprit-elle pour éviter de s’énerver et l’envoyer bouler purement et simplement. « Pourquoi ce serait forcément une passade ? Parce que je suis avec une femme ? Je vais pas aller jusqu’à partir du principe que t’es homophobe mais ça y ressemble, il semblerait. Pour info, les mecs sont des abrutis, désolée pour toi. Et ma fiancée que tu dénigres sans la connaître m’a sauvé la vie à bien des égards. »