Briser la glace (PV Amy)

Les vacances étaient bel et bien terminées. Le nez plongé dans mes notes, j’avais passé la matinée à réviser, absorbé par mes schémas d’anatomie, bien que ce soit le week end. Si je voulais pouvoir profiter du séjour que les winthrops organisaient à Hawaï, il fallait que je m’avance dans mon travail personnel. Je levai un instant les yeux sur l’horloge de ma chambre : 15h00 ! Je n’avais pas vu les heures défiler, installé à mon bureau, profitant du calme qui régnait dans notre chambre, mes colocs s’étant absentés aujourd’hui. Je refermai mon bloc note et me levai avant de m’étirer. J’étais assez satisfait de moi, et je décidais de m’accorder une pause bien méritée. Mon ventre grogna, me rappelant soudain que je n’avais pas pris le temps de déjeuner. Je quittai alors la chambre, traversant la salle commune de notre maison où quelques étudiants étaient en train de discuter. Je me dirigeai directement jusqu’aux cuisines, qui étaient désertes. En même temps, l’heure du repas était largement passée. J’ouvris le frigo et fis l’inventaire rapide de ce qui s’y trouvait, essayant de créer mentalement un menu rapide. J’attrapai finalement un pot de beurre de cacahuète, mes talents de cordon bleu ne me permettant pas forcément la confection d’un repas plus diététique. La porte de la cuisine claqua soudain, me surprenant et me faisant sursauter. J’en lâchai le pot qui s’écrasa au sol, se brisa et déversa son contenu sur le carrelage. « Et merde ! » grognai-je en observant l’étendue de ma maladresse. Je relevai ensuite la tête vers l’entrée de la pièce pour découvrir qu’une personne venait d’y entrer. Mon visage se décomposa en un instant : Amy, l’ex femme de Valou, se tenait devant moi. « Hey Amy… Salut ! » fis-je en levant la main et en essayant de masquer un peu mon malaise. J’avais toujours trouvé cette discrète petite blondinette tout à fait sympathique, même si je ne la connaissais pas énormément. Mais à l’heure actuelle, après tout ce qui s’était passé entre mon meilleur ami et elle, c’était probablement la dernière personne avec qui je désirais déjeuner en tête à tête.  

Les sentiments et l'amour, c'est vraiment quelque chose d'étrange. Je n'ai jamais compris ces femmes qui pleuraient comme des madeleines parce que leur copain les avaient quittés, mais à présent je comprenais le mal qu'elles enduraient. Certes c'est moi qui avais quitté Val à cause du poignard qu'il m'a enfoncé dans le cœur, mais mine de rien il me manquait .. Aujourd'hui je voulais me changer les idées et c'était alors après-midi révision à la Dunster House avec mon amie Idylle, sauf qu'aux alentours des 15h00 mon ventre cria famine. Sans plus attendre je me suis dirigée vers la cuisine de ma confrérie et mon regard changea du tout au tout lorsqu'il croisa celui de Priape, le meilleur ami de Valentin qui fut surpris en entendant la porte claquée. Il semblait tout autant mal à l'aise que moi lorsqu'il me salua. Salut Priape .. Disais-je doucement en baissant mon regard vers le sol. Je ne savais pas comment réagir vis-à-vis de lui, il était tout de même le meilleur ami de Valentin, je donnerais ma main à couper qu'il était au courant de toute l'histoire depuis bien longtemps, bien avant moi. D'ailleurs je me demande par moment si je n'étais pas la seule à ne pas être au courant, à ignorer toute l'histoire et prise pour une conne de A à Z. Dans tous les cas je n'allais pas rester longtemps, j'attrapais un verre et j'allais prendre la bouteille de coca fraîche dans le frigo pour boire un coup et me déshydrater. Une fois mon verre englouti à vitesse grand V j'ouvrais les tiroirs pour prendre un paquet de céréales, oui des céréales à cette heure-ci, on a déjà vu mieux. Je tournais par la suite des talons pour sortir de la pièce. Au revoir. Murmurais-je presque, tournant la poignet de la cuisine.. Sauf que cette dernière ne voulait pas s'ouvrir. C'est quoi ce délire ? Je tournais de toutes mes forces, Priape devait certainement me prendre pour une folle avant que j'abandonne, me rendant compte que ça ne servait à rien. Non .. Je crois qu'on nous a enfermé .. Soupirais-je en posant doucement ma tête contre la porte.. Et comme par hasard ça m'arrive à moi ..

La jeune femme me salua en baissant rapidement les yeux vers le sol, semblant tout aussi à l’aise que moi. Un silence gêné suivit durant lequel Amy marcha jusqu’au frigo avant de chercher de quoi manger. De mon côté, je sortis de mon immobilisme embarrassé provoqué par ce face à face inattendu pour me diriger vers l’évier, m’emparer d’une éponge avant d’aller m’agenouiller pour essuyer le sol. Je tartinais plus qu’autre chose le carrelage de beurre de cacahuète mais qu’importe, mes yeux étaient obstinément fixés sur les carreaux de la cuisine et je feignais ainsi être absorbé par ma tâche ménagère. Amy semblait avoir aussi peu envie de discuter que moi. Je relevai uniquement la tête vers elle lorsqu’elle me dit au revoir, prête à quitter la pièce avec empressement. « A plus ! » répondis-je distraitement, soulagé que cette confrontation prenne fin. Mais la main de la dunster s’agita sur la poignée en vain. Je l’observais faire en fronçant les sourcils et son soupire finit par confirmer ce que je craignais : nous étions enfermés ici. Coincés. Ensemble. « Tu es sûre ? Qu’est-ce que c’est que ce bordel ! » grognai-je en me relevant. Je balançai l’éponge dans l’évier avant de m’approcher de la porte sur laquelle la tête de la jeune femme avait trouvé appui, de dépit. Je passais ma main sur ma nuque nerveusement en l’observant. « Je suis sûr que c’est qu’une mauvaise blague, t’en fais pas. On va surement venir nous ouvrir très vite… » essayai-je de la rassurer et de me rassurer en même temps. Mais même –très vite- ça serait surement trop long pour moi. J’aurais voulu disparaître dans un trou. Bien sûr, ce n’était pas moi qui avais poussé Valentin dans les bras de Rosalia, mais en même temps, je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir coupable et de sentir le poids des mauvais choix de mon ami peser sur mes épaules. « Oh moins on a à manger… J’espère juste que tu voulais pas de beure de cacahuète. » ajoutai-je avec un petit sourire crispé, tentative médiocre pour détendre l’atmosphère. Je me dirigeai ensuite vers l’un des placards pour attraper un paquet de pain de mie avant d’aller m'installer à table. « Tu devrais venir t'asseoir. » Ca risquait d’être le déjeuner le plus tendu que j’avais eu depuis bien longtemps…

Il ne manquait plus que ça, d'être enfermé dans une petite cuisine en compagnie de Priape. Non pas que je n'apprécie pas le meilleur ami de Valentin, mais disons que c'était compliqué .. ça me faisait mal d'imaginer Priape au courant de cette tromperie, il aurait pu me prévenir, faire quelque chose, mais non. Je posais ma tête contre la porte, entendant Priape s'énerver contre la porte avant de me rassurer. Oui j'espère .. J'aurais bien envoyée un sms à mon amie, mais j'ai laissé mon portable dans sa chambre. Lui disais-je d'une petite voix. Je n'avais pas prévue de rester enfermer ici, surtout pas avec le meilleur ami de mon ex-mari .. Je restais debout avec mon paquet de céréales en le regardant s'avancer doucement vers la table pour s'y installer. J'eus un léger sourire quand il m'avoua que pour du beurre de cacahuète, je pouvais repasser. Non t'inquiète pas, je suis plus une adepte des chocapics. Lui disais-je avec un léger sourire en lui montrant ma boite de chocapics. Il me proposa ensuite de m'asseoir en attendant qu'on nous sorte d'ici. Dans un premier temps je ne voulais pas, je n'osais pas. Sauf qu'au bout de quelques minutes je me suis décidée à m'asseoir à l'autre bout de la petite table. Un silence résonna dans la pièce, j'ouvrais alors mon paquet de céréales pour en manger quelques-uns, comme ça, sans lait ni rien. Et déjà qu'en temps normal je ne fais que penser à Valentin et la présence de Priape ne m'aide pas à l'oublier, c'est alors que sans le vouloir, au bout de quelques minutes, une question sortie de ma bouche comme si j'étais dans l'incapacité de contrôler mes dires. Comment est-ce qu'il va ? Lui demandais-je d'une petite voix, mais rapidement je repris la parole, sans même lui laisser le temps de me répondre. Non .. Me réponds pas .. Je veux pas savoir. Il ne mérite pas que je m'inquiète pour lui, que je prenne de ses nouvelles, il m'a fait bien trop de mal pour cela. Et même en étant absent il réussit à me faire souffrir et pour preuve, même si je ne pleurais pas, quelques petites larmes coulèrent de mes yeux. Je me sentais bête face à Priape. Je passais alors rapidement ma main sur mes yeux pour essuyer ses foutues larmes. Désolée. Murmurais-je à cause de mes larmes.

Les paroles d’Amy concernant son portable me firent aussitôt penser au mien et instinctivement, je palpai les poches de mon jean à la recherche du mien. Je grimaçai en constatant qu’elles étaient vides. « J’ai du laisser le mien dans ma chambre également… » soupirai-je en grimaçant avant d’aller m’installer à la table résolu à ma condition de prisonnier des cuisines et de proposer à ma codétenue de venir s’asseoir avec moi. Elle sembla hésiter un instant puis vint finalement se placer à l’autre bout de la table. Je sortis une tartine de pain que j’entrepris de tartiner avec un reste de confiture, en regrettant déjà le goût d’arachide du beurre dont seul le carrelage avait finalement pu profiter. Un silence pesant s’installa entre nous, seulement rompu par le bruit de froissement du sachet de céréales lorsqu’Amy l’ouvrit pour en attraper une poignée. Puis finalement, cette phrase, cette question, surgit de ses lèvres. Je relavai les yeux, surpris d’entendre sa voix, si bien que le sens de ses mots mis un certain temps avant de s’imprimer vraiment dans ma tête. Elle me demandait comment il allait. Et elle n’avait bien sûr pas besoin de préciser à qui s’appliquait ce –il-. Je n’eus pas le temps de prononcer quoi que ce soit que déjà elle m’intima l’ordre de ne pas répondre, ajoutant qu’elle ne voulait pas savoir. Mes yeux fixèrent les siens, sondant son regard pour chercher à y voir ce qu’elle voulait vraiment. Je ne savais pas vraiment quoi lui dire. «Amy… » commençai-je alors, cherchant mes mots. Mais lorsque je la vis essuyer les yeux en s’excusant, je ne pus m’empêcher de la corriger : «Non, c’est moi qui suis désolé. » La voir pleurer ne m’aidait pas à me débarrasser de ce sentiment oppressant de culpabilité. Je n’arrêtais pas de me répéter que j’aurais du faire quelque chose pour empêcher ça, que j’avais échoué dans ma mission de meilleur ami. Valentin était vraiment malheureux, Amy souffrait également. « Cette situation dans laquelle vous êtes est vraiment merdique… » assurai-je en grimaçant et en me massant un instant les tempes. Val, Amy, leur divorce, Rosalia, sa grossesse… Pourtant, il y avait une chose certaine : « Mais il t’aime tu sais. » assurai-je alors en relevant la tête et en plongeant mon regard dans le sien. 

Je me demandais bien comment allions-nous pouvoir sortir d'ici, j'en avais aucune idée, je ne savais absolument pas. Et non pas que je n'aimais pas Priape, mais me retrouver enfermer avec le meilleur ami de l'homme que j'aime, l'homme qui m'a poignardé en plein coeur, c'était tellement difficile. Une fois assise, je ne pu m'empêcher de prendre de ses nouvelles, des nouvelles de Valentin mais rapidement j'ai voulu changer d'avis, sauf qu'il termina par plonger son regard dans le mien pour m'expliquer que malgré l'histoire merdique qu'a bousillée notre relation, il m'aimait. J'en doutais tellement. Et pourtant ça ne l'a pas empêché de me faire mal .. Lui disais-je d'une voix faible. Mais le pire dans l'histoire, c'est que moi aussi je l'aime, sauf que je me sens incapable de retourner vers lui. Ne serait-ce que pour prendre de ses nouvelles, je ne suis pas assez forte pour ça. Je me levais doucement vers le frigo pour prendre une bouteille d'eau et un nouveau verre, j'ai besoin de boire, ça me fera un peu de bien et ça m'aidera à parler un peu mieux. J'essayais de retenir mes larmes, posant mon dos contre le mur en levant les yeux au ciel. De toute façon il n'a pas besoin de moi. Il m'oubliera vite .. Il sera heureux avec Rosa et leur futur enfant. Avouais-je à Priape. Car c'est comme ça que je voyais les choses, il n'avait pas besoin de moi, il n'a jamais eu besoin de moi. Les seules personnes nécessaires dans sa vie son Natalina, Priape, Caly et Rosa, mais pas moi. Mon regard venait se fixer sur celui de Priape et je me devais de lui poser cette question, même si la réponse me paraissait tellement évidente. J'imagine que t'étais au courant depuis le début ? Autant dire que j'étais réellement mal, j'avais envie de fondre en larmes mais j'essayais de rester la plus forte possible, même si ce n'était pas toujours facile.

Sa voix tremblante, son regard blessé, cet emprisonnement dans les cuisines jaunes tournait à la véritable torture. Je regardais ma tartine de confiture avec un regard absent. Mon appétit m’avait complètement quitté. Les premières paroles d’Amy étaient vraies : Valentin lui avait fait du mal, il avait trahi sa confiance, il l’avait trompée et cette infidélité allait dans quelques mois prendre la forme d’un enfant… Elle se leva. Je la suivis un instant des yeux, et il semblait évident qu’elle luttait pour ne pas craquer devant moi, ce qui me faisait me sentir doublement mal à l’aise. Je focalisais donc à nouveau mon regard sur le morceau de pain devant moi. Mais l’affirmation suivante de mon interlocutrice était fausse et me fit redresser aussitôt la tête. Je le savais. J’avais vu dans quel état Valentin était. Je le connaissais bien, et j’étais persuadé que la dunster se trompait sur ce point : « Il sera jamais heureux sans toi. » Je n’avais pas pu m’empêcher de la contredire.  J’avais le sentiment de me faire l’avocat du diable, m’embarquant dans une plaidoirie vouée à l’échec. Mais c’était mon meilleur ami, mon frère de cœur, je ne pouvais pas laisser la femme qu’il aimait croire qu’elle était insignifiante pour lui. Mais j’aurais probablement mieux fait de me taire car lorsqu’Amy ouvrit à nouveau la bouche, le nœud que je sentais au creux de mon ventre se resserra un peu plus. J’allais devoir être mon propre avocat à présent. Cette question tant redoutée avait finalement surgie. Je baissai instinctivement la tête, incapable de soutenir son regard. Ce n’était probablement pas la peine de répondre, ce geste était un véritable aveu de culpabilité. Mais agir comme un lâche n’était pas mon genre alors finalement, avec une étincelle de courage, je relevai les yeux. « Je savais… » confessai-je. « Le fait que Val m’en ait parlé ne veut en aucun cas dire que j’approuve Amy. Ca ne lui ressemble pas en tout cas. Il a fait une erreur, une énorme erreur… Et crois-moi, il s’en veut terriblement. »

Quelques larmes coulèrent sur mes joues quand il m'expliqua que son meilleur ami ne pourra jamais être heureux sans moi. Si tel est le cas, il ne m'aurait jamais fait ça, il n'aurait jamais couché avec Rosalia et ne l'aurait jamais mis enceinte. C'était dur de résister, de ne pas craquer et d'un côté j'en avais marre de pleurer à cause de Val, après ce qu'il m'a fait il ne méritait pas ça. Sauf que je n'arrivais pas à penser à quelqu'un d'autre que lui, me demandant sans cesse comment il allait.. C'est étrange, il m'a anéantie et pourtant je ne veux que son bonheur. En voyant le regard de Priape, j'ai de suite compris qu'il savait tout depuis bien longtemps, je baissai légèrement la tête. Je suis vraiment trop conne. Murmurais-je en fermant les yeux. Pourtant on m'avait prévenu, mon frère et ma meilleure amie m'avaient dit de faire attention, sauf que j'ai pas voulu les croire, j'avais confiance en lui et je n'aurais pas dû. Je ne savais pas comment réagir vis-à-vis de Priape, il aurait pu venir me tenir au courant pour que tout cela s'arrête avant, peut-être que ça m'aurait moins fait mal, moins détruite. Mais d'un côté j'étais parfaitement au courant de la relation fusionnel que les deux hommes avaient, bref j'étais perdue. Mais lorsqu'il me fit savoir que Valentin s'en voulait terriblement, un soupir de désespoir s’échappa de ma bouche. J'ouvrais de nouveau les yeux pour regarder Priape. Il s'en veut, alors pourquoi il a fait ça ? C'est pas une simple tromperie, ce n'est pas une simple fois, c'est depuis le début. Depuis le premier jour .. Je dois réagir comment selon toi ? Fermer les yeux et lui pardonner ? Je peux pas faire ça, j'avais confiance en lui .. Je l'aimais. J'avais beau utiliser le passé, au fond de moi j'étais toujours amoureuse de lui, mais ça faisait bien trop mal. Et être enfermé dans cette pièce n'arrangeait rien, à tel point que je commençais à faire les cents pas avec la sensation que j'allais bientôt manquer d'oxygène.

Sa réaction et le murmure qu’elle laissa échapper ne firent qu’accentuer le nœud qui me serrait déjà le ventre. Pourtant, malgré tout, même si je m’en voulais de ne pas avoir réussi à convaincre Val de mettre un terme à cette liaison, je ne ressentais pas de remords d’avoir gardé ce secret. Ca aurait du être à Valentin de tout lui dire, pas à moi et encore moins à Rosalia d’ailleurs… Les hormones de la grossesse avait du lui faire péter un plomb à elle. « Tu n’es pas conne Amy… » corrigeai-je alors. Mais j’imagine qu’aucune de mes paroles ne pourraient la faire se sentir mieux. Même mon petit speech pour tenter d’expliquer ce qui pouvait se passer dans la tête de mon meilleur pote ne sembla pas atteindre son but. Amy se mit à parler rapidement, m’assenant de question, des pourquoi auxquels je ne pouvais bien sur pas répondre, s’agitant frénétiquement en faisant les cents pas dans la pièce tout en respirant rapidement. Je me levai alors et avançai jusqu’à elle. Mes mains se posèrent sur ses épaules doucement mais suffisamment fermement pour la stopper. « Amy du calme, du calme… » fis-je avec douceur. Ma main droite relâcha un instant son emprise et mes doigts allèrent alors se glisser sous son menton pour l’inviter délicatement à relever la tête. Plongeant mon regard dans le sien, je repris :  « Tu n’as rien à te reprocher toi. C’est lui qui a fait une connerie. Alors, je ne me permettrais pas de te juger, encore moins de te dire ce que tu dois faire… » assurai-je avec sérieux avant d’avouer sur un ton qui l’était beaucoup moins, un petit sourire au coin des lèvres : « J’imagine qu’à ta place, j’aurais déjà égorgée Rosalia dans son sommeil. » Je tentais de plaisanter un peu. Je sentais que la blondinette n’était pas loin de la crise de panique. Ma main quitta alors son menton et je pointai mon index devant son visage en signe d’avertissement : « Et ne t’avises pas de le faire, attention ! Tu m’as l’air un peu claustrophobe, je crois que t’aurais du mal à survivre cloitrée dans une petite cellule de prison… » Cette situation était un vrai bordel et je ne savais pas quels conseils sérieux je pouvais apporter à la jeune femme. Ma seule option était de tenter de la détendre en plaisantant un peu mais ce n’était pas forcément de très bon goût. Je la lâchai finalement. « Je suis désolé, c’est nul. Je suis nul à ça… Pour remonter le moral aux gens… » avouai-je en baissant les yeux.

Il avait beau vouloir me rassurer, c'est la sensation que j'avais. Être trop conne pour voir que l'homme que j'aime me trompe depuis le début, l'homme avec qui je dormais tous les soirs allait voir ailleurs lorsque je n'étais pas là. Et surtout, qu'il allait fonder une famille avec une autre. J'en voulais pas à Priape de m'avoir caché la vérité, mais ça me blessait de n'avoir rien vu venir, si ça se trouve j'étais la seule dans l'ignorance la plus totale, je côtoyais des gens tous les jours qui savaient certainement la vérité .. Bref ça me faisait fondre en larmes, mais en silence, j'en avais marre et mon souffle ne s'arrangeait pas. Jusqu'à ce qu'il me fasse savoir qu'à ma place, il aurait certainement égorgé Rosalia, chose qui ne me ressemblait pas mais un léger sourire s'échappa de mes lèvres. Je ne compte pas le faire, ils n'ont pas de chocapics en prison, je peux pas vivre sans chocapics. Disais-je d'une petite voix avec un léger rire étouffé dans les quelques larmes qui s'échappaient de mes yeux mais que j'essayais de masquer avec l'aide de mes mains, bon c'est pas réussi comme technique de camouflage, mais tant pis. Il me fit ensuite savoir qu'il n'était pas le meilleur en ce qui concerne le remontage de moral, j'hochais simplement les épaules avant de lui répondre doucement. Non t'inquiète pas Priape .. Serre-moi juste dans tes bras, j'ai besoin d'un ami là. Ouais je crois que c'est ce dont j'avais le plus besoin en ce moment-même, qu'un ami me prenne dans ses bras pour me réconforter. Me considère t-il comme son amie ? J'en avais aucune idée, mais à mes yeux c'était un ami, même si sa forte amitié avec Valentin pouvait me mettre mal à l'aise par moments. Je m'avançais alors vers lui pour poser ma tête doucement contre son épaule, libre à lui de me repousser et de me serrer amicalement dans ses bras. En tout cas je profitais d'avoir ma tête contre son épaule pour essuyer de nouveau mes petites larmes qui coulaient sur mes joues. Je devais changer de sujet quelques-instants, parler d'autre chose que de Valentin et la seule question qui me trotta dans la tête en attendant qu'on vienne nous ouvrir était la suivante : Et toi, comment ça se passe avec Caly ces derniers temps ? Lui demandais-je en restant contre lui. Avec ce qui s'est passé entre Val et moi ces derniers jours, je ne savais pas si ça se passait bien dans le couple des deux dunsters. Alors je voulais simplement prendre de leur nouvelle, pensant bien faire.