Comme un air de déjà vu... (Pv Val)

Je savais que la fin des vacances et que le retour à Harvard seraient rudes, et la rentrée à Cambridge ne serait pas aussi festive que ces deux dernières semaines, mais, dans tous les cas, je ne m’attendais pas à ça : un texto de mon meilleur pote annonçant -Ca y'est elle m'a quitté- Bien sûr, j’étais au courant de la « situation » particulière dans laquelle Valentin se trouvait alors aussitôt je compris qu’il parlait d’Amy. Et dès que j’avais lu ce sms, les souvenirs de cet été, de sa rupture avec Sateen me revinrent en mémoire… Merde, pourquoi fallait-il toujours que cupidon s’acharne à ce point sur mon meilleur ami ? Bon ok, cette fois il avait des tords, la décision d’Amy était probablement justifiée. Il m’avait raconté comment il l’avait trompée avec son ex Rosalia, je l’avais encouragé à être honnête avec sa femme, espérant secrètement que celle-ci trouverait en elle les ressources pour lui pardonner… Visiblement ce n’était pas le cas. Je grimaçais tout en pianotant ma réponse d’une main, ma valise dans l’autre. Je venais juste de passer le pas de ma chambre lorsqu’il me répondit qu’il faisait des provisions pour réaliser notre « rituel ». Je lâchai ma valise dans un coin de la pièce et entrepris de me préparer. Je pris une douche, enfilai des vêtements propres et direction l’appartement de mon meilleur ami. Je toquai à la porte un peu anxieux de ce que j’allais découvrir derrière. Malgré son infidélité, Val semblait tellement accroché à Amy, dans quel état cette rupture allait l’avoir mis ? Et surtout, je ne me sentais pas moi même au top de ma forme, je n’étais plus du tout sûr de pouvoir recoller les morceaux de mon propre couple alors je doutais un peu de mes capacités à lui remonter le moral en ce moment…

Franchement, je ne sais pas pourquoi je m'accroche à cette envie, cette envie d'être heureux avec une femme, et amoureux. Pourquoi ? Ca finit toujours mal. Et même si je me remet avec Rosalia, qu'est-ce qu'il me prouve que ça va bien finir entre nous, que ça ne va jamais finir surtout ?! Absolument rien, et là je suis pas dans l'état d'esprit où l'inconnu me fait du bien, au contraire. Alors même si elle attend un enfant de moi, va falloir qu'elle prenne son mal en patience. Je suis incapable de tout en ce moment, encore plus depuis qu'on a signé les papiers du divorce, tout à foiré ce jour-là. Mais je voulais juste me bourrer la gueule avec celui que je sais qu'il sera toujours là, mon meilleur pote Priape et je l'avais convié à me rejoindre, même si c'est lui qui l'avait voulu au début. De toute façon je ne m'imaginait pas boire tout seul, bien que j'en aurai été capable. J'étais donc rentré avec mes deux packs de bière, la bouteille de vodka et de whisky avec du jus et m'étais enfermé chez moi où tout dans cet endroit me la rappeler. Faut vraiment que j'arrête de vivre ici, je vais pas le supporter. Je m'étais pris une petite douche pour finalement rester torse nu, en caleçon, attendant que mon meilleur pote débarque. Je m'étais écroulé dans le canapé, regardant un programme débile à la télé, bière à la main. Dès qu'il fut là, à la porte, j'attrapais une bière dans le frigo, la décapsula et alla lui ouvrir Salut mec. Je lui tendais alors la bière, totalement dépité et laissa la porte ouverte pour aller de nouveau m'installer comme une grosse merde dans le canapé. J'espère que t'as passé de meilleures vacances que les miennes ...

La porte s’ouvrit sur un Valentin particulièrement dépité qui m’accueillit en me servant aussitôt une bière. « Salut » répondis-je sur un ton un peu plat. « Bonne idée mec. Je crois que c’est le traitement qu’il nous faut. » assurai-je en saisissant la boisson qu’il me tendait. Mon meilleur ami m’avait manqué à Punta Cana, alors bien sûr j’étais content de le revoir, seulement j’aurais aimé que ces retrouvailles se fassent dans de meilleures conditions, qu’il ait de bien meilleures nouvelles à me raconter… Je fronçais les sourcils en l’observant aller s’avachir dans son canapé. J’entrai dans l’appartement, son appartement avec Amy, celui où ils avaient emménagé après leur mariage, en songeant que c’était étrange de se retrouver là. On avait même pas pendu la crémaillère ou même arrosé son mariage que déjà c’était terminé… Je refermai la porte derrière moi avant d’aller m’installer à côté de mon ami. Aux paroles de ce dernier, je ne pus m’empêcher d’avoir un faible sourire… « Joker… » répondis-je. J’avais passé ces deux dernières semaines à essayer de noyer tous mes problèmes dans l’alcool, m’enivrant pour oublier que mon couple était en train de sombrer, que j’étais en train de perdre la femme de ma vie… Mais j’avais aussi toujours en tête les étendues de sables blancs, les eaux turquoises, les sorties bateau, l’initiation au parachute ascensionnel, les soirées, les rencontres… Il y avait aussi eu des bons côtés à ce spring break finalement. « Non honnêtement, je pense que tu remportes largement le concours des vacances les plus pourries… » déclarai-je en tournant la tête vers lui pour l’observer. Il avait l’air abattu. Je n’avais pas encore touché à la bière qu’il m’avait offerte, je la lui tendis : « D'ailleurs, prends la, t’as l’air d’en avoir plus besoin que moi. » Je voulais pas le bousculer avec mes questions, même si l’allusion à une « bombe » dans l’un de ses sms me laissait présager qu’il y avait encore eu plus de remue ménage dans sa vie que ce que je m'imaginais. Il semblait tellement mal, je voulais lui laisser la liberté de se confier à son rythme… Et probablement qu’il aurait besoin de bien plus qu’une seule bière pour digérer tout ça.

Il ne touchait pas à sa bière, alors que la mienne je la sifflais un peu trop vite. Lorsque je demandais en quelques sortes comment s'étaient passées ses vacances, il me sortit un joker qui me fit sourire. Oui j'arrivais encore à sourire malgré mon coeur brisé pour la troisième fois. C'était encore différent des autres fois mais je me sais fautif donc c'est pas pareil, je ne le ressens pas de la même façon et je sens que je devrais un peu mieux m'en sortir. C'est surtout parce que j'ai dans l'espoir de la récupérer je crois bien. Toujours est-il qu'il me confia que ses vacances ne pouvaient pas être pires que les miennes et un rire plus nerveux qu'autre chose sortit de ma gorge alors que j'enfilais les dernières gorgées de ma bière. Quand il m'offrit la sienne je ne me fis pas prier Il y en a d'autres dans le frigo si t'en veux une plus tard. Ou tu peux attaquer direct avec la vodka, ça te fera sûrement mieux digérer ce que j'ai à te dire. Je fis une petite pause bière pour enchaîner, parce qu'il était là pour entendre mes supers vacances. Donc comme tu le sais, je voyais aussi Rosalia et par texto elle m'annonça la pire chose qui aurait pu m'arriver, nous arriver à tous. J'ai couru jusqu'à chez moi après le taf, mais c'était déjà trop tard, Amy était au courant de tout. Rosalia est enceinte.

Après avoir attrapé ma bière, Val m’informa qu’il en avait prévu d’autres au frais mais qu’il valait peut être mieux passer à l’artillerie lourde, vu l’annonce en prévision. Je fronçai les sourcils, intrigué, l’observant et attendant de connaître la fameuse révélation. Je déglutis difficilement en entendant mon pote prononcer –la pire chose qui pouvait arriver- et puis il lâcha le morceau. Je restais un instant muet, un peu ébranlé par la nouvelle. Rosalia enceinte ? Enceinte de Val ? Bien sûr, c’était lui le père vu la façon dont il m’avait révélé cela. Après quelques secondes de mutisme choqué, je retrouvais la parole : « Ouais, je crois que ta raison. La vodka c’est ce qu’il nous faut. » Je tendis le bras pour m’emparer de la bouteille d’alcool fort posée devant nous ainsi que deux shooters que je remplis. J’avalai le mien un cul sec avant de reprendre. « Mais merde Val, comment ça a pu arriver ?!? » m’exclamai-je. Question idiote, j’étais pas idiot, je savais très bien comment on mettait une nana enceinte, je n’avais pas besoin d’un dessin. C’était juste que pour moi : tromper sa femme c’était déjà une chose énorme, mais en plus le faire sans se protéger, c’était complètement insensé et irresponsable. C’était tellement pas le genre de Valentin. « Qu’est-ce qu’elle va faire ? » demandai-je ensuite, le –elle- de ma question faisant référence à Rosalia. « Enfin, qu’est-ce que vous aller faire ? » corrigeai-je en me disant que finalement la décision ou non d’interrompre cette grossesse serait probablement prise par les deux amants.

Voilà c'était dit. Est-ce que je me sentais mieux ? Non, mais allégé parce que je me sens trop mal quand je ne dis pas ce genre de chose à mon meilleur pote. Tout et n'importe quoi d'ailleurs. Même la plus conne des aventures je suis obligé de lui en parler. Enfin bref, toujours est-il qu'il était choqué par la nouvelle et je pouvais le comprendre, normal. La vodka oui, heureusement il était d'accord avec moi. Il nous servit alors deux shots et avalais le mien en même temps que lui et une fois que ma gorge ne brûlait plus et que je sentais mon visage reprendre une forme normale je pus lui répondre à sa question bizarrement posée mais parfaitement compréhensible. Elle voulait arrêter de me voir, alors on l'a fait une dernière fois dans la bibliothèque et j'étais tellement ailleurs, je ne voulais tellement pas qu'elle abandonne que j'ai pas réfléchi. Je m'attendais vraiment pas à ça quoi ... Je me surprenais même à penser que j'aurais préféré engrosser Amy plutôt que Rosa. Mais c'était comme ça, plus de retour en arrière possible, juste une bonne cuite en vue. Je nous remplissais donc de nouveau nos verres alors qu'il me demandait ce qu'elle allait faire, ce qu'on allait faire pour le bébé. Je fronçais méchamment les sourcils et bus mon verre avant de répondre sur un ton agressif et le regard dans le vide Elle veut le garder et elle a juste rien à foutre de mon avis. Déjà que je suis clairement pas prêt à avoir de gosse, je te dis que je suis vraiment en colère contre elle, encore plus qu'elle l'ait annoncé à Amy ... J'étais autant malheureux qu'énervé et j'aime vraiment pas cet état.

La question s’était échappée de mes lèvres comme ça, à cause du choc de cette révélation. J’avais du mal à réaliser que Rosalia était enceinte, qu’un mini Valou était en train de pousser dans son ventre… Visiblement mon meilleur ami avait lui aussi du mal à digérer la nouvelle. Une fois son shooter avalé en grimaçant, il reprit la parole pour clarifier un peu dans quelles circonstances les choses s’étaient produites. Valentin nous resservit ensuite, très bonne initiative d’ailleurs, même si j’avais le sentiment que la bouteille toute entière ne suffirait pas à me faire accepter cette situation. Je ne pus m’empêcher de demander ce qu’ils allaient décidé. Ils n’étaient pas dans des circonstances des plus idéales pour élever un enfant, après tout ils n’étaient même pas en couple et puis c’était évident que Valentin en aimait une autre. La réponse de mon ami me surprit donc : elle voulait le garder ! « Mais qu’est-ce qu’elles ont toutes en ce moment avec les mioches ?!? » m’exclamai-je alors avant d’avaler mon deuxième shooter d’une traite. Bien sûr, le –elles- de ma phrase s’appliquaient autant à Rosalia, qui semblait déterminée à garder cette grossesse malgré l’avis de Val et malgré la situation compliquée dans laquelle ils se trouvaient, qu’à Calypso, qui elle, s’était mise en tête d’avoir un enfant balançant sa pilule sans même prendre la peine de m’en parler. Toutes tarées ! Je reposai mon verre sur la table et me mis alors à la place d’Amy. Je pense qu’il était impossible de comprendre vraiment ce qu’elle avait pu ressentir. J’avais d’abord espéré qu’elle pardonne à Valentin, parce que l’attachement et les sentiments de ce dernier pour sa femme semblaient évidents. Il avait fait une erreur et j’avais cru que peut être après l’aveu et la fin de cette liaison, la dunster accepterait de laisser une nouvelle chance à son mari… Mais à présent, il y avait beaucoup plus en jeu. L’erreur n’était plus quelque chose d’abstrait. Il y allait avoir le ventre arrondi de Rosalia qui allait lui rappeler la trahison de Valentin durant les neuf prochains mois. Le pardon semblait une issue impossible maintenant. « Pauvre Amy… » soufflai-je en grimaçant. « Comment elle encaisse tout ça ? » Je relevai les yeux avec inquiétude vers ceux de Val. Je savais que ma question risquait de raviver un peu plus sa culpabilité et sa peine.

On ne pouvait pas dire que j'étais au meilleur de ma forme, et pourquoi je faisais tout pour me sentir mieux, avec mon meilleur pote et mon alcool. Mais c'était clairement pas suffisant, il aurait fallu trouver un moyen pour remonter dans le temps. Or c'est bien la solution la plus impossible, alors autant noyer son chagrin dans l'alcool. Et apparemment je n'étais pas le seul qui en avait besoin. Quand je lui eus dit que Rosa voulait garder le gosse, il s'exclama d'une façon qu'il me surprit, tellement qu'il réussit à m'arracher à mon envie de boire davantage, le temps d'un instant du moins. Comment ça ? Ne me dis pas que Caly aussi est enceinte ?! Je restais relativement calme mais ça aurait été la cerise sur le gâteau si elle aussi l'était. Non pas que je ne voulais pas devenir tonton, mais il semblerait qu'il n'y ait que nous, les mecs qui nous rendions compte qu'on a que la vingtaine, à peine dépassée quoi merde ! C'est pas à cet âge et en pleines études qu'on fait des gosses. Ah les femmes quoi ! Mais Priape finit par revenir au sujet de Amy et là mon ami l'alcool vint me brûler de nouveau la gorge alors qu'il me demandait comment elle encaissait tout ça. Très mal ... Elle n'arrête pas de pleurer à chaque fois que je la vois, c'est l'enfer. Mais j'ose espérer que la douleur passera avec le temps, autant pour elle que pour moi. Mais j'osais surtout espérer qu'elle revienne vers moi par la suite, bien qu'au fond de moi je savais la chose totalement impossible.

Mon exclamation avait visiblement surpris Valentin. Aussitôt, il me questionna sur Caly. Il me demanda si elle était enceinte et je ne pus retenir un petit rire : « Non, non, elle est pas enceinte. Dieu merci ! » le rassurai-je alors. « On va avoir assez d’un mini Valou à s’occuper ! » le taquinai-je alors. De toute façon, puisque Rosa avait pris sa décision, autant en rire à présent, même si imaginer Val en train de changer des couches ou de donner un biberon me paraissait pour l’instant surréaliste. « Caly t’a pas raconté pourquoi on avait décidé de faire un break ? » demandai-je alors. Je le regardais avec étonnement, qu’il ne soit pas au courant me paraissait étrange. Je savais combien lui et mon ex petite amie étaient proches, j’avais présumé qu’elle lui avait déjà raconté sa version des faits de ce qu’il s’était passé entre nous avant le spring break. Ensuite, et bien que cela soit surement douloureux pour mon meilleur ami, je ne pus m’empêcher de le questionner sur Amy. La dunster et moi n’étions pas vraiment proches mais pourtant, depuis que je la connaissais, j’avais toujours éprouvé une sympathie sincère à son égard. Je grimaçais donc de compassion en écoutant la réponse de mon ami… Elle était au plus mal, pleurait énormément. Je n’osais pas imaginer le calvaire qu’elle traversait. Valentin lui, semblait rongé par les regrets. Je posais ma main dans son dos pour ton réconfort. Rien de ce que je pourrais dire ou faire ne le ferait aller mieux, mais je voulais lui faire comprendre que j’étais là pour lui. « Il faut vous laisser du temps… »

Ca faisait déjà un moment que mes deux meilleurs amis n'étaient plus en couple et j'avais aperçu un semblant d'espoir pour eux quand il me parla de mioche à son tour mais apparemment non elle n'était pas enceinte et c'était pas plus mal au final, parce que oui on aurait déjà assez à faire avec le mien, pas besoin qu'ils en aient un eux aussi, ça foutrait encore plus la merde, surtout que lui non plus ne semblait pas en avoir envie, du moins pas tout de suite. Il me demanda par la suite si Caly m'avait fait part du pourquoi de leur break, ou plutôt appelé rupture pour moi-même, ayant déjà essayé cette manoeuvre qui a clairement pas marché. Elle m'avait prévenu que vous n'étiez plus ensemble, mais elle était dans un trop sale état pour m'en parler et puis après Amy est arrivé et elle m'a jamais reparlé de vous deux, se focalisant plutôt sur mes conneries. Je le laissais donc enchaîner, espérant qu'il m'avoue le pourquoi de cette rupture ou de ce break qui j'espérais ne durera pas bien longtemps. Mais mon ami décidé de me retourner le couteau dans la plaie et me demanda comment allait Amy. Il était clair que ça n'allait pas du tout. Il me fit alors savoir qu'il fallait nous laisser du temps. Je nous resservais alors un verre et je commençais déjà à avoir la tête qui tourne alors j'allais peut-être y aller un peu plus mollo pour le coup, mais je ne pus m'empêcher de lui demander Pourquoi ? Tu crois qu'elle reviendra un jour vers moi ? Il est clair que ce jour n'arrivera nul part d'autre que dans mes rêves ...