Strawberry need - Kaleigh Reagan

Strawberry Need Je quittais la Dunster House, le sac sur l'épaule, fêtarde comme j'étais, même si je tenais admirablement bien l'alcool, j'avais quand même la migraine, et la seule chose capable d'endiguer cela, était un fruit. Une fraise, ou même plusieurs à vrai dire! Marchant d'un pas certain, je filais vers le 7-Eleven, seul petit supermarché de proximité, qui pouvait surement me dépanner. J'allumais une cigarette, que je fumais tranquillement sur le chemin. Arrivant devant, j'écrasais le mégot, poussant la porte de la boutique. Je devais le savoir, mais je n'avais pas voulu me le dire en vrai, il n'existait des fraises qu'en gâteaux, ou en boissons dans cette boutique. Plongée dans la contemplation de la bouteille de boisson vitaminée, qui devait contenir des fraises, je ne réalisais pas tout de suite sa présence, c'est quand son parfum me chatouilla les narines, que je relevais la tête vers elle. Sublime regard, elle ne m'avait pas vu, ou du moins ne me regardait pas, chevelure brune brillante, une très jolie fille...

J'étais revenue dans le coin pour donner en main propre quelques documents inhérents à mon absence à l'accueil de l'université. Je n'avais téléphoné à personne, aucun de mes soi-disant amis n'était au courant de ma venue et j'avais tenu à m’éclipser au plus vite. Sauf qu'en sortant du campus, j'avais réalisé que m'attendait dans la maison de mes parents de l'ennui, un ennui aussi profond que mon envie de ne croiser personne m'avait poussé à ne prévenir personne. Je ne savais plus ce que je voulais, j'étais perdue et je me sentais seule. Ma seule occupation du moment était de brosser mes chevaux et de raconter ma vie sur mon blog, voilà à quoi se résumait ma convalescence après plusieurs semaines passées en hôpital psychiatrique. La rumeur n'avait ou commençait, pas fait le tour du campus et je remerciais la discrétion de mes meilleures amies qui sois-disant passant m'avaient totalement oubliée. Quoi qu'il en soit et tiraillée par la faim, je me dirigeais dans la première supérette du coin, mes longs cheveux bruns retombant en cascades douces le long de mes épaules dénudées par un débardeur simple posé sur un jean slim beige. Je suintais le chic, le naturel et la haute couture, comme à mon habitude. Mon air supérieur que je ne contrôlais pas avait déjà attisé le dédain de certaines jeunes femmes que j'avais croisé dans la supérette alors que je tentais d'être pour une des rares fois de ma vie aussi invisible que discrète.

Strawberry Need Elle avait ce quelque chose de dédaigneux, que l'on m'accordait pour une raison que j'ignore. Je ne suis pas snob pour un sou, mais mon caractère appuyé, ne plait pas trop aux filles, généralement, ce qui fait que je n'ai pas d'amies filles, où alors elles sont très intimes, discrètes, félines et... ce sont des sex friend pour la plupart donc. Je ne suis pas une prédatrice, et j'aime autant les hommes que les femmes, mais il est vrai que ma vie privée, frise la décadence. Il parait que c'est une tare liée aux gens qui ont de l'argent. Je lui jette quelques petits coups d'oeil, elle a vraiment ce petit truc, cette petite étincelle sensuelle dans sa façon d'être. J'hésite un instant, juste 30 secondes à vrai dire, et je vais l'accoster. "Bonsoir." Petit sourire timide sur les lèvres, mais ne pas se fier à mes airs, plutôt à mes actes. Je me mords la lèvre, elle est captivante, j'aime ce genre de femmes, je suis toujours attirée par les brunes... comme par les bruns d'ailleurs. "Connaîtrais tu une autre supérette dans le coin, où je sois susceptible de trouver des fruits frais?" Je regarde le contenu de mon panier, qui frise l'adolescence pré pubère. " Tu es de Cambridge?"

Alors que j'essayais de me faire la plus petite possible, quelqu'un vint me couper dans cette optique. Une jolie blonde - j'ai un faible pour les blondes - qui me demandait quelque chose sur les fruits. Qu'est-ce que j'en savais ? Est-ce j'avais une tête à faire les courses moi-même ? J'arquais un sourcil et décidais de me radoucir, je n'avais aucune raison d'être mauvaise et de chercher des ennuis, je voulais finalement rentrer chez moi sans accroc. « Heu... non... mais il y a un marché plutôt sympa le dimanche en centre-ville. » Dis-je d'un ton détaché avant de saisir un soda sans sucre et une barre protéinée qui me servirait de repas probablement. Puis, celle-ci engagea réellement la conversation en me demandant si j'étais du coin. Je n'étais plus tellement sûr de retourner à Harvard, de rester dans les parages alors je décidais de mentir, d'être quelqu'un d'autre, d'être une inconnue dans une supérette. « Non. Je rendais visite à quelqu'un. » Répondis-je en tournant la tête dans sa direction, de manière à la regarder d'un peu plus près, elle et son panier. Un faible mais néanmoins sincère sourire se dressa sur mes lèvres alors que j'entrepris de reprendre la parole : « Bon... appétit ? » Dis-je en plaisantant doucement alors que j'agitais mon soda devant elle pour lui montrer qu'au fond je n'étais pas mieux dans le genre achat pré pubère.

Strawberry Need Je me moquais à vrai dire de où trouver des fruits, je voulais en savoir plus sur elle. Timide, avec un je-ne-sais-quoi de caché, mais une fille qui aime les filles, ça se sent, c'est... inévitable, on le sait parfaitement. Le langage du corps, d'une fille qui en aime d'autres, n'a pas d'égale. Je lui souris plus franchement, son air supérieur de petite fille hautaine s'estompe, pour laisser place à, ce que j'appelle "un réel attrait". Elle ment sur le fait de rendre visite à quelqu'un, je l'ai déjà vaguement croisé en soirée, mais impossible de savoir qui, quoi, où. "C'est ... dommage." Lui dis-je en réponse à ce mensonge. Une envie réelle de jouer la carte de la séduction, elle m'attire et son léger sourire a vraiment une touche délicate qui m'attire. On se détaille un peu en silence, puis elle me montre son soda, comme pour attester qu'elle non plus, n'a pas décidé de se nourrir convenablement, c'est adorable et j'éclate de rire en remettant une mèche de mes cheveux derrière une oreille. "Oui, mais... peut être que... enfin on pourrait se partager ce festin de roi!" Oeillade et sourire en coin.

Gwen attira vraiment mon attention lorsqu'elle éclata de rire, j'adorais son rire, bien loin du mien, cristallin, plus grossier, plus sincère surtout. J'adorais ce genre de détails, le rire des gens, leurs sourires, leur façon de s'exprimer, de marcher, on pouvait apprendre beaucoup de choses sur les gens ainsi. Néanmoins je décidais de ne pas l'analyser, j'avais autre chose à faire et il était bien plus intéressant d'attendre de voir ce qu'elle souhaitait me révéler plutôt que de le deviner et elle était bien plus difficile à cerner passer les premières secondes qu'en l'observant au premier regard. Un instant, je cru qu'elle me faisait du gringue, je n'avais jamais été douée pour analyser cela chez les femmes, tout comme je n'avais pas autant confiance en moi lorsqu'il s'agissait d'elles que les hommes, si prévisibles et ennuyeux. "Oui, mais... peut être que... enfin on pourrait se partager ce festin de roi!" C'était direct ! A moins qu'elle ne s'ennuie, j'avais de plus en plus la confirmation qu'elle me draguait, du moins que je l’intéressais assez pour qu'elle propose qu'on poursuive la discussion ailleurs et qu'on partage un moment ensemble déguisé sous le fait de dîner ensemble. « Et si je disais non ? » Répondis-je, joueuse, un sourire en coin, voulant voir si celle-ci avait du répondant ou si elle était vraiment intéressée, si elle ne jouait pas, si ce n'était pas un stupide pari qu'elle avait eu à l'université du genre inviter la première inconnu à manger un bout quelque part. Approchant mes yeux bleus lagons de la jeune femme, je tentais de percer son mystère à jour, de chercher la faille dans le système.

Strawberry Need Bon, pour le coup je suis pas subtile pour un sou... Pas très discrète l'approche en elle même. M'enfin si je devais être aussi discrète que les filles hétéro qui craquent pour un mec, ma vie sentimentale en saurait au point mort! Je n'ai rien contre les hétéros, mais je ne suis pas une fille qui se tait et qui attend! Ce n'est pas moi, ou alors dans très peu de situations, elles se comptent sur les doigts d'une main. Je suis plus dans l'optique, tu me plais, je te plais, alors on y va? Très directe en somme, pas lourde, juste franche. Je suis décomplexée de tout en fait, j'ai une sexualité très épanouie en somme... « Et si je disais non ? » Me dit elle, ce qui ne manqua pas de me faire sourire largement, j'entrouvris la bouche, me passant la langue sur la lèvre. Un instant de silence. "Et bien, si tu dis non, je rentrerais comme je suis arrivée, en fumant une cigarette, et puis je mangerais toute seule, en pensant qu'à la place de me retrouver esseulée; j'aurais pu partager une soirée à rire de tous et de riens... et faire la connaissance de la fille qui se cache derrière le plus troublant des regards..." J'haussais les épaules, à elle de décider. Ce n'était pas une pure folie que de dîner avec moi...

J'aimais son répondant, sa façon de me dire que je n'étais pas non plus le centre du monde parce que ça m'agaçait autant que ça m'attirait vers elle. Tout comme les femmes sont attirées par des hommes qui ne sont pas intéressés par elles. « C'est une sorte de rendez-vous ? » Osais-je demander en battant des cils, comme pour confirmer que la jeune femme me draguait bel et bien depuis qu'elle m'avait accosté. Je me sentais seule et je n'avais rien de mieux à faire et la perspective de rentrer chez mes parents me déprimait. Je me sentais comme une gamine en cage, surveillée comme si je comptais m'enfuir par la fenêtre à l'aide d'une corde. « Tu m'as eu avec cette histoire de regard. Je vais accepter. » Dis-je avec un large sourire, suivi d'un rire avant de jeter mes cheveux en arrière, empoignant au passage un paquet de bonbons et de chocolat que je m'empressais de jeter sur la caisse, fouillant dans mon sac à main bleu métallique dans le but d'y trouver un billet. Finalement je n'avais pas laissé à la jeune femme l'occasion de répondre à ma question, c'était peut-être mieux comme ça. J'aimais qu'on me fasse languir mais il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin. « Passez-moi deux bouteilles de ça. » Dis-je en indiquant les deux bouteilles de vodka alignées derrière le comptoir. Je buvais beaucoup en ce moment et je ne me cachais pas. Montrant ma carte d'identité, je payais la note et attendis que la jeune blonde en fasse de même, curieuse de savoir ce qu'allait donner la soirée.

Strawberry Need Elle m'avait posé LA question, dont la réponse était évidente, oui c'était un rendez vous, spontané, quelque peu dingue dans sa présentation, mais tout à fait honorable! Et je n'eus pas le temps d'y répondre, qu'elle acceptait, j'hochais la tête, d'un air entendu et satisfait, après tout pourquoi ne le serais-je pas? Passer une agréable soirée, ça n'a jamais été déplaisant à imaginer et à vivre! Elle attrapa quelques articles et passa en caisse, je la suivis et payais mes articles. Une fois dehors, portant un petit sac en plastique contenant mes maigres achats, je me présentais simplement à elle. "Je m'appelle Gwen." Je lui tendis mon paquet de cigarette, si tenté qu'elle fume et m'en allumais une. "Allons nous poser, y'a un parc un peu plus loin, et puis... après on verra!" Lui dis-je avec le sourire toujours vissé sur les lèvres. "J'ai remarqué que tu avais un accent... d'ou viens tu?" Dit la fille avec un accent irlandais à couper au couteau...

« Kaleigh. » Répondis-je en déclinant sa proposition de cigarettes. S'il y a bien une chose que je refusais c'était bien la cigarette et la fumette en tout genre. Pour le coup je ressemblais bien plus aux gosses de riches qui peuplaient Harvard, préférant de loin ce qui se sniffait au reste, comme toute chose qui se veut in. In, je ne savais plus si je l'étais mais je savais au moins une chose, je ne voulais plus être la gosse de riche prévisible, quelque peu excentrique mais qui rentre néanmoins dans les rangs pour faire plaisir à papa et maman. Dans un sens, mon hospitalisation m'avait aidé à non seulement faire face à mes problèmes mais aussi à m'en créer de nouveaux. Ma vie était tellement plus simple avant, j'étais la fille parfaite typique de la maison Eliot, pom-pom girl, violoniste de talent et étudiante assidue. Je voulais changer de vie. Mais je ne savais pas ce que je voulais à la place ni comment faire pour y parvenir parce que et quelque part, rester dans les rangs me permettait une certaine sécurité intérieure, l'intime conviction d'avoir toujours quelque chose à quoi me raccrocher et si je choisissais ne serait-ce qu'une seule seconde la vie que je voulais au plus profond de moi, j'encourais le risque de perdre tout à quoi j'avais cru, mes propres convictions jusqu'à mes amis, ma vie entière.

"J'ai remarqué que tu avais un accent... d'ou viens tu?" « Ma mère est anglaise. » Répondis-je, trouvant bien plus intéressant de lui confier ce genre de détails plutôt que de lui dire que je venais du coin, de la région et que j'étais bien plus américaine qu'anglaise. « Par contre toi... j'ai du mal à savoir d’où tu viens avec ton accent ! » Particulier mais tout à fait charmant.