Le retour d’Allemagne s’était passé tout en douceur, et Thaïs ne pouvait pas être plus heureuse qu’elle ne l’était déjà. Elle avait d’ailleurs fait l’effort d’aller marcher un petit peu histoire d’acheter des fraises et de la chantilly histoire de programmer une petite soirée en amoureux avec Caleb mais quelle ne fut pas sa surprise, une fois le pas de la porte passé, d’entendre à la fois la voix désagréable de Mary mais aussi le cri d’un… bébé. Bébé ?! « Mais je t’assure que c’est ton fils Caleb ! » Autant dire que Thaïs blêmit immédiatement, lâchant d’un même temps son sac contenant les fraises et la chantilly sous le choc. « Comment ça son fils ?! »
Dans le genre, on cumule les emmerdes, je crois que nous étions devenus les rois. Cela faisait une demi-heure que Mary avait toqué à la porte de notre appartement et j’avais déjà envie de la claquer et de lui coller son mouflet dans les bras, direction Tombouctou. Elle n’en démordait toujours pas : ce bébé était le miens mais j’étais certain justement de ne pas être le père. Thais arriva sur ces entre-faits et aussitôt, je me levais pour la prendre dans mes bras, comme un homme le ferait après des années de solitude. « La nouvelle connerie en date de Mary. Elle est persuadée que je suis le père de son fils mais c’est impossible chaton ! Il faut que tu me crois, je suis certain de ne pas être le père »
Thaïs fut premièrement rassurée de sentir l’étreinte de Caleb se refermer sur elle bien qu’elle soit toujours sous le choc de pareille révélation. « Mais je te crois chéri si tu me dis que c’est pas toi ! » lui assura-t-elle en passant sa main contre la joue de son mari. « Mary j’en ai rien à taper de tes salades, tu es chez nous et indésirable ici alors je te suggère de prendre ton mouflet et de dégager fissa ! » s’emporta-t-elle aussitôt, tremblante de colère.
L’étreinte que j’offris à ma femme était à la fois pour elle mais également pour moi. J’avais réellement l’impression de perdre pieds car non seulement, j’étais aux prises de mon passé mais voilà qu’on m’imposait un enfant. J’avais l’impression de me retrouver dans la peau d’un amnésique sauf que cette fois-ci, cette idée de paternité m’oppressait. Je ne voulais pas perdre ma famille. Heureusement, Thais me crut et mon soulagement fut énorme. « Merci » murmurais-je comme un enfant perdu. « Cet enfant est celui de Caleb ! Je sens bien que tu es jalouse mais il est hors de question que je prive mon fils de son père que tu le veuilles ou non ! »s’acharna-t-elle. « JE SUIS PAS SON PERE ! » hurlais-je à la fin, complétement dépassé. Aussitôt le bébé se mit à pleurer. « Quel mauvais père tu fais, tu ne peux pas être gentil même avec ton fils ?! Tu as toujours été si violent, si froid… je m’étonne encore que tu n’aies pas fait de moi une femme battue »
Thaïs esquissa un ricanement des plus vifs face aux paroles de Mary. Elle avait fumé la moquette entouré dans du drap ou avait-elle la berlue ? « Le jour où je serai jalouse de toi, franchement j’ai plus qu’à me pendre ! » s’exclama-t-elle avec une grande froideur avant d’écarquiller deux grands yeux à la fois surpris et chargés de colère. « Caleb, violent ?! Ferme ta gueule ou c’est moi qui vais le devenir plutôt ! Caleb est un homme merveilleux, même dans quinze milliards d’années tu ne lui arriveras pas à la cheville espèce de grosse salope de pouffiasse ! Fais donc un test de paternité si t’en as dans le pantalon, on verra bien si jamais tu dis la vérité… mais j’en doute. La malhonnêteté, tu l’as d’ancrée jusqu’à la moelle ! »
J’étais choqué, c’est le moins qu’on puisse dire et sans l’intervention de Thais, sûrement aurais-je été pour le moins figé, comme absent de mon propre corps. Je n’avais jamais été violent, j’avais même en horreur les hommes violentant les femmes. Par contre, je fus tout de même choqué d’entendre ma chère et tendre femme s’exprimer ainsi, si bien que je la dévisageais comme si je la voyais pour la première fois de ma vie. « Chaton, fais-moi réellement penser à ne jamais te mettre en colère » plaisantais-je avant de me retourner vers Mary. « Je te demande de quitter notre appartement… Mon avocat prendra contact avec toi dès demain pour effectuer un test de paternité mais pour l’heure, je veux que tu nous laisses tranquille » lui dis-je avant de commettre la plus grosse connerie de ma vie en la laissant seule avec ma femme.
« Désolée si je t’ai choqué chéri » répondit Thaïs avec amusement, pensant sincèrement que Mary allait s’en aller après la demande de Caleb mais cette affreuse femme n’avait manifestement pas dit son dernier mot. La jeune irlandaise n’eut pas le temps de faire ouf qu’elle la sentait déjà s’approcher d’elle… « Tu me l’as volé… tu me l’as volé et tu vas me le payer ! TU N’ES RIEN ESPÈCE DE MERDE ! » s’écria-t-elle avant de pousser violemment Thaïs contre le mur, au point qu’elle ne s’en prenne le coin en pleine colonne vertébrale et ne tombe genoux à terre avec la respiration bloquée. Le choc avait été violent, très violent… mais le pire, c’est que Mary s’approchait encore…
Pourquoi avais-je fait la connerie de les laisser seules ?! Je crois que cette question m’obséderait encore des années durant alors que j’entendais les cris de Mary ainsi qu’un grand vacarme. Aussitôt, je m’élançais dans la cuisine, repoussant Mary avec force qui l’envoya valser sur le canapé pour m’agenouiller près de ma femme. « Calme toi, essaie de respirer par le nez » lui dis-je tout en massant son dos avant de me tourner, rageur vers Mary. « DEGAGE ! Dégage avant que j’oublie le fait que je ne frappe pas les femmes alors tu prends ton gosse, ta gueule plastifiée et vous dégagez de l’appartement ou je te préviens, tu descendras les étages sans toucher le sol, est-ce que je me suis bien fait comprendre ?! » lui demandais-je mais sans attendre sa réponse, je l’attrapais par la queue de cheval pour la relever, de l’autre, je me saisissais du couffin pour mieux les mettre dehors avec pertes et fracas bien que j’avais été d’une douceur incarnée pour le bébé. « Sache que s’il arrive quoique ce soit à ma femme ou mes enfants, il n’y aura pas un seul endroit sur Terre où tu pourras te cacher et tu pourras dire adieu à ton gosse en prime » repris-je avant de claquer la porte et de conduire Thais sur le canapé. « J’appelle une ambulance chaton ! Je suis désolé, je n’aurais pas dû vous laisser seules »
Thaïs perdait peu à peu pied tandis que sa respiration restait à la fois bloquée et anarchique. Cela finirait bien par passer, comme toutes les autres fois où elle était tombée sur le dos sauf que là, le choc n’aurait pas pu être plus violent. C’est à peine si elle se rendit compte de la violence dont venait de faire preuve Caleb car tout ce à quoi elle s’accrocha, ce fut ses bras, qui la guidèrent bientôt jusqu’au canapé. « Je n’ai sûr… sûrement rien… » l’arrêta-t-elle avant de serrer ses mains dans les siennes alors que sa respiration devenait de plus en plus normale. Mais ça ne l’empêcha pas la seconde qui suivit d’éclater en sanglots. « Mais qu’est-ce qu’on lui a fait bordel ?! Elle me fout les jetons Caleb, j’ai vraiment peur pour les jumeaux… ça va être quoi la prochaine étape ? C’est trop de stress pour ma fin de premier trimestre de grossesse… »
Cela me tuait de voir ma femme dans cet état et je tombais à genoux près d’elle pour la prendre dans mes bras, la berçant en essayant de calmer ses sanglots. « Je ne sais pas… Elle n’était pas comme ça… Elle est devenue complètement folle mais je te protégerai, je te promets que je vais vous protéger ! Demain, j’irais porter plainte pour obtenir une mesure d’éloignement » lui répondis-je tandis que je caressais son dos. Pourquoi ne pouvais-je tout simplement pas la rendre heureuse ? Pourquoi mon passé finissait toujours par la blesser ? J’avais l’impression que quoique nous fassions, nous étions condamnés à souffrir. « Je suis tellement désolé Thais »