(+ Aaron) emergency !

« Comme je vous rejoins ! Avant de perdre la vue, j’étais une tête brûlée insupportable qui détestait qu’on lui donne des ordres et, dès qu’on ne savait pas comment la prendre, pétait purement et simplement un boulon. Je n’étais pas violente physiquement mais verbalement. Pratique de connaître le gaélique face à quelqu’un qui ne le connaît pas pour l’insulter… j’étais très jeune et très stupide » avoua-t-elle dans un éclat de rire, car la demoiselle virulente et en guerre contre l’humanité toute entière avait bien changé. Elle s’était adoucie, assagie même et s’apprêtait à donner la vie, ce qui relativisait énormément les choses, sans compter qu’elle s’était mariée avec un modèle de sagesse dans le genre. Caleb l’apaisait, la canalisait mieux que quiconque. C’était en cela que l’on pouvait les qualifier aisément d’âmes sœurs… « Donc cela remonte à votre enfance même ! Et vous avez déjà fait des fouilles ou vous êtes plutôt recherche en bibliothèque, entre autres ? Mon père a fait pas mal de fouilles et il m’expliquait parfois mais je n’ai jamais été très passionnée parce que je ne comprenais pas tout, je dois admettre. » Thaïs n’aurait jamais pu entreprendre des études aussi fastidieuses mais elle n’avait que plus de respect pour Aaron, y étant justement parvenu ! « Une pyramide Maya… ça doit être magnifique à voir ! J’aimerais bien voir un jour de mes propres yeux ce genre de… d’architecture ? Je pense qu’on peut utiliser ce terme ? »

« Oh je vois ! On peut dire que vous savez enthousiasmer votre auditoire, vous devez être passionnant comme professeur. Peut-être me risquerai-je à prendre une option histoire de voir si c’est le cas également dans un amphithéâtre » énonça-t-elle avec sérieux et amusement, littéralement curieuse de savoir si effectivement, Aaron était aussi passionnant ou bien diablement ronflant. Dans le deuxième cas de figure, il allait sans dire qu’il n’en n’entendrait rien de sa bouche : Thaïs avait bien trop de respect pour le métier de professeur, surtout en université, pour énoncer quelques jugements de valeur… elle n’était personne pour cela et ne le savait que trop bien. « Mon père s’appelle Samuel O’Donoghue, je ne sais pas si vous en avez entendu parler, il était prof ici mais est parti sur Paris il y a quelques semaines. Il est surtout connu pour être un auteur de best-sellers… il est un peu multitâches comme vous pouvez le voir ! » reprit-elle, littéralement passionnée dès qu’il s’agissait de parler de son père et pour cause, ce dernier avait eu Thaïs à l’âge de quatorze ans et ils avaient été séparés pendant de très nombreuses années pour mieux se retrouver dans l’émotion la plus totale à Harvard… « Et en dehors des fouilles, vous avez une autre passion inavouable ? Désolée je suis un peu curieuse mais vous me rendez curieuse, je dois admettre ! »

« C’est vrai, vous m’inviteriez à un cours sans que j’ai besoin de passer par la case « je dois prendre une option » ? Je suis flattée ! Il faudra que vous me donniez votre emploi du temps histoire que je me pointe pas au mauvais amphi… ce serait bien mon genre remarquez ! » Même lorsqu’elle n’avait pas encore perdu la vue, Thaïs était déjà relativement tête en l’air, dans la lune, dans son propre monde, au point qu’elle se soit souvent trompée de salle pour un cours, même dans sa période chaotique de lycée. « C’est une deuxième passion à lui, en vérité. En général ses livres ne parlent pas de fouilles, ou alors très peu, mais ses bouquins sont documentés tout de même et touchent l’Histoire. Il y en a eut un sur la bataille de Culloden, par exemple. Passionnant si vous êtes féru d’Histoire, je vous le conseille vivement ! » Bon, bien sûr, il y avait une part de subjectivité dans son avis étant donné qu’il s’agissait de son père mais si d’aventure le professeur devait ne pas aimer ledit livre, la jeune blonde ne lui en tiendrait pas rigueur pour autant. Tous les goûts sont dans la nature et il faut de tout pour faire un monde, après tout ! « Va pour le fait que je ne m’en tire pas si facilement, je suis bonne joueuse ! Je suis également une grande gamine, j’avoue. Il m’arrive d’aller dans des salons de maquillages pour enfant histoire d’avoir une jolie tête de chat, de chien… ce genre de choses ! Vous savez, comme lors des fêtes foraines. Ça ne m’a jamais quittée. A votre tour s’il y en a d’autres, échange de bons procédés ! »

« Comment ça un goujat ? Vous m’évitez de devoir faire la queue à un secrétariat pour obtenir mon inscription à un TD… c’est déjà un cadeau croyez-moi ! » Surtout pour quelqu’un d’aveugle que souvent les gens considèrent comme une pauvre petite chose fragile incapable de mettre un pied devant l’autre. Sincèrement, Thaïs prenait souvent la chose avec un joli sourire, mais qu’est-ce que cela pouvait l’agacer parfois… les autres étaient blindés de bonnes intentions mais ne pouvaient guère savoir à quel point cela devenait pénible à la longue, en toute sincérité. Bah, c’est comme tout, on finit par s’y habituer, hélas ! « Votre mission si vous l’acceptez sera de lire l’un de ses bouquins pour notre prochaine rencontre et de me donner votre avis circonstancié ! Et n’ayez pas peur d’être sincère… ne vous inquiétez pas je ne mords pas, enfin pas trop » avoua-t-elle dans un rire radieux, comme si la jolie irlandaise ne pouvait qu’être un magnifique rayon de soleil et rien de sombre que ce soit. « Bien sûr que cela les amuse ! Bon on me demande souvent mon âge, on m’appelle « madame » ce qui est perturbant sur les bords mais ils sont tellement mignons les bouts de chou… je fonds ! Mais sérieusement, vous piquiez la manette à votre fils ? Bouh pas bien ! Mais vous êtes du genre à faire des conventions ou ça reste plutôt dans votre salon ? »

« Vous avez l’œil ! Mais je ne suis pas du genre à pousser les autres pour moins attendre dans une file, quand même, je sais un brin me tenir… pas comme ce couillon qui cherchait manifestement la merde pour une raison qui m’échappe encore ! » dut-elle admettre car après tout, Thaïs ne paraissait pas être la personne la plus hargneuse de la création, au contraire elle souriait bien avant de montrer les crocs, quitte à ce que ce soit plus un défaut qu’une qualité parfois. « Oh mais vous savez c’est pas forcé que vous preniez un coup de vieux dans la tête, dans ce genre de conventions il y en a pour tous les âges croyez-moi ! C’est justement le principe… personne n’est jugé pour autre chose que son amour immodéré pour le jeu vidéo… je trouve ça top comme concept pour ma part » avoua-t-elle bien que Thaïs soit surtout allée à une convention de motards, où il y avait surtout eu des mecs d’ailleurs mais elle avait été aussitôt acceptée, d’où le fait qu’elle ne cache pas aujourd’hui son goût pour ce type de manifestations. « Pourquoi vous ne vous proposez pas pour tester alors si vous aimez ça ?! »