J'ai pas l'moral j'suis fatigué... ♣ Andrew

Fichu fauteuil ! Naturellement, sa pauvre prisonnière le déteste. Elle qui était danseuse ne supporte pas de voir ce que ses jambes sont devenus, deux prisons qui l’empêchent de bouger, de s’extirper de sa situation, de sa position assise. C’est fou comme en un claquement de doigt, votre vie peu basculer dans un véritable enfer, comme tout à coup tout devient plus difficile parce que vous devez apprendre à fonctionner avec une partie de votre corps qui se veut inerte, à vous faire payer amèrement, chèrement, chaque tentative de rééducation que vous commencez à entreprendre. Fichu fauteuil qui vous empêche de vivre. Par moments, Pearl est de la meilleure des humeurs et son inertie est le cadet de ses soucis. Mais le plus souvent, depuis bien un an maintenant, la jeune femme déprime férocement, en regrettant ce temps où elle ne pouvait se plaindre de rien sinon de douleurs parfois, à cause d’un rigoureux entrainement en danse classique.

Ce jour là, assise dans le fauteuil où son assistante de vie lui a fait prendre place et dans lequel elle se sent bien trop vieille avant l’heure, la demoiselle regarde en boucle le film de sa participation au chausson d’or il y a de cela deux ans. Alors qu’elle avait vingt-deux ans, que tout lui souriait encore, qu’elle vivait entre les bras d’un fiancé aimant… désormais à l’aube de son vingt-quatrième anniversaire la jeune femme peut dire que sa situation a tout de même drôlement changé en moins d’un an. Drôlement ou pas d’ailleurs. Plus pas qu’autre chose.

A la porte de sa chambre à la Cabot house, quelques coups sont donnés et la demoiselle tourne donc la tête dans cette direction alors qu’elle fait tourner les roues de son fauteuil pour finalement poser sa main sur la poignée. Écrasant ses larmes elle ouvre alors mais ses yeux sont rouges et bouffis d’avoir trop pleurés.

Revenant d’une grosse séance d’entraînement avec l’Equipe de Natation d’Harvard, Drew était retourné se changer en chambre tranquillement tout en se disant qu’il allait pouvoir pleinement profiter de cette journée tranquille… Cependant, à peine avait-il fini de prendre une grosse douche à la Winthrop qu’il avait senti très rapidement qu’il allait s’ennuyer ferme aujourd’hui. Il fallait qu’il trouve illico presto une activité sinon il allait péter un boulon, malheureusement il ne trouvait rien d’autre que du travail à faire sur des dossiers à clôturer pour KW Industries. Ça pourrait être une bonne activité mine de rien donc il avait ouvert son Mac et dès qu’il eut ouvert le fameux dossier, il s’était mis à pianoter sur son ordinateur : pendant quelques minutes, on n’entendait plus que ses touches lorsqu’il appuyait sur l’une d’elles afin d’écrire ce qu’il souhaitait mais au bout de quelques vingtaines de minutes devant son ordinateur, il en eut marre donc il referma aussitôt son Mac sans oublier d’enregistrer son travail bien entendu parce qu’il s’agissait quand même d’un dossier important, qui traitait des futurs budgets des filiales de l’Entreprise… En effet, depuis quelques temps, KW Industries était en passe de devenir une véritable multinationale avec des filiales dans plusieurs pays et ils allaient également se trouver des contrats de confiance avec des compagnies aériennes afin de créer des avions de transport digne des Airbus ou des Boeing. KW Industries n’allait plus construire que des jets privés sur mesure mais la société allait faire en sorte de devenir l’une des plus importantes dans le Monde de l’Aéronautique… Ce n’était pas du tout l’idée d’Andrew mais il était l’exécutant de ce projet gigantesque qui devait voir le jour le plus rapidement possible… Le jeune homme se disait que le Conseil d’Administration était fou alors qu’ils venaient tout juste d’obtenir un formidable contrat avec la société BOEING mais non ils se lançaient de nouveaux projets à risque sous prétexte parce que c’était la volonté du Grand Patron… En l’occurrence Lord Henry Kenworth ! Drew était toujours en colère lorsqu’il se mettait à penser à son père ! Non, il fallait qu’il aille dehors donc il changea de tee-shirt et se vêtit d’une chemise blanche manche courte avec un jean bleu semi-délavé. Sans oublier ses Ray Ban, il se promena dans le campus saluant au passage les personnes qu’il reconnaissait mais sans dévier sa route. Ayant constaté qu’il se trouvait à proximité de la Cabot House, il s’était dit qu’il allait faire un petit coucou à sa grande sœur de cœur Pearl… Il l’avait rencontrée lors d’un de ses spectacles et elle était restée son amie : il avait même été lorsqu’elle avait obtenu son chausson d’or… Malgré le fait qu’elle soit infirme et qu’elle soit en fauteuil roulant, cela n’avait guère détruit l’amitié de Drew bien au contraire… Cela avait eu le don de renforcer celle-ci parce qu’il ne l’avait jamais quittée, il ne l’avait jamais abandonnée. Il était resté un ami fidèle alors qu’elle vivait les plus mauvais moments de sa vie : son appartement venait de se faire cambriolé, son fiancé était mort et elle venait de se prendre un pied lui brisant les jambes… Il frappa à sa porte donc et quelques secondes, la jeune femme l’ouvrit. Drew remarqua aussitôt qu’elle avait pleuré. « Coucou je te dérange pas trop ? »

Alors que la demoiselle ouvre la porte, c’est la silhouette de son meilleure ami, de son frère de cœur, qui se découpe dans l’encadrement de la cette dernière. Ok, comme si il avait un sixième sens pour savoir quand la jeune femme est en train de perdre pieds, quand elle va mal. C’est incroyable cette faculté que l’homme a à toujours venir quand son amie est au plus mal, quand elle ressasse, qu’elle pleure, qu’elle a besoin d’être soutenue, de sentir qu’on la porte, qu’il y a des gens autours d’elle qui l’aiment et qui veulent l’aider, des gens qui l’aiment et qui ont pour envie de l’aider à s’en sortir, à remonter la pente, cette pente sur laquelle elle glisse parfois depuis les douze derniers mois. Toujours là quand elle perd pied, quant elle se casse la figure au cours d’un entrechat qu’elle ne peut même plus danser. Toujours là dans les moins bons moments de la vie de la demoiselle, dans les moments où elle se sent mal, vraiment mal, comme le véritable ami qu’elle le sait être. C’est agréable de voir qu’il est toujours là malgré l’adversité, malgré tout ce qui arrive à la brunette. Il aurait put la laisser tomber, finir par abdiquer devant la complexité de la tâche et pourtant non il était resté, il était encore toujours là pour elle…

La jeune femme invite l’homme à entrer puis ferme la porte derrière lui et l’invite à prendre place dans le canapé qui fait face à une petite table basse. Elle-même roule jusqu’à un meuble d’où elle sort des verres, des bonbons. Un peu de quoi boire. Puis elle prend des sodas dans son frigo qu’elle dépose avec le reste et elle sourit à l’homme, ça fait du bien de le voir.

«- Alors quoi de neuf Drew ?»

Comme il s’ennuyait ferme aujourd’hui, et que son entraînement de natation venait de s’achever, le jeune homme s’était dit qu’il allait bosser un peu pour son entreprise en terminant de traiter ce dossier épineux sur les budgets des filiales mais très vite, il avait constaté que cela le faisait chier donc il avait arrêté et il était sorti de sa chambre à la Winthrop House… Une fois dehors, il avait pris la décision d’aller voir sa grande sœur de cœur invalide, Pearl. Oui, elle était invalide parce qu’elle avait tout perdu pendant ce foutu cambriolage… Son fiancé, ses jambes, sa vie ! En la voyant dans son état, Drew s’était promis qu’il ferait de son mieux pour lui rendre la vie plus facile malgré tout et que c’était son rôle de rester auprès d’elle… Oui sa grande loyauté en amitié s’était prouvée et avait été validée ! Il savait que beaucoup de gens auraient abandonné la jeune femme en la voyant dans sa condition mais lui non ! Il était resté auprès d’elle et il le resterait jusqu’à ce qu’il n’ait plus un souffle de vie. Donc oui, il avait frappé à la porte de sa chambre et dès le moment qu’elle avait ouvert la porte, il avait su qu’elle avait pleuré… Cela l’attristait de la voir ainsi et il aimerait tant faire quelque chose pour elle.. Elle sortit des verres d’une de ses commodes puis prit des sodas de son frigo puis elle lui demanda ce qu’il y avait de neuf. Il lui sourit et vint déposer un baiser sur sa joue avant de répondre : « Je reviens d’un petit weekend à Hawaï avec ma confrérie. Il faut que je te raconte mais ça te dit qu’on aille se promener dehors ? Il faut beau. »

La jeuen femme sort tout le nécessaire pour pouvoir proposer à boire à son frère de coeur et quasiment meilleur ami alors que ce dernier vient déposer un baiser sur sa joue pour la saluer, c'est vrai qu'il ne l'avait pas encore fait. Et il parle du voyage qu'il vient de faire avec les winthrop. Ah. C'est chouette. La brune est ravie de savoir que son ami s'est bien amusé au cours de ce voyage en tout cas c'est ce qu'elle comprend de l'air exalté qu'il arbore. C'est cool, ça fait plaisir même si elle-même ne profite jamais vraiment de ce que les Cabot peuvent organiser d'ailleurs la demoiselle ne s'est pas rendue au spring break. Comment faire la fête dans ce sable avec des jambes comme les siennes ? Ce n'était tout simplement pas possible ce serait beaucoup trop embêtant alors elle avait abdiqué.

"- Oh... Oui je veux bien mais tu ne veux pas boire un verre avant de sortir ?"

Maintenant qu'elle a tout sorti ce serait dommage de tout remballer.

H.S : Désolé j'ai tronqué ma réponse car en fait je part bosser x)

Alors qu’il venait de lui proposer de faire une petite promenade à l’extérieur, Drew se mit à se poser personnellement des questions sur le but exact de sa venue aujourd’hui dans la chambre de Pearl. Au départ, il voulait venir la voir parce qu’elle lui manquait énormément et que c’était un rituel pour lui : en effet, depuis les événements qui avaient coûté les jambes, l’appartement et le fiancé même de la jeune femme en face de lui, il avait promis – il s’était promis même – qu’il resterait auprès d’elle coûte que coûte. Jamais il ne l’abandonnerait même au péril de sa propre vie parce que Pearl lui était très chère et il ferait tout pour qu’elle retrouve enfin le bonheur qu’on lui avait si brutalement arraché ce jour-là. En fin de compte, jusqu’à présent, il réussissait de son mieux sa mission de veiller sur elle et de toujours resté auprès d’elle. Donc oui il voulait la voir et il avait profité du fait qu’il s’ennuyait un peu pour venir mais maintenant qu’il était en face d’elle et qu’elle lui disait qu’elle voulait bien sortir mais elle voulait qu’ils restent un peu dans la chambre pour boire un peu, il s’était souvenu qu’elle n’était pas au courant des nouveaux changements dans sa vie… Il inspira doucement avant de dire d’une voix un peu moins assurée : « Pearl… Que dirais-tu… Si je te disais que j’étais papa d’une petite fille de quinze mois qui s’appelle Aliénor ? » Il redoutait sa réaction et en plus ses paroles étaient sorties beaucoup trop vite pour qu’il puisse les contrôler…

La nouvelle est brutale et Pearl ne s'y attend pas du tout c'est le moins que l'on puisse dire. La jeune femme est surprise d'entendre que l'homme a déjà un enfant, elle ne l'aurait jamais crût possible. mais quand, où, comment et avec qui ? Comment se fait-il qu'il ne lui en parle que maintenant, quel âge a cette enfant ? Ah oui elle a 15 mois, il vient de le lui dire. Soit plus d'un an déjà ! La brunette en reste bouche bée, totalement.

"- Mais que... comment... comment est-ce possible ?"

Malgré sa réaction un peu surprenante, un peu surprise surtout, la brunette est folle de joie à l'idée que l'homme soit papa et elle a hâte de voir la petite Aliénor même si d'un autre côté cela la peine de voir des parents heureux quand elle-même sait qu'elle ne pourra jamais porter d'enfant, à cause de cette nuit où tout lui a été prit.

Drew attendait d'un air nerveux la réaction de sa grande soeur de coeur après qu'il lui ait annoncée ce qu'il avait prévu, en l'occurrence la nouvelle toute récente de sa paternité. Pearl était l'une des rares à ne pas savoir encore la nouvelle, du moins parmi les personnes les plus importantes dans la vie du jeune homme. Il fallait qu'elle le sache comme tous ses confidents donc il s'était lancé... Il voyait bien dans son regard qu'elle était totalement surprise par cette annonce... Normal qui ne le serait pas ? La voix de Pearl parvint finalement à ses oreilles et elle lui demandait comment était-ce possible ? Il la regarda intensément dans les yeux mais avec tendresse... Il l'adorait vraiment la jeune femme et il voulait qu'elle soit heureuse ! Elle serait la marraine idéale pour son bébé... Souriant inconsciemment à cette idée, il inspira longuement avant de répondre d'une voix posée : " De la manière habituelle je suppose... Bien que je ne sache pas grand chose en la matière... Sa mère l'a bien cachée tout de même... C'est une Anglaise tout comme moi. La mère s'appelle Evanna Xander, elle fait partie des Eliots. Mais tout ça me fait très peur... J'ignore comment cette nouvelle à mes parents ! "

Comme la demoiselle se demande comment c'est possible, comment son ami a pût mettre une fille enceinte et ne le lui apprendre que maintenant. Et lui s'amuse à lui répondre comme si il se moquait d'elle, comme si la question posé par la jolie jeune femme était d'une sottise abominable. Evidemment ce n'est pas le cas, la demoiselle comprend bien que le jeune homme essaye surtout de détendre l'atmosphère et de la faire sourire alors qu'il a sûrement compris qu'elle était dans un drôle d'état, qu'elle n'allait pas bien juste avant qu'il arrive ce qui était le cas à vrai dire.

"- Ah ah ah très très drôle Kenworth ! ce que je veux savoir moi c'est comment il est possible que toi tu fasse un enfant à une fille et ne me l’apprenne que maintenant. Surtout qu'il y a des moyens pour se prévenir de ce genre d’événements de nos jours ! Espèce de goujat va !" lance la demoiselle avec un fin sourire, désireuse de taquiner un peu le jeune homme, pas vraiment méchamment. Cette nouvelle en tout cas l'étonne au plus haut point. "Si je m'attendais... mais j'ai hâte de la voir ! La mère est comment vis à vis de toi ? Elle te laisse t'en occuper ?"

Drew se sentait soulagé d’avoir annoncé cette nouvelle qui lui pesait énormément sur le cœur et qui l’empêchait de penser normalement, en effet depuis qu’il avait appris qu’il était désormais le parent d’une petite fille de quinze mois, il ne pouvait plus faire autre chose que penser à celle-ci alors qu’il ne la connaissait que de nom ou via une photo. Il ne lui avait encore jamais parlée alors que d’après Evanna, leur petite fille aurait déjà dit ses tous premiers mots… Le jeune homme était légèrement écoeuré en réalité de ne pas avoir pu assister à cela et ce malgré le fait qu’il ne parvenait pas encore à accepter l’idée qu’il était désormais papa… Qu’importe, Pearl lui avait demandé comment ça se faisait qu’il ait un enfant alors le jeune homme lui avait répondu que ça s’était passé à la manière habituelle etc. Pour toute réponse, elle le taquina en disant que ce qu’elle voulait savoir c’était comment il avait pu ne pas savoir qu’il avait une fille… Ensuite, elle lui dit qu’elle avait hâte de voir la petite puis elle lui demanda comment la mère se comportait vis-à-vis de lui et si elle le laissait s’occuper de l’enfant. Il lui sourit avant de répondre d’une voix légèrement amusée : « Moi goujat ?! Tu es très méchante ! Ta nièce va pas aimer que tu traites son papa de goujat ! », il se mit à rire doucement avant de reprendre d’une voix plus sérieuse : « En réalité, je ne l’ai jamais vue et sa mère s’était cachée pendant près de deux ans… Elle ne m’a annoncé la nouvelle qu’avant Hawaï ! Je pense qu’elle ne voulait pas que je le sache mais on a dû la forcer étant donné que la petite a désormais quinze mois… »