[x Theophyl] ­─ The Pursuit of Memories

Des bruits, des voix, un véritable brouhaha. C'était ce à quoi je m'attendais, en venant au bal, après tout. Mais je n'étais pas là uniquement pour passer une bonne soirée, j'avais également de nombreuses choses à accomplir. Certes, j'aurais préféré être ailleurs ce soir-là, mais je n'avais pas le choix. Et au pire, ça n'arrivait qu'une fois dans l'année, non? Tandis que je regardai les gens passer, je cherchais une personne que je pourrais connaître. Parce que j'avais été un tant soi peu forcée à venir, en fait. Et j'avais été lâchée par la personne qui voulait tant ma présence ici. Génial. J'avais donc commencé à parler à toutes les personnes que je connaissais, et particulièrement celles qui m'avait demandé mon aide il y a des semaines de ça. Je suis le genre de fille à qui l'on confie tout, après tout. Et ma gentillesse m'obligeait à demander à ces personnes si désormais, tout allait bien pour elle. Et puisque tout le monde est au bal, alors autant le faire ici. Adossée à un mur, je poussai un petit soupir. Lorsque je levai les yeux, balayant la salle de mon regard azuré, je remarquai quelqu'un que je semblais connaître. M'avait-il vue? Je n'étais pas déterminée à bouger de l'endroit où je me trouvais, et c'est en détournant que le regard que je fuyais encore une fois les responsabilités. Une jeune fille vint me dire bonjour. Je me souviens d'elle. Elle m'a demandé de l'aide pour l'examen de psychologie de la semaine dernière. En très bonne compagnie, apparemment, vu son cavalier. Ce petit regard hautain me disait qu'elle n'était pas venue uniquement pour me dire bonjour, et lorsqu'elle fût partie, j'hésitai encore à fausser mes cours la prochaine fois qu'elle viendrait me les demander. Je soupirai. Je ne m'ennuyais pas, certes, mais cette heure-ci était un peu vide d'ambiance, cela dit. En dehors de ce genre d'occasion, je me retrouve rarement seule. Mais là, tous sont avec leurs cavaliers, je ne risque pas de trouver quelqu'un avec qui parler avant un moment. En marchant le long de la salle, comme si je m'apprêtais à retrouver quelqu'un, je croisai le regard d'un garçon qui me semblait familier. « ─ Bonsoir! » lançai-je d'un français aux accentuations douteuses. S'il y a une chose que je n'aurais jamais supporté, ç'aurait été d'être amnésique. Pourtant, j'en avais appris plus sur l'amnésie ces derniers mois, que j'avais l'impression d'être étudiante en médecine plutôt qu'en psychologie.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Regardant le revers de ma main à travers la pénombre, je jugeais l'hématome malsain qui venait d'y apparaître avec un regard réprobateur. Faire le fou en compagnie de mon meilleur ami ne me laissait jamais indemne. D'ailleurs, ça commençait à me faire un peu mal et ainsi il était peu probable que je recommence à serrer la main de qui que ce soit ce soir. Relavant mon visage, je me découvrais appuyé nonchalamment contre le mur de la salle pour la énième fois en cette soirée, loin des tables et du divertissement. C'était mon habitude ça maintenant depuis le début de cette soirée: m'appuyer, attendre et regarder les autres s'amuser. Oh, j'en avais profiter aussi. J'avais dansé avec des filles, avec mes amis, j'avais tenté d'user mes charmes pour séduire les demoiselles, j'avais eu l'occasion de reparler avec mon ex-fiancée, de mettre les choses au clair avec une jeune femme que j'appréciais énormément et surtout j'avais pu mieux m'occuper de ma cavalière que j'avais délaissé jusque-là. D'ailleurs, je devais la retrouver à la fin de la soirée et après les deux prix très bizarres que j'avais reçu, je n'attendais plus qu'une chose, qui était que cette soirée ne se termine enfin. Réprimant un bâillement, je jetais un coup d’œil vite fait à ma montre et lorsque je relevais mon visage vers la piste, mon regard rencontra celui d'une jeune femme. Réalisant quelques battements de cil pour mettre un nom sur ce nouveau visage, je ne fus apte à le reconnaître que quelques minutes plus tard. « Bonsoir. » Elle avait prononcé ce mot d'une voix française, m'arrachant au passage un sourire admiratif. La jeune femme qui se trouvait désormais face à moi m'avait aidé durant les derniers mois après mon amnésie. Étudiante en psychologie, je ne pouvais pas renier son aide. Me passant une main derrière la nuque, je lui répondis mais dans notre langue originaire. « Bonsoir...Permets-moi de te dire que tu es ravissante. » Et je ne mentais pas. Lui souriant doucement, je rajustais le col de ma chemise blanche immaculée. « Comment vas-tu ? »

J'étais un peu plus confiante, maintenant que j'avais trouvé quelqu'un que je connaissais, et qui n'était pas forcément accompagnée d'une somptueuse demoiselle de surcroit. Je le connaissais, pour dire assez bien, car je l'avais aidé avec son amnésie, fouillant dossier sur dossier à la recherche de quelque chose pour l'éclairer, pour l'aider également. « Bonsoir...Permets-moi de te dire que tu es ravissante. » Je lui souris, avant de murmurer un petit « Merci infiniment », tandis que dans mes yeux pouvait se lire le compliment inverse, mais n'étant pas très confiante en moi, j'avais toujours du mal à dire aux gens certaines choses, compliments compris. « Je vais plutôt bien, et toi? Bonne soirée? » Je ne pouvais pas savoir ce qui s'était passé précédemment, après tout, bien que curieuse de nature, j'aurais voulu savoir n'importe quoi sur n'importe qui, avoir la moindre chose sur quoi réfléchir, pour me sentir moins seule dans les minutes qui ont précédées l'arrivée de Théophyl. Je ne m'étais pas franchement amusée au bal cette année, il faut qu'on se le dise. Mais je ne vais pas non plus dire que j'avais envie de me suicider tant je m'ennuyais, ce serait peut-être trop extrême. La seule chose qui me réjouissait, c'était de savoir qu'enfin, c'était la fin de l'année, et qu'enfin, nous allions avoir droit à du répit. N'existe-t-il rien de mieux comme source de motivation? Passant une main dans mes cheveux, j'esquissai un sourire tout en plongeant mon yeux dans les siens. Habitude que j'avais prise depuis longtemps. Je n'ai pas ce genre de regard qui met la pression et est même dérangeant à la longue, non, plutôt un regard doux, chaleureux, qui met en confiance, parfois qui égare certaines personnes sur le fait que je suis peut-être quelqu'un sans aucun caractère, à l'effigie des préjugés sur les quincys, mais à me connaître, on sait qu'il n'en est rien.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Me retrouvant seul dans mon coin, je fus plutôt surpris de découvrir Despe, non très loin de là où je me trouvais. Lui lançant un compliment sur sa tenue, la jeune femme me répondit avec un sourire : « Merci infiniment » Lui répondant avec un petit hochement de tête comme pour lui dire 'as de quoi', je me rendais compte qu'au final, je ne la connaissais pas tant bien que cela. À vrai dire, elle avait juste été présente pour moi lors de mes pires moments dans ma quête d'identité personnelle. Étant en psychologie, la jeune femme m'avait été d'un très grand secours concernant mon amnésie. Il était donc tout naturel de lui demander comment elle allait. « Je vais plutôt bien, et toi ? Bonne soirée ? » Secouant la tête, je restais un tant soit peu perplexe lorsque son regard se planta dans le mien. « Je vais bien merci. Soirée mouvementée pour ma part. » Oh oui, j'en avais fait des choses en une soirée. Je m'étais fait poursuivre par des vigiles avec mon meilleur ami, j'avais dansé avec des filles et avec des potes comme un malade, rencontré de nouvelle personne, bu de l'alcool, appris des choses folles, resté bloqué dans les toilettes et j'en passe. « Et pour toi ? » Elle semblait un peu égarée. « Tu sembles toute seule comment ça se fait ? Tu n'as donc pas de cavalier ? » J'étais peut-être curieux mais c'était pour moi un bon moyen d'engager une nouvelle conversation avec la jeune femme.

Spoiler:

Mine de rien, je ne m'étais pas réellement attendue à croiser Théophyl ici. Enfin, je me doutais qu'il y était, comme presque tout les étudiants y participaient, cela dit. « Je vais bien merci. Soirée mouvementée pour ma part. » Eh bien, je ne pouvais pas en dire autant, en tout cas. Je lui souris alors, me demandait ce qu'il avait pu faire de sa soirée. Ne le connaissant pas réellement bien, si ce n'est que je sais qu'il est amnésique, je ne risquais pas de le deviner de moi-même. « Et pour toi ? » « C'est la soirée la plus calme que j'ai jamais passé. » soupirai-je. « Tu sembles toute seule comment ça se fait ? Tu n'as donc pas de cavalier ? » « Je suis seule. » ris-je doucement. « Je suis venue uniquement parce qu'une amie le voulait. Mais ça fait un moment qu'elle s'est évaporée dans la nature. » dis-je tout en balayant la salle des yeux. En gros, c'était loin d'être la plus grosse soirée de ma vie. Mais autant qu'on se le dise, je préférais les soirées étudiantes, celles où il y a plus d'alcool que de ponch et où l'ambiance est réellement au rendez-vous. Parce que seule ou accompagnée, je peux m'éclater quand même. Enfin, un bal, c'est comme une soirée mondaine, il suffit de penser que c'est une formalité pour laisser les minutes s'écouler jusqu'à la fin, un sourire forcé aux lèvres, souriant aux personnes qui vous saluent sans engager la discussion. Théophyl m'avait un peu sorti du mur avec lequel je commençais à fusionner, disons. J'esquissai un sourire, tandis qu'autour de moi les bruits ne cessaient.

Spoiler:

Despe semblait toute seule et comme je l'étais aussi, je me serais bien proposé pour lui tenir compagnie jusqu'à la fin de la soirée. Enfin, seulement si elle n'était venue avec personne et que personne ne l'attendait non plus. « C'est la soirée la plus calme que j'ai jamais passé. » Ah ? Je fronçais les sourcils alors que je terminais par lui demander si elle était venue avec quelqu'un ou non. « Je suis seule. Je suis venue uniquement parce qu'une amie le voulait. Mais ça fait un moment qu'elle s'est évaporée dans la nature. » Charmant. Ah ces filles qui décidaient d'abandonner leur amies pour terminer dans les bras d'un charmant garçon. Dans tous les cas, je le supposais. Je plaçais une main sur ma personne comme pour appuyer mes dires. « Si tu veux, moi je veux bien t'apporter de la compagnie ? » Aucune fille ne devrait rester seule lors de son bal de fin d'année, là était mon opinion. Jetant un regard autour de nous, je terminais par lui demander : « Comment cela se fait-il que tu sois venue avec aucun garçon ? Personne ne t'as demandé ? Est-ce que cela veut dire qu'on ne t'as pas invité à danser de la soirée ? » Beaucoup de question certes, mais c'était tristounet tout ça. Marquant une pause, je plongeais mon regard dans le sien. « Dans tous les cas, si jamais tu décides de rester avec moi, nous pourrions apprendre à faire plus ample connaissance. » En même temps, elle m'aidait certes, mais je ne la connaissais pas si bien que cela après tout. Ce bal était peut-être l'occasion de gratter sa carapace et découvrir des choses sur elle.

« Si tu veux, moi je veux bien t'apporter de la compagnie ? » « T'es pas obligé, y'a peut-être quelqu'un qui t'attend ailleurs? » répondis-je, en retournant la question. Cela dit, comme il reprit la parole, j'imaginais qu'il était décidé à ne pas partir? Enfin, je ne dis pas que je veux qu'il s'en aille, cela dit. Il me sauvait un peu, sur le moment. « Comment cela se fait-il que tu sois venue avec aucun garçon ? Personne ne t'as demandé ? Est-ce que cela veut dire qu'on ne t'as pas invité à danser de la soirée ? » « J'ai été tellement plongée dans les révisions dernièrement que je crois que personne n'a simplement pensé au fait que j'irai à ce bal. Pourtant, j'y étais déjà présente l'an dernier. » soupirai-je. « Et effectivement non, je n'ai pas dansé. » ris-je doucement. Enfin, la danse n'était pas non plus mon domaine de prédilection, cela dit. J'en connaissais les bases parce que cela avait fait parti de mon éducation, en tant que fille destinée aux galas et aux soirées mondaines. « Dans tous les cas, si jamais tu décides de rester avec moi, nous pourrions apprendre à faire plus ample connaissance. » « J'imagine que je vais accepter ta proposition? » dis-je tout en souriant. Après tout, ça ne nous ferait pas de mal d'apprendre à nous connaître, effectivement.

Vous me voyez là ? En train de la sauver de sa misérable solitude. Franchement, était-elle réellement en position de refuser mon offre de rester avec moi pour cette soirée ? Je n'en étais pas certain. Sauf, si elle préférait amplement rester seule pour l'instant. « T'es pas obligé, y'a peut-être quelqu'un qui t'attend ailleurs? » Secouant la tête, je songeais à Cordélia -ma cavalière- qui était probablement perdue dans la contemplation de sa magnifique chevelure ou alors à Wyatt qui devait probablement se demander où était passé Torrey. « Je suis libre comme l'air. Personne ne m'attends. » Ou peut-être que si, mais ça je n'en savais trop rien. « J'ai été tellement plongée dans les révisions dernièrement que je crois que personne n'a simplement pensé au fait que j'irai à ce bal. Pourtant, j'y étais déjà présente l'an dernier. Et effectivement non, je n'ai pas dansé. » Lui demander pourquoi personne ne l'avait invité au bal avait peut-être été un peu trop osé sur le coup mais bon, je n'espérais pas non plus tomber sur un fou furieux qui viendrait me taper parce que je traînais avec sa copine. Je ne savais même pas si elle avait un copain. « Et l'année dernière tu avais un cavalier ? » Néanmoins, la phrase qui disait qu'elle n'avait pas danser me resta en mémoire. « J'imagine que je vais accepter ta proposition? » Comme elle me souriait, je lui rendis son sourire avec ironie. « Je ne t'oblige pas du tout, tu sais... » Mais j'en serais pourtant très ravi si jamais elle décidait d'accepter de rester à mes côtés. « D'ailleurs...Si mademoiselle veut bien m'accorder cette danse ? » Tendant la main dans sa direction, une nouvelle musique venait de commencer et elle se trouvait être plutôt lente. Elle pouvait refuser comme accepter.

« Je suis libre comme l'air. Personne ne m'attends. » J'eus un léger rire tandis que je regardais un peu au travers de la salle. Il y avait quelques groupes de filles qui papotaient gaiement, sûrement à propos de leurs cavaliers ou de leurs robes. « Et l'année dernière tu avais un cavalier ? » « Il ne me semble pas. Je crois que j'étais venue avec une amie. Mais je m'étais bien plus amusée qu'à celui-ci, en tout cas. » répondis-je. L'année passée, j'étais effectivement allée au bal avec une amie, et nous avions passée la soirée à passer de mains en mains, à danser avec n'importe qui. Autant dire que l'on s'était amusées. Et ma seconde année à Harvard se soldait par cet échec qui était donc d'y aller, et de m'y ennuyer. « Je ne t'oblige pas du tout, tu sais... » Au ton de sa voix, je comprenais le contraire et je lui souris alors. Tandis que nous parlions, les musiques défilaient et la dernière qui avait rythmé notre conversation terminait de jouer ses dernières notes. « D'ailleurs...Si mademoiselle veut bien m'accorder cette danse ? » Si j'étais légèrement surprise de la proposition, mon sourire ne disparut pas et je pris sa main. « Avec plaisir. » C'était le premier pas vers l'amusement que je faisais dans la soirée, mais comme on dit, mieux vaut tard que jamais. Et puis, ce n'était pas non plus une personne sortie de nulle part qui me le proposait, je ne pouvais refuser, si la demande venait de quelqu'un que j'appréciais.

Rencontrant Despe, je vins à lui demander pourquoi celle-ci n'avait pas de cavalier et surtout je lui confirmais que personne ne m'attendait donc, que je pouvais rester avec elle. « Il ne me semble pas. Je crois que j'étais venue avec une amie. Mais je m'étais bien plus amusée qu'à celui-ci, en tout cas. » Je fronçais les sourcils, c'était dommage qu'elle ne se soit pas vraiment amusé durant ce bal-ci. Enfin, la soirée n'était pas encore terminée dans tous les cas. Lui tendant alors la main, je vins à lui proposer de danser avec moi et donc de passer un moment en ma compagnie. Pour mon plus grand soulagement, elle accepta donc. « Avec plaisir. » Et prenant ma main, je l’entraînais alors avec moi sur la piste parmi les autres couples, nous faufilant entre eux, alors que la musique lente débutait. Plaçant ses mains autour de mon cou, je plaçais une main autour de sa taille. « Merci d'avoir accepté, je suis honoré. » Non, je n'essayais pas de me la jouer en mode loveur mais, j'étais un gentleman et à la base, et j'étais surtout bien élevé. Nous commencions à danser alors tranquillement tandis que je songeais que cette proximité pouvait nous servir à apprendre à mieux nous connaître. Baissant mon visage, je croisais son regard. «  Alors, qui es-tu réellement Despe ? »