(billander) 'tow' the past is all around

Je m'y attendais, qu'elle vienne à perdre un peu la notion de la réalité pour regarder tout ce qui l'entoure, se perdre dans les souvenirs de son passé heureux avec son père. Ouais, je la laisserai profiter de tout ça avec son fort intérieur. Moi, j'avais Simon pour me tenir compagnie de toute façon, c'est pas comme si j'restais comme un con pour qu'elle me parle. Non, le chien restait une bonne compagnie. Simon venait se coller à mes jambes, ce qui me fit sourire, sans pour autant que je quitte Billie des yeux. "C'est vrai." Bien sûr que c'est vrai. Quand on avait été à New York, avant qu'on ne soit en couple, elle avait bien vu à quel point ça me faisait réellement du bien d'être dans la ville où j'ai grandi. C'était d'ailleurs le but de sa manœuvre si mes souvenirs sont bons. Mais là, on était à Belfast pour elle et je comptais la laisser en profiter le plus possible, pendant que moi je découvrais petit à petit le pays. "Je t'ai jamais vraiment demandé .. mais ça te fait quoi d'être père .. ?" finissait-elle par me demander, l'air sérieux et intéressé. Je ne savais pas trop quoi lui répondre, j'dois bien l'avouer, puisque c'était une question qui me semblait assez hors contexte et qui m'avait prise au dépourvu, mais je tenterai de lui dire ce que je pensais honnêtement. "Ca... m'effraie. J'ai tout le temps peur de faire les choses de travers, j'me sens pas assez mature. Suffit de voir que j'ai pas su m'en occuper pendant plusieurs semaines à cause d'une bagarre... Mais en même temps, j'me dis que c'est comme ça que ça devait arriver. Les dés étaient jetés depuis le spring break de l'année dernière." confiais-je en haussant les épaules, tout simplement.

Mon cerveau pouvait partir dans huit mille directions en à peine quelques secondes, toutes mes pensées flashaient à une rapidité hallucinante derrière mes paupières. J'avais eu le temps de m'y habituer, c'était toujours comme ça dès qu'il y avait un moment de silence, je n'avais pas une seconde de répit et il était vrai que ça pouvait surprendre les gens de me voir passer du coq à l'âne en une minutes. Chose que j'oubliais constamment. Là, je m'étais mis à me demander comment il ressentait tout ça et même si ça pouvait sembler sortir de nulle part, au contraire il y avait tout un chemin logique dans ma tête, avec ce que nous vivions là. Mais je le sentis assez déconcerté malgré tout, bien qu'il ne fit pas de commentaires sur mon changement radical de conversation. « Ça... m'effraie. J'ai tout le temps peur de faire les choses de travers, j'me sens pas assez mature. Suffit de voir que j'ai pas su m'en occuper pendant plusieurs semaines à cause d'une bagarre... Mais en même temps, j'me dis que c'est comme ça que ça devait arriver. Les dés étaient jetés depuis le spring break de l'année dernière. » Je hochai la tête en me mordant la lèvre inférieure, l'air songeur. Je devais avouer que je n'avais pas trop pensé au fait qu'il pouvait être effrayé par cette situation lui aussi, parce qu'elle était de lui et que j'avais lu des trucs comme quoi les liens étaient censés se tisser instantanément. Il y avait aussi des histoires d'instincts ou je ne savais quoi, mais c'était sûrement des conneries déformées. « C'est vrai .. Sauf que t'as pas vraiment eu le temps de t'y préparer, comme toute personne normale quoi. T'as eu quelques jours .. » J'étais toujours mal à l'aise de parler de ça, mais c'était un point essentiel donc je ravalai mon malaise pour pouvoir continuer cette conversation.

La raison de ce changement de sujet ? Je n'en avais aucune idée. A vrai dire, je m'en fichais pas mal. Elle savait qu'elle pouvait me dire ce qui lui passait par la tête, j'y répondrai - dans la mesure du possible - honnêtement. Là, c'était ma paternité qui était en cause. Je m'étais souvent demandé ce qu'il se serait passé entre nous si jamais Robyn n'avait jamais vu le jour. On se prendrait sûrement moins au sérieux en tant que couple, on ferait nawak tout le temps. J'serais encore défoncé quand elle, elle serait clean. Mais je sais pas, je ne regrette pas pour autant la venue de ma petite fille. Enfin.. j'regrette dans le sens où Billie l'a mal géré et s'est remise à prendre de la drogue. Mais sinon, j'trouve qu'on s'en sort quand même pas mal pour deux handicapés des sentiments. On gère à notre façon et on perdure. "C'est vrai .. Sauf que t'as pas vraiment eu le temps de t'y préparer, comme toute personne normale quoi. T'as eu quelques jours .." Je hochais la tête, ne pouvant rien redire pour contredire ses propos. J'ai eu que quelques jours en effet. Je l'avais appris le jeudi, elle était née le dimanche. C'était rapide et... vraiment très effrayant. Mais je n'avais pas le choix, elle était là, c'était ma fille et je m'en étais occupée, tout simplement. "Quelques jours ou quelques mois.. Ca change pas grand chose au final. L'enfant est là et on doit s'en occuper. Après ouais, j'ai du réaliser plus rapidement que d'autres mais... fin voilà." J'esquissais un sourire à ma petite amie avant de venir poser ma main sur la sienne. "Mais bon, Robyn n'est pas là et ce week-end, c'est le tien.. Tu veux vraiment qu'on mentionne la petite ?" Je sais qu'elle n'était pas très à l'aise avec le sujet donc je lui offrais une porte de sortie. A elle de voir si elle la prenait ou pas.

Trois jours pour apprendre que vous alliez être père, vous faire à l'idée, apprendre ce qu'il y avait à apprendre, réaliser que l'enfant allait bientôt arriver, découvrir ce qu'il y avait à découvrir .. c'était un peu juste. Au moins, il n'avait pas vraiment eu le temps de passer par les gigantesques phases de stress dont ils parlaient dans le bouquin que j'avais lu récemment. Tout avait été si vite, il avait passé son temps à préparer sa venue en achetant ce qu'il fallait donc en effet, peu de temps pour que la peur s'installe même si au final ça avait dû être terriblement déroutant. « Quelques jours ou quelques mois.. Ça change pas grand chose au final. L'enfant est là et on doit s'en occuper. Après ouais, j'ai du réaliser plus rapidement que d'autres mais... fin voilà. » Plus rapidement, c'était le cas de le dire. Quand on comparait trois jours à neuf mois .. Il posa sa main sur la mienne en esquissant un sourire qui se refléta sur mon visage. « Mais bon, Robyn n'est pas là et ce week-end, c'est le tien.. Tu veux vraiment qu'on mentionne la petite ? » Je me mordis la lèvre en haussant les épaules, me sentant un peu conne qu'il ne se sente même pas à l'aise de parler de sa fille avec moi. Mais bon, je l'avais cherché. « C'était juste quelque chose qui me trottait dans le crâne depuis un moment .. » L'une de mes mains se resserra autour de la sienne tandis que l'autre partait gratter mon chien entre les oreilles. « Heureusement que t'as eu un fiston pour t'entraîner un peu avant, » dis-je en souriant tandis que Simon relevait sa truffe dans ma direction.

Me retrouver à parler de Robyn à Billie alors qu'elle était retombée dans la drogue à cause de sa venue et qu'elle en a fait une overdose la semaine passée.. ouais, j'avais du mal. Et j'étais loin d'être à l'aise. Je me sentais responsable de l'overdose de ma petite amie et je tentais d'éloigner tous les sujets qui pouvaient fâcher à l'heure d'aujourd'hui. Du coup, ouais, j'assume, j'écartais le sujet volontairement. "C'était juste quelque chose qui me trottait dans le crâne depuis un moment .." Je hochais la tête avec un petit sourire sur les lèvres. Je comprenais en effet, qu'elle en parle, puisque ça lui trottait dans la tête. Sa main se resserrait sur la mienne tandis que l'autre venait rejoindre la boule de poils à nos pieds. Je me mis à sourire d'avantage à ses paroles. "Heureusement que t'as eu un fiston pour t'entraîner un peu avant," Je baissais la tête pour le regarder, le sourire s'étant une nouvelle fois agrandi. "Ouais, heureusement." Le serveur venait ensuite nous donner nos commandes et on a passé un bon week-end rien que tous les deux, dans son pays. On avait fait la connaissance le soir même, après une bonne sieste, de sa famille, celle dont elle ignorait l'existence, et on fut même surpris de constater qu'une de ses cousines était à Harvard avec nous. Et bien, que le monde est petit ! Quoiqu'il en soit, on renouait doucement notre relation au stade où elle devait être et ça faisait clairement du bien.