(+ Declan) secrets are poison

Sans que Mallory ne puisse prédire la chose, Declan eut tôt fait de l’attraper par le poignet pour la plaquer sans violence contre les casiers derrière eux. Mais ce ne fut pas ce qui la surprit réellement… les paroles qui suivirent lui arrachèrent une large expression de surprise, comme si elle ne s’était pas attendue une seconde à ce qu’il les considère comme un couple. « Oh je ne suis pas idiote, je sais très bien que tu n’as qu’à claquer les doigts pour qu’elles accourent toutes pour t’arracher tes vêtements ! J’attendais que tu me le dises… pourquoi tu ne m’as pas juste dit que tu avais envie que toi et moi, ce soit sérieux ?! Je n’ai pas ton expérience Declan ça c’est net et je sais le succès que tu as auprès des femmes, tu penses vraiment que ça ne m’a pas effrayée ? Et puis jusqu’ici on a pas vraiment eu le temps de… d’agir comme un couple, on s’est surtout vu pour faire l’amour je te signale. Tu ne peux pas me blâmer de ne pas forcément avoir su lire entre les lignes ! Je n’aurais pas accepté d’être une escort même pour dix minutes si je m’en étais rendue compte. Il n’y a pas que toi qui est du genre exclusif » avoua-t-elle le cœur battant, poussa un petit soupir face aux paroles suivantes de Declan. Vraiment, il la laisserait partir ? « Je crois que j’ai toujours eu un faible pour les bad boy et puis… je m’en contrefous d’être givrée alors arrête d’essayer de me faire peur en me pointant la carte de l’homme dangereux parce que tu n’y arriveras pas. C’est toi que je veux, point barre, alors tais-toi… » Mallo s’avança d’un pas pour l’embrasser passionnément, furieusement même, à l’image de toutes les amabilités qu’ils avaient bien pu s’envoyer dans les gencives. Sans doute trahissait-elle un manque car oui, il lui avait manqué. « Par contre, tu me dois quelque chose » fit-elle en se retournant pour lui montrer le bleu énorme qu’elle se tapait sur le bas du dos. « J’ai laaaaargement mérité un bisou magique ! J’t’en ferai un aussi si tu veux sur ton p’tit cœur. »

« Parce que ça coulait de source et que je pensais que tu savais au moins les bases en matière de relation homme/femme mais apparemment, je me suis planté en beauté. Faut m’excuser mais d’ordinaire, je sors avec des femmes avec un poil d’expérience » grimaçais-je. Je ne faisais que rarement les brebis innocentes car bien que Mallo soit pourvue d’un caractère assez frappé, elle n’en restait pas moins ingénue sur les histoires de couple ou de sexualité. « Je crois que dans le fond, il n’y a personne à blâmer. Tu es libre de faire ce que tu veux de ton cul pour parler franchement et si tu veux faire mumuse en tenant compagnie à des vieux pervers, libre à toi mais je te dis simplement que ce sera sans moi » haussais-je les paroles quelques instants plus tard après lui avoir en quelque sorte des menaces. Je n’y pouvais rien, j’étais du genre possessif. Je n’étais pas vraiment jaloux car je partais du principe que si ma petite-amie ne marchait pas droit, elle irait marcher loin de moi donc, les mecs qui seraient suffisamment débiles pour venir la draguer, si elle ne savait pas les rembarrer, c’était son problème pas le miens. Oui, je n’étais pas du genre très chiant de ce côté-là.

La suite me tira un léger rire quand elle me montra son bleu. « Je t’ai pas raté, je vois ça ! » notais-je et c’était ma façon de m’excuser. Je ne savais pas demander pardon ou alors très peu. A la place, je préférais me pencher légèrement pour déposer un baiser sur sa marque douloureuse. « C’est mieux comme ça ?! Par contre, si tu veux t’amuser à me faire un bisou magique sur tous mes bleus, tu vas t’amuser car y a du taff » plaisantais-je ayant passé la veille, presque toute la nuit dans des combats clandestins.

« Mon manque d’expérience te merdum » ironisa-t-elle non sans ponctuer ses paroles d’un sourire un tantinet insolent car parfois, provoquer était bien son seul moyen de défense. Mais à la décharge de Mallory, elle ne savait jamais sur quel pied danser avec Declan. Un coup il la ramenait contre lui pour faire des mamours, la seconde d’après il la jetait ou à tout le moins il cherchait à lui faire peur pour qu’elle parte. Pas sûr qu’elle supporte cela longtemps car Mallo avait bien trop de fierté pour n’être qu’un pantin entre les mains d’un marionnettiste, si doué soit-il avec ses mains. « Tu sais que je n’arrive pas du tout à te cerner Declan là-dessus ? Tu cherches sans arrêt à me faire peur comme si tu scrutais le moment où je vais merder et où tu vas pouvoir me jeter pour garder tes mains propres genre « regarde, moi j’ai rien fait ! »… si tu ne veux pas de moi tu me dis de dégager, purement et simplement, t’as pas de gant à prendre. Mais si tu veux que je reste, arrête d’essayer de me faire peur ou de m’éjecter parce que ça commence à me fatiguer… j’ai fais une connerie, okay. Mais t’en fais aussi, ne vas pas me faire croire que t’es blanc partout. » Mallo prit une grande inspiration avant d’esquisser un tout petit sourire lorsqu’il lui offrit son bisou magique. Hélas, ce ne fut pas suffisant pour la détendre totalement. « Dois-je comprendre que tu as le corps couvert de bleus et que c’est une invitation ou… pas ? » demanda-t-elle, prudente, bras croisés contre sa poitrine.

Elle n’arrivait pas à me cerner ? C’était le problème de beaucoup de monde mais en même temps, je ne pouvais pas me permettre de trop élargir mon cercle d’amis. Mallory ne comprendrait pas que si personnellement, je n’avais rien contre qu’elle s’accroche à moi, qu’elle entre dans ma vie, il y avait des personnes qui n’avaient de cesse de vouloir le contraire, ma mère en premier. Je ne pouvais pas me permettre d’être trop tendre en public avec elle car je savais que même si Charly m’était loyal, il n’hésiterait pas une seule seconde à me dénoncer à ma mère car tel était son job : prévenir de tout danger pour la famille et une inconnue sortie de nulle part qui arrivait à me séduire en un tour de main et bien, c’était un danger. « Je ne cherche pas à jouer avec toi, je te demande simplement de rester sur tes gardes avec moi. Ecoute english baby, je suis bien trop égoïste pour me priver de notre relation même si au final, tu en souffriras alors j’essaie simplement de te préserver d’une façon ou d’une autre d’autant qu’en public, je ne suis pas du genre à faire des mamours. Alors tu auras souvent l’impression que je te rejette pour mieux être totalement différent en privé. C’est la seule chose que je peux te dire mise à part que oui, c’était bien une invitation… Tu as du monde dans ta chambre ? » lâchais-je avec un léger sourire en coin.

Génial. Declan lui avouait très officiellement qu’il comptait jouer les girouettes avec lui mais que d’un autre côté, il comptait se rattraper en privé et voulait s’accrocher à leur histoire. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Mallory était paumée dans la choucroute et qu’elle avait envie de hurler sa rage à ce sujet mais contre toute attente, ce ne fut pas la rage qui s’exprima. Elle poussa bien sûr un petit soupir histoire de faire bonne mesure mais rajouta d’une voix adoucie : « Je n’ai pas envie de fouiller dans ta vie, Declan. Ce que tu fais te regarde et je n’ai pas à m’en mêler… je ne suis pas une fouineuse et fondamentalement, je m’en fous. Tu es un grand garçon je pense, non ? Mais je ne peux pas non plus te garantir que si tu me jettes violemment en public je l’accepterai toujours bien. J’ai plus de sensibilité qu’il n’y paraît et même si j’essaye de la balayer, cette bitch revient toujours à la charge, je n’y peux rien. Sinon pour te répondre il n’y a personne dans ma chambre pour le moment mais ce soir j’ai un gala de charité. Mon père veut absolument que j’y soie, je te le dis pour que tu n’aies pas l’impression que je te cache des choses mais je ne peux pas t’avoir à mon bras… il pèterait une durite et j’ai suffisamment de soucis avec lui comme ça. »

Je comprenais bien que Mallo ait du mal avec mon attitude mais je ne pouvais pas lui avouer que c’était pour sa propre sécurité si j’agissais ainsi. Je n’étais pas certain qu’elle prendrait très bien d’être menacé par ma mère avec un couteau sous la gorge. Certes, elle appartenait à un gang mais même si ce n’était pas tous des enfants de chœur, je n’étais pas convaincu qu’ils feraient le poids face à une personne habituée à tuer et torturer. Moi-même, je n’éprouvais aucun remord à tuer qui que ce soit. Des fois, je me demandais si Mallory pourrait être ce que mon père était pour ma mère, à savoir un léger vent d’humanité. Aucune idée. Il était encore trop tôt pour ça. « Pourquoi tu ne veux pas ? Je te fais honte ?! J’ai pas le profil du meilleur petit-ami mais y a pire que moi, je sais me tenir en société si c’est ce que tu crains » râlais-je, vexé pour la peine. « Je comprends t’inquiète, vas-y à ton gala et quand tu auras besoin de moi, fais-moi signe hein »

Mallory ferma un instant les yeux pour contenir la remarque sanglante qu’elle rêvait de laisser échapper. Pourquoi tout le monde la faisait chier de cette façon alors qu’elle essayait de tout combiner pour que cela fonctionne ? « Tu ne me fais pas honte et je serais ravie de t’avoir à mon bras mais tu ne connais pas du tout mon père. A ses yeux, le mot « petit copain » n’existe pas. Il rêve de me marier à un homme qu’IL aura choisi pour moi et refusera que sa poule aux œufs d’or sorte avec quelqu’un dont il ne connaît pas l’arbre généalogique dans son intégralité. Maintenant si tu préfères faire la gueule alors que j’aurais pu te couvrir de bisous magiques, libre à toi, je suis fatiguée de me battre avec toi » répliqua-t-elle avant de tourner les talons d’un pas extraordinairement décidé. Ce qui aurait pu se transformer en fin d’après-midi sympa tournait au cauchemar et Mallo préféra passer son tour pour une autre joute verbale sanguinolente. A la place, elle se rendit docilement à la villa de son père en ville où sa mère l’habilla d’une robe faite sur mesure, lui donnant des airs de princesse. Et évidemment, toute la soirée durant, elle fut présentée aux meilleurs partis jaugés par nul autre que son père. « Travis, donne moi un verre de champagne s’il te plaît, ça m’évitera de me pendre… ou pas. » Mallo aperçut Declan sur ses entrefaites au bras d’une magnifique plante. Effectivement, il présentait bien… trop bien, surtout avec cette femme. « En fait donne-moi un triple scotch ou je vais commettre un meurtre. »

C’était une mauvaise idée mais comme d’habitude, je n’en avais fait qu’à ma tête ou plutôt, j’avais eu la connerie de me confier à ma sœur. Ma petite sœur était adorable mais c’était une véritable peste quand elle s’y mettait. « Arrête de faire la gueule, je te dis que c’est THE solution à ton problème. Elle ne veut pas assumer votre relation et dire merde à son père et bien montre lui ce qu’elle perd… Putain t’es un O’Malley ou quoi ?! Je te signale que notre tante est duchesse de France alors je crois que côté CV, tu n’as pas trop à craindre non ?! » me motiva-t-elle tandis que je continuais de parader à son bras. En même temps, elle était magnifique dans sa robe rouge sang qui mettait sa silhouette en valeur. « Rappelle-moi pourquoi j’ai accepté de trainer encore une fois avec toi ? » maugréais-je sous son rire narquois. « Parce que mes plans fonctionnent toujours.. Enfin parfois… Ouais bon, y en a bien un qui finira par fonctionner ! Bon elle est où ta donzelle ? » me demanda-t-elle tandis que je scannais la foule du regard avant de buguer en voyant une magnifique créature au bar. « Ok j’ai compris vu ta tête de gland, c’est la blonde là-bas ! » rigola-t-elle avant de se détacher de mon bras pour se rendre vers Mallory. Craignant un peu le pire, je la suivais rapidement, me glissant entre elles. « Bonsoir baby girl ! »

« Si tu le dis… » répliqua froidement Mallory sans même le regarder, lui faisant aisément comprendre que cela ne pouvait pas être une bonne soirée, impossible. Elle essayait de contenir sa colère avec fierté mais cela devenait difficile : soit Declan cherchait à la rendre jalouse, chose à laquelle il parvenait assez aisément il fallait l’admettre, soit il voulait la blesser mais dans un cas comme dans l’autre son comportement n’était pas innocent. « Pourquoi tu es venu ? Je t’avais demandé pourtant de ne pas le faire. Comme quoi, quand c’est toi qui fait une requête ça doit forcément avoir valeur d’Évangile mais lorsque c’est moi, je peux me la mettre là où je pense, c’est ça ? Tu ne sais pas où tu mets les pieds, Declan… non tu ne sais rien. » A ce moment précis, la sœur de l’irlandais se pointait comme une fleur, un sourire aux lèvres et Mallo prit presque cela pour un défi. « Hey tu devrais te détendre ma belle, c’est mauvais pour tes rides ! Puis tu ne sais pas ce que tu perds… » « Oh si, je pense en avoir conscience, mais en l’occurrence, il s’est perdu tout seul. Je croyais que tu n’aimais pas que l’on parle à ta place, hum ? » Mais hélas, ce que craignait le plus Mallo arriva : son père lui fit signe de le rejoindre, d’un air sévère et qui n’aurait souffert aucune réponse négative. « Merci pour la claque dans la gueule. Tu as bien transmis ton message » fit-elle avant de le dépasser, comprenant justement de travers ledit message.

« En fait, tu m’as demandé de ne pas t’accompagner pas d’accompagner une autre personne. Jusqu’à preuve du contraire, je respecte tes demandes, ton père n’imaginera pas que tu puisses avoir quoique ce soit à voir avec l’insecte insignifiant que je suis dans ton monde l’anglaise » rétorquais-je avant que ma sœur n’arrive sur ces entre-faits et lance une remarque comme elle en avait l’habitude. Franchement, elle ne pouvait pas m’enfoncer plus bas. Je savais bien que c’était une mauvaise idée. « C’est différent avec elle » marmonnais-je sans avoir le temps de rajouter qu’il s’agissait de ma sœur et que s’il y avait bien une personne qui avait le droit de parler en mon nom, c’était bien elle. « Bon ben c’est officiel, aucun de mes plans ne fonctionnent ! Remarque, je devrais me recycler en déclencheuse de guerre mondiale, je suis sûre que je serais la number one ! » plaisanta-t-elle avant de me prendre par la main. « Allez viens, on va rectifier le tir avant que ton coup ne se fasse la malle » décida-t-elle tandis qu’elle m’entrainait vers le père de Mallory et de cette dernière. « Bonsoir M. Hale… Moïra O’Malley, j’ai beaucoup entendu parlé de vous par ma tante, la duchesse de France…Anaé O’Connor car elle a beaucoup apprécié votre tribune concernant la justice aux Etats-Unis paru dans le NY Times. Elle est une grande admiratrice de tout ce qui relève du pénal voyez-vous. Oh, excusez-moi, je vous présente mon frère ainé, Declan O’Malley » débita-t-elle en faisant un clin d’œil discret à Mallory.