like in my dreams ∞ iris.

Plongé dans un sommeil agité, je n'entendis pas tout de suite la sonnette de mon appartement. Je me réveille en sursaut, en sueur et le coeur battant. Je fais encore ces foutus cauchemars, que je n'arrive pas à effacer de ma mémoire. J'oublie qu'on a sonné chez moi jusqu'à que l'alarme retentisse à nouveau. J'ai horriblement chaud et je me lève de mon lit pour aller voir qui est sur le pas de ma porte aujourd'hui. On est samedi, et je suis certain de n'avoir invité personne - ça ne me ressemble pas vraiment à vrai dire. Vêtu simplement d'un caleçon, je me dirige vers la porte et ouvre cette dernière. Mon coeur rate un battement quand je la vois. Mon dieu, ça doit faire plus d'un an que je ne l'ai pas vu. Elle est toujours aussi belle et torturée que quand je l'ai laissée. Je n'arrive pas à trouver mes mots tout de suite, revoyant nos souvenirs défiler dans un coin de mon esprit. J'ai vécu tellement de choses avec elle, que ça me fout la boule au ventre. Je sais même pas comment réagir avec elle, actuellement devant moi en chair et en os. « Putain Iris.. Qu'est-ce que tu fais là ? » C'est quoi cette question au juste ? Elle est à Harvard comme toi abruti. Je l'invite à entrer d'un signe de main, me rendant compte que je suis presque à poil. M'enfin, elle m'a déjà vu moins vêtu que ça donc ce n'est pas très gênant. « Ça va ? » demandais-je, refermant la porte derrière Iris. Au fond de moi, j'éprouvais un immense soulagement. La savoir près de moi me ravivait complètement.

Ça devait bien faire deux ou trois heures que je me promenais dans les rues d'Harvard. Je réfléchissais, en fait. Et je savais pas du tout ce que je faisais, ni où j'allais, ni ce que j'allais faire. Depuis quelques jours, j'étais troublée. Profondément troublée. Pourquoi? Parce que sur le campus, j'avais aperçu une silhouette bien particulière, mais aussi très familière. Et en m'approchant subtilement de cette silhouette, justement, j'avais eu le choc : c'était Nathaniel. Nathaniel et moi, c'était compliqué. On avait vécu à peu près la même histoire, de deux côtés différents et à partir de deux milieux de vie complètement à l'opposés l'un de l'autre, mais pourtant, j'avais l'impression que lorsque l'on s'était rencontrés, qu'on se complétait, en quelque chose. Il avait fait de la prison comme moi, pour aucune raison valable, et de le revoir en dehors encore une fois, dans un cadre moins désespéré que la dernière fois, mais tout aussi difficile, m'avait ravivé de forts et puissants souvenirs. J'avais utilisé quelques contacts pour déterminer où il vivait et dans quelle confrérie il se trouvait. Eliot, bien sûr... J'avais trouvé avec succès son adresse et il vivait à Central Square. C'est donc après trois heures de marche que je m'étais enfin décidé à aller toquer à sa porte, le coeur battant à 100 milles à l'heure, stressée comme jamais. Comme prévu, une fois arrivée devant la porte avec son adresse, je toquai quelques coups. Il était encore tout de même assez tôt, alors s'il dormait, j'devais le réveiller. Je dû attendre quelques minutes à peine pour voir la porte s'ouvrir lentement me laissant face à lui. Deuxième choc... Il ne m'avait jamais vue sur le campus, mais moi je l'avais vu. Il me demandait ce que je faisais ici. Ce que je faisais ici, à Harvard, ou ici chez lui? Aucune des deux réponses n'était simple, en fait. Je pénétrai donc dans sa demeure en inspirant un bon coup. Il était peu vêtu, en boxer : ouais, j'avais bien dû le réveiller. Il était toujours aussi sexy, mais pour l'instant, ce détail occupait à moitié mon esprit. Lorsque Nate me demanda si ça allait bien, je n'avais même pas envie de répondre pour parler. La première chose que je fis fut de lui sauter dans les bras et d'entourer son cou de mes bras pour le serrer très fort. '' Nate... '' Je voulais juste qu'il me serre contre lui, aussi.

J'y croyais pas, et j'aurai pu me pincer pour vérifier que je ne rêvais pas.. elle était bien là. Devant moi. Elle n'avait pas changé depuis un peu plus d'un an, Iris était aussi magnifique que la dernière fois où je l'ai vu. Je ne savais absolument pas quoi faire, quoi dire ou comment agir. C'était tellement compliqué que je me sentais toujours mal à l'aise avec elle. Elle lisait en moi comme dans un livre ouvert, en même temps, nos histoires étaient véritablement similaires. Elle me comprenait, et vice versa. J'étais très attaché à elle, même si je ne la connaissais pas depuis très longtemps non plus. J'entend enfin sa voix, qui me ravive de l'intérieur, quand elle me saute dans les bras. Bon sang, je suis heureux à cet instant. Vraiment heureux. A mon tour, je l'entoure de mes bras comme pour lui dire "t'inquiète pas, j'suis là maintenant". Respirant le parfum de ses cheveux, je rêvasse quelques secondes avant de desserrer mon étreinte autour de la jeune femme. Nous sommes tout de même très proches et mes cauchemars d'il y a quelques secondes sont oubliés quand je plonge mes yeux dans les siens. Je lui adresse un petit sourire amusé. « Au fait tu m'as pas répondu. » dis-je, faisant référence aux questions que je lui avais posé juste avant. L'émotion avait pris le dessus sur les mots.

Ses bras avaient le don de me réconforter, en l'instant présent, comme si en fait, le monde était beau et magique et qu'il n'y avait jamais de malheurs possibles pour détruire mes rêves, comme autrefois. Mais c'était faux, c'était qu'une illusion. Sauf qu'avec lui, j'aimais bien vivre dans cette illusion qui me semblait bien réelle. Son étreinte seule m'avait fait perdre toutes mes craintes, c'était toujours ainsi. Sans savoir pourquoi, je pourrais pas expliquer comment il arrivait à faire ça, mais voilà, c'était le cas... Je me sentais bien, là. Lorsqu'il me laissa retomber doucement sur le sol, je souris en plongeant mes yeux dans les siens. Il m'indiqua que j'avais pas répondu à ses deux questions précédentes. À quoi bon y répondre? J'étais là : c'était l'essentiel. Il était là aussi : c'était parfait. Et comment ça allait? Oh, c'était jamais pareil, mon humeur, alors... Je tentai tout de même de répondre du mieux que je le pouvais. " Ça va mieux. Et toi? '' Mes yeux brillaient vraiment, parce qu'en le regardant, je voyais encore qu'on avait vécu bien des trucs en peu de temps et qu'on avait des histoires similaires... J'pouvais pas expliquer comment j'étais heureuse là. '' Et c'que j'fais ici... Attend, t'es pas content de me voir? '' Je me mordis la lèvre en retenant un faible rire de taquinerie. J'ajoutai au passage : " Oublie cette question, elle est inutile... Je suis ici parce que je suis ici, voilà tout. '' Très claire comme réponse, n'est-ce pas?

Elle va mieux, ça me rassure. Iris n'a jamais eu la vie facile mais peut-être que maintenant qu'elle est à Harvard, tout ira pour le mieux. C'est ce que je lui souhaite. Depuis que je suis ici, je n'ai pas eu de véritables problèmes contrairement à mes années antérieures à la prison. Il y a et il y aura toujours mes parents sur le dos pour me convaincre de me marier avec une inconnue, mais ce n'est qu'un détail à mes yeux. Ils sont venus ici uniquement dans le but de me marier avec une certaine Milena.. et je n'en ai pas la moindre envie. J'ai presque envie de couper les ponts avec eux, mais ils restent mes parents et surtout ceux qui m'ont aidé à m'en sortir. « Oui ça va, t'es arrivée quand il faut on va dire. » Oui, Iris avait pointé le bout de son nez en plein milieu d'un de mes cauchemars répétitifs et je la remerciais pour cela. Je la regarde se mordiller la lèvre et je fond. Bordel, je suis tellement attiré par elle que ça en devient indécent.  « Arrête de te mordre la lèvre. » Je lui fais un petit clin d'oeil et lui dépose un baiser sur le front. Même si elle ne me répond pas clairement sur la raison de sa venue, ça m'est égal. Elle a pensé à venir me voir, ce qui me fait extrêmement plaisir. « T'étudies à Harvard ? » Si c'était le cas, je me demandais comment la jeune femme avait pu payer l'université. Elle était tellement chère.

J'étais arrivée au bon moment? Je me rappelais qu'il faisait des cauchemars, comme moi, tout aussi affreux les uns que les autres. Bien évidemment, je le comprenais parfaitement bien sur ce qu'il vivait, autant dans sa vie passée que dans ses mauvais rêves. La seule différence qui nous séparait du monde, c'était notre argent. Lui était plein aux as, et moi aussi mais... je l'étais aux dépens d'un autre. '' Encore ces cauchemars, toi aussi? '', murmurai-je en plongeant mon regard dans le sien. Il avait, dans ces yeux, une pointe de joie, sûrement celle de me voir, mais derrière, je voyais de la souffrance, comme quand je l'avais connu. Un sourire s'étira ensuite sur mes lèvres, alors qu'il me disait bien clairement d'arrêter de me mordre la lèvre. '' Ça m'rend pas sexy? '', dis-je innocemment dans un rire. Fermant les yeux lorsque Nate déposa ses lèvres sur mon front, je poussai un léger soupir, puis rouvrit les yeux tout en hochant la tête à sa question. Étonnant que j'sois ici, à Harvard, alors que j'avais toujours vécu dans un quartier de merde, à la tête de 6 enfants, enfin de 7 en me comptant moi-même, non? Mon regard s'assombrit à ces mauvais souvenirs. '' Ouais, j'avais pas vraiment le choix, si je voulais partir sur une nouvelle base.. '' Quand on s'était rencontrés, je lui avais pas dit que j'étais mariée, même si c'était pas un mariage d'amour. Je baissai la tête. '' Et puis... mon mari paye mes études. '' J'lui expliquerais la signification de ''mari'' dans mon cas, s'il le souhaitait, mais.. j'm'étais habituée à ce mode de vie, maintenant. J'étais mariée, c'était écrit, et je m'appelais plus Liv, mais bien Iris. Bien des choses avaient changés depuis San Francisco, et ça commençait par la prison...

Je hoche la tête positivement, car oui, il s'agit bien des mêmes cauchemars que d'habitude. Ceux où je me fais roué de coups par d'autres prisonniers ou ceux où je crois que je suis toujours dans cette foutue cellule.. Trop de souvenirs douloureux que j'aimerais effacé à tout jamais. Seule Iris arrive à panser mes plaies temporairement. « Ouais. T'en as encore toi ? » Question rhétorique car je savais pertinemment qu'elle en avait encore et qu'elle en aurait toujours. Voir son petit ami se tirer une balle devant ses yeux, ça ne s'oublie pas facilement. Comme elle vient d'arriver chez moi et que je ne l'ai pas vu depuis un moment, je ne veux pas parler de choses difficiles et préfère passer du bon temps. Je la trouve adorable, mais trop sexy quand elle se mordille la lèvre effectivement. « A ton avis ? » dis-je en arquant un sourcil, un petit sourire aux lèvres. Elle savait parfaitement qu'elle était magnifique, je n'avais pas besoin de lui répéter maintes et maintes fois - j'ai un peu de mal avec les compliments. Elle me raconta qu'elle aussi était à Harvard, ce qui me mettait du baume au coeur. La savoir ici, près de moi, m'enchantait. « Oui t'as eu raison. » Je me détache de notre étreinte quand elle emploi le terme de mari. Elle est mariée, sérieusement ? Avec toutes ces histoires concernant mon mariage, je déteste vraiment cette situation. A priori, il l'aide à financer ses études ce que je peux comprendre, mais j'ai réellement du mal avec cette nouvelle. « T'es mariée ? Félicitations écoute. » Iris savait que ma femme avait été assassinée et que c'était à cause de cela que j'avais plongé. Je serre les dents, me dirigeant vers le canapé pour attraper un t-shirt que j'enfilais. Je désirai des explications..

Si j'avais encore des cauchemars? Bien sûr que j'en faisais encore. Tous les soirs avant de fermer les yeux, je redoutais le moment où je dormirais et que mes rêves se transformeraient en cauchemars tous plus horribles et douloureux les uns que les autres. J'hochai la tête. '' Toujours. '' Je tentai de faire un petit sourire, comme si les cauchemars ne m'atteignaient pas, que j'étais invincible. Mais c'était pas du tout le cas. Chaque matin ou en plein milieu de la nuit, je me réveillais en sueur, essoufflée, et mon coeur semblait me lâcher toutes les fois, sans exception. La petite remarque de Nate par rapport à ce que je venais de faire avec ma lèvre me fit sourire plus précisément. '' Mmh.. alors j'compte le refaire, dans ce cas. '' Immédiatement après avoir dit ça, je me mordis la lèvre comme la première fois, puis j'éclatai de rire. Pour une fois que je me laissais aller rire un peu et que c'était sincère... Le Eliot me confirma que j'avais eu raison de vouloir refaire ma vie sur une nouvelle base et que j'avais eu raison de venir ici, surtout si je le pouvais. J'hochai la tête de manière robotique en haussant les épaules. En fait, maintenant que je savais qu'il était ici, et qu'il serait ici avec moi, m'aidait à croire un peu que j'avais bel et bien eu raison de venir ici. À l'annonce de mon ''mariage'' passé, et du fait que c'était mon mari qui payait mes études, Nate se recula immédiatement en me regardant d'un air différent. Un air douloureux et qui me semblait reprochant, un peu. Je savais son histoire, et je comprenais pourquoi il réagissait ainsi. Enfin, à moitié... Il avait perdu sa femme, et moi j'me retrouvais mariée d'un arrangement à un riche homme. Je soupirai en le laissant aller enfiler un chandail. '' T'sais, t'aurais pu rester torse nu, t'es sexy comme ça... '' J'essayais de mettre une légère pointe d'humour, quoi... J'enchainai sur les explications, bien que ça ne me ravissait pas : '' Si j'suis sortie de prison, c'est parce que Dwight, un très vieil ami d'enfance que j'ai rencontré par pur hasard à San Francisco, est venu me chercher et à payer le prix fort pour faire effacer mon dossier. Je... écoute, je suis désolée. '' J'attrapai doucement son bras en le faisant pivoter vers moi. Je baissais la tête. J'étais désolée d'avoir abordé le sujet. J'étais désolée d'être pauvre, et lui riche. J'étais désolée d'être mariée. J'étais désolée qu'il souffre...

Je grimace quand elle m'avoue que ses cauchemars ne se sont pas interrompus. Je caresse délicatement son visage pour la réconforter, lui faisant comprendre par un seul regard que je compatissais à sa douleur. Préférant arrêter de parler de choses qui fâchent, la jeune femme met tout son coeur à l'ouvrage pour me faire craquer comme elle sait si bien le faire. Je soupire en souriant quand Iris mordille sa lèvre à nouveau. Elle veut ma mort. « Petite chipie. » lui dis-je en me joignant à son rire, si magnifique et si vrai. Je ne ris pas souvent c'est vrai, mais quand je l'entend aussi heureuse, je ne peux m'empêcher de me laisser aller. Je ne reste pas longtemps dans cette phase sans prise de tête car Iris m'annonce le pire : un mariage. Tout à coup, je suis exaspéré par la situation et décide d'aller me mettre un t-shirt car je viens de penser que j'étais presque à poil. « Si tu veux je l'enlève. » Malgré mon incompréhension face à la situation, je lui fais un petit clin d'oeil en scrutant mon t-shirt que je venais de mettre. J'ai enfin les explications que je désirai et quand elle s'appuie contre moi, je ne peux pas m'empêcher de l'étreindre. Je dépose un baiser sur le haut de son crâne et d'une main, je la force à me regarder en soulevant son visage. « C'était vraiment ton seul échappatoire ? » Je n'avais rien à perdre à demander, après tout Iris et moi nous disions tout, je ne vois pas pourquoi cela changerait maintenant.

Il me traitait de petite chipie... C'était lui, le vilain, à me faire fondre ainsi. Depuis la prison, je m'étais forgé une carapace, que personne n'arrivait à percer, alors que lui... Il y était parvenu dès notre rencontre, et il y arrivait toujours, et même plus encore. '' C'est toi, le vilain! '' Je souriais. Il souriait. J'avais besoin que de ça pour être heureuse en ce moment même. Je le retrouvais pour la première fois depuis un peu plus de deux ans, et je m'étais attaché à ce sexy et charmant p'tit bout d'homme d'homme. Même que parfois, mes cauchemars s'étaient portés sur lui, parce que j'avais seulement eu envie de le revoir... Je me sentais terrible, vraiment, de lui annoncer comme ça pour mon mariage. Surtout qu'il avait l'air déstabilisé et frustré de la nouvelle, puisqu'il se retourna pour aller enfiler un chandail. Je lui avais fait une petite remarque à ce propos, lui disant qu'il pouvait bien l'enlever. Je lui avais donné mes explications, les vraies explications, je m'étais excusée, et je me sentais tellement mal qu'il semble être en colère contre moi, ce pourquoi je baissai la tête au sol en soupirant. Je sentis pourtant les doigts de Nate remonter doucement mon visage alors qu'il me serrait contre lui et déposait ses lèvres contre mon front. '' Mon seul et dernier. Sinon, je serais encore en taule à l'heure actuelle... '' J'aimais mieux être en dehors qu'en dedans, vraiment... Je tentai d'orienter la conversation ailleurs cette fois : '' J'croyais que tu l'aurais enlevé, ton chandail... J'peux te l'enlever moi-même, si tu sais plus comment faire... ''
, dis-je en souriant légèrement, pour le taquiner. Je soulevai l'une de mes deux mains pour la passer doucement dans les cheveux de Nathaniel en le regardant dans les yeux. Je me sentais vraiment bien, là, tout de suite.