(+ Analind) L'amoureux vole un baiser. Il encourt perpétuité. - Charles de Leusse

L'amoureux vole un baiser. Il encourt perpétuité.

Analind & Aaron

Je ne comprenais pas vraiment pourquoi Ana avait si peu confiance en elle. Se demandait-elle réellement pourquoi je m’intéressais à elle ? Car la question devrait plutôt être posée à l’inverse : pourquoi elle, elle avait jeté son dévolu sur moi ? Il faudrait être gay pour être indifférent au charme de Fawkes. Et le fait qu’elle n’est pas conscience de cela l’augmentait considérablement. A ses yeux, elle semblait se trouver quelconque. Seulement, elle était de loin l’une des plus belles femmes au monde et en plus d’avoir ce physique magnifique, j’appréciais énormément sa personnalité ainsi que son caractère, jusqu’à ses défauts. Je ne saurais réellement l’expliquer mais dés notre rencontre, le feeling est passé plus que nécessaire. Je me suis très vite attaché à elle. Je ne comprenais donc pas pourquoi elle avait si peu confiance en ses capacités pour séduire un homme car justement, elle les séduisait sans même le vouloir !

Ma réponse sembla d’ailleurs lui convenir puisqu’elle vint à nouveau m’embrasser. Mes yeux se fermèrent en sentant ses lèvres se presser contre les miennes. J’aimais sentir mon corps contre le sien alors qu’elle était plus petite et plus menue que moi, ce qui ne pouvait que satisfaire mon côté protecteur. J’avais l’impression que dans mes bras, rien ne pourrait jamais lui arriver. Et en vue de la tragédie qu’elle avait pu vivre avec le décès de son mari, je ressentais un besoin presque maladif de veiller sur elle. C’est comme si mon propre équilibre en dépendait.

Quand nos lèvres se séparèrent, mes yeux se plantèrent avec douceur dans les siens. Je mourais d’envie de lui avouer à quel point je pouvais l’aimer. Cependant je me retenais car c’était trop tôt et par conséquent, je ne souhaitais pas la voir s’enfuir à peine sommes nous réunis.

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Je n'avais pas eu besoin de mots pour lui montrer à quel point ses petites phrases m'avaient touchés et surtout, je me sentais mieux. Je veux dire, je me suis toujours sous-estimée et ce, depuis ma plus tendre enfance. Sans doute parce que mon père nous avait quitté quand j'étais trop jeune et petite, je pensais que c'était de ma faute. Parce que je ne devais pas être assez bien pour qu'il me considère comme sa fille. Quand j'ai appris que James était mon demi-frère, autant dire que le peu d'estime que j'avais encore avait bien coulé. Parce que James avait quand même tout du fils parfait, du fils prodigue, du golden boy. Mais là, avec Aaron, je me dis que, peut-être, je n'étais pas aussi minable que ça. Et peut-être que je valais quelque chose finalement. Ça me faisait du bien d'y croire. Alors je l'avais embrassé, pour le remercier. « Je ne pensais pas que la soirée prendrait un tel tournant. » Alors là, c'est sûr. Je pensais juste que j'allais m'amuser avec les autres professeurs, danser un peu, passer une bonne soirée avec Aaron. Mais au grand jamais, je n'aurais cru que nous finirions par nous embrasser; que nous finirions par donner une seconde chance à l'amour. Je pensais que jamais, je ne pourrais à nouveau ouvrir mon coeur mais, sans m'en rendre compte, Aaron y avait déjà posé ses bagages et pris une grande place. Je me demandais ce qui allait se passer par la suite. Dans tous les cas, j'espérais ne pas avoir fait une erreur en l'accueillant ainsi dans mon coeur. Je lui avais dit, je ne supporterais pas une seconde déception. Et c'était vrai.

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Analind & Aaron

- Je ne pensais pas que la soirée prendrait un tel tournant.

J’arquais un sourcil avec amusement, en posant mon regard clair dans le sien. Mon sourire ne semblait plus vouloir quitter mes lèvres en sa présence. Et voilà que je levais les yeux au plafond avec un air trop innocent pour qu’il soit crédible.

- Moi non plus.

Bon d’accord, en vérité, j’en ai longtemps rêvé. Pour tout avouer, cela fait un moment désormais que j’attends la bonne occasion afin d’avoir la discussion avec Ana, concernant notre relation. Finalement, j’avais jeté mon dévolu sur le soir du bal, en imaginant que l’ambiance et le romantisme de l’évènement allaient jouer en ma faveur. Cependant, je restais également persuadé que je n’aurais jamais eu le courage de prendre l’initiative et ainsi me jeter à l’eau en faisant preuve d’autant de sincérité. Disons que le jeu avait finalement été utile puisqu’il nous avait mené tous les deux dehors après un petit coup de gueule de ma part.

- Bon d’accord, je l’ai juste espéré très fort.

Je me mordillais la lèvre inférieure en reposant mon regard dans le sien, comme un enfant. C’est probablement stupide, mais je me voyais bien faire plus qu’un bout de chemin à deux. J’aurais mis ma main à couper que nous étions faits pour être ensemble. Disons qu’il y a des personnes que l’on rencontre et pour qui on a le pressentiment qu’ils seront très importants dans nos vies. Nous continuâmes à danser sur le slow, l’un contre l’autre, jusqu’à ce que la musique prenne fin. Pourtant, je la gardais dans mes bras, protecteur comme à mon habitude.

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Même si je passais une soirée plus qu'agréable, et que je me sentais particulièrement bien dans les bras d'Aaron, il y avait quelque chose qui m'empêchait d'ouvrir totalement mon coeur. Je savais bien que j'avais des sentiments pour lui. Je me demande même s'ils n'étaient pas apparu bien avant aujourd'hui. Notre relation allait bien trop vite pour certain. Nous nous sommes connus qu'en février et là, 3 mois plus tard, je l'embrassais. D'un autre côté, on s'était tout de suite bien entendu. Notre amitié s'est formée en l'espace d'un jour et maintenant, après seulement 3 mois, j'avais l'impression de le connaître depuis des années. Je me demandais ce qui se serait passé si nous nous étions rencontrés plus tôt. Je me demandais si ça aurait changé quelque chose. Sûrement... Ou peut-être pas. Je n'en savais rien, mais ce n'était clairement pas le moment d'y penser. « Moi non plus » Son air un peu trop innocent me fit hausser un sourcil. Pourquoi est-ce que j'avais du mal à y croire hein? « Vraiment? » « Bon d’accord, je l’ai juste espéré très fort. » Une nouvelle fois, je lâchais un petit rire. Nous continuâmes à danser jusqu'à ce que les dernières notes soient joués. Et nous restions là, sur la piste, à nous regarder. Je rougis une nouvelle fois et mes mots sortirent dans un souffle. « Tu sais que la chanson vient de se terminer? » Et qu'on a clairement l'air ridicule à rester planter en plein milieu?

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Analind & Aaron

La musique s’était arrêtée. Pourtant, je gardais Ana dans mes bras, comme si je ressentais le besoin de la savoir en sécurité. Il était impressionnant de voir à quel point je pouvais vouloir son bonheur. Je pouvais aller mal, mais si elle, je la voyais heureuse, machinalement, je le devenais aussi. Et aussi stupide cela puisse paraître, je savais que nous étions liés, d’une manière ou d’une autre. Je ne changerais d’ailleurs ce lien pour rien au monde.

- Tu sais que la chanson vient de se terminer ?

Elle rougissait à nouveau, comme à son habitude. Devais-je compter le nombre de fois où je la faisais rougir ? Probablement pas car ça me prendrait une éternité. Je me contentais de l’observer avec un sourire au coin des lèvres, laissant le bout de mon index glisser sur sa joue.

- Tu sais que tu rougis tout le temps ? C’est adorable.

Et je savais qu’en prononçant cette parole là, une fois de plus, elle rougirait. A croire que j’en faisais moi-même un jeu. Ma main termina avec la sienne tandis que je reprenais la parole.

- Mais pour répondre à ta question, oui, je sais que la chanson vient de se terminer. Je suis vieux, mais pas encore totalement dur de la feuille. Tu veux faire quelque chose en particulier ?

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On avait l'air un peu bête comme ça, sur la piste et ça me gênait un peu. Je veux dire, je n'aimais pas spécialement attirer l'attention. En fait, je détestais ça plutôt du coup, j'avais juste envie de m'enfuir à cet instant. Mais bon, je n'allais quand même pas planter Aaron en plein milieu, ce serait une hooonte. Pour lui. Et je ne voulais pas lui faire subir ça. « Tu sais que tu rougis tout le temps ? C’est adorable. » Là, à ses mots, je le regardais, incrédule, avant de marmonner « Ça a rien d'adorable, c'est pitoyable à mon âge. » C'est vrai quoi, par moment, j'avais l'impression d'agir comme une adolescente de 15 ans alors que j'en ai 35! Vous voyez? N'importe quoi, je ne pouvais pas me le permettre. Je reste quand même une prof et je devais asseoir mon autorité! Bon, pas facile sachant que je ne suis absolument pas autoritaire mais bon, on m'écoute quand même. C'est déjà ça. « Mais pour répondre à ta question, oui, je sais que la chanson vient de se terminer. Je suis vieux, mais pas encore totalement dur de la feuille. Tu veux faire quelque chose en particulier ? » Je ris légèrement avant d'hausser les épaules. Je ne savais pas trop en fait. La soirée avait quand même été pleine de rebondissements. « Pas vraiment en fait. Tu as envie de faire quoi toi? »

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Analind & Aaron

Pitoyable à son âge ? Un nouveau sourire se dessina sur mes lèvres. Effectivement, rougir donne l’impression qu’elle est une jeune adolescente qui devient rouge pivoine à la seconde même où le garçon qui lui plaît lui adresse la parole. A trente-cinq ans ? Ca devenait amusant, mais adorable tout de même. Ainsi, je n’étais pas totalement de son avis. Le bout de mes doigts caressaient cette joue qui avait retrouvé sa couleur naturelle aussi vite qu’elle était devenue écarlate.

- Oh tu sais, vingt-cinq ans, ce n’est pas vieux.

J’arquais un sourcil, accompagné d’un sourire en coin. Toujours rajeunir une femme de dix ans. Ca, je l’ai appris après m’être pris quelques gifles en pleine figure. Méthode à ne surtout pas réaliser avec une jeune de vingt ans, sinon, ça commence à devenir glauque. Je sortais néanmoins de mes pensées en l’écoutant me retourner la question, quant à savoir ce que nous pouvions faire ce soir. Là, un nouveau sourire s’ancra sur mon visage. J’ai toujours envie de faire un tas de choses. A savoir avant tout si Ana voulait rester ou non ici.

- Ca dépend. Tu veux rester au bal encore un peu ou bien tu veux qu’on parte ? Je peux toujours voler quelques bières ou bien une bouteille de champagne pour qu’on aille la boire plus loin, juste tous les deux.

Dommage Ana, tu n’es pas tombée sur un petit voyou mais ça, tu le savais déjà.

- Ou bien on peut rentrer directement chez toi.

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« Oh tu sais, vingt-cinq ans, ce n’est pas vieux » J'haussais les sourcils, un sourire amusé tandis qu'il me rajeunissait de 10 ans. Euh oui non, peut-être pas. J'aimerais bien retourner à mes 25 ans tiens... À peine y avais-je pensé que je le regrettais. Ou peut-être pas finalement, parce que si c'était pour tout revivre une deuxième fois, valait mieux éviter... « 35. Ne me rajeunit pas s'il-te-plait. Sinon, je vais pas pouvoir continuer avec toi. 15 ans de différence, c'est beaucoup. » J'avais rajouté ça avec un sourire malicieux sur les lèvres. C'est vrai que 25 et 40, ça faisait une grosse différence... Enfin, quand on est jeune en tout cas. De mon côté, ça ne m'effleurerait même pas l'esprit, de sortir avec un homme de 15 ans mon aîné. Même 10, c'était déjà trop. « Ca dépend. Tu veux rester au bal encore un peu ou bien tu veux qu’on parte ? Je peux toujours voler quelques bières ou bien une bouteille de champagne pour qu’on aille la boire plus loin, juste tous les deux. » Là, j'affichais un petit air faussement choqué. On n'était plus tout jeune, on ne pouvait plus se permettre d'agir aussi inconsciemment. « Ou bien on peut rentrer directement chez toi. » Et puis, pourquoi chez moi hein? Pourquoi pas chez lui? Enfin... Non mais c'est bon, j'ai rien dit. « Professeur Connor, vous oseriez vraiment voler des bouteilles à un bal organisé pour les étudiants?! Il y a toujours une bouteille chez moi alors si tu veux boire... »

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- Ouf, heureusement qu’on a que cinq ans d’écart, alors.

Je me mordillais la lèvre inférieure pour ne pas rire. Quinze ans d’écart. Oui effectivement, ça commençait à faire mais contrairement à Ana, ce n’est pas quelque chose qui pourrait me bloquer. L’amour ou bien l’attirance n’a pas d’âge. La preuve, je me suis bien envoyé en l’air à dix-sept ans avec l’une de mes enseignantes qui allaient sur ses quarante ans et j’ai couché avec deux étudiantes même si l’une d’entre elle avait déjà atteint la seconde partie de la vingtaine. Mais évitons de revenir là-dessus.

- Non, voler pour la bonne cause ne me pose pas de problème.

Je levais les yeux au ciel avec amusement. Car oui, voler une bouteille de champagne pour la boire à deux, c’est une bonne cause ! Après, tout reste une question de point de vue. Quand elle m’expliqua qu’elle avait une bouteille chez elle dans le pire des cas, je me souvenais que j’en avais également une chez moi. Une bonne bouteille certifiée en France. De plus, si je devais boire, je ne pourrais pas reprendre le volant et dans la mesure où je n’avais pas prévu plus de croquettes pour Bagheera, mieux valait que ça soit dans mon appartement.

- Je t’emmène chez moi alors. J’ai une bonne bouteille aussi et ça évitera que Baggy meurt de faim en m’attendant demain.

Nous partîmes une heure plus tard, le temps de saluer les collègues et discuter un peu avec eux. J’entrais dans ma voiture avec Ana et démarrais afin de me rendre jusqu’à mon appartement qui se situait un peu plus loin que celui de Fawkes, sans excéder les quinze minutes de route. Je vivais dans une résidence, dans un bon quartier de la ville où il fait bon vivre. Un appartement spacieux, au quatrième étage, qui offre une belle vue sur Cambridge grâce à une grande baie vitrée. Il était d’ailleurs propre et rangé, même si je ne suis pas une fée du logis mais surtout, on voyait clairement qu’il y manquait une présence féminine. Enfin, Baggy nous accueillit avec joie, même s’il venait visiblement de se réveiller. Contrairement à Ana, je ne possédais aucune photo dans l'appartement, par choix. J'en possédais pourtant de nombreuses, dont une de mon fils qui ne quittait pas mon portefeuille. En revanche, je refusais de l'afficher aux quatre coins de l'appartement afin d'éviter d'y penser.

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« Non, voler pour la bonne cause ne me pose pas de problème. » Je voyais vraiment pas où était la bonne cause là-dedans en fait... Bref, dans tous les cas, je lui proposais de rentrer chez moi s'il voulait boire... gratuitement. Mais finalement, il changea d'idée. « Je t’emmène chez moi alors. J’ai une bonne bouteille aussi et ça évitera que Baggy meurt de faim en m’attendant demain. » Je pris une fausse mine choquée. « Ne me dis pas que tu as oublié de remplir sa gamelle! » Pauvre chéri! Quel maître quand même. Alors là non hein, s'il l'avait vraiment oublié, tant pis, je prendrais le petit chien sous ma garde. Enfin, je rigolais hein, j'pense même pas que mon immeuble acceptait les animaux, ce qui était bien dommage d'ailleurs. Bref.

Une heure plus tard, je me retrouvais dans la voiture, direction l'appartement d'Aaron. Ça faisait déjà un petit temps que je n'y avais plus mis les pieds vu que monsieur préférait venir squatter chez moi à longueur de journée. Une fois encore, j'exagérais. Presque. En tout cas, il était nickel mais manquait clairement une touche féminine. Déjà, je trouvais que l'appartement était bien triste, sans aucune photo. D'un côté, le mien était un ramassi de souvenir et ce n'était sans doute pas la meilleure solution. Je rentrais donc et directement, enlevais mes talons. Je soupirais de plaisir en sentant le sol froid sous mes pieds nus. Merci bon dieu, je commençais vraiment à avoir mal. Baggy arriva, tout content et je m'abaissais pour le flatter. Sauf qu'au milieu, je me stoppais pour finalement me redresser. « Hum... tu crois que je pourrais d'abord me changer? J'voudrais pas abimer ma robe. » C'est que le petit chien était encore bien jeune... donc rempli d'énergie.

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