Pourquoi j’avais l’impression que j’avais raison de me poser des questions sur cette cicatrice? Je veux dire, une cicatrice, ça n’a rien d’extraordinaire normalement. C’est tout banal, tout le monde en a. Mais celle-là, cette cicatrice sur son bras qui avait attirée mon attention, elle ne me semblait pas banale du tout. Elle semblait remplie d’histoire et pas nécessairement des histoires très belles ou même drôles comme on peut souvent en raconter avec des marques comme celle-là. Non je pense plutôt à quelque chose de sombre, d’inavoué. « Oh, ça ... » Elle semblait tellement détachée qu’elle me fit un instant douté de ce que je pensais. Douté de cette histoire que j’étais en train de m’imaginer, d’inventer de toutes pièces. Elle haussa les épaules en riant, comme si la question lui avait été posé un million de fois au moins. « Ça date de quand j'étais un peu plus jeune ... Accident de vélo, je suis rentrée dans un arbre et les branches, quand on leur rentre rapidement dedans, ça peut être agressif ! » Elle posa sa main sur la mienne pour détacher mes doigts de son bras. Je ne la serrais pas très fort, mais ça devait devenir légèrement inconfortable pour elle quand même.
Je retirai rapidement ma main, comme mal à l’aise de l’avoir posé là si promptement et sans sa permission. Je regardai tout de même la cicatrice encore un moment, pensant à son histoire et cherchant les failles. Puis, je la regardai à nouveau dans les yeux. « Tu es certaine que c’est simplement ça? Ce n’est pas un mec qui aurait été violent avec toi ou quelque chose dans le genre et tu préfères ne le dire à personne parce qu’il t’a menacé? » J’étais presque ridicule tellement je cherchais ce qu’elle pourrait me cacher. C’est vrai, j’avais réellement ce pressentiment qu’il y avait une toute autre histoire derrière ça et, cachant moi-même pas mal de chose à mon entourage, je savais qu’il était facile de s’inventer une histoire et de répéter la même à tout le monde. Mais j’espérais, quelque part à l’intérieur de moi, que Roxanna n’était pas comme ça. Qu’elle saurait me dire la vérité, me faire confiance. « Tu me jures que c’est la vérité cette histoire de bicyclette Roxanna…? Non parce que je ne voudrais pas que tu penses devoir me mentir. Tu sais que tu peux me faire confiance et si c’est un secret, alors je saurai le garder… » Il était rare que je parle autant, ça me surprenait moi-même. Mais je devais aller au fond des choses. Si après ça elle me disait que j’avais tord et que c’était là la vrai histoire, alors je lâcherais l’affaire. Mais tant qu’elle ne me le confirmerait pas, je continuerai de ne pas y croire.