Strawberry need - Kaleigh Reagan

Je ne m'attendais pas à ce qu'elle comprenne, aussi fus-je prise de court lorsque je constatais qu'elle le faisait et cela sans s'énerver. Le fait qu'elle montre de la compassion me gênait néanmoins toujours, je n'étais pas une adolescente ayant besoin d'être prise par la main, je pouvais me débrouiller seule, je n'avais pas besoin qu'on s'occupe de moi, à vrai dire personne ne s'était jamais occupé de moi et j'avais appris à faire cela seule, préférant croire que c'était par choix plutôt que par besoin. Et elle, cette parfaite inconnue arrivait à me faire croire qu'on pourrait un jour me comprendre et m'aider, tout cela donnait à réfléchir, me donnait mal au crâne et je ne voulais pas y penser, je ne voulais pas penser à tout ce qui me préoccupait déjà bien assez, ce qui me chagrinait. Lorsque la jeune femme posa sa main sur la mienne, je ressentis étrangement le besoin qu'elle reste, me sentant curieusement en sécurité, rassurée d'être avec quelqu'un de plus ou moins comme moi, quelqu'un qui acceptait que je puisse avoir des doutes et des réticences et ce rapport à la réalité me réconfortait dans l'idée que je puisse un jour affronter la vérité comme le faisait la jeune irlandaise, avec courage, sans tabou ni honte. « Non non... restes. » Dis-je en me mordant la lèvre, posant à mon tour une main sur la sienne, sur celle qui s'était posée sur son sac, signe qu'elle s'apprêtait vraiment à partir si je ne désirais plus passer la soirée en sa compagnie. « C'est juste que... j'ai pas envie de parler de ça ce soir, tu comprends ? Je veux juste... être moi sans toutes ses questions et trucs du genre. » Je baissais les yeux quelques instants, espérant qu'elle comprenne mais peut-être cela avait-il joué en ma défaveur, peut-être me trouvait-elle bien moins attrayante en homosexuelle non affirmée.

Strawberry Need elle posa sa main sur la mienne, et je relevais les yeux vers elle, si fragile en cet instant. Je me mordis la lèvre, elle était sublime, et son mauvais caractère n'était pas un frein, ni même son refus de s'accepter. Elle ne me regardait pas, ma main s'approcha de sa tête, allant poser mon index sous son menton pour relever son visage et son regard fantastique. Je voulais dire quelque chose, mais j'étais sur le coup, un peu happé par ses yeux d'un bleu électrique. Ma main quitta doucement son visage, et je regrettais déjà, puisque toucher sa peau, était plaisant. Je lui tendis la bouteille de vodka. "Trinquons à un monde merveilleux, à une jolie rencontre, à une soirée..." dis-je avec beaucoup de sérieux, avant de rependre avec plus de décontraction. "Au fait que nous soyons des femmes belles et fortes..." Ma bouteille alla tinter contre la sienne. Et je bus cette gorgée sans la quitter une seconde du regard.

Je frissonnais lorsque sa main frôlait mon visage, son index relevant mon menton pour soutenir mon regard. Cette réaction, aussi insignifiante soit-elle me prouvait une nouvelle fois ce que j'avais tenté d'occulter, jamais nul homme ne m'avait fait frissonner par un simple contact, jamais nul homme ne m'avait déstabilisée autant que pouvait le faire une femme, moi qui pensait que cela était du au fait que je pensais les hommes aussi prévisibles qu'ennuyeux. « Trinquons. » Dis-je, retrouvant un peu de conviction dans la voix, dévissant le bouchon de ma propre bouteille après que nous eûmes trinqué ensemble. Je grimaçais au passage de l'alcool bon marché dans ma gorge, celui-ci me faisant l'effet d'un goût de plastique dans ma tranchée mais qu'importe, la vodka réchauffait mon corps et ça n'était pas sans me déplaire, m'arrachant un frisson. Et puis, je décidais de lui poser une question qui venait de s'ancrer en moi, tant pis si je mettais directement les pieds dans le plat : « Tu... as quelqu'un dans ta vie ? » Demandais-je prudemment finalement, après tout pour avoir trompé non seulement mon petit-ami avec ma petite-amie l'un avec l'autre, je savais qu'il était possible de rencontrer de telles personnes et ne voulais plus être ni la menteuse ni la femme trompée car les souvenirs douloureux de mon ex restaient en moi comme pour me punir de lui avoir fait la même chose.

Strawberry Need Une gorgée encore, la vodka n'avait rien à voir avec le sublime Jameson familial, mais pour l'heure c'était agréable quand même. Sa question pour le moins directe et intime, me surprit d'un coup. On était passé de "je veux pas parler de mon homosexualité" à "et au fait tu es maquée?" J'attendis quelques secondes avant de répondre. "Et bien, je suis célibataire... mais j'ai des aventures plus ou moins régulières, avec des personnes." Je grimaçais, me disant que peut être j'en avais trop dit, ça allait peut être lui faire peur. "Je n'ai pas encore trouvé La personne qui fait la différence, et puis...a 25 ans, que sait on de l'amour et de la vie?" Je mangeais un gateau. "Je ne suis pas contre de me caser un jour, mais je ne veux pas, enfin, je veux être frapper par la personne qui partagera mon amour et ma vie, je veux de l'exceptionnel, des sentiments vrais. Enfin, je ne dis pas que toutes mes conquêtes sont purement un amusement, ce ne serait pas vrai, j'ai juste pas encore eu le vrai déclic sentimental."

Intéressant, Gwen était donc l'une des personnes que je ne supportais pas sur le campus, à l'excepté de mes deux meilleures amies. J'étais plutôt sage en comparaison. « Je vois. » Après tout, chacun ses passes-temps, si pour elle le sexe n'était qu'un moyen de se faire plaisir, il n'avait rien de honteux à cela contrairement à un certain homme dont je tairais le nom qui avait un besoin pathologique de se fourrer dans tous les nids de la Terre et surtout celui de mon ex petite-amie... « On s'en fiche de l'âge... si j'avais rencontré la bonne personne à quinze ans, je serais fière d'être toujours avec. » Puis, ce qu'elle me disait se mit à tournoyer dans ma tête, je me mis à réfléchir vraiment à ce qu'elle me racontait comme s'il s'agissait d'un sujet hautement important, comme si ma réponse allait déterminait la suite de notre soirée. « Pour moi... c'est un peu niais comme raisonnement mais pour moi, le déclic sentimental se fait à la seconde. Je crois pas aux; je te plais, tu me plais, on fait connaissance et on voit si ça marche, pour moi on voit ça à la seconde. Et si il n'y a pas de déclic dès le début c'est... c'est perdu d'avance, il faut que ce soit... quelque chose de... » Je fermais les yeux, esquissant un sourire, essayant de mieux visualiser ce que je disais. « Quelque chose de si évident qu'on a envie de courir dans cette direction, qu'on se pose pas de question. » Ouvrant les yeux, je me mis à rire, ce que je pouvais paraître bête ! Je m'enfilais quelques gorgées d'alcool et ajoutais : « Laisse tombé, je suis dans ma période bisounours ! » J'éclatais de rire.

Strawberry Need L'écouter parler, je l'aurais fait toute la nuit, elle parla avec tant de passion à cet instant! Et au moment où elle ferma les yeux, comme pour ressentir au plus profond d'elle ce qu'elle disait, j'avais envie de me pencher pour l'embrasser. Et son rire cristallin vint me faucher, je ne pus que rire avec elle, et non pas d'elle. "Tu as une bien meilleure vision de la vie que moi... c'est le côté british ça!" ça est elles parlaient plus sereinement, enfin il m'apparaissait que c'était le cas, peut être étais-je en train de me planter, mais je me trompe rarement. Ce que je suis, ne plait pas souvent aux filles qui cherchent l'amitié, mais lorsqu'il y a une quelconque alchimie, c'est une toute autre histoire. Je me rapprochais d'elle, discrètement. Nous étions dans un lieu public, et vu sa peur de ce qu'elle est, oser un rapprochement plus franc, aurait été inutile et bien stupide. Je comptais sur les effluves de cette mauvaise vodka pour qu'elle se détende. Mais je ne profiterais pas d'elle, j'attendrais qu'elle me fasse un signe, même minuscule. "Alors, qu'est ce que tu étudies?"

« J'sais pas si c'est le côté british mais... c'est ce que je pense. » J'esquissais un sourire, au moins elle ne se moquait pas de moi, ou du moins elle avait peut-être un certain tact, un savoir-vivre qui l'empêchait de réfuter totalement mes convictions que moi-même je trouvais cul-cul. Elle semblait même y accorder un certain crédit ce qui, en plus de me soulager me ravissait plus que de raison. Peut-être partageait-elle la même opinion que moi ?
Buvant une nouvelle gorgée, je fus déçue qu'elle s’intéresse aux études que je faisais, je ne voulais pas parler de la fille que j'étais, de ce que j'étudiais et encore moins de la maison que je fréquentais, aussi, je décidais de ne pas répondre à sa question. « Tu pourrais me demander ce que tu veux et la première chose qui te viens à l'esprit c'est de savoir ce que j'étudie... » Lâchais-je, charmeuse, voulant détourner la conversation et lui faire savoir que je pourrais lui dire n'importe quoi, qu'elle pourrait me poser n'importe quelle question et que j'étais bien entendu, encline à jouer à ce jeu. « Je vais te montrer comment faire. » Dis-je, un sourire aux lèvres, m'approchant d'elle de manière peu subtile, après tout ce que j'avais à lui demander nécessitait une certaine intimité et je ne comptais pas le hurler dehors. « Suis-je ton genre de femmes ? » Demandais-je car après tout la réponse m’intéressait.

Strawberry Need Ma question distante, fit mouche, et j'en étais assez contente de moi, elle avait relancée toute seule le jeu de la séduction et c'était plaisant à plus d'un titre. "et bien c'est une question comme une autre..." Lui dis-je en portant la bouteille à mes lèvres encore une fois, lui lançant un regard à la limite du coquin. Juste à la limite, ni plus, ni moins. Sa phrase me fit un effet buff, accompagné de son déplacement pour se coller en face de moi, elle savait jouer de ses charmes, elle me plaisait, tantôt timide et agressive, tantôt joueuse et incendiaire, la pureté même. j'esquissais un sourire radieux. Si elle était mon genre? c'était une question qui ne se posait pas, mais qui se vivait... Aurait elle... la folie de se laisser faire? Ou allait elle me repousser? Je laissais flotter un long instant, allant me rapprocher d'elle au plus près de son visage, nos lèvres à quelques menus centimètres. Je ne bougeais pas plus. "Je sais pas..." Lui murmurais-je alors. "As tu..." ma phrase resta en suspend tandis que mon souffle chaud caressait ses lèvres et que je plongeais allègrement mon regard dans le sien. "envie de le savoir..." terminais-je.

« Et bien... » Répondis-je en soufflant à mon tour sur les lèvres de Gwen, jouant moi aussi au jeu de la séduction, ne voulant pas céder à la tentation de manière à profiter du désir et de l'envie presque irrépressible d'aggriper ses lèvres. « Ça dépend de toi en fait... » Murmurais-je, me mordant la lèvre inférieure comme pour la pousser à céder la première. J'étais en manque d'amis, d'amour et d'affection et j'avais besoin qu'on comble ce vide, je voulais qu'on m'attrape, qu'on m'embrasse, je voulais me sentir désirée, voulue, je ne voulais plus être une intruse, je ne voulais pas être un second choix. Je ne voulais plus être la femme trompée, la traîtresse non plus, je voulais juste être moi avec tout ce que ça impliquait. Séduire une inconnue n'était pas mon genre, ne me ressemblait en rien mais qui étais-je pour déterminer qui j'étais et qui je devais être ? Et si ce genre de choses me ressemblaient bien plus que ce que j'avais été jusque là ? Me trahirais-je ? Me décevrais-je ? La seule chose susceptible de me décevoir à l'heure actuelle était de ne pas saisir l'occasion de me sentir aimée, ne serait-ce que pour une seule seconde, ne serait-ce que pour oublier le visage de la femme que j'aimais et que je tentais jour après jour d'oublier parce que je n'avais pas digéré son aventure, parce que l'homme avec qui elle m'avait trahi était désormais l'une des personnes que je détestais le plus au monde. Je voulais bien plus à cet instant et si ça impliquait souffrir à nouveau je franchirais le cap sans hésiter car il n'y a rien de plus malheureux que de vivre dans la demi-mesure, je ne voulais pas aimer à moitié et ce genre de risque impliquait de ne pas souffrir qu'à moitié. Peut-être fonçais-je tête baissée dans un mur, dans des problèmes qui me dépassent mais qu'importe, ce qui comptait à présent était de vivre car j'avais trop longtemps voulu porter en moi les espérances de mes parents, des autres. Le prestige des Eliot sur mes épaules alors que je ne rêvais que de me saouler la gueule. Je voulais être heureuse, je voulais vraiment essayer. Je ne voyais pas en Gwen le bonheur ou l'occasion de l'être mais un début à tout, si j'assouvissais mes désirs avec elle alors peut-être serais-je capable de retranscrire cela dans ma vie de tous les jours. Je devais malgré tout avouer que mon comportement était bien entendu poussé par mon manque d'amour et si elle jurait de m'aimer et de me faire l'amour à cet instant précis, j'étais sûr de lui répondre que je serais d'accord en me ruant dans ses bras, en enfouissant ma tête dans ses beaux cheveux blonds et son cou immaculé. O diable ce principe de premier pas. C'est sous le magnifique coucher de soleil que je décidais d'assouvir mes fantasmes, peut-être sous le regard indiscret de quelques passants se faisant de plus en plus en plus rares, que je saisissais ses lèvres avec douceur, portant ma main droite dans sa crinière sauvage, caressant ses cheveux tout en fermant les yeux, probablement aidée par l'alcool qui avait aidé à lever mes dernières inhibitions.

Strawberry Need Délicieuse tension, sensuelle à souhait, avec ce petit quelque chose de dangereux lié au fait qu'elle veut que personne ne sache ce qu'elle aime en réalité. Son odeur délicate est partout autour de moi, et déjà je me vois, poser une main sur sa cuisse, elle me parle, ma langue passe sur mes lèvres mais je ne parcours pas les derniers centimètres. C'est quelque peu cruel, je le sais, mais avec ce genre de femmes, mieux vaut ne pas faire le premier pas, elles sont comme des faons, apeurées même par le bruit d'un craquement de feuille. Elle passe sa main dans mes cheveux et dépose finalement ses lèvres sur les miennes, je lui rends ce baiser, et plus encore, je passe ma main sous ses cheveux, le long de son cou, comme pour attester qu'elle restera là. C'est un baiser d'une douceur inouïe, je n'ose pas vraiment la toucher plus avant, de peur qu'elle se re transforme en timide et sur la défensive, je reste juste mes lèvres contre les siennes, ma langue allant titiller la sienne. Le baiser donné d'une femme à une autre, est un moment des plus savoureux, c'est indescriptible.