everywhere I'm looking now, I can see your halo ~ cody

La jeune femme avait pris soin d'envoyer Jackie se dégourdir les idées. Ou se dégourdir les jambes, j'pense qu'on peut tout à fait dégourdir ses idées aussi. Il y a plein de points communs entre les jambes et les idées. Vous voyez, les jambes quand elles grandissent – toi t'as pas connu ça du coup je vais expliquer comme ça marche – ça fait mal, ça tire, parfois elles craquent de ouf et ça fait du bruit. Genre un gros 'clac', à chaque fois je croyais que je venais de me casser la jambe. Et bien, on est totalement en situation de jambes qui grandissent, mais avec les idées. Joan avait eu la merveilleuse idée d'inviter Bleeker à se joindre à elle pour préparer cette espèce de soirée remonte-moral. Lorsqu'elle entra dans la Lowell House pour prendre possession de la chambre de son amie avec ses sacs pleins de bonbons, Lindley essaya de paraître le plus naturel possible. Elle pouvait très bien être là pour aller voir Jackie ou Aidan, c'est pas comme si il y avait un mec avec un mégaphone qui annonçait à Harvard entier qu'elle venait de donner rendez-vous à son ex. puis c'était un rendez-vous professionnel, pas un rencard, elle n'avait pas à culpabiliser. Sauf que dans sa tête, le simple fait de lui avoir envoyer un sms, elle avait eu l'impression de faire une grosse connerie. Elle avait même rajouté un code pour pas que son petit-copain tombe dessus, par hasard. Si on en croit la tv, ce genre de chose arrive souvent et après on finit dans Tellement Vrai ou Le jour où tout a basculé sur France 2. Joan ne voulait certainement pas finir sur France 2, plutôt mourir. Puis si elle passait sur France 2, c'était chez Stéphane Bern ou rien. Et sérieux, elle comprenait mieux pourquoi Lowell n'avait été qu'un second choix, sont flippants les Lowells quand ils vous regardent dans les yeux. Comme s'ils savaient qu'elle allait faire une connerie. Et en plus elle allait rien faire du tout, une fois qu'ils auraient installé les ballons gonflables 'toutes mes condoléances' que Joan avait acheté, ils appelleraient Jackie et l'un des deux allait partir parce qu'il était plus sage qu'ils ne se retrouvent pas ensemble dans la même pièce que la Lowell parce qu'elle allait les interroger pendant des heures sur eux. De toute façon, il n'y avait pas de 'eux' en ce moment. Elle arriva à destination et resta plantée face à son co-pilote.

What a surpriiiiise quand Cody aperçut le nom de Joan sur son portable. Quand ils s'étaient quittés au bal de promo, il était persuadé qu'ils ne se parleraient plus pendant plusieurs semaines et, qu'un beau jour, sûrement au moment de la Saint Patrick, ils trouveraient une excuse vaseuse juste pour prendre des nouvelles de l'autre. Du style ; 'bonne Saint Patrick Cody ! J'espère que tu as encore ton costume de nain, ahahaahaha, t'as fini par me remplacer ou pas ?' J'vous promets que c'était typiquement le genre de message que la fraise tagada trouverait pour lui parler. Ouais Tagada, parce qu'un poney ça fait tagadagada quand ça court. Je sors. Finalement, l'excuse pourrie, Joan l'avait trouvé plus tôt qu'il n'aurait parié. Il faut dire que Jackie avait eu son accident au bon moment, quel bon prétexte pour se revoir puisque, comme par hasard, elle avait pour BFF Joan et Cody. À croire qu'elle avait fait exprès de se prendre une voiture juste pour les réunir. Ah-ah. Ah-ah. Ah-ah. Quoi ? On n'a plus le droit de faire de l'humour noir maintenant ? En vrai, Cody était très content que Joan lui propose d'organiser une petite fête ensemble, pour elle. Oui, retenons le pour elle plus que le ensemble. Il craignait un max pour consoler les gens et il s'était montré avare de compassion l'autre jour à l'hôpital. Même si elle était sa meilleure amie, même si elle était la personne qui l'avait toujours soutenu, il avait du mal à se montrer compatissant vis-à-vis du gosse qu'elle avait perdu. Donc ça tombait au bon moment.
Une fois que Jess fut couchée, Cody se dépêcha de se rendre au lieu de rendez-vous, sa seconde maison en fait, aka la Lowell House. Ils avaient dit 20h30. Il arrivait à 21h. En même temps, le cycle du sommeil de Jess n'était pas réglé comme une horloge heiiin. Il trouva Joan dans la grande salle et tâcha de se montrer le plus normal du monde, même si ce n'était pas le cas en sa présence ; « Hey ! Désolé, y en a une qui ne voulait pas dormir. On commence par quoi ? » Il ne savait pas trop ce que Joan comptait faire à la base mais bon, la vraie Valérie Damidot dans cette salle s'appelait Cody. Cody Damidot. ça ressemble à une allitération. Lowell un jour, Lowell toujours.

On commence par quoi? A ce propos … Non, Joan en avait aucune idée. Enfin, si dans sa tête, et sur son ordinateur aussi. Elle avait créer un document Google Sketchup avec le prototype de la 'soirée tous pour Jackie '. On commence par se mettre bien, ouaaais mon frère. À l'époque, Lindley avait sa liberté de pensée, on pouvait bien lui prendre sa maison, son gosse et sa télé ; de toute façon elle n'avait ni maison, ni gosse, ni télé. Mais voyez-vous le statut de 'petite-amie de' comportait des règles. Elle n'était pas sure desquelles, parce qu'à chaque fois qu'elle avait du faire face à ce petit boulot saisonnier, elle n'avait pas de projet commun avec un ex. Puis c'était pas n'importe quel ex, attention, elle ne s'amusait pas à embrasser tous ces exs, seul Bleeker avait cet avantage. Ou ce malheureux privilège, en fait, elle avait presque l'impression de le bloquer, une espèce de malédiction et inversement. C'est vrai, si à chaque fois ils s'embrassaient, Joan allait finir par prendre ça pour un 'tiens regarde ce que tu vas perdre si tu vas voir ailleurs, niiiaaah tu hésites maintenant hein'. Fallait une conviction de malade pour passer outre tout ça et s'engager ailleurs. Même pas la Quincy pouvait se réjouir d'y être parvenue vu qu'elle était encore capable d'envoyer des messages à Cody – et qu'apparemment elle avait mis un cœur juste après son prénom dans son répertoire . En même temps, la brune n'était pas sure que ce soit une preuve de courage, de force de caractère, ni même une fierté d'être la première à s'être trouvé quelqu'un d'autre à chouchouter. Disons chouchouter, aimer c'est pareil c'est une espèce de malédiction. 'souviens-toi que je t'ai dit que je t'aimais, peut-être que plus personne d'autre ne te le diraaaa bouuuuuh'. Flippant. Elle se sentit quand même un peu con avec ses ballons avec des croix mortuaires dessus. Ça convenait pas à la situation puis, de toute façon, quelle personne normalement constituée acheté ce genre de ballons pour des funérailles ? Joan trouvait ça fun, mais elle pouvait admettre que ce soit mal vu. Rassemblant tout son courage, elle sortit le sachet avec les ballons. « Euh j'ai acheté ça. J'ai un marqueur pour dessiner dessus. Parce que … il restait plus que ça de toute façon. Et j'ai des banderoles. Je crois que c'est marqué 'bon rétablissement et meilleurs vœux de bonheur' dessus, du coup. On les met pas hein ? »

À côté de Joan, Cody était resté neutre dans son répertoire. C'était Joan, un point c'est tout. Il ne voulait pas mettre de petit cœur à côté de son ex puisque de toute manière, ils n'étaient plus ensemble. Puis vazi, quand tu veux passer à autre chose et que ton autre chose a le malheur de tomber sur ton portable, ça le foutait mal de voir un cœur à côté du prénom d'une fille. Ça engendrait des questions de la part de Autre Chose et Cody  n'était pas foutu de mentir plus de cinq minutes sans risquer d'avoir les mains moites et la gueule crispée d'une bimbo qui s'est faite botoxée chaque pore de son visage.  Donc voilà, une fois à la LH il s'excusa comme n'importe quel gentilhomme le ferait et demanda à Joan de lui exposer son plan. OK, des ballons avec des croix mortuaires … Elle ne voulait pas non plus organiser l'enterrement imaginaire du bébé que Jackie avait perdu ? Il savait qu'il devrait forcément mettre la main à la patte – parce que l'artiste ici c'était Cody – mais il n'imaginait pas que la décoration d'intérieur et Joan Lindley faisaient 1 234 567 890. Il se gratouilla le menton et fit remarquer ; « Tu sais, on ajoute un rond, des pieds et des mains et ça fait un bonhomme. » Un bonhomme, c'était quand même plus joli qu'une croix. Du moins, si on lui faisait un sourire. « Non, pas meilleurs vœux de bonheur. C'est tellement niais de dire ça. Évidemment qu'on lui souhaite d'être heureuse, mais elle le sait donc c'est inutile. Elle va forcément pleurer en voyant la surprise donc j'aimerais qu'elle ne pleure pas pour une banderole aussi pourrie. » GRUMPY IN DA PLACE. Il analysa en silence la longue banderole. Il eut soudain une idée de génie. « Le mieux, ce serait qu'on lui fasse sentir que sa famille, c'est nous. Genre le papa, la maman et le bé... Le cousin grincheux. T'en penses quoi ? » Vous voyez, Cody restait sérieux, focalisé sur sa tâche. Il n'avait même pas posé de question sur le changement de statut sur Facebook de Joan. Il savait rester professionnel quand même hein.

Limite elle était vexée, elle y avait quand même passé du fric dans ses ballons. Puis, elle avait envie de dire que dessiner un bonhomme c'était pas non plus l'idée du siècle. Bonhomme qu'elle n'allait pas avoir bouhouhou. Ou alors on y dessinait un gros nez et sur l'autre une frange. Puisqu'il voulait jouer au papa et à la maman. Non sérieusement, si un jour son petit-ami devait apprendre qu'elle avait passé la soirée avec son ex, autant que ça paraisse clean. Comprenez que 'j'ai passé la soirée à organiser une petite fête pour ma meilleure amie qui vient d'avoir un accident dans lequel elle a perdu l'enfant dont elle était enceinte et tout ça dans la salle commune de la Lowell House' il allait peut-être bouder dix minutes, mais ça paraissait normal, pas un truc bizarre. Or 'j'ai joué à papa-maman pour remonter le moral de ma bff' ça faisait pratique SM. « Non mais je prends le rôle du gosse, niveau taille c'est le plus logique, puis c'est pas comme si on allait faire euh … ah tiens Cody c'est le gentil papa et Joan la maman qui motive les troupes. Ça implique trop de choses. J'veux dire, j'ai pas envie de prendre trop de responsabilités. » Lindley soupira et lança le marqueur à Cody. « Attrape. » Elle joignait le geste à la parole, pas de fausse joie, pas de préparation. Quand on lance une fusée on dit pas : trois, deux, attention on arrive à un, un, ça y est on part. Non trois, deux, un et elle part. Enfin bon, ça on s'en fout. Pendant que Bleeker allait faire des trucs de Lowells, fallait qu'elle se trouve un truc de Quincy. À la base, leur boulot c'est quand même d'aider les gens en détresse, mais elle ne savait pas si ça voulait dire qu'elle devait s'attribuer le boulot de décoration des Lowells sous prétexte que c'était pour aider quelqu'un. Pour le moment, elle le regardait travailler. N'oubliez pas le travailler s'il vous plaît merci. Parce qu'il devait devenir une bonne copine. Aux yeux du monde et de Joan, Bleeker devait rester une bonne copine.

Quand Cody parlait seulement de la vision symbolique du papa et de la maman, il ne pensait pas à ce que le papa et la maman fassent des choses en dessous de la ceinture. Pourquoi on le faisait toujours passer pour le mec aux idées impures, alors qu'il était tout ce qu'il y avait de plus sage, de plus limpide comme de l'eau de roche ? Du coup, les pseudo responsabilités, Bleeker ne savait pas d'où Joan les sortait. Ou alors elle se prenait trop la tête depuis que madame avait un petit ami, ohlalala. Ce n'était pas comme si Cody l'avait invité ce soir à la LH hein. Il aurait suffi que Joan appelle Marika sinon, vous savez, la fille avec qui Jackie et Joan formaient un trio de ouf. N'empêche que ce soir, Joan réclamait l'aide de Cody, donc il ne comprenait pas pourquoi elle cherchait des problèmes là où il n'en existait pas. Elle croyait peut-être qu'il allait lui sauter dessus ? Il acceptait la situation. S'il avait voulu Joan, il l'aurait eu suite à leur échange au bal. « Euh … Joan. Jouer au papa et à la maman sur une banderole, c'est pas tromper. » Il préférait la prévenir, avant qu'elle ait l'impression de faire une connerie vis-à-vis de Joshua. Il n'allait pas bouder pour une banderole et trois ballons, la Quincy stressait pour rien. M'enfin, il n'en ajouta pas plus et attrapa le marqueur. « Youhouuuu, j'aurais dû entrer dans une équipe de baseball ! » Sur ce, il fit le tour des fauteuils du salon, les bras vers le ciel, comme un véritable joueur autour du terrain vert. Il espérait que passer pour un con allait détendre Joan. Il lui aurait bien proposé un massage, mais masser c'est peut-être tromper. « Tu veux que je te signe un autographe ? »  demanda-t-il, le sourire jusqu'aux oreilles.

Oui évidemment, que ce n'était pas tromper. Tromper c'est pas jouer tralalala. Mais c'était crescendo dans ce genre de situation. D'abord on écrit des trucs débiles sur une banderole mais c'est pas tromper. Puis après on va manger un McDo ensemble et on boit le même Ice Tea avec la même paille, mais c'est toujours pas tromper. Puis après on commence à s'envoyer des sms tous les jours, mais c'est pas tromper. La fois d'après on se fait la bise, la bise est un peu trop près des lèvres, mais c'est pas tromper. Après, on s'embrasse, mais c'est pas tromper, ils avaient déjà expérimenté le baiser qui signifie rien. Et après on couche ensemble, c'est pas tromper, pareil, c'est pas comme si ça signifiait quelque chose. Elle n'était pas encore en phase de ça signifie rien. Même si elle allait pleurer sa maman le jour où il trouverait basket à son grand pied, il n'y aurait plus de grands risques. Là au pire si elle sautait trop fort sur le Joshuampoline, elle aurait toujours la consolation de savoir qu'elle avait fait ça pour atterir sur le Codatelat. Si Cody se trouvait une gymnaste plus habile, elle n'aurait plus aucun intêret à sauter ailleurs – en tout bien tout honneur – et elle s'allongerait tranquillement sur le trampoline. « On est jamais trop prudents, je fais pas confiance aux gens qui pourraient passer par-là et s'imaginer des trucs bizarres. » C'était flou tout ça, mais dans les films d'action ils parlent en flou. J'pense que c'est super parce que les mecs qui jouent dedans sont pas super-intelligents du coup on leur donne pas des super-dialogues. « Prends la banderole, elle est trop moche même si on dessine dessus. Et j'ai des stylos à paillettes si tu veux, ça sera tout mignon. Tu sais j'accepte parce que je me dis qu'un jour ça vaudra peut-être des milliards, si un jour par erreur du destin tu deviens célèbre. C'est par pur intérêt que j'accepte. »

Cody ne connaissait pas cette part de Joan qui faisait dans la parano. Et si quelqu'un passait par là … Evidemment que quelqu'un passera par là, il y avait toujours du passage à la Lowell House. Il s'agissait déjà d'un gros coup de bol qu'ils aient le salon pour eux seuls ce soir, elle pouvait s'estimer heureuse. Bon allez, Cody. Il allait prendre sur lui, ce n'était pas comme s'il avait l'habitude, hein. Il poussa un soupir et tout en traçant une bande invisible sur son front avec ses doigts, il lui notifia ; « Où t'as vu qu'il y a écrit 'c'est mon ex, j'lui ai sauté dans les bras au bal de promo et finalement j'ai un petit copain qu'il n'est pas lui donc je veux pas qu'on nous surprenne ensemble' sur mon front ? » ça ne tiendrait pas. Cody avait beau avoir un front panoramique, style écran plasma, LCD et même 3D, ça ne passerait pas. Chez Joan non plus, sa frange cacherait le tout. « Arrête de nous inventer des problèmes. » fit-il finalement en poussant un soupir. Il fallait qu'elle détende son string. Ils s'étaient revus pour Jackie, donc ils allaient accomplir leur mission pleinement. Cody poussa un fauteuil pour étaler la grande banderole sur le sol. Agenouillé à côté, il l'observa minutieusement pour trouver la meilleure idée de décoration. Dans la famille, les artistes étaient Maggie et Jess. Pas Cody. Lui, il maniait l'art de la guitare. Oh putain, oui, la guitare ! « Hey ! Et si toi tu t'occupais de la banderole machin pendant que j'écrirais une chanson ? Ça lui ferait plaisir ! Surtout que franchement, les paillettes c'est pas mon truc. » Il risquait de perdre le peu de virilité qu'il lui restait, vous comprenez. Il était temps qu'il fasse surgir le Jean-Jacques Goldman qui se cachait en lui en chantant des louanges à Jackie.

Les indications en allemand sur le sachet contenant les ballons devinrent brusquement très intéressantes. Elle grimaça, évidemment que c'était pas marqué ça, fort heureusement, un tatouage c'est pour la vie, à la limite elle préférait qu'il se fasse tatoué un papillon sur le bide comme Harry Styles. « Ouais ben moi je vois que ça. » Elle haussa les épaules. Et c'était une très bonne chose qu'elle ait une frange, allez savoir ce qu'il était écrit sur son front à elle. « Je nous cherche pas de problèmes, j'aurais trouvé un truc plus cool comme problème. Du style, je nous aurais découvert un lien familial, un enfant caché, ou peut-être que j'aurais pu découvrir que j'ai un frère qui sort régulièrement avec ta mère. » Autant faire dans l'original. Pourquoi elle n'y avait pas pensé avant ? Quitte à le voir elle aurait pu lui sortir un truc comme ça. Pas qu'elle aimait spécialement le voir paniquer mais ça aurait été drôle, elle aurait même pu lui tendre une enveloppe genre 'notre avenir est contenu là-dedans' et là il y aurait eu une carte Titi et Grosminet avec une bulle de BD du genre 'et t'y as trop cru Grosminet'. Elle débordait d'imagination vraiment, d'ailleurs elle comptait bien se lancer dans l'écriture de romans pour enfants si elle se ratait sa carrière d'astrophysicienne de renom. Joan s'empara des stylos abandonnés comme des papiers de carambars dans un car scolaire par Bleeker et commença à recouvrir l'horrible slogan de licornes à franges et de magiciens avec des grands nez. « Écris lui un truc joli alors. Pas la peine de copier la musique de Groupama. C'est absolument pas réconfortant. Et pour une fois, sois démonstratif. T'es pas doué pour tout ces trucs de sentiments et … débrouille-toi en fait. » Lindley retourna à ses coloriages, horrifiée de voir qu'elle avait colorié la licorne en violet et le magicien en orange. « On aurait du embaucher ta fille pour les dessins. J'ai pas dessiné une princesse ou un chevalier depuis vingt ans. Je crois que j'en ai jamais dessiné même. »

Sisisisi. Joan cherchait des problèmes là où il n'y en avait pas. Cody avait connu un médecin comme ça, une vieille dame complètement sénile. Un jour, il était venu dans son cabinet pour une petite grippe, dans l'espoir de trouver un remède qui lui permettrait de réduire le budget mouchoir. Tout simplement. Seulement, la médecin en question était allé lui chercher des rhumatismes, des problèmes de hanche, de prostate et même, elle avait programmé une opération chirurgicale pour lui faire retirer son troisième téton. Oh, rassurez-vous, il lui avait dit de dégager ses sales pattes en criant 'touche pas à mon téton, infâme girafe'. Dans sa bouche, girafe était une insulte, oui oui. Et là, Joan se comportait EXACTEMENT comme ce médecin incompétent et il avait l'impression de revivre le traumatisme de son enfance. Ou d'il y a quelques mois en fait, ça ne datait pas tant que ça. « Si, tu nous cherches des problèmes pour rien. Mais tu sais, si tu culpabilises trop, rentre chez les Quincy, rentre où tu veux d'ailleus, ou laisse ton copain te rentrer dedans. Trouve un moyen de te déstresser, moi je te retiens pas ici. » Puis tant pis pour Jackie, elle n'aurait pas sa surprise car Joan n'était pas foutue de se comporter normalement en présence de son ex. Ce dernier avait fait un travail sur lui-même ; il s'était tellement pris de râteau dernièrement qu'il ne tentait plus rien. Il allait finir moine au Tibet, il avait hâte. L'orange le seyait à merveille, pour ça qu'il appréciait particulièrement les Quincy. Sauf qu'elles ne le lui rendaient pas, mais ça c'était un autre souci. Après l'accord de Joan, il se précipita dans sa chambre – manquant au passage de se viander sur une marche – et redescendit avec sa guitare. Voilà, il enfilait sa panoplie de Lowell. « J'ai une tête à chanter Groupama ? » lâcha-t-il avec sa tête de grumpy cat. Il posa une fesse sur l'accoudoir d'un fauteuil et se mit à accorder sa guitare – plus pour se donner un style qu'autre chose car en réalité, elle était déjà accordée. « Tu veux exploiter ma fille en fait ? » Il avait bien fait de ne pas l'engager comme nounou. « Dessine-lui des personnages Disney, genre Jackieeee concentre-toi sur ton avenir, les studios Disney sont bientôt à toi. » Bonne idée. Décidément, Cody était un génie ce soir.