(billander) 'tow' the past is all around

J'étais juste dans l'embrasure de la porte, ne pouvant me résoudre à aller plus loin. J'aurais trop peur d'entrer dans une sphère privée dont je n'étais pas convié. Et puis elle m'aurait sûrement entendu et se serait stoppée, chose que je ne voulais absolument pas. Je préférais donc rester là, assez loin mais suffisamment proche pour entendre chaque note jouée avec ses doigts. Elle avait clairement du talent, et je n'en avais aucune idée. C'est pour cette raison que, lorsqu'elle se rendit compte de ma présence une fois retournée, je mentionnais ce fait. Je n'avais aucune idée qu'elle avait ça dans ses tripes. Elle s'avançait vers moi, me questionnant sur son temps de pianotage et je lui répondais en toute sincérité. Elle arrivait finalement face à moi, laissant son doigt détendre ma lèvre. Oui, je l'admets, je n'étais pas dans le meilleur élément... Mais je faisais des efforts. "Merci .." J'esquissais un sourire, l'embrassant en retour et j'enroulais mes bras autour de ses hanches pendant qu'elle enroulait les siens autour de mon cou. "J'en avais pas joué depuis deux ans, c'est pour ça que tu savais pas. Mon père m'a appris quand j'étais gamine." Je hochais la tête, rentrant cette information assez facilement dans mon cerveau. De toute façon, le lien était rapidement faisable. On était chez son père il me semble et c'est ici que j'apprends qu'elle joue super bien du piano... Ouais bon, ok. Aucun lien... mais ça pouvait le faire non ? "En tout cas... j'étais envouté. Préviens moi quand l'envie te reprendra, je veux louper ça pour rien au monde." Je déposais une trainée de petits baisers le long de sa mâchoire pour atterrir dans son cou. J'y sentais son odeur bien à elle, malgré le voyage qu'on venait de faire et je déposais un ultime baiser avant de me redresser.

Son malaise quand je le repérai enfin, en train de m'observer jouer du piano, je pense que je savais parfaitement de quoi il s'agissait. Après tout, j'étais quelqu'un de très secret et je lui avais montré plusieurs fois malgré moi que je réagissais mal dès qu'il s'agissait de mon passé. Et le piano en faisait clairement partie. Je pense que ça devait être l'une des raisons qui faisaient qu'il tâtait le terrain maladroitement, des mimiques nerveuses dans son comportement. Mais le piano était inscrit dans mon ADN, tout autant que l'était ma passion pour l'audiovisuel ; ça faisait partie de moi et c'était probablement ce que je raccrochais de plus heureux au souvenir de mon père. Voilà pourquoi je m'empressai d'essayer de le mettre à l'aise : parce qu'il n'avait aucune raison de craindre d'aborder le sujet. « En tout cas... j'étais envouté. Préviens moi quand l'envie te reprendra, je veux louper ça pour rien au monde. » Je hochai la tête, m'étendant ensuite tandis qu'il me couvrait de baisers de la mâchoire jusqu'au cou. Je rigolai un peu en me reculant et repliant ma joue contre mon épaule. J'étais ultra chatouilleuse à cet endroit. « Si t'as envie que je te joue un morceau, tu sais que tu n'as qu'à demander, » lançai-je alors avec un sourire. Je n'allais certainement pas refuser une telle requête. Je me détachai de lui et me penchai en avant, les mains sur mes genoux, le visage près de la truffe de mon chien. « T'as envie d'aller te dégourdir les pattes, mon gros ? » Me redressant, je glissai à nouveau mes pains dans mes poches arrières, me tenant face à mon petit ami. « Tu veux aller faire un tour, ou tu préfères te poser ? J'peux laisser Simon se défouler dans le jardin si t'es trop fatigué. » Après tout, on venait de faire plus de huit heures de voyage, donc je comprendrais s'il avait envie de rester au chaud.

Quand on venait à parler de son passé, je préférais tâtonner dans la mesure où je ne savais pas comment elle pourrait réagir. Je me souviens encore de notre premier rendez-vous, quand on avait joué à action ou vérité, moment qui s'est transformé en vérité, et qu'elle avait eu comme une crise d'angoisse suite à une de mes questions. Je ne voulais absolument pas reproduire ce genre de réaction durant notre voyage ici, en Irlande. Et elle avait bien vu la façon que j'avais d'appréhender ce genre de sujets. Elle avait donc tenté de me rassurer et ça marchait plutôt bien, j'dois l'avouer. "Si t'as envie que je te joue un morceau, tu sais que tu n'as qu'à demander" disait-elle après que je me sois redressé, lui donnant un baiser chatouilleux dans le cou. Je me mordais la lèvre inférieure, regardant rapidement le piano avant de la regarder parler à Simon. "T'as envie d'aller te dégourdir les pattes, mon gros ?" Le chien qui avait bien grossi ne cessait de remuer la queue, tout content d'être avec Billie. Et je suppose bien qu'il avait compris qu'elle voulait l'emmener dehors. Elle se redressa pour s'adresser à moi cette fois ci. "Tu veux aller faire un tour, ou tu préfères te poser ? J'peux laisser Simon se défouler dans le jardin si t'es trop fatigué." Je passais une main à l'arrière de mon crâne, réfléchissant alors aux options qui s'offraient à moi. "Azy j'suis un fifou, on peut aller s'promener et puis tu me montreras un peu les environs." On avait pas énormément de temps ici donc autant en profiter un max, on se reposera dans l'avion au retour... ou ce soir dans le lit, au choix.

Après mon overdose quasiment deux semaines plus tôt maintenant, mon chien avait calqué son comportement sur le mien. Il avait l'air patraque, pas bien dans son assiette et rechignait à sortir de la chambre. Il venait souvent se coller contre moi comme s'il ne voulait pas me laisser seule. C'était un peu comme s'il comprenait ce qu'il se passait et ça m'avait fait d'autant plus mal au cœur de le voir dans cet état là. Quand j'avais recommencé à sortir, à affronter le monde extérieur et les regards dérangeants, je l'avais vu se métamorphoser et retrouver sa joie et son excitation de chiot. Voilà pourquoi je voulais qu'il se dégourdisse les pattes, je ne voulais pas qu'il retombe dans cette espèce de tristesse qui l'avait changé pendant une semaine. Je demandai donc à Alex ce qu'il avait envie de faire, parce que je savais qu'on avait tous les deux été crevés par le voyage. « Azy j'suis un fifou, on peut aller s'promener et puis tu me montreras un peu les environs. » Je rigolai en acquiesçant pour approuver son idée. Il y avait quelques coins que je voulais lui montrer. Me tournant face au piano, j'observai l'instrument un moment avant de rabattre soigneusement le pupitre au-dessus du clavier, passant une main sentimentale dessus avant de faire face à mon petit ami. « On prend nos vestes et on y va, alors ? » dis-je tandis qu'on quittait la pièce et je refermai derrière moi. « Il faudra qu'on passe prendre des trucs à manger et on pourrait se prendre un petit déj' quelque part. » La vie simple avec Alex, dans mon second pays, c'était tout ce que je demandais.

Il était clair que l'air irlandais changeait un peu et puis c'était nécessaire. On avait tous les deux besoin de décompresser. Que ce soit son overdose ou alors nos soucis qui étaient parallèles, on avait clairement besoin de changer d'air. Alors cette réunion familiale à laquelle elle était conviée tombait à pique. Nos bagages faits, on s'était envolé vers le pays des Leprechauns. Je l'avais retrouvée dans une chambre, installée à un piano et je n'ai rien fait qui puisse la perturber, au contraire. Je me délectais de chaque son qui sortait de l'instrument qu'elle jouait. Sérieusement, c'était beau, vraiment beau et je pourrais passer des heures à l'écouter si je me laissais faire. Seulement, elle y mettait fin bien trop tôt, remarquant par la suite ma présence dans la pièce. Bon, maintenant que les choses étaient dites, on devait choisir de notre prochaine activité : dodo ou promenade. Je me disais que c'était la première fois que j'étais en Irlande et je voulais en profiter un max, d'autant plus que je devais trouver un cadeau pour Holly et je ne trouverai qu'une fois dans les boutiques du coin. Elle avait refermé le piano et puis était revenue vers moi, petit sourire sur les lèvres. "On prend nos vestes et on y va, alors ?" Je hochais la tête et je sortais, suivi de près par ma petite amie et son chien. "Il faudra qu'on passe prendre des trucs à manger et on pourrait se prendre un petit déj' quelque part." Ouais, à manger j'étais d'accord. J'avais la dalle en plus donc fallait qu'on achète de quoi nourrir nos organismes. Sauf que la fin m'interpela. "Un petit dej ? Il est quelle heure ici ?" J'étais pas pris de panique mais je me demandais réellement quelle heure il était. J'avoue, je ne m'étais pas renseigné quant au décalage horaire et visiblement, ça me portait préjudice là.

Mon estomac commençait sérieusement à grogner, je ne m'en étais pas rendu compte tandis que je jouais parce que j'étais trop embarquée dans mon truc pour remarquer quoi que ce soit, comme la présence de mon petit ami dans la pièce. Mais là, j'allais me manger un bras si on ne s'occupait pas bientôt de trouver à manger. Et comme il n'y avait rien dans la maison, nous n'avions que les bonbons du voyage pour nous rassasier, sauf que j'avais envie de salé, là. Donc je proposai un petit déjeuner à Alex, pensant qu'il allait sauter au plafond, mais il avait l'air plus paumé qu'autre chose. « Un petit dej ? Il est quelle heure ici ? » Je m'arrêtai un instant pour sortir mon iPhone de ma poche, et regarder l'heure exacte, un grand sourire amusé aux lèvres. « Il est un peu plus de 10h. On a voyagé de nuit, tu t'rappelles ? » On était tous les deux crevés je pense et puis les décalages horaires, c'était jamais simple à gérer. Tout ce que je savais, c'était que j'avais faim et qu'il était l'heure du petit déjeuner.

Bon, en entendant son estomac faire un bruit loin d'être amical, je comprenais qu'elle avait faim et qu'on devait trouver de la nourriture assez rapidement. Sauf que je ne comprenais pas vraiment pourquoi elle parlait de petit déjeuner. Le voyage m'avait carrément décalé et je ne savais même pas quelle heure on était. Il faisait jour donc j'pensais qu'on allait attaquer par le repas du midi, mais c'était visiblement pas le cas. Elle regardait son portable, s'étant arrêtée sur le chemin et puis elle levait la tête pour s'adresser directement à moi. "Il est un peu plus de 10h. On a voyagé de nuit, tu t'rappelles ?" Je me passais une main dans les cheveux, ne sachant plus quel jour on était pour le coup. Voyage de nuit, il était 10h... ok. "Mh.. okay." Je me mis à bailler avant de me remettre en marche pour descendre au rez-de-chaussée. "Donc on va déjeuner avant, se promener, faire des courses et puis on se repose une fois rentrés. Ca m'semble être un bon plan !" J'avais un doute de l'autorisation de faire rentrer Simon dans un établissement de restauration, mais bon, c'était peut-être possible non ? A voir.

C'était marrant de voir Alex tout chamboulé comme ça par le décalage horaire. On était partis dans la précipitation de Cambridge, donc c'était normal qu'il n'ait pas eu le temps de se faire à l'idée qu'on allait voyager de nuit et tout le toutim, même si on venait juste de le faire. J'en connaissais un autre qui ne devait rien y comprendre. Je jetai un bref coup d’œil à ma boule de poils blancs en souriant. « Mh.. okay. » Il bâillait et je ne pus m'empêcher de venir embrasser sa joue avant de me remettre à avancer. « Donc on va déjeuner avant, se promener, faire des courses et puis on se repose une fois rentrés. Ça m'semble être un bon plan ! » J'acquiesçai en attrapant deux de ses doigts entre les miens, il avait tout compris au programme. Une fois en bas, je pris mon manteau sur le dossier du canapé et le boutonnai. J'allai ensuite accrocher la laisse de Simon à son collier, le voyant commencer à s'agiter dans tous les sens. « On y va à pieds, hein ? » Je demandai plus pour confirmation, que par réelle curiosité. Attendant sa réponse, j'allai enfiler mes chaussures, me penchant pour m'aider de mes mains.

J'étais clairement endormi là et fallait que je me réveille. Un petit déjeuner n'était certainement pas de refus et j'allais pas cracher dessus. Un bon café, voire deux, ça allait être parfait, surtout si on va se promener. Je me mis à bailler et elle ne put s'empêcher de m'embrasser sur la joue, avant de prendre ma main et descendre à mes côtés les escaliers pour rejoindre le rez-de-chaussée. Manteau récupéré sur le canapé et mis en place sur mon dos, je la regardais s'occuper du chien en lui mettant une laisse. Bah ouais, si on va se promener, on va quand même le garder près de nous. Imaginons qu'il sente une odeur alléchante, il serait capable de s'enfuir pour aller retrouver cette source délicieuse. Ouais non, la laisse était primordiale. "On y va à pieds, hein ?" me demandait ma petite amie alors que nous mettions nos chaussures. Je hochais la tête, me redressant après avoir fini l'enfilage. "Ouais ouais, enfin oui. L'air frais irlandais va me réveiller et c'est pas dans une voiture que ça risque de marcher." disais-je en rigolant. "Enfin, on rentre avant de faire les courses non ? Parce qu'emmener le chien, ça risque de pas être top." Puis à tous les coups, je risque de finir à porter tous les sacs.. Nooon s'il te plait, pas çaaaa.

C'était plus difficile dans ce sens-là, de se remettre du décalage horaire. En tout cas, j'avais personnellement toujours eu plus de mal que dans l'autre sens. Et après un voyage comme ça, de nuit et sans avoir fermé l’œil, j'étais crevée aussi mais moins que mon petit ami visiblement. Donc je posai des questions simples pour ne pas trop le perturber, le pauvre ch'tit. Enfilant mes bottines, je lui demandai s'il voulait marcher. « Ouais ouais, enfin oui. L'air frais irlandais va me réveiller et c'est pas dans une voiture que ça risque de marcher. » Oui, c'était pour ça aussi que c'était plus une affirmation qu'une question. Je souris en hochant la tête, me redressant et réajustant mes vêtements sur mes hanches. « Enfin, on rentre avant de faire les courses non ? Parce qu'emmener le chien, ça risque de pas être top. » Je vins lier mes doigts aux siens alors qu'on sortait enfin de la maison, embrassant ses jointures doucement. « Bien sûr, de toutes façons, on est proches de tout là donc on peut se permettre le détour par la maison. » Je lâchai sa main et attrapai les clés sur la table du séjour, Simon me suivant en trottinant. Alex sortit, j'étais sur ses talons et je refermai derrière nous. « En route, mauvaises troupes, » lançai-je avec un sourire. À mes pieds, mon chien était déjà surexcité et sautait dans tous les sens.