(+Dolce) I'm fine.

Fatiguée et livide, j'arpentais les couloirs sans trop savoir ou aller. Quelque regard se posait sur moi et des murmures se faisaient entendre alors que je faisais semblant de ne rien voir. Faire semblant. C'était comme une seconde nature chez moi. Je feignais la normalité alors qu'au final, personne n'était dupe. J'finissais par pousser les portes du théâtre allant directement m'asseoir dans un coin ou personne ne viendrait me déranger. De toute manière, l'endroit était toujours vide à ce moment de la journée et cela m'assurait un long moment de calme. J'devais faire peine à voir avec mon pull trois fois trop grand tentant de cacher en vain une maigreur affolante. Pourtant, j'essayais vraiment de me battre contre tout ça. Sauf que fallait croire que j'étais pas assez forte. Depuis quelques temps, mais mauvaises habitudes avaient reprit le dessus et je n'étais plus capable d'ingurgiter le moindre repas sans me faire vomir directement après. Pâle et bien trop maigre. J'étais pas bête. J'entendais les gens parlaient tout bas sur mon passage. Fallait dire que y avait de quoi s'inquiéter mais, je refusais d'en parler. Au pire, ça finirait par passer. Ouais.. C'était beau de rêver.

Les journées défilaient à une vitesse folle et plus le temps passait et plus, nous les étudiants en danse devions redoubler d'effort. Nous nous entraînions parfois durant de longues heures mais celle-ci nous semblaient courtes tant elles étaient productives. J'étais distraite par on ne sait quoi, ces temps-ci, les professeurs étaient obligés de me rappeler à l'ordre. Dolce, concentre-toi. Dolce te décourage pas.  Me décourager n'était pas dans mes habitudes. Et puis, qu'est-ce qu'ils en savaient si j'me décourageais? J'étais juste dépitée ça n'avait rien avoir.  J'étais tombée amoureuse de la mauvaise personne et j'étais la responsable de sa décente aux enfers, je n'avais pas de quoi être fière. Pourtant, je n'laissais transparaître aucune émotion, excepté le dégoût.  Plusieurs personnes avaient essayé de me soutirer des explications, sans succès. J'étais pas une pleurnicharde, donc j'me la fermais. Allô la lune ici la Terre ! On y va Dolce? Ces paroles m'extirpèrent de mes pensées et je regardais une fille de mon cours de danse. Elle me sommait sans doute de quitter l'anphi vu que les cours touchèrent à leur fin.  Excuse moi. J'avançais à ses cotés et traversais le théâtre d'un air songeur. Je reçu soudainement une tape sur l'épaule, ce qui me fit sursauter. C'est pas ton ancienne pote le cure-dents là bas? Avait-il demander d'un ton moqueur. Bien sûr, sans même parcourir le théâtre des yeux, je savais très bien de qui il parlait. Parce que tu t'crois beau toi, ptete?! Je me mordis la lèvre énervée et serrais les poings.  Aller ! Dégagez, vous m'saouler ! Ils me regardaient tour à tour, mal à l'aise. Faut pas l'prendre comme ça, c'était pour rigoler, rrrrrr ! Bien sûr et ta sœur, elle rigole aussi, non?  J'te jure, dégage avant que j't'en colle une ! Et sur ces mots, ils partirent tous. Quant à moi, je baissais les yeux avant de les relever en direction de la jeune femme.   Chrissy ? Je m'approchais d'elle délicatement. Ma voix tremblait et ma gorge se noua en voyant à quel point elle avait maigri. Pourquoi tu fais ça? Ou, pourquoi tu te détruis? A cause de moi? Ça, y a qu'elle qui pouvait le savoir.     

J'fermais les yeux me laissant envahir par mes pensées. Mon esprit était parfois la seule chose qui me donnait l'impression d'être en sécurité. J'en avais marre. Marre de ces regards, de ces chuchotements, de ces rumeurs. Pourquoi fallait-il que les gens s'intéressent autant à ma santé ? Après tout, j'allais bien non ? Ou du moins, je tentais de donner cette image. Sauf que ce n'était pas crédible. Suffisait de soulever mon pull pour voir distinctement les os ressortir beaucoup trop. Suffisait de regarder mes jambes qui avaient plus ou moins la même grosseur que mes bras. Pathétique. C'était le genre de truc dont on ne guérissait jamais. Le genre de truc beaucoup trop fort pour réussir à s'en débarrasser. Alors j'menfermais dans mon monde évitant le plus possible les gens pour ne pas soulever trop de question. C'était le mieux ouais. J'avais même fini par éviter Dorian sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi mais c'était le mieux pour tout le monde et surtout pour moi. Tout ça c'était sa faute. Ouais. Quelque part, je lui en voulais à Dolce. Elle m'avait laissée tomber comme ça. Du jour au lendemain et ce, sans même prendre la peine de me donner une explication. Elle m'avait sortit du trou pour m'y replonger par la suite. Comble de l'ironie. Pourtant, j'avais luttée. Je m'étais battu pour pas retomber mais fallait croire que j'étais pas assez forte. Des éclats de voix me sortirent de ma léthargie et j'constatais que tout un groupe avait fait son entrée. Moi, j'tentais juste de me faire le plus discrète possible sauf que de toute évidence, ça ne marchait pas. Le cure dent. Sympa. Je rabattais mes genoux devant mon visage comme pour me cacher les laissant parler. C'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Ne pas réagir. Et puis on finissait par prendre ma défense, en quelque sorte. J'avais même pas besoin de regarder pour savoir qui c'était. Dolce. Bien sûr, fallait que ça soit elle. Je réagissais toujours pas. J'voulais juste qu'ils s'en aillent. Ni plus ni moins. J'répondais même pas quand elle prononçait mon prénom. A quoi bon ? On avait sûrement plus rien à se dire de toute façon. « Et pourquoi je ne le ferais pas ? » Mes mots avaient raisonnés dans la pièce. Dur, froid et tranchant. J'comprenais même pas comment on avait pu en arriver là mais je n'étais définitivement pas en tord. « Laisse moi tranquille. Va t'en ! »

C'était de ma faute si elle était comme ça, c'était indéniable. Et jamais, j'pourrais  m'le pardonner. J'pouvais pas effacer sa frustration, néanmoins. C'est sûr que c'était complètement fou que je réapparaisse comme une fleur dans son existence mais j'allais pas la laisser crever, il fallait que j'répare mon erreur !   Parce que c'est pas la bonne solution .. Et voilà qu'ma voix tremblait à nouveau. En ce qui concernait Chrissy, je manquais totalement d'assurance. Elle avait le pouvoir de me paralyser et de me faire perdre mes moyens. Le pire c'est que j'voyais bien à la manière dont elle me parlait et me toisait qu'elle ne voulait pas de moi, ce qui s'comprenait. Laisse moi tranquille. Va t'en !  Je restais choquée par ces mots et un blanc s'installa durant quelque seconde. J'devais réagir et maintenant !   Il en est hors de question ! J'avais déclaré cela de manière déterminée avant de pester mécontente. Je la prenais par le bras et la tirait vers les vestiaires avec conviction. On ne croirait pas vu mon gabarie, mais je détenais une sacré force. Si je serrais plus, avec ses problèmes de santé, je risquais de briser les os de son poignet.  J'ai fait quelque chose d'affreux, je le sais mais ça ne te donne pas le droit de me juger ! J'étais furieuse, contre moi-même mais contre elle aussi. J'lui en voulais de s'être permise de rechuter suite à mon départ. Elle n'avait pas le droit !  Enlève moi ce putain d'pull ! On était dans les vestiaires et voilà que je pétais les plombs. J'arrivais plus à m'contenir et si j'm'écoutais, je fondrais en larmes sur le champs. Mais j'devais pas. J'avais pas le droit d'être faible devant elle.      

J'voulais qu'elle s'en aille. Qu'elle me laisse tranquille. J'avais rien à lui dire et de toute manière je n'avais aucune envie de discuter avec elle. Je m'étais fais avoir une fois. C'était bien assez. J'voulais pas qu'elle revienne dans ma vie. Qu'elle se mêle de ce que je pouvais faire ou pas. C'était le genre de truc qui ne la regardais pas, qui ne la regardais plus. J'voulais juste qu'elle se tire et qu'elle me laisse toute seule. J'étais bien comme ça. J'avais besoin de personne. « Parce que tu t'y connais toi en solution ? » J'étais pas le genre de fille méchante. Non, vraiment pas. Mais elle m'avait blessée. Je m'étais senti trahi et il était hors de question que je fasse le moindre effort envers elle. Et au lieu de me laisser tranquille comme je le lui avais demandée, elle me prenait par le bras me forçant à me lever malgré mes protestations. Elle était sérieuse là ? J'avais beau me débattre pour qu'elle me lâche j'arrivais à rien et puis fallait dire que vu mon était je faisais de toute façon pas le poids. « Et toi t'as aucun droit d'agir comme ça. Fous moi juste la paix ok ? Te mêle pas de ça ! » J'étais en colère, furieuse même. Et surtout, je comprenais pas. Peu importait le temps qui avait pu se passer. J'oubliais pas. J'oubliais rien. Et je ne lui avais certainement pas pardonné. « NON ! » T'avais hurlée continuant à tirer sur ton bras pour lui faire lâcher prise. Elle croyait vraiment qu'elle pouvait te donner des ordres de la sorte ? Fallait pas qu'elle rêve aussi. « Pourquoi tu veux que je vire mes fringues, hein ? Tu vas m'baiser pour te tirer encore une fois ? » Ouais, c'était très bas.

J'étais à bout, putain, à bout d'nerfs, j'pouvais plus, j'pouvais plus faire comme si de rien n'était, comme si j'm'en foutais. Et toi t'as aucun droit d'agir comme ça. Fous moi juste la paix ok ? Te mêle pas de ça ! Un rire nerveux s'échappa de mes lèvres. Je riais toujours lorsque j'étais stressée ou sur les nerfs. Et c'était bien l'cas, j'étais sur les nerfs. Je comprenais qu'elle puisse réagir de la sorte avec moi mais pas de là à risquer sa vie. T'attend que ça hein?! Que j'te laisse crever ronger par la faim ! J'avais envie de lui dire de se regarder dans une glace et que son attitude était suicidaire mais je ne dis rien. Elle hurla qu'elle ne voulait pas enlever son pull, ce qui me mit d'autant plus en colère. Je tentais de calmer ma respiration car je risquerais d'être imbuvable, plus que je ne l'ai été. Pourquoi tu veux que je vire mes fringues, hein ? Tu vas m'baiser pour te tirer encore une fois ? Ma main vint se plaquer violemment contre sa joue. Comment pouvait-elle dire ça?! J'avais couché avec elle parce que je l'aimais bordel, pas juste pour tirer un coup !  Les larmes que j'avais jusqu'à présent contenu dévalaient mes joues à toute allure. Elle venait de m'arracher le cœur. Enfin, comme ça on était quitte. Tu crois vraiment que j'ai couché avec toi juste pour assouvir mes pulsions? Mais réveille-toi bordel, il y a une raison plus évidente ! Quel cauchemar, je voulais juste la protéger et voilà comment ça s'est terminé... Je voulais juste la protéger !  

Je savais que j'avais tapé fort en disant un truc pareil. J'savais que ça risquais de faire mal mais, j'avais pas pu m'en empêcher. Parce que c'était bien ce qui c'était passé la dernière fois. Ouais c'était exactement ça. Elle m'avait aidée à m'en sortir et à cette période là je lui devais tellement de chose. Puis comme ça, sans le préméditer, on avait finit par coucher ensemble. J'regrettais pas parce que je l'avais voulu. J'avais voulu la posséder. Sauf que le lendemain, elle avait disparut. Elle s'était juste tirée. Ne prenant pas la peine de répondre à mes appels ni à mes message, faisant tout pour ne pas avoir à me parler. Alors j'avais finis par laisser tomber. J'avais compris que je n'avais pas compter pour elle. Une gifle violente s’abattit sur ma joue alors que je reculais sous l'impact. C'était prévisible. J'aurais du m'en douter. J'étais allée trop loin dans mes paroles et je venais de la blesser. Après tout, tant mieux. Elle m'avait blessée elle aussi. Et c'était rien comparée à ce qu'elle avait fait. « Et comment veux-tu que je le sache si tu passes ton temps à faire comme si je n'existais pas ? Tu crois que tu peux partir puis revenir comme ça ? Tu crois vraiment que t'as tout les droits sous prétexte que tu m'as aidée une fois ? » J'essayais vraiment de rester insensible face à ses larmes mais bordel, ça me déchirait le coeur de la voir comme ça. Sauf que je pouvais pas la laisser gagner aussi facilement. Il en était hors de question. Je reculais de quelques pas mettant de la distance entre nous deux. « Tu veux vraiment que je le vire mon pull ? » Je le retirais donc et le balançais sur le sol la laissant donc regarder mon corps. « C'est ça qu'tu voulais voir ? »

Elle semblait durant un quart de seconde désolée de sa cruauté puis fière l'instant d'après, j'la reconnaissais plus. Mais après tout, j'l'avais bien cherché. J'méritais qu'elle m'traite plus bas qu'terre. J'essuyais mes larmes d'un revers de manche tout essayant de me calmer. Putain qu'est ce que j'pouvais être conne. Elle aurait pas dû m'voir pleurer ! Et j'aurais pas dû la gifler.. J'regrettais mon geste. Et toi, tu crois qu'tu peux t'détruire sous prétexte que j'ai coupé court à notre amitié ? Amitié qui n'en était pas vraiment une, enfin pour moi. J'ai jamais dit que j'avais tous les droits, arrête de déformer mes propos ! J'inspirais afin de reprendre mon calme. Cette situation était tellement naze et le pire c'est que mon intention n'était pas de la souffrir. J'y avais même pas pensé, en faite. J'avais mal agi sur ce coup là. Mais qu'est ce que j'pouvais lui dire hein? Dans tous les cas, j'pourrais plus contenir mes émotions longtemps. Tu veux vraiment que je le vire mon pull ? J'appréhendais ce que j'allais découvrir mais j'avais déjà une vague idée. Elle était maigre, tellement frêle, tellement fragile. J'en avais mal au ventre. J'voulais pas qu'ça s'passe comme ça .. Décodage? Pardonne-moi Chrissy. Mais j'avais bien trop de fierté pour le dire explicitement. J'ai cru que tu serais bien mieux sans moi, faut croire que j'avais tord. Je lui adressais un sourire dépité et tourna les talons. J'ferais bien plus d'mal que d'bien en restant.

J'avais honte. Honte de lui montrer ça. Je me voilais pas la face. Je savais que c'était affreux à regarder. Mais j'voulais lui faire mal aussi. Lui faire aussi mal que ce qu'elle m'avait fais. Pourtant, j'avais jamais été branchée vengeance. C'était pas moi. Moi je pardonnais tout mais.. A elle je ne pouvais pas. Elle m'avait fait bien trop mal. Alors je la laissais juste regarder sans rien ajouter de plus. J'avais rien à dire de toute façon. J'voulais juste qu'elle souffre autant que moi. Qu'elle comprenne ce que j'avais pu ressentir. « Et tu pensais que ça allait se finir comment ? » C'était bête ce qu'elle disait. Elle savait très bien que disparaître comme elle l'avait fais ne pouvait certainement pas se passer bien. Pas avec moi. Pas avec mes façons de réagir. Pas avec ma fragilité beaucoup trop conséquente. Fallait se douter que les choses allaient mal tourner. « Comment tu peux choisir à ma place ? » Elle avait pas le droit de décider si je serais bien avec elle ou pas. C'était à moi de faire ce choix. Elle m'avait aidée à sortir la tête de l'eau alors pourquoi cela aurait été t'il mieux sans sa présence ? C'était du n'importe quoi. De l'idiotie extrême. Et voilà qu'encore une fois elle partait. « Tu peux pas faire ça. T'as pas le droit de m'abandonner, de faire comme si je n'existais pas, de revenir pour re disparaître cinq minutes après. T'as pas le droit. »

Tu peux pas faire ça. T'as pas le droit de m'abandonner, de faire comme si je n'existais pas, de revenir pour re disparaître cinq minutes après. T'as pas le droit. Je me stoppais dans ma lancée. Mes poings se serraient, ma gorge se nouait. Elle avait le don de  me faire culpabiliser, décidemment. Tu peux plus m'voir en peinture alors autant que j'me casse ! Et puis me faire rabaisser sans cesse, non merci. J'avais commis une erreur, une énorme erreur, mais devais-je être dénigrée pour autant? Et puis pourquoi tu m'en veux à c'point, hein? Des potes qui t'aident, t'en as plein nan? J'voulais avoir le fin mot d'l'histoire.