(+Dolce) I'm fine.

Oui bon certes. Le fait qu'elle vive avec lui était un tantinet étrange mais si on était juste amie ça pouvait passer non ? C'était pas comme s'il avait du souci à se faire. Ma naïveté finirait par me perdre tiens. Mais moi, j'avais vraiment du mal à voir où était le mal justement. Parce que j'avais pas du tout l'impression que c'était quelque chose qui se faisait pas. Et puis, sachant qu'elle vivait avec mon copain il était donc obligatoire qu'on soit amenée à se croiser non ? Du coup, autant s'entendre le mieux possible. « Je.. Dolce.. » Elle soulevait un point pas mal important là en fait et elle avait pas tout à fait tord. Sauf que j'arrivais pas à me rentrer dans la tête qu'elle était amoureuse de moi. C'était juste pas possible et je préférais faire comme si je n'avais rien entendu. J'avais toujours eu le don pour contourner la vérité quand elle ne me plaisait pas et ça n'allait pas changer aujourd'hui. « J'peux pas être heureuse sans toi. » Bah quoi ? C'était vrai. C'était la personne qui avait prit le plus soin de moi. Celle qui m'avait aidée à un moment ou je perdais totalement pied alors non. J'voulais pas que Dorian soit un frein à notre amitié. J'voulais juste pouvoir continuer à m'entendre avec elle, à pouvoir lui parler. C'était pourtant pas compliquée. Si ?

Je me laissais tomber au sol, passant ma main dans mes cheveux. Tais-toi s'il te plait. J'veux pas ressentir ça, moi, j'veux pas crever d'amour pour quelqu'un. Ca mènerait nul part à part à la souffrance. Et j'pensais pas que ce serait dur de lui faire mes adieux mais j'y arrivais pas. J'voyais dans son regard qu'elle avait peur d'me perdre, j'le ressentais parfaitement. J'étais ligotée. Si j'ressentais rien pour toi, j'aurais pas couché avec toi, j'suis pas comme ça. J'marquais une pause. Mais comme t'étais malade, j'ai eu l'impression d'profiter d'tes faiblesses, c'est pour ça qu'j'suis partie. Je me forçais à sourire. Peut être que toi tu ressentais rien d'autre qu'd'l'amitié va savoir. Enfin peut importe. Mon regard était dur, dénoué d'expression.

La voyant se laisser tomber au sol, je m'asseyais à mon tour continuant à la fixer. Et faudrait peut être qu'à un moment ou un autre je pense à remettre mon pull histoire de pas rester dénudée de la sorte. Je la laissais parler réfléchissant quelques secondes. Me remémorant ce qui c'était passé entre nous. « J'me suis jamais posée la question sur ce que je ressentais pour toi.. Tout c'était passée tellement vite que je n'avais pas vraiment eu le temps non plus. « Mais t'as pas profité de moi. Je le voulais aussi. J'ai pas couchée avec toi parce que j'étais faible ou autre. » Bien au contraire, j'en avais eu envie pour le faire. J'étais pas non plus du genre à coucher comme ça. Avec Dolce, c'était arrivée et je ne le regrettais pas. « On pourrait au moins essayer non ? »

Sans que j'm'en rende compte au fur et à mesure qu'elle parlait, je fixais ses lèvres de telle sorte qu'elles constituaient à un aimant pour mon cerveau.  J'm'en veux tellement d'm'être barrée aussi lâchement. Je secouais la tête. Peut être que si j'étais pas partie, on serait ensemble à l'heure qu'il est.. Faut pas qu'j'pense à ça.  Ca marchera pas. Je souris doucement.  J'veux pas souffrir mais j'veux pas non plus qu'tu fasses un choix entre Dorian et moi. C'est lui qu't'aime. Autant qu'y'est un pion qui bouge, erm. Comme c'était affreux. "C'est lui qu't'aime", ces mots raisonnaient dans ma tête aussi fortement qu'une migraine. J'voulais qu'ça s'arrête.

Parce que ça nous coutaient rien au final. On pouvait pas abandonner sans avoir essayé au préalable. Moi j'voulais le tenter. Parce qu'elle était vraiment importante. Et puis aussi parce que je savais qu'elle en valait la peine. J'entrecroisais mes doigts dans les siens avant de lui répondre. « L'important c'est que tu reviennes non ? » J'essayais vraiment de trouver le positif à cette histoire. De faire en sorte que tout aille mieux. Mais à chaque fois que j'avais l'impression de réussir, elle finissait par tout enfoncer à nouveau. Comme si elle se refusait le fait de pouvoir me fréquenter à nouveau. Et bordel, j'pouvais pas la forcer. « Si tu veux vraiment faire une croix sur moi, vas y. J'vais pas me battre pendant des heures si t'es pas capable de faire le moindre effort. »

Je regardais le sol, perdue. J'avais jamais vécue ça, l'amour, le dilemme. Ca devrait pas s'passer comme ça. La personne qu'on aime devrait vouloir de nous en temps normal. Certes, elle m'voulait en tant qu'amie et si ça tenait qu'à moi, je resterais mais y avait Dorian et mes putains d'sentiments qui m'empêchaient d'raisonner correctement. Si ça tenait qu'à moi, j'resterai. Si j'l'avais fermé aussi, hein ! Elle m'aurait détesté d'être partie puis basta mais non, maintenant qu'elle sait, elle veut qu'j'reste. Et après c'est moi qui complique tout. J'veux pas faire une croix sur toi. J'veux être à tes cotés dans n'importe quelle circonstance mais pas de cette manière là. Tu comprends ça?! J'avais criée, le "tu comprends ça?!" était monté en octave. J'avais besoin d'aide, un conseil, une solution, n'importe quoi qui puisse arranger la situation. Et même si j'en donnais l'impression, j'voulais pas la perdre, jamais.

Ouais. J'trouvais que j'étais déjà misérable à la supplier de rester alors que j'avais jamais été en tord dans notre histoire. Alors si en plus, elle ne tentait pas de faire le moindre effort, j'allais pas me descendre encore plus bas. J'avais déjà dis ce que j'avais à lui dire. J'pouvais pas faire grand chose de plus. « Mais ça ne tiens qu'à toi Dolce. Pourquoi tu veux mêler autre chose à ça ? T'es la seule à décider si oui ou non tu veux m'virer de ta vie. » Ouais. Fallait qu'elle arrête de se trouver des excuses. C'était trop facile que de dire qu'à cause de Dorian elle ne pouvait pas. C'était lâche. Terriblement lâche même. « Si tu voulais vraiment rester tu le ferais. Même de cette manière là. J'suis mal placée pour te dire quoi faire. Après tout y a que toi qui peux décider. » Contrairement à elle, j'étais restée calme. J'avais bien compris que s'énerver ne servait strictement à rien.

J'me rabaissais à lui dire c'que j'ressentais et elle faisait la sourde oreille. J'sais bien qu'elle avait quelqu'un dans sa vie mais quand même. La prochaine fois, fallait pas compter sur moi pour exprimer mes sentiments. La prochaine fois, fallait pas espérer qu'j'tombe amoureuse, d'une personne malade en plus ! J'aurais tout fait. Mais qu'est ce que j'avais dans la tête, j'tais plus maligne que ça d'ordinaire. C'était les gens qu'étaient censés s'mettre à genoux pour moi pas l'inverse. J'avais envie d'être cruelle comme je l'étais d'ordinaire, d'lui dire que non j'voulais plus d'elle mais j'en étais incapable. J'arrangeais rien. Qu'est ce que t'attends d'moi hein? Que j'te regarde fricoter avec l'autre? Ouais j'l'appelais "l'autre" même si il avait un nom et qu'il était mon colocataire. J'me mettais à sa hauteur, la regardant droit les yeux puis mes iris dérivèrent une nouvelle fois sur sa bouche. J'ai qu'une envie quand j'te regarde, c'est d't'embrasser mais j'suis pas une briseuse de couple alors j'le fais pas. Elle devrait comprendre pourquoi j'peux pas rester. Je lui souris avec dégoût. Pas dégoûtée d'elle, non, mais de moi. Je me recalais de nouveau contre le mur. J'vais rester, t'as gagné, mais t'étonnes pas si un jour j'pète un câble à force de supporter tes frasques avec Dorian.   Je recroquevillais mes genoux contre ma poitrine.

J'baissais les yeux à sa question. C'était pas ce que je lui demandais. Loin de là même. Et j'savais que pour le coup j'étais égoïste de lui demander quelque chose de la sorte mais.. J'pouvais pas me passer d'elle en fait. C'est quelques temps sans sa présence avait sonné comme un calvaire pour moi et maintenant que je lui avais reparlée je ne voulais pas la laisser fuir à nouveau. « Non.. Désolée de ne penser qu'à moi. » J'voulais pas que le fait de me voir avec Dorian lui fasse mal et pourtant, si elle était amoureuse de moi comme elle le disait ce serait inévitable. Qu'elle me parle ou pas. De toute façon, en vivant avec lui elle serait automatiquement confrontée à cette situation un jour ou l'autre. Elle ne pourrait pas l'esquiver indéfiniment. Les lèvres pincées, je la regardais sans rien dire. Elle avait raison et bordel, j'comprenais ce qu'elle pouvait ressentir. Tout aurait été tellement plus facile si elle m'en avais parlée au lieu de fuir. Pourtant, j'finissais par esquisser un sourire à sa dernière phrase. C'était sûrement mesquin comme pensée mais.. J'avais gagnée. « Dolce.. Ecoute, on est pas obligée de se voir quand Dorian est là. Je peux ne pas te parler de lui. On peut se voir sans présence comme deux amies. J'ferais n'importe quoi pour te rendre les choses plus facile tu sais ? » Parce que je ne voulais surtout pas qu'elle souffre à cause de moi. J'voulais pas savoir que je pouvais lui faire du mal. C'était atroce rien que d'y penser et elle ne méritait pas ça.

Lorsqu'elle me dit qu'elle était navrée de ne penser qu'à sa petite personne, j'éclatais de rire. J'avais pas pu me retenir car elle n'en avait pas l'air. Bah écoute, on est toutes les deux désolées dans c'cas. Une fois que j'eus repris mon sérieux, je me relevais et lui tendis ma main afin qu'elle fasse pareil. Tu sais, rien qu'le fait d'te savoir avec lui m'donne la gerbe. Une fois qu''elle fut debout, je gardais ma main dans la sienne et fermais les yeux. Les démons du passé refaisant surface. Ceux-ci allant de notre rencontre, à nos nombreuses disputes à cause de son anorexie, à nos délires et à cette fameuse nuit où on avait fini dans l'même lit. Et à cette époque là, j'étais incertaine de ressentir un autre sentiment que d'l'amitié à son égard.Tous ces flashback m'embrouillaient le cerveau à un tel point que mes lèvres se retrouvèrent sur les siennes et que ma langue se mêlait malencontreusement à la sienne.  Putain, excuse-moi ! Lorsque j'me rendis compte de c'que j'étais en train d'faire, je me stoppais immédiatement avant de reculer avec brutalité.J'suis vraiment désolée ! J'la regardais confuse. Elle allait m'en vouloir, j'le sentais venir. L'pire c'est qu'j'avais dit juste avant qu'j'allai pas l'embrasser, de quoi me faire légèrement passer pour une conne.