(+ Roxanna) Surpriiiiiiise !

« Je ne sais même pas s’ils connaissent le sens de ce mot à vrai dire » lâcha-t-elle non sans embrayer aussitôt sur un petit sifflement faussement innocent. Bambi avait été particulièrement surprise de la façon d’être des Winthrop et n’allait pas manquer de s’en moquer gentiment face à Declan, rouge de confrérie lui aussi, rien que pour le plaisir de le voir enrager. Une fois encore, qui aime bien châtie bien, à croire que la jolie Mather ait définitivement réinventé le sens de ce mot en compagnie de Roxanna aujourd’hui. « Ca me rassure que ça ne te choque pas parce que j’avais surtout besoin de vider mon sac » avoua-t-elle en baissant légèrement le regard un bref instant, s’en voulant un tantinet de la prendre pour un journal intime, bien qu’elle savait que la jolie Eliot pouvait en faire de même en sa compagnie, Bambi n’en serait pas gênée. Elle reprit cependant un chocolat avant de reprendre, histoire d’avoir un peu plus de contenance : « Oh je sais bien que de toute façon le silence sucks. Mais j’ai jamais été dans ce genre de situation et puis… autre détail de taille : ma meilleure amie a des soucis de nymphomanie. Te moque pas c’est la vérité » Bien que Bambi soit actuellement en train d’avoir un petit rire nerveux.

Bambi marquait un point en disant qu'elle ne savait pas si les Winthrops connaissaient la notion de cerveau, ce qui me fit esquisser un sourire. Evidemment, c'était de la pure taquinerie, même si certains d'entre eux avaient des comportements qui laissaient porter à confusion. Néanmoins, je changeais de sujet, invitant mon amie à se confier sur sa situation avec sa meilleure amie qui semblait bien compliquée. « Ca me rassure que ça ne te choque pas parce que j’avais surtout besoin de vider mon sac » Esquissant un léger sourire, je la rassurais d'un simple mais honnête : « Tu peux déballer ce que tu penses, je suis pas là pour te juger mais pour t'aider.. Du moins comme je le pourrais. » Oui parce que bon, ma vie sentimentale est tellement chaotique qu'elle ne devrait peut-être pas m'écouter. Bref. « Oh je sais bien que de toute façon le silence sucks. Mais j’ai jamais été dans ce genre de situation et puis… autre détail de taille : ma meilleure amie a des soucis de nymphomanie. Te moque pas c’est la vérité » Je posais une main devant mes lèvres en entendant le terme "nymphomanie", retenant un léger rire. C'est vrai qu'on a toujours tendance à employer ce terme à la rigolade. « Wow, t'es sérieuse ? J'avoue que .. C'est surprenant. Enfin, j'ai pas l'habitude d'entendre ça à vraie dire ! » Je ris légèrement, essayant néanmoins de ne pas trop me moquer, l'heure était surtout aux conseils. « Eh bien.. Tout ce que je peux te dire c'est que pour le bien de votre amitié.. Ou de votre plus, je ne sais quoi, il va falloir mettre les choses à plat.. Organisez vous une soirée, une sortie, pour voir ou vous en êtes ? »

« Merci de m’écouter sans me juger, ça représente beaucoup pour moi. Je peux te renvoyer l’ascenseur si tu as besoin, sache-le » lui précisa-t-elle néanmoins, car Bambi n’était décidément pas adepte du fait de prendre les gens pour des journaux intimes sans leur rendre la pareille. La jolie Mather n’était sans doute pas le meilleur modèle de perfection mais elle avait la reconnaissance du ventre, ça, c’était une certitude. « Je sais bien que c’est pas habituel ou alors quand on sort ça c’est pour se marrer mais là c’est juste la réalité. Je crois qu’on est une belle brochette de bras cassés elle et moi ! » ironisa-t-elle de son côté car Bambi traînait elle aussi des casseroles plutôt impressionnantes de son côté, rien que ses crises de colère étaient en soi un gigantesque merdier indescriptible. Pourtant, Mina lui avait juré être prête à y faire face. Difficile de ne pas être touchée par de telles paroles alors que la monténégrine avait justement longtemps souffert du rejet d’autrui à ce sujet… « Une sortie, ouais ça peut le faire. Faudrait un endroit neutre… mais relativement discret parce que je me vois pas parler de ces choses là s’il y a quinze mille glandus pour nous écouter, tu vois ! »

J'esquissais un sourire en entendant Bambi me dire que si je la soutenais sans la juger, je devais savoir qu'elle ferait de même. « Ça me touche aussi ma belle, je n'oublie pas ne t'en fais pas. » Même si de mon côté, je n'étais pas vraiment du genre à parler de mes soucis, un de mes plus gros défauts: Le manque de communication avec mes proches, spécialement quand ça ne va pas. Ecoutant toujours la blonde, je fis un nouveau sourire en l'entendant parler de la brochette de bras cassés qu'elle formait avec sa meilleure amie : « Ce sont nos petites imperfections qui nous rapprochent parfois, ça ne peut que rendre complémentaires » Fis-je remarquer avec un demi sourire, avant de lui suggérer d'organiser une sortie entre elles, pour mieux statufier sur leur situation.. Amies, plus ? C'est le genre de détail qui méritait une profonde réflexion pour ne pas prendre le risque de tout gâcher. Je ris en entendant Bambi dire qu'elle ne se voyait pas parler de ça en pleine foule. « Logique ! » Observais-je en riant, avant de suggérer en croisant les bras après avoir piqué un nouveau chocolat : « Pourquoi ne pas faire je sais pas, une sortie en bateau, une connerie du genre ? Au milieu de l'océan, à part les poissons vous ne pourrez craindre personne ! »

Tant que Roxanna n’oubliait pas que ce n’était pas quelque chose à sens unique qu’elles partageaient actuellement, Bambi demeurait rassurée. Elle ne l’obligeait pas à se confier en lui mettant le couteau sous la gorge, bien évidemment, mais elle n’avait pas pu s’empêcher de le faire remarquer tout de même… le mot « égoïste » ne ferait décidément jamais partie de son vocabulaire, oh ça non. « De toute façon, je crois que lorsqu’on aime quelqu’un, on apprend à aimer autant ses qualités que ses défauts. J’espère que c’est pareil pour Mina sans quoi elle est dans la merde, j’ai des défauts assez marqués » avoua-t-elle sans s’enfoncer la tête sous l’eau pour autant. La jolie Mather faisait simplement preuve de lucidité et cela ne lui faisait pas de mal, bien au contraire. « Tu sais que tu es un génie ? Tu n’as jamais pensé à te recycler en conseillère matrimoniale ? Tu aurais du succès j’en suis persuadée ! Je vais me renseigner sur toutes les locations de bateau du coin et en prendre une pour… très bientôt » fit-elle presque théâtralement en chopant un nouveau chocolat au passage. « Si tu veux, je te donnerai le résultat de ladite discussion ! »

Aimer quelqu'un, c'est accepter ses défauts, ouais.. C'est pour ça que je ne voulais plus aimer, chaque fois j'étais tombée sur des gens dont j'avais accepté les défauts, mais qui avaient fini par me décevoir. Cependant, je ne voulais pas contredire Bambi, je me contentais donc de hocher la tête avec un demi sourire en répondant : « Ouais, il faut voir les choses comme ça... J'espère en tout cas que c'est le cas dans le sens de la demoiselle aussi. » D'ailleurs, tiens, Mina ? C'est pas le nom de la copine d'Andreas ça ou je ne sais quoi ? On ne s'était pas reparlé depuis l'hôpital en même temps, puis bon il doit y en avoir plusieurs sur le campus, je ne relevais donc pas, me contentant de proposer une idée à Bambi pour qu'elle puisse s'isoler avec Mina. Idée qu'elle sembla apprécier, ce qui me fit rire face à son enthousiasme. « Ravie que l'idée te plaise, j'y songerais si un jour je dois abandonner la danse, ça fera une nouvelle option de carrière! » Tout en piochant un nouveau chocolat dans le ballotin, j'ajoutais en haussant une épaule en souriant : « Et cela va de soi que je veux être au courant, savoir comment se seront passées les choses ! » J'espérais pour elle que tout irait bien, elle le méritait.

Bambi avait beaucoup de mal à accepter les défauts des autres, il ne fallait pas croire, et mieux valait ne jamais perdre son estime car cela était définitif. Mina, de son côté, possédait un tempérament léger, que tout le monde adorait et souvent, la jolie Mather avait l’impression de faire tache, ou d’être carrément une pierre. Pour elle, se lier aussi facilement restait impensable : il lui fallait du temps, une sorte de routine, en bref, être rassurée d’une manière ou d’une autre. « Mina est adorable, elle serait capable d’aimer le plus grand connard de la planète ! Moi, c’est l’exact contraire, j’ai beaucoup de mal à faire confiance en fait » avoua-t-elle avec un brin de fatalité dans la voix, brillant d’une lucidité qui l’étonnait bien au-delà des mots à vrai dire. « Franchement garde l’idée en tête… tu fais des études de danse ? Tu vois, je ne savais même pas, je suis un peu en dessous de tout » répliqua-t-elle en ajoutant à ses paroles une petite moue désolée. Ce n’était pas tant qu’elle ne s’intéressait pas à autrui mais qu’elle en oubliait plutôt les préceptes de bonne conduite parfois, sans le contrôler… « Tu vas être ma conseillère matrimoniale attitrée, comme ça je te confierai tout ! »

Je voyais à la façon d'évaluer les choses de Bambi qu'elle possédait une certaine retenue à l'idée d'aller plus loin avec sa meilleure amie. Et je comprenais d'une certaine manière, qu'elle puisse craindre leurs différences par exemple, comme elle était en train de m'expliquer. Lèvres pincées, je sortais le meilleur argument de la planète: « On dit que les opposés s'attirent tu sais. » Ouais, bon, on dit aussi "qui se ressemble s'assemble", les expressions s'adaptent à chaque situation. Bref, changement de sujet, Bambi ne semblait pas savoir que je faisais des études de danse. C'est vrai que je ne me souvenais même pas de lui avoir dit un jour. « Eh bien voilà maintenant tu es au courant, cinquième année de danse et de photographie, tu as devant toi l'ancienne - et première - présidente de la Lowell House ! » Je pris un air faussement fier avant d'éclater de rire, même si, pour de vrai, j'étais fière d'avoir lancé la maison des artistes, même si j'étais ensuite retournée chez les Eliots, je la savais en de bonnes mains avec mon ami Aidan. Je pris de nouveau mon air fier en entendant Bambi me confier le titre de conseillère matrimoniale attitrée. « Ravie de pouvoir t'aider ! » Comme quoi, on est toujours plus douée pour aider les autres que soi-même.

« Ouais les opposés et les ressemblances tout autant, alors avec ça, je suis pas officiellement dans la merde déjà… » Bambi esquissa une petite grimace pour mieux éclater de rire la seconde qui suivit, se moquant de son propre cas parce qu’après tout, il valait mieux en rire que d’en pleurer, n’est-ce pas ? Du moins de son point de vue. Dans sa vie, la jolie Mather avait eut tellement de raisons de pleurer qu’elle avait décidé une bonne fois pour toute de ne plus jamais verser la moindre larmichette. Cela faisait quatre ans maintenant qu’elle s’était fait cette promesse… et n’avait pas faillit depuis. « Sérieusement, tu étais chez les Lowells ? Bah ça pour une surprise ! J’ai un très bon pote qui en est membre, Caleb Weyss, je ne sais pas si tu connais… tu me diras, il ne fait danse qu’en études mineures ! Mais c’est un bon quand même. Et tu fais quoi comme types de danse ? Tu me diras, moi qui veut changer d’études à la rentrée pour faire arts, je pourrais quasiment être chez les Lowells » plaisanta-t-elle de bon cœur même si Bambi n’était pas du genre à changer de confrérie comme ça, juste à cause d’un changement d’étude. Elle était plutôt du genre ‘j’y suis j’y reste’. « Ça m’énerve presque parce que de mon côté je n’ai pas l’impression de te rendre la pareille ! »

Ces expressions sur les ressemblances ou les différences, c'était un peu du blabla tout fait tout prêt conçu pour s'auto rassurer, mais il fallait avouer que ces phrases marchaient bien en général, d'où le fait que je le sorte à Bambi. Après avoir un peu ri de la situation, le sujet dériva sur le fait que j'aie révélé mes études de danse, mais également mon ancienne appartenance à la Lowell House. « Eh oui, on m'en a proposé la présidence l'an dernier, mais je suis retournée chez les Eliots quand j'ai senti que la maison pouvait voler de ses propres ailes. Et non, il ne me semble pas que je connaisse Caleb, après je ne connaissais pas toute la maison il faut avouer. Sinon, niveau types de danses, je fais de tout, l'avantage quand tu fais des études poussées, j'aurais pu m'arrêter en troisième année ! » Avec un nouveau sourire, j'ajoutais : « Tu veux changer d'études pour faire arts ? Ça gère ça ! J'ai failli choisir cette filière en mineur, mais j'ai préféré la photographie. » Puis, enfin, Bambi manifesta son embêtement de ne pas pouvoir me rendre l'ascenseur alors que je l'aidais dans sa croisade amoureuse. Je me levais de ma chaise en haussant les épaules avec un rire léger, un peu nerveux, expliquant tout en me dirigeant vers ma fenêtre les bras croisés : « Oh ne t'en fais pas moi j'ai pas besoin d'agence matrimoniale, je me porte très bien seule ! » Ou du moins je m'en étais convaincue.