(+ Caleb) The time of my life...

« Mais tu sais que ça signifie aussi quelque chose d’important : je t’ai déjà vu de mes propres yeux et je n’ai donc aucune panique pour l’après opération. » Il fallait qu’il en ait pleinement conscience et s’accroche même à cette idée dur comme fer pour qu’il commence à voir cette opération. « Je n’ai aucune intention de partir ou de me cacher de toi, tu peux compter sur moi là-dessus ! Avec tout ce qu’on a traversé je pense que je te l’ai au moins un peu prouvé, en tout cas je l’espère… concernant la maison, ça peut rester un projet soit de maison secondaire, soit de maison pour plus tard, si jamais tu veux me faire d’autres petits Weyss juniors ! Mais tu ne trouves pas que ce serait merveilleusement symbolique de la retaper ensemble ? » fit-elle en caressant doucement ses joues après avoir pris son visage en coupe.

« J’aimerai tant que tu puisses me revoir pour voir à quel point mes yeux ne regardent que toi, à quel point, je t’aime également » murmurais-je non sans déposer de légers baisers au creux de la paume de sa main en tournant mon visage. « Je pourrais demander à Ali d’agrandir enfin ce refuge pour qu’il accueille notre petite famille. J’ai l’impression de vivre un rêve éveillé. Si tu savais le nombre de nuits où j’ai rêvé que je te retrouvais enfin, toi, celle qui m’a redonné confiance en l’amour, qui m’a permis de mettre tous mes démons derrière moi. A l’époque, je n’osais pas t’en parler mais maintenant tu sais pourquoi je n’y arrivais pas au début » m’expliquais-je avant de la serrer dans mes bras en plein restaurant. « Rentrons chez nous » lui demandais-je et j’entendais par-là, notre refuge.

« Ce n’est qu’une question de temps et j’ai hâte de donner naissance à nos enfants et de pouvoir vous voir, tous les trois… » avoua-t-elle avec énormément d’émotion, sans pouvoir se retenir. Il n’était pas utile qu’elle se retienne, plus maintenant, pas alors que Caleb savait enfin tout et que Thaïs ne lui cachait définitivement plus rien. « Lorsque tu m’as avoué la vérité, j’ai tout de suite compris. Mais avec tout ce que je t’ai dis sur mon passé, tu comprends enfin pourquoi j’étais aussi intimidée, pourquoi je suis tombée amoureuse de toi au premier regard pour mieux mettre six mois à t’adresser vraiment la parole… j’ai l’impression d’avoir vécu toutes les plus grandes étapes de ma vie avec toi et je veux que cela continue à jamais » répondit-elle pour mieux se blottir contre lui, esquissant un sourire particulièrement ému la seconde qui suivit. « Tu es sérieux ? »

« A l’époque, deux ans s’étaient écoulés, c’était trop tôt pour moi d’en parler, je n’arrivais pas à en parler. Je préférais essayer de nier tout cela »soupirais-je en la regardant avec tendresse. « Tu es véritablement la femme de ma vie et si je doutais ne serait-ce qu’un seul instant, toute cette histoire achèverait de me convaincre. Cela fait tellement longtemps que nous nous aimons mais hors de question d’attendre encore sept ans pour être heureux ensemble. Je veux finir ma vie à tes côtés »lui avouais-je. Nous avions suffisamment perdu de temps tous les deux. « Oui je suis sérieux… quittons ce restaurant, on prendra de la nourriture à emporter mais je veux passer cette nuit dans notre maison. Notre véritable maison »

« Je sais bien… et je l’ai compris à partir du moment où tu m’as avoué tout ça. Je ne t’ai jamais posé de question et je ne t’aurais jamais poussé à en parler » avoua-t-elle non sans caresser délicatement sa joue. « Hors de question que je te quitte même une seconde Caleb, et je crois que mon ventre rond est la plus belle preuve, au même titre que mon alliance, de mon désir de vivre à jamais à tes côtés » reprit-elle le regard brillant mais le sourire le plus éclatant du monde sur les lèvres. « Je veux corriger ce que j’ai gravé sur cet arbre, même si ma mémoire est bonne, j’ai fais un J qui ressemble un peu à un T… emmène-moi là bas, j’ai envie de m’y retrouver avec toi ! »

« Je sais et déjà à cette époque, j’étais reconnaissant que tu ne cherches pas à en savoir plus » lui avouais-je car je en sais pas si notre histoire aurait pu s’en relever. Elle était encore trop nouvelle, trop jeune, trop fragile. Non, le timing n’aurait pas été bon. « J’aime ton ventre rond ! Mais va falloir se dépêcher de faire les travaux sinon le refuge ne sera jamais prêt à temps. Déjà que ça fait sept ans qu’il n’a pas été plein de vie » soupirais-je conscient qu’Ali et moi allions devoir travailler d’arrachepied pour être prêts à temps. « On y va… Je me souviens de ce fameux J, j’avais failli te demander pourquoi tu avais fait un T à la place d’un J »plaisantais-je tout en payant rapidement mes consommations. En route, comme convenu, on s’arrêta pour prendre à manger. Ce n’est qu’une vingtaine de minutes plus tard que je poussais la porte de notre refuge. L’odeur de renfermé était omniprésente autour de nous. « Il n’a pas bougé… juste poussiéreux au possible »

« Je ne me serais jamais permise tu peux me croire ! » lui assura-t-elle avant que le compliment de Caleb sur son ventre arrondi ne lui arrache aussitôt un sourire ému et attendri. « Si on met la main à la pâte l’un comme l’autre ça peut le faire non ? Comme ça tu pourras laisser exprimer toute ta créativité pour la chambre des jumeaux ! » Thaïs avait toute confiance en lui pour que leur refuge soit un havre de paix et d’amour, comme ils se l’étaient promis sept ans plus tôt. « Vrai que c’est poussiéreux, ça me donne envie d’éternuer mais à cœur vaillant, rien d’impossible, on retrousse les manches amour de ma vie !! »

« Veille quand même à ne pas trop te tuer à la tache hein ! » maugréais-je car j’avais beau planer à cent lieues de là, je n’en oubliais pas moins mes préoccupations premières à savoir sa santé seulement, lorsque je pris la mesure du boulot à faire… Je songeais que ses bras ne seraient pas de trop. « Heureusement que j’avais pensé à recouvrir les meubles, ça sera déjà ça de moins à s’occuper »marmonnais-je. « J’ai l’impression d’entrer dans une maison fantôme, c’est sinistre » murmurais-je en voyant tous ses meubles recouverts de draps blancs. « Reste là, je vais aller rebrancher l’arrivée d’eau et le compteur » soufflais-je avant de déposer un baiser sur sa joue, m’absentant que quelques minutes. « Bon.. tu veux commencer par quelle pièce ? »

« Mais non, on va faire du ménage ne t’en fais pas ça ne va pas me tuer… mais ça vaut aussi pour toi !! » ne put-elle s’empêcher tout de même de faire remarquer car après tout, Caleb aussi devait faire attention à lui, ne lui en déplaise. « On peut commencer par le salon ? » proposa-t-elle tout en sachant qu’il faudrait qu’il lui décrive au minimum la pièce, le nombre de meubles et les éventuels obstacles pour qu’elle ne se blesse pas. « Je suis toute émue de me retrouver à nouveau dans cette maison… d’autant que je m’en souviens plutôt bien. J’adorais me vautrer dans le canapé que je sens sous mes doigts par exemple ! Tu n’y as rien changé je suppose ? »

« Je vais me ménager, je te promets quitte à faire venir des professionnels pour tout nettoyer » coupais-je la poire en deux tandis que je la guidais jusqu’au canapé. Cela me faisait étrange de la voir évoluer à nouveau entre ces murs. Je me sentais si serein comme si pour la première fois, je m’étais réconcilié avec moi-même et mon passé à croire qu’aimer deux femmes en même temps était bien trop éreintant même pour moi. « Non, rien. Le jour même de ton départ, j’ai décidé de quitter le refuge. J’ai recouvert les meubles et je suis parti pour ne plus jamais revenir » avouais-je avant de lui décrire à nouveau les yeux, la laissant se familiariser à nouveau avec son environnement.