Ça me rend dingue, ça me fout en l'air, quand je sais que tu t'envoie en l'air ► Walter & Camille

Ils pénétrèrent dans l'hôtel, passant sous le regard médusé du personnel et des personnes passant par là. Mais à vrai dire elle n'en avait pas grand chose à faire. Qu'on les entende crier tien, que tout le monde sache qu'elle côtoyait Walter, elle n'en avait plus rien à foutre. Elle voyait d'ici les ragots dans le Crimson, "Camille la cabot débile, l'énième fille à s'être fait rouler par Reynolds". Mais elle serait la seule à savoir le vrai goût amer de cette dispute. Walter semblait être remonté à bloc, faisant des gestes et passant sa main derrière son cou avec exaspération. Il se mit même à devenir grossier, blessant, lui disant que si il n'avait rien dit, c'était pour ne pas gâcher ses vacances. Gâcher mes vacances ?! répéta-t'elle incrédule. Eh bien bravo, tu peux être sûr qu'elles sont gâchées là ! s'exclama-t'elle, une pointe de désespoir dans la voix. Elle était dégoûtée, déçue... et triste. Elle savait que c'était injuste de tout rejeter sur Walter alors qu'elle aussi avait ses tords. Ça avait été tellement stupide de se laisser aller à coucher avec Ricardo comme ça, alors qu'elle ne savait rien de cette histoire. Quand ça c'était produit, le nom de cette fille, qui avait filmé... tout ça elle l'ignorait. Elle avait simplement été tellement blessée par ces images, qu'elle n'avait su y voir clair. Tout était confus en elle, et elle n'avait su qu'écouter sa jalousie maladive. Tout d'un coup, Walter sembla se forcer à se calmer, pour finalement se retourner et lui faire face. De toute manière, que je sache, on ne sort pas ensemble n'est-ce pas ? Donc la discussion s'arrête ici. La phrase eut un drôle d'impact sur Camille. C'est vrai, ils n'étaient pas ensemble. Elle n'avait rien à dire sur ce qu'il faisait, ou avec qui il couchait. Il n'était pas son mec, il n'avait pas de compte à lui rendre. Elle n'était pas Faith, qui était bel et bien sortie avec le Eliot. Elle n'était personne pour lui. Tout d'un coup, sa colère retomba, comme un électrochoc. C'est vrai. Une boule se forma dans sa gorge alors qu'elle le regardait s'éloigner à nouveau, sans qu'elle ne le suive cette fois. Elle resta ainsi quelques secondes sans bouger avant de se reprendre et de se diriger vers l'ascenseur, appuyant nerveusement sur le bouton pour monter dans les étages et rejoindre sa chambre. Elle voulait qu'on la laisse tranquille, ne plus penser à tout ça. L'ascenseur n'arrivait pas assez vite à son goût et à nouveau, elle appuya sur le bouton, le frappant presque en lâchant un "putain", juste avant que les portes ne s'ouvrent. Pénétrant dans la cabine, elle sélectionna son étage et se retourna, face au miroir, dévisageant son propre reflet qui la dégoûtait.

Les portes de l'ascenseur se fermèrent et Camille se détourna sèchement de son reflet, bien trop exaspérée par l'expression qui se dessinait sur son visage. Elle n'arrivait pas à faire le vide dans sa tête comme elle l'aurait voulu, assaillie par les images de Walter lui criant dessus avec cet air de pitié intense sur le visage. Elle était en colère, blessée... et bouleversée. Se forçant à respirer lentement pour faire passer le noeud qui s'était formé dans sa gorge, elle sortit en trombe de l'ascenseur lorsque les portes s'ouvrirent à son étage. Ouvrant rapidement la chambre, elle claqua la porte derrière elle et se laissa aller contre celle-ci, glissant jusqu'au sol. Pourquoi était-elle si chamboulée par cette dispute ? Et pourquoi les paroles de Walter la touchaient autant ? Elle s'en voulait. De s'être attachée à lui comme ça, alors qu'elle s'était jurée de ne plus se laisser avoir par ses sentiments. En la laissant seule à Cambridge, Demyan lui avait piétiné le coeur, à croire que ça ne lui avait pas suffit. Et Walter, que savait-il de Demyan au juste ? Elle s'en voulait tellement. Et en même temps... en même temps elle ne regrettait pas ces moments passés avec Walter. Elle s'était ouverte à lui, s'était laissée aller... mais ils avaient passés de bons moments, non ? Des moments qu'elle n'avait cessé de se repasser dans sa tête telle une gamine, un sourire sur les lèvres avant de s'endormir. Tout avait été si parfait avant qu'elle ne voie cette vidéo, et qu'elle se sente trahie, triste, lésée. Avant qu'elle ne couche avec Ricardo simplement par vengeance, par manque d'affection. Pour lui rendre la pareille. C'était tellement puéril. Prenant son visage entre ses mains, Camille ferma ses yeux devenus humides et souffla un grand coup. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle ne savait pas ce que ressentait Walter. Lui en voulait-il parce qu'elle s'était énervée et qu'il n'aimait pas qu'on lui dise quoi faire ? Comptait-elle pour lui autant qu'il comptait pour elle ?... Elle n'avait jamais voulu de ça. Elle ne voulait pas que ça se termine ainsi, que ça se termine tout court. Elle détestait cette situation. S'appuyant au sol, elle se remit doucement sur ses jambes engourdies. Combien de temps était-elle restée ainsi à réfléchir ? Dix minutes ? Une demi-heure ? Elle n'en savait rien, mais une chose était sûre: elle ne voulait pas laisser les choses ainsi. Prenant sur elle, sur son orgueil, elle rouvrit la porte de sa chambre en passant sa main sur ses yeux, se dirigeant à nouveau vers les ascenseurs. Peut-être qu'elle était stupide, qu'elle allait se ridiculiser un peu plus devant ce mec qui n'en avait peut-être rien a faire d'elle... mais elle appuya tout de même sur le bouton menant à l'étage de Walter. Quelques minutes encore et elle se trouvait devant sa porte, écoutant le silence aux alentours, une boule dans l'estomac. Prenant son courage à deux mains, elle donna trois petits coups à sa porte, avant d'ouvrir la bouche, d'une voix qu'elle essaya de rendre assurée et calme. Avec plus ou moins de réussite. Walter... C'est moi. Ouvre s'il te plait.

A peine eut-elle toqué à la porte de Walter que son coeur se mit à battre la chamade. Et si il lui fermait la porte au nez ? Si il lui disait qu'il ne voulait pas la voir et qu'il lui disait de dégager ? Finalement elle ne savait plus si c'était une très bonne idée de venir se présenter devant sa chambre... mais il était trop tard pour reculer puisqu'au bout d'un moment, Walter vint lui ouvrir la porte. Il la toisa du regard en silence, alors qu'elle ne quittait pas ses yeux du regard, quelque peu intimidée après l'échange qu'ils avaient eu. Mais il ne dit rien. S'écartant légèrement pour apparemment l'inviter à entrer, Camille pénétra dans la chambre alors qu'elle l'entendait fermer la porte derrière elle. Bon au moins, il ne l'avait pas repoussée... mais maintenant qu'elle se trouvait là, devant lui, elle ne savait pas quoi lui dire. Passant sa main dans la longue chevelure blonde, elle fuit son regard quelques secondes, arpentant la pièce dont elle avait de vagues souvenirs de la nuit qu'elle avait passée avec lui alors qu'elle était droguée. Se tournant enfin vers lui, elle lâcha ses cheveux pour passer ses mains le longs de ses bras. Elle n'aimait pas cette situation, elle n'aimait pas ce silence... ni cette distance qu'il y avait entre eux. Elle se sentait mal, blessée... et elle lui en voulait, tout autant qu'à elle. Pardon de t'avoir crié dessus dit-elle avec effort, décidant de faire un premier pas. Et finalement tout ça devenait trop lourd pour qu'elle se taise. Je... j'ai pas envie que ça se termine comme ça. De quoi parlait elle au juste ? Du voyage ? De leur relation si bizarre ? Ou peut-être un peu des deux. On aurait dit un couple sur le point de rompre... Elle avait besoin de savoir si s'attacher à Walter était mal, si ressentir toutes ces émotions en sa présence n'était pas une mauvaise chose. Si il ne la prenait pas pour une idiote, tout simplement, comme il l'avait fait avec tant de filles avant elle. Le problème  c'est que je ne sais pas... je ne sais pas à quoi m'en tenir avec toi. Ce que tu penses de moi... Ça y est là, elle se sentait vraiment mal. Elle avait un mal fou à sortir ces mots, tellement elle avait peur de souffrir en retour. Je m'en fout qu'on soit un couple ou pas, je ne veux plus te voir coucher avec d'autres filles dit-elle finalement en détournant le regard, alors qu'elle avait encore des images dans la tête qui ne cessaient plus de la tourmenter. Elle s'attendait déjà à se faire rabrouer, ou pire, à des moqueries...

Camille leva les yeux vers Walter qui semblait être toujours autant sur les nerfs. Et apparemment, ses paroles n'avaient en rien arrangé les choses. Tu parles comme Faith, ça m'saoule. Et paf, prend ça dans ta gueule ! Camille eut soudain l'impression de se liquéfier et de s'écrouler au sol tellement cette simple phrase pouvait la toucher. Walter se détourna d'elle alors qu'elle sentait sa gorge se serrer un peu plus. Alors comme ça elle parlait comme Faith ? Surement qu'elle était aussi pitoyable à ses yeux qu'ait pu l'être son amie, tien. Elle se sentait conne, et elle ne supportait pas d'entendre parler de Faith comme ça. Se détournant à son tour, elle se mit de nouveau à arpenter la pièce en croisant les bras. Ne m'apparente pas à Faith dit-elle le plus calmement possible, alors que ses nerfs faisaient trembler sa voix. Non, vraiment, elle ne voulait pas être comparée à Faith. Faith qui elle aussi s'était attachée à Walter. Et qui avait fini par se foutre en l'air. Tout ça était bien trop glauque. Finalement il se mit à parler, et malgré tout ses paroles réussirent à la dérouter, une nouvelle fois, chamboulant totalement ses émotions. Bizarrement, ce qu'il venait de dire parvint à la calmer un peu. Ne le quittant pas du regard, elle finit par elle s'asseoir sur son lit, se laissant lourdement tomber dessus en prenant sa tête entre ses mains, ses coudes posés sur ses cuisses. Pourquoi fallait-il que se soit si compliqué ? Elle aurait tout simplement pu lui faire confiance, et aller directement lui parler comme il le lui reprochait de ne pas avoir fait. Mais en voyant cette vidéo, elle avait justement eu l'impression de se retrouver à la place de Faith. Et elle ne l'avait pas supporté. Elle regrettai d'avoir couché avec Ricardo. Mais elle était comme ça, quand elle se sentait en danger, blessée, elle faisait toujours n'importe quoi. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien lui répondre ? D'un côté, elle était contente de voir qu'il tenait à elle. De l'autre, elle regrettait qu'ils aient dû en arriver là pour se dire les choses.

Le visage toujours enfouit entre ses mains, Camille releva la tête pour regarder Walter qui se dirigeait vers sa valise, prenant un paquet de clope et un briquet. Elle était perdue, et elle ne savait plus comment interpréter ses paroles. Apparemment il ne se foutait pas qu'elle puisse être allée coucher avec un autre gars, même si c'est ce qu'elle avait cru au départ. Et bizarrement, cela la rassura un peu. Au moins, elle n'était pas la seule à être blessée par tout ça. Elle se torturait littéralement l'esprit au moment où elle sentit l'odeur de la fumée de cigarette. On ne pouvait pas fumer dans les chambres. Mais bordel, elle aussi avait bien envie de s'en fumer une. Donc on s'est envoyés en l'air tous les deux avec quelqu'un, très bien. Et après ? On fait quoi ? dit-il alors qu'elle se levait du lit pour se rapprocher de lui. Elle ne savait pas vraiment si on pouvait qualifier tout ça de "très bien", mais elle aussi se demandait où tout ça les menait, au final. N'ayant apparemment pas fini, Camille le laissa parler, tandis qu'elle passait à ses côtés pour prendre à son tour une cigarette dans le paquet et la porter à sa bouche. Elle stoppa son geste pendant quelques secondes en entendant Walter se dévoiler sur ce qu'il ressentait pour elle, apparemment décidé à mettre les choses à plat. Alors comme ça elle n'était pas la seule à se prendre la tête avec tout ça ? Elle aussi était énervée, énervée contre elle même de voir qu'elle pouvait à nouveau craquer pour un mec, alors qu'elle s'était jurée de ne plus retomber là-dedans. Mais c'était trop tard, elle le savait bien, depuis Rio déjà les choses n'étaient plus les mêmes. Qu'est-ce qu'elle voulait au juste ? La question de Walter la dérouta, autant que de l'entendre sortir de sa bouche. L'entendre utiliser le "nous" eu un drôle d'effet sur elle, comme si il pouvait y avoir plus qu'une amitié sacrément cheloue entre eux. Je sais pas... je sais pas ce que je veux dit-elle en reprenant la cigarette toujours pas allumée entre ses doigts. En réalité, tout ça lui faisait peur. Cette proximité, cet attachement, et les sentiments qui commençaient à naître malgré elle. Tournant son visage vers lui, elle plongea son regard dans le sien, qui ne semblait pas l'avoir quittée des yeux. Mais je risque de t'énerver encore un moment parce que... je compte pas te lâcher.