(+ Declan) secrets are poison

« Depuis quand traînes-tu avec des gens qui ne sont pas de ta confrérie et qui ne pourront jamais te hisser vers le haut ? Tu me déçois Mallory. Je pense qu’un petit voyage en Angleterre pour te rappeler les valeurs de notre famille ne pourrait que te remettre dans le droit chemin, ma fille. » Quelques minutes déjà que la jolie anglaise écoutait religieusement les propos cinglants de son père avant que Declan et cette fille trop magnifique ne se pointent, sûrement avec l’idée bien arrêtée d’empirer la situation. A la plus grande surprise générale, cette Moïra n’était autre que la sœur cadette de l’irlandais et possédait un esprit de fin stratège à en voir la réaction de Hale père. « J’apprécie Mademoiselle O’Malley et ne manquerait pas de prendre contact avec votre tante pour en apprendre davantage. Si vous voulez m’excuser, je dois saluer l’ambassadeur d’Allemagne avant qu’il ne quitte la soirée. Mallory, je m’attends à ce que tu m’accompagnes dès demain matin, et ce n’est pas une option. » Mallo hocha docilement la tête avant de fermer les yeux et de soupirer. « Je suppose qu’il faut dire que je suis enchantée ? Désolée Moïra, c’était très bien tenté et je dois avouer que vous êtes doués pour la manipulation dans votre genre mais ce n’était quand même pas utile. Je ne sais pas pourquoi vous êtes venu ni ce que vous cherchez ici mais c’est sûrement le moment où vous feriez mieux de partir. Je vais prendre le relai. »

« Ton père est un gros connard. Désolé, je dis toujours ce que je pense et je ne sais pas où il désire que tu l’accompagnes mais de la merde, tu restes avec moi » marmonnais-je en me rapprochant sensiblement d’elle dans le but de la réconforter mais un regard de ma sœur suffit à me retenir. Nous n’étions pas seuls et un des sbires de notre mère nous surveillait à cet instant comme à chaque fois que nous étions loin de NY. Cette surveillance constante était très chiante mais je savais que notre mère faisait ça pour le bien de la famille et des nerfs de notre père car on ne pouvait pas être plus grande mère poule qu’elle. « Désolée pour la comédie, j’ai toujours des plans foireux et je tiens à ce que tu saches que mon frère ne voulait pas venir… Ecoute, je te connais pas mais tu comptes pour lui alors ça me suffit ! Si tu veux que j’arrange le coup avec ton père dis-moi ! La famille connait du beau monde » fit Moïra un peu penaude comme à chaque fois qu’elle faisait une connerie. « Bébé je sais que j’ai pas le profil du gendre idéal pour ton père mais ce qui compte, c’est que nous deux, on soit bien ensemble non ?! Si tu veux qu’on part, on s’en va… je suis plutôt pas mauvais pour les relations cachées » grimaçais-je en lui proposant ni plus ni moins de m’effacer pour moins lui compliquer la vie. Qu’est-ce qu’elle me faisait faire bordel.

« Il veut que je l’accompagne pendant les vacances en Angleterre pour me remettre les idées en place sur les vraies valeurs du monde dans lequel je suis. Adieu Punta Cana pour moi ! » lâcha-t-elle avec ironie même si Mallory aurait rêvé pouvoir rester avec Declan surtout après leur altercation. Elle avait bien besoin d’un peu de douceur dans ce monde de brute et à l’heure actuelle, il était le seul à pouvoir la réconforter… « C’est moi qui m’excuse pour ma jalousie, c’était ridicule et en prime ça ne me ressemble pas, mais je suppose que je suis un peu sur… les nerfs. Faites semblant de partir et retrouvez-moi dans le parking de derrière dans cinq minutes… tapantes. » Mallory leur serra la main pour faire mine qu’elle ne les côtoyait pas réellement avant de partir saluer son père et ses associés potentiels avec tout le respect qu’une héritière Hale doit avoir… mais dès qu’elle put se libérer, elle se rendit à la cabine du voiturier pour chiper les clefs de la Rolls Royce de son paternel. D’après ce qu’elle savait, son chauffeur se restaurait à l’heure actuelle, il n’y avait donc rien à craindre, surtout pas alors qu’elle venait de désactiver les caméras de surveillance du parking. « Prêts à faire une petite promenade en Rolls ? » fanfaronna-t-elle en murmurant à l’attention des deux O’Malley, les incitant à la suivre et à s’installer pendant qu’elle démarrait en trombe histoire de quitter cet endroit de cramés. « Je peux vous déposer où ? »

« Je peux te kidnapper si ça te chante ! » lui répondis-je tandis que ma sœur me donnait un coup de coude. Quoi ?! Je n’avais pas proposé de descendre son père enfin pas encore. Ma remarque pouvait s’apparenter à de l’humour noir, pas besoin d’être sur les nerfs comme ça. « Tu es majeure ! Tu fais ce que tu veux de ton cul, faut qu’il se sorte le poing du cul ton père, ça le fera marcher droit et toi aussi par la même occasion » nota ma sœur tandis que je levais les yeux au ciel, serrant quelques secondes de plus la main de Mallory dans la mienne avant de glisser mon bras autour de la taille de ma sœur pour la guider vers le parking de derrière. Je ne savais pas trop ce que l’anglaise avait dans la tête mais j’étais du genre curieux de nature. Quelques minutes plus tard, elle revenait vers nous avec les clés de la Rolls de son père –du moins, cela semblait être la connerie du siècle. « Tu sais que ça ne va pas arranger tes affaires ! » lui fis-je remarquer avec un léger sourire avant de grimper sur le siège passager, Moïra derrière. « Bah avant que vous ne vous décidiez à vous envoyer en l’air dans la voiture du padre, je veux bien que vous me déposiez à la gare ! Je dois retourner à New York et t’inquiète frangin, je dirais à maman que tu restes ce connard de quetard et que ta blonde est juste un plan cul plus régulier que les autres » pouffa-t-elle de rire. « Ta gueule Mo’ » grognais-je.

« Je crois que tu ne connais pas bien le degré de pénibilité que peut attendre mon père » répondit simplement Mallory, refusant de l’attaquer de front pour l’instant alors que tout son plan secret n’était pas mis en place. Mais hors de question que de dévoiler quoi que ce soit aux O’Malley alors que les seules personnes au courant s’avéraient être sa mère, le président et le vice-président de son club. En attendant, conduire la Rolls de son père était la chose la plus libératrice qu’elle ait fait ce soir. « Je m’en tape que ce soit con, on va prendre pour excuse je n’ai pas ma moto à portée de main et trop mal aux pieds à cause de mes talons ! » fit-elle d’un air insolent sans pour autant relever sur le moment le discours de Moïra non sans le garder bien en tête. A la place, elle déposa la jeune sœur de l’irlandais, lui faisant un signe accompagné d’un sourire avant de redémarrer rapidement derrière, pour éviter d’être trop… remarquée. A bord d’une Rolls, en même temps, il valait mieux la jouer serrée. « Tu peux m’expliquer quel était ton plan de ce soir ou c’était vraiment juste une idée de ta sœur ? Qui me considère manifestement juste comme une de tes… nombreuses, très nombreuses conquêtes. Serait-ce que ta mère verrait d’un sale œil le fait que tu sortes avec une anglaise ? Ne réponds pas, ça ne me regarde pas je ne sais même pas pourquoi je pose la question à vrai dire » soupira-t-elle, manifestement lassée par cette soirée de merde et par l’ultimatum qui l’attendait demain à la première heure. « Je te dépose quelque part aussi ? »

En effet je ne savais pas et je n’avais pas vraiment envie de savoir. Je savais que si je me penchais trop sur le cas de Mallory, je finirais par tomber complétement sous son charme. Pour le moment, j’appréciais sa compagnie et notre relation bien que nous ayons encore un peu de mal à être sur la même longueur d’onde. Pourquoi tout compliquer en faisant entrer en jeu quelque chose aussi dévastateur que l’amour ?! Non, il valait mieux que nous nous en tenions à cette relation aussi agréable qu’enrichissante. « Tu n’es pas obligée de te justifier bébé, tu fais ce que tu veux » lâchais-je amusé. J’avais simplement dit que cela n’arrangerait en rien ses affaires après le reste, elle était assez grande et encore une fois, je préférais me tenir en marge de sa vie pour ne pas trop m’impliquer auprès d’elle. Je saluais ma sœur rapidement tout en sachant qu’elle me téléphonerait une fois arrivée à New York. « Venir à ce gala, c’était vraiment son idée. Après, disons que tu n’es pas la seule à avoir un parent qui a la main mise sur ta vie privée. Ma mère ne voit pas un bon œil que je fréquente une femme qu’elle ne connait ni d’Eve ni d’Adam et elle a tendance à veiller au grain. C’est pour ça que ma sœur va lui dire que tu n’es rien de plus qu’un plan cul… En gros, elle m’offre une diversion car ce n’est juste que cela, une diversion. Cela ne reflète pas ce que tu représentes réellement pour moi » tenais-je néanmoins à lui dire pour ne pas qu’elle s’imagine des choses. « A mon appart’ en ville si ça te gêne pas »

Mallory se retint de soupirer car effectivement, ils n’étaient pas du tout sur la même longueur d’ondes : elle sentait Declan tellement lointain que cette vision lui ajouta un pincement au cœur. Sûrement était-ce mieux ainsi, surtout qu’elle ne savait guère quand son père lui laisserait retourner sagement aux USA après sa petite mise au point Angleterre. Alors pourquoi cela la dérangeait-elle à ce point ? Peut-être parce qu’elle avait voulu plus, espéré plus. Quelle conne… « La question c’est plutôt : est-ce que tu écoutes son avis ou pas ? J’essaye de démêler ce que tu sembles vouloir ou pas et c’est toujours aussi nébuleux pour moi… j’sais pas, peut-être que je me prends trop la tête et que pour toi, je suis surtout un passe-temps agréable mais moi je n’agis pas ainsi avec les gens. C’est peut-être con de ma part, je ne sais pas mais on dirait que… d’un côté tu ne veux surtout pas que je t’approche et de l’autre, tu fais tout pour que je reste ! J’attends sûrement plus que toi et c’est ça le problème. » Rapidement, Mallo parvint jusqu’à l’immeuble où il l’avait emmenée lorsqu’il lui avait pris sa première fois et à nouveau, un pincement au cœur la troubla. « Je ne sais pas quand je vais revenir, alors… je suppose que tu combleras facilement ta solitude par tes propres moyens. »

Elle ne comprenait décidément rien à rien, cela me désespérait. Oui, je ne voulais pas que l’amour se mêle à notre histoire tout simplement parce que je ne savais pas si je serais en mesure de la protéger convenablement. « Je pourrais te retourner la question, est-ce que tu écoutes l’avis de ton père ou pas ? » noyais-je poisson car dans le fond, nos parents respectifs avaient une raison plus ou moins fondées de ne pas nous savoir en couple. En couple, nous l’étions mais jusqu’à quel point ?! « Je n’aime pas parler de ce que je ressens car lorsque je dis quelque chose, ça reste gravé dans ma tête » soupirais-je et je préférais de loin être silencieux dans certains moments. « Ecoute Mallo, tu n’es pas qu’une jolie poupée que j’aime mettre dans mon lit quand ça me chante. J’ai envie d’autre chose avec toi, des choses qui ne me sont pas foncièrement accordée mais je m’en tape. Tout ce que tu as à savoir, c’est que j’aime être avec toi et pas forcément pour le sexe. J’aime ta présence »avouais-je avant de glisser une main sur sa joue pour lui faire tourner son visage vers moi. « Je n’ai pas l’intention de me soulager entre d’autres cuisses si c’est ce que tu insinues… Est-ce que tu veux dormir avec moi cette nuit ? Il parait que je suis pas trop naze comme doudou »

« Pas sur ça non » assura-t-elle d’une voix forte et déterminée car son père pouvait la briser de bien des manières mais il n’empêcherait pas son cœur de ressentir les choses qu’elle ressentait pour Declan. Cela tuait littéralement Mallory sur place que d’imaginer qu’il ne ressente pas les mêmes choses pour elle… voilà pourquoi elle lui offrait l’alternative de lui tourner le dos histoire d’être définitivement fixée sur ce qui se jouait entre eux, mais il ne prit pas cette dernière. Mallo croisa son regard et prit une grande inspiration avant de répondre quoi que ce soit aux propos qu’il venait de lui offrir. « Je savais bien que tu appréciais ma bouillotte attitude » ironisa-t-elle sans pour autant sourire car le cœur n’y était pas. Mallo avait le cœur trop lourd pour ça. « Laisse-moi garer la voiture dans un endroit discret et je monte » lui assura-t-elle avant de redémarrer aussitôt qu’il fut sorti, s’arrangeant pour que le vol de voiture ne lui soit aucunement imputé pour mieux monter jusqu’à son étage, frapper à sa porte, le cœur battant. « Je sais que je ne vais sûrement jamais comprendre pourquoi tu estimes ne pas avoir droit à ces… choses que tu sous-entendais mais peut-être que j’ai envie que tu forces aussi le jeu de ton côté. Je ne dis pas que la situation ne craint pas dans nos familles respectives mais depuis quand on doit forcément suivre tous les ordres qu’on nous donne ? Et peut-être qu’égoïstement, j’ai envie que tu parles de ce que tu ressens. J’en ai marre de te sentir loin, de sentir que tu te retiens alors que de mon côté, c’est pas le cas. J’ai envie de me dire que si je reviens d’Angleterre et je vais tout faire pour, tu m’attendras. »

Mon discours n’avait visiblement servi à rien et c’est le cœur un peu lourd que je montais à mon appartement, regardant le lit qui avait connu notre première fois d’un œil morne. Mallory ne comprenait pas que j’essayais de faire des efforts et que je me conduisais différemment avec elle au point justement d’attirer les soupçons de mon entourage. Son père l’exilait en Angleterre mais ce n’était rien comparé au sort qui l’attendrait si ma mère jugeait qu’elle devenait un problème pour la famille. Je ne voulais pas qu’il lui arrive quoique ce soit ou qu’on me l’arrache car même si je n’étais pas encore amoureux d’elle, j’étais attaché à ce petit bout de femme. Mallory termina par taper à la porte et je l’ouvris mais à peine l’avais-je invité à entrer qu’elle se lançait dans une diatribe qui m’arracha à la fois un soupire agacé et tendre. « Tu crois que je ne force pas en continuant de te fréquenter ? Tu ne comprends rien bébé et je suis fatigué de parler dans le vent. J’ai envie d’être avec toi point barre. Est-ce que tu ne peux pas te contenter de ce que je peux te donner en public et de ce que je veux te donner en privé ? Pourquoi se compliquer la vie alors qu’il est si simple de savourer les choses comme elle vienne. Arrête de trop réfléchir, de vouloir étiqueter les choses… Vis-les ! » rétorquais-je avant de l’attirer à moi pour la serrer dans mes bras. « Je t’attendrai mais évite d’être trop longue, c’est que tu me manques déjà »